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Canon du Nouveau Testament

Les communautés chrétiennes, formées à l'origine d'une façon presque exclusive d'éléments juifs ou judaïsants, reçurent de la synagogue ses livres sacrés, c.-à-d. la Bible, et l'entourèrent d'une même vénération. On a vu à la page sur le Canon de l'Ancien Testament, que cette Bible était la Bible grecque, dite traduction des Septante. Le christianisme sentit bientôt le besoin de compléter cette collection par des écrits qui retraceraient les grands événements auxquels il devait luimême sa naissance. Il recueillit les livres racontant la vie de Jésus-Christ et les commencements de l'Eglise ainsi que les écrits attribués aux apôtres, dont le contenu renfermait les éléments du dogme et des leçons de piété. Peu à peu se forma ainsi, à côté de la première collection, une seconde, était la Bible grecque, dite traduction des Septante. Le christianisme sentit bientôt le besoin de compléter cette collection par des écrits qui retraceraient les grands événements auxquels il devait luimême sa naissance. Il recueillit les livres racontant la vie de Jésus-Christ et les commencements de l'Eglise ainsi que les écrits attribués aux apôtres, dont le contenu renfermait les éléments du dogme et des leçons de piété. Peu à peu se forma ainsi, à côté de la première collection, une seconde, à laquelle fut conféré le nom de « Livres du Nouveau Testament ». La réunion de ces deux collections forme la Bible chrétienne. Sous le nom de « canon, » c.-à-d. de règle, les théologiens groupent les indications propres à faire voir comment le Nouveau Testament est arrivé à son état présent, où il comporte cinq livres d'histoire (les quatre Evangiles et les Actes des Apôtres), vingt et une lettres attribuées à des apôtres ou à des personnages apostoliques et un livre de prophéties (Apocalypse de saint Jean), total vingt-sept livres.

Les renseignements les plus anciens qui nous ont été conservés sur la liste des livres auxquels l'ancienne Eglise reconnaissait un caractère sacré, font voir de grandes divergences. A côté de certains écrits, dont l'autorité était acceptée par tous, s'en trouvent plusieurs que les uns admettent, que d'autres écartent, et dont quelques-uns, en fin de compte, ont été éliminés comme apocryphes, c.-à-d. destitués du caractère qui confère l'autorité au sens le plus large du mot. Dans un document très ancien qui, sous sa forme primitive, peut être antérieur à 200 de notre ère, le célèbre « Fragment de Muratori », nous trouvons indiquées deux grandes divisions : l'Evangile, qui comprend les quatre évangiles parvenus à nous, et les Apôtres, qui comprennent les Actes des Apôtres, treize épîtres de saint Paul, une épître de saint Jean, une épître de saint Jude, l'Apocalypse de saint Jean et une autre apocalypse attribuée à saint Pierre. Il est à remarquer que les épîtres de saint Jacques et de saint Pierre font défaut ainsi que la lettre dite aux Hébreux. On a pensé que c'était là le catalogue de l'Eglise de Rome vers l'an 200. Le catalogue des Eglises d'Orient, à peu près à la même époque, renferme l'épître aux Hébreux et les épîtres de saint Jacques et de saint Pierre (pas toutefois la seconde). L'Apocalypse de saint Jean ne figure pas. A partir du IIIe siècle, nous voyons que le noyau des écrits canoniques propres au christianisme est soigneusement constitué en ce qui touche, d'une part, les quatre évangiles, de l'autre les Actes, les treize épîtres de saint Paul, la première épître de saint Pierre et la première de saint Jean. En revanche, la seconde et la troisième épître de saint Jean, l'épître aux Hébreux, les épîtres de Saint Jacques et de saint Jude, la seconde de saint Pierre et l'Apocalypse sont rejetées par beaucoup, les=quels font figurer, en retour, dans le canon, le Pasteur l'Hermas, l'Epître de saint Barnabé, l'Epître de Clément Romain, la Prédication de Pierre, l'Evangile des Hébreux, etc., livres qui ont été éliminés en dernière analyse.

Au IVe siècle, Eusèbe, évêque de Césarée, admet encore dans le Nouveau Testament une distinction entre les écrits acceptés par tous (homologomènes) et ceux que plusieurs contestent (antilégomènes). Sauf l'Apocalypse de saint Jean, qui continue de demeurer suspecte, les livres reconnus par Eusèbe sont ceux mêmes qui ont trouvé définitivement place au canon. L'épître aux Hébreux ne fut pas admise non plus sans des tiraillements, dont la trace est visible pendant plusieurs siècles. Les Apocryphes sont décidément exclus du catalogue des écrits considérés comme divinement inspirés. 

Vers l'an 400, les deux grandes Eglises d'Orient et d'Occident se sont mises d'accord sur la composition et les limites du canon, sinon sur l'ordre dans lequel doivent être rangés les différents livres.

« Si l'on voit se dégager (dès le Ve siècle) en Orient et en Occident le canon biblique tel qu'il est resté dans la suite, ce ne fut, dit très bien A. Sabatier, le résultat ni de la recherche scientifique, ni même d'une théorie dogmatique logiquement appliquée, mais simplement l'effet général de la tradition et des mesures disciplinaires prises par les principaux évêques et quelques conciles. Encore ne faut-il pas oublier qu'il n'y eut pas décision unique et que le dogme du canon, établi dans son centre, n'était pas défini dans ses limites. Il reste flottant en Orient et en Occident à travers tout le Moyen âge. »
Nous n'omettrons pas de mentionner ici cette circonstance intéressante que les plus anciens manuscrits du Nouveau Testament à nous parvenus, notamment le Sinaiticus, l'Alexandrinus et le Vaticanus ne se conforment pas au catalogue qui était destiné à prévaloir, présentant à cet égard soit des lacunes, soit des additions. 

Il faut en réalité descendre jusqu'au concile de Trente (1545) pour voir le canon du Nouveau Testament absolument arrêté et une égale autorité reconnue à tous les livres entrés dans sa composition. L'Eglise latine clôt ainsi la question du canon, ce que l'Eglise grecque ne fit qu'au synode de Jérusalem (1672). Reste à dire la situation prise par les églises protestantes. En sapant la tradition par l'Ecriture, elles se mettaient dans un grand embarras; en effet, où était, en dehors de la tradition, la garantie du caractère authentique et canonique des écrits tenus pour sacrés? Le protestantisme n'était-il pas dans la position de l'imprudent qui coupe la branche sur laquelle il est monté? On s'en aperçut quand les premiers réformateurs s'arrogèrent le droit de critiquer la valeur du canon traditionnel et de rabaisser l'autorité de tel ou tel des écrits sacrés, par exemple l'Epître de saint Jacques ou l'Apocalypse de saint Jean, sur lesquels Luther s'exprime avec une grande liberté. Si le théologien est invité à accorder ou à refuser à un livre son caractère canonique en invoquant « le témoignage intérieur du Saint Esprit », n'ouvre-t-on pas les portes à la critique individuelle? Quelle barrière opposer désormais aux doutes ou aux négations? On s'en convainquit bientôt et l'on revint par une voie détournée aux témoignages ecclésiastiques, qui seuls garantissaient l'intégrité du canon traditionnel. (Maurice Vernes).

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Dictionnaire Le monde des textes
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