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Epigramme,
mot qui désignait spécialement chez les Grecs les inscriptions
mises sur les monuments, les statues ,
les tombeaux, les trophées. Elles étaient en vers, afin que
la mémoire les retint plus aisément, et d'une faible étendue,
n'ayant pour la plupart que de 2 à 8 vers; on en trouve des exemples
dans le IVe livre d'Hérodote,
88, et dans le VIIe, 228. De sa première
signification, le mot passa à un sens plus étendu, et désigna
toute pièce de vers qui ne dépassait pas la longueur ordinaire
d'une inscription. C'est de ce genre que sont les pièces contenues
dans l'Anthologie grecque .
Chez les Romains, les épigrammes
ne sont que des pièces mordantes, censurant un abus par un bon mot,
frondant un ridicule par une pensée fine, acérée,
caustique. Telles sont celles de Catulle, et
surtout de Martial. Chez les Modernes, la malignité
est le trait essentiel de l'épigramme : c'est une satire en abrégé,
n'ayant souvent que deux vers, mais pouvant en avoir davantage, et terminée
par un bon mot fin et piquant. Marot,
La
Fontaine, J.-B. Rousseau, Voltaire,
Piron, Lebrun, etc., ont manié avec succès l'épigramme.
Dans Lebrun, elle a souvent un caractère d'amertume et de fiel.
L'épigramme a toujours été
en France, surtout au XVIIIe siècle,
une des armes des querelles littéraires; aussi l'employa-t-on à
la riposte autant qu'à l'attaque : en voici un exemple de Baour-Lormian
et de Lebrun. Le premier attaqua ainsi :
Lebrun
de gloire se nourrit,
Aussi
voyez comme il maigrit.
Le second riposta, avec la même brièveté
:
Sottise
entretient l'embonpoint,
Aussi
Baour ne maigrit point.
Boileau, et surtout
Racine,
ont laissé quelques épigrammes remarquables sur des sujets
littéraires. (P.). |
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