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Les ballades de Robin Hood

Ballades de Robin Hood (ou Robin des Bois), groupe de ballades et poésies populaires anglaises composés sur Robin Hood,  du XIIe au XVe siècle. Robin est représenté généralement comme le chef d'une bande d'outlaws (c'est-à-dire de hors-la-loi), réfugiés dans les forêts du Yorkshire (La Criminalité au Moyen âge). Habile archer, protecteur des laboureurs et des faibles, galant et courtois envers les femmes, et quoique fort pieux, ennemi des prêtres et surtout du haut clergé, il eut une popularité énorme. Il personnifiait surtout la réaction contre la rigueur excessive des lois forestières. 
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Robin des Bois et le moine noir.
La dernière flèche de Robin.
Illustrations de William Sewell (1910).

Robin Hood devint de bonne heure un des personnages des fêtes du jour de Mai. Il fut le partenaire de la dame de Mai, Maid Marion (Marianne), et se dépouillant peu à peu de son caractère sauvage, se transforma en ce Robin des pastourelles dont Adam de La Halle (le Jeu de Robin et Marion) a tracé un si joli portrait. Les ballades de Robin Hood, en grande faveur au XVIe siècle, dédaignées depuis le XVIIe, attirèrent de nouveau l'attention quand Joseph Ritson en eut publié la plus grande partie en 1795, avec une sorte d'épopée qui a pour titre Lyttle Geste of Robin Hode, et dont le franc archer est aussi le héros. On voit dans cette pièce - l'une des plus importantes et intéressantes écrites sur le sujet - un Robin Hood protégeant un chevalier contre les exactions de l'abbé de Sainte-Marie d'York. Il tue l'abbé, et après des démêlés avec le shérif de Nottingham, est poursuivi par le roi Edouard en personne qui, charmé de sa bonne grâce et de ses talents d'archer, finit par lui accorder son pardon et le fait entrer dans sa suite. 

Robin ne tarde pas à reprendre l'existence indépendante du coureur de bois; mais, attiré dans un piège par ses ennemis, il y est mis à mort. Sur ce thème sont venus se greffer mille épisodes que le cinéma hollywoodien a rendus familiers, mais que déjà Walter Scott a utilisés dans la composition de plusieurs chapitres d'Ivanhoé, qui ont servi à Southey dans son poème inachevé de Robin Hood (Édimbourg, 1847, in-8) et qui ont fourni la matière de plusieurs pièces de théâtre, dont la Chute du comte d'Huntingdon, d'Anthony Munday et Henry Chettle, est la plus connue. Dans cette version, Robin né vers 1160, était comte de Huntingdon : après avoir perdu son patrimoine par ses prodigalités et par l'injustice d'un shérif et d'un abbé, il voua une haine implacable à la noblesse normande et au clergé, recruta quelques aventuriers avec lesquels il vécut au milieu de la forêt, et, se donna la mission de redresser les torts, et de venger la servitude populaire. 
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Robin des Bois.
Robin des Bois et Petit-Jean (gravure du XIXe s.).

Aujourd'hui encore on montre des pierres où il se serait assis, des citernes où il aurait bu. Son cor n'était pas moins célèbre que celui de Roland en France; on conserva un arc qu'on lui attribuait et une de ses flèches supposées à Fountains-Abbey jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, et une tombe lui fut assignée dans le cimetière de Hathersage. Les noms de ses lieutenants vivent aussi dans la mémoire du peuple : on remarque surtout Arthur, tanneur de Nottingham, et Petit-Jean (Little John).

Mais quel crédit accorder à ces légendes? Le thème du brigand (plus ou moins) vertueux est assez commun dans le folklore européen. On peut par exemple rapprocher de la geste de Robin des Bois, celle de Stenka Razine, en Russie, qui a donné lieu elle aussi à de nombreuses ballades. Razine a bien existé, mais quid de Robin? Certains auteurs ont ainsi cherché à assimiler Robin Hood aux nains et aux géants des légendes populaires. D'autres ont  voulu en faire un mythe solaire. De fait, l'identification originelle de ce personnage, dont le nom est proprement traduit en français par Robin des Bois, avec un esprit de la forêt (ce qui en ferait l'analogue du Sylvain italique) est loin d'être absurde. 
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Robin des Bois.
Robin des Bois (XVIe s.).

Ses noces avec la printanière Marion, semblent même revendiquer hautement un héritage lié à d'anciennes fêtes pré-chrétiennes célébrant le renouveau de la végétation. Cela n'a pas empêché quelques historiens de se risquer à affirmer l'existence du personnage. Le hic, c'est qu'ils ne sont pas d'accord sur l'époque où il vécut. On fait parfois Robin des Bois un contemporain de Richard Ier,  fils d'une fille noble victime d'un séducteur et obligée d'accoucher dans les bois, plus tard créé comte et mort en 1198 ou 1247. Le docteur Stukeley a fabriqué une ridicule généalogie qui fait descendre Robin Hood de Ralph Fitz-Oath, compagnon de Guillaume le Conquérant. D'autres voient en lui le chef des partisans proscrits de Simon de Montfort révolté contre Henri III. Augustin Thierry place dans la forêt de Sherwood le centre de ses exploits et voit en Robin « le héros des serfs, des pauvres et des petits, en un mot de la gent anglo-saxonne »; tandis que Walter Scott montre le « chef des outlaws » aussi redoutable aux Saxons qu'aux Normands. 

Encore faut-il remarquer que les histoires contemporaines qui donnent les noms des plus célèbres outlaws saxons ne mentionnent jamais Robin Hood, qui ne commence à apparaître que dans la chronique de Fordun, chanoine d'Aberdeen (1377) et dans celle de Bower, abbé de Sainte-Colombe (1450). Enfin J. Hunter (1852) identifie le héros populaire avec un contemporain d'Edouard II, qui assista le comte de Lancastre dans son insurrection de 1322. Il est vrai qu'un document de l'Echiquier (1324) mentionne un Robyn Hode valet ou porteur de chambre de la maison royale, mais le nom était assez commun à l'époque, et rien ne permet d'affirmer qu'il s'agisse ici du chef des outlaws. Ce ne sont que des hypothèses qui ne s'appuient sur aucune preuve sérieuse. (R. S.).
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Robin des Bois er Richard Coeur de Lion.
Les joyeuses retrouvailles de Robin des Bois et de Richard Coeur de Lion 
dans la forêt de Sherwood. (Tableau de Daniel Maclise, XIXe s.).


En bibliothèque - Aug. Thierry, Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands; Barry, Sur le cycle de Robin Hood, thèse, Paris, 1832; Mathew Gutch, The Robin Hood garlands and ballads, with the tale of the Lyttle Geste, Londres, 2 vol., 1850; J. Hunter, The great hero of the ancient minstrelsy of England, Robin Hood, ibid., 1852; L. Étienne, Les ballades du cycle de Robin Hood, dans la Revue des Deux Mondes, 1er octobre 1854.
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