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Le Roi des montagnes
est un roman
d'Edmond About (Paris, 1857). Nous serions fort
embarrassé pour raconter ce roman, un de ceux qui ont marqué
le plus brillamment les premiers pas de l'auteur dans la carrière
littéraire. C'est un tissu d'anecdotes se reliant à le vérité
les unes aux autres, mais dont il serait difficile d'extraire les principaux
épisodes sans enlever au récit tout ce qui fait son charme
et lui donne son intérêt. Le roi des montagnes n'est autre
qu'un chef de bande qui gagne amplement sa vie et celle de sa troupe à
dévaliser les voyageurs qu'une curiosité téméraire
entraîne à visiter les montagnes de l'Attique.
Hadji-Stavros a une haute idée de son importance; il a une sorte
de gouvernement; il s'appuie sur une compagnie d'actionnaires auxquels
il rend sérieusement compte de ses opérations.
On voit d'ici tout le parti qu'un écrivain
spirituel et habile comme About a dû tirer d'un sujet si fertile
en peintures de tout genre : combats, persécutions, pillages et
le reste. L'auteur s'est égayé spirituellement aux dépens
de la Grèce, qu'il a longtemps habitée;
mais, tout en faisant la part de l'exagération dans cette amusante
histoire, on n'y peut méconnaître des portraits qui sont tracés
sur le vif, un mérite d'observation très réel et,
par dessus tout, un charmant entrain de narration. (PL).
«
C'est dans le Roi des montagnes, a dit Emile Montégut, que
se révèle sous sa forme la plus achevée et avec toute
sa vivacité la qualité qui fait l'originalité de M.
About et qui le distingue particulièrement de ses jeunes contemporains.
Ce livre est un des récits les plus agréables qui aient été
écrits depuis longtemps dans notre langue. N'étaient certains
défauts, un je ne sais quoi d'artificiel et de convenu dans le dialogue,
une plaisanterie un peu trop pointue, on pourrait présenter le Roi
des montagnes comme un modèle de narration élégante
et sobre. Le récit court rapide, incisif, en satisfaisant la curiosité
du lecteur à mesure qu'il l'excite. Dès la première
page, l'intérêt commence et va grandissant, toujours imprévu,
toujours nouveau, jusqu'au dénouement. Ce n'est, pas seulement la
curiosité qui est éveillée, car il y circule une certaine
passion sourde, contenue, violente, qui finit par se communiquer au lecteur
et qui le remplit d'indignation et de colère. M. About aime à
se servir des procédés de Voltaire, et ils ne lui ont pas
toujours réussi; mais jamais peut-être il n'a été
mieux inspiré par l'esprit du grand écrivain dont il se fait
gloire d'être le disciple que dans le Roi des montagnes. »
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