| Une farce est une petite pièce de théâtre, d'un comique bas ou burlesque, qui cherche à exciter le gros rire. Le mot nous vient du Moyen âge, où, dès le XIe siècle, on appelait farcia ou farcita toute oeuvre de poésie écrite tour a tour en deux langues, c.-à-d. en latin farci de termes empruntés aux idiomes vulgaires. La farce est la comédie véritablement populaire, parce qu'elle met en scène les moeurs communes, et, si les esprits délicats s'en égayent, c'est à cause de la parfaite ressemblance et de la franche vérité de ces moeurs. Certaines soties sont les plus anciennes farces en France; mais il n'en est aucune qui approche de l'Avocat Pathelin pour le mérite littéraire. La farce eut un moment de grande vogue sur le théâtre de l'hôtel de Bourgogne au commencement du XVIIe siècle, lorsqu'elle y avait pour interprètes Turlupin, Guillot-Gorju, Gros-Guillaume, Gautier-Garguille, etc. Scarron l'avait déjà relevée avec ses Jodelets et son Don Japhet d'Arménie, lorsque Molière la marqua de son empreinte le Mariage forcé, le Médecin malgré lui, le Bourgeois gentilhomme, Pourceaugnac, le Malade imaginaire, sont de véritables farces, où l'on reconnaît, quoi qu'en dise Boileau, l'auteur du Misanthrope, et qui étaient en quelque sorte destinées à faire passer ses chefs-d'oeuvre, en délassant du sérieux des grandes pièces un public illettré. Au XVIIIe siècle, Dancourt et Lesage écrivirent des farces pour le théâtre de la Foire; on ne dédaigna pas de jouer à la Comédie-Française le Roi de Cocagne de Legrand. Sur les théâtres secondaires, on vit paraître à la même époque plusieurs types qui ne sont pas encore oubliés, les Janot, les Jean-Jean, les Cadet Roussel, les Jocrisse. La pièce des Saltimbanques a été la meilleure et la plus populaire des farces au XIXe siècle; trop souvent les auteurs font consister la farce dans des équivoques de langage ou des grimaces bizarres, et, ne respectant pas la vraisemblance, mettent à la scène des personnages sans originaux et des événements impossibles. (B.). | |