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La Thébaïde, de Stace

La Thébaïde est une épopée en 12 chants, et en vers hexamètres de Stace. Ce poème latin a été composé vers l'an 88 de notre ère. Cette épopée a pour sujet la querelle d'Etéocle et de Polynice, traité déjà par Eschyle dans les Sept chefs contre Thèbes; elle est dédiée à Domitien. La principale source de Stace a été la Thébaïde d'Antimaque, qui ne nous est pas parvenue. Le sujet était bien choisi; la guerre civile entre les fils d'Oedipe offrait une fable vraiment épique, riche en scènes terribles; mais Stace l'a gâtée en lui donnant une forme historique, ornée seulement d'épisodes et de machines.
"Il ne manque pas d'imagination, dit Schöll, d'idées hardies et de sentiments; on le préfère, sous ce rapport, à Valerius Flaccus; mais il ignore l'art sublime d'Homère de donner à chacun de ses héros un caractère individuel. Sa diction n'est pas simple et naturelle; il prend, comme Lucain, l'exagération pour la grandeur et les subtilités pour de l'esprit. Ces défauts sont ceux de son siècle, comme l'est aussi la maxime d'étaler de l'érudition, qui caractérise tous les poètes épiques de cette période."
Comme les Argonautiques de Valerius Flaccus, la Thébaïde est, en effet, avant tout, une oeuvre d'érudition mythologique.
" Tous deux, d'après Nisard, ont tiré de là toute la substance de leurs poèmes. Ils relèvent par toute la Grèce tous les temples que la guerre ou le temps y ont détruits; ils consacrent de nouveau tous les lieux consacrés; ils refont les généalogies avec plus de soin que ces généalogistes aux gages des grandes maisons, lesquels recevaient un salaire pour entasser les quartiers et pour cacher la tête de la famille dans les nuages de la barbarie; travail immense si l'on considère combien les traditions sont obscures et contradictoires. Evidemment, Valerius Flaccus et Stace croyaient avoir retrouvé la poésie grecque, ayant retrouvé son personnel de dieux et de héros."
Mais ces matériaux mythologiques, Stace est plus habile que Valerius à les disposer, à en tirer parti; mieux que lui aussi, il ménage et gradue l'intérêt de son poème, trouve et prépare les épisodes et sait fondre dans un tout harmonieux les emprunts qu'il fait à ses devanciers. En outre, il a plus de feu dans l'imagination et saisit plus vivement les objets. Quelques-uns de ses caractères ressemblent à une ébauche vigoureusement touchée. Ses descriptions de bataille ne sont pas inférieures à celles de Silius Italicus.
 
"Quelques-unes dit  Nisard, sont remuantes et sans un faux luxe de morts extraordinaires et de blessures ridicules. "
Les comparaisons de Stace sont généralement fort belles et valent presque celles de Virgile, sous le patronage duquel il s'était mis, désespérant de l'égaler, modestie bien rare en son temps. Son principal mérite consiste dans le style, correct et élégant, mais surchargé d'un luxe stérile de fleurs et d'ornements. L'exagération gâte les inventions et l'affectation corrompt le style. Néanmoins, Juvénal nous apprend que toute la ville de Rome était en mouvement pour aller entendre Stace quand il devait réciter ses vers en public, suivant l'usage du temps, et que la lecture de la Thébaïde était une fête pour les Romains. Chaque chant avait coûté une année de travail à l'auteur. L'épisode le plus remarquable est le combat entra Etéocle et Polynice et ce qui précède ou suit ce combat, au XIe chant. La rencontre d'Antigone et d'Argie pendant la nuit, sur la champ de bataille, ou elles vont chercher les cadavres de leurs frères pour leur donner la sépulture, est aussi de la plus grande beauté. (PL).


En bibliothèque - La Thébaïde a été traduite par Achaintre dans la Bibliothèque latine-française de Panckoucke, Paris, 1830-32, 2 vol. in-8°. S. Franchet d'Esperey, Conflit, violence... dans la Thébaïde, Les Belles lettres, 1999.

En librairie - Stace, Thébaïde, Les Belles Lettres (Série latine), 1990-1994, 3 vol.

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