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On
nomme société de consommation un modèle économique et social
dans lequel la consommation de biens et de services occupe une place centrale
dans la vie quotidienne des individus. La société de consommation est
critiquée pour ses implications sociales et environnementales (surconsommation,
gaspillage et épuisement des ressources naturelles).
Le modèle économique.
La société de
consommation repose sur une économie de marché axée sur la croissance
(considérée comme un objectif essentiel), où la production de biens
et de services est constamment stimulée pour répondre à la demande des
consommateurs. Pour encourager la consommation, les entreprises ont recours
à des campagnes de marketing et de publicité agressives pour influencer
les choix des consommateurs et les inciter à acheter davantage de produits.
La société de consommation valorise la possession de biens matériels
comme un moyen de définir le statut social et la réussite personnelle
Pour faciliter la
production de masse, de nombreux produits sont standardisés, ce qui peut
réduire la diversité des choix disponibles pour les consommateurs. Dans
de nombreux cas, les produits sont conçus de manière à devenir obsolètes
après un certain temps (obsolescence programmée), ce qui pousse les consommateurs
à remplacer régulièrement leurs biens, créant ainsi un cycle de consommation
continue. Les individus sont souvent aussi encouragés à utiliser le crédit
pour financer leurs achats, ce qui peut entraîner des niveaux élevés
d'endettement personnel. Ce modèle de consommation génère des quantités
importantes de déchets et a un impact négatif sur l'environnement (déforestation,
surutilisation des ressources naturelles, pollution de l'air et de
l'eau, changement climatique).
La critique de
la société de consommation.
Certains mouvements
et idées - construits autour des concepts de minimalisme
ou de développement durable
-, ont émergé en réaction à ce modèle, visant à promouvoir une approche
plus consciente et responsable de la consommation.
Outre les problèmes
déjà évoqués (l'obsolescence programmée et le gaspillage de ressources
qu'elle entraîne, surconsommation à cause du surendettement, atteintes
profondes à l'environnement), les critiques concernent l'aggravation des
inégalités sociales que peut entraîner le modèle de la société de
consommation,en créant des divisions entre ceux qui ont accès aux biens
de consommation et ceux qui n'en ont pas. Les individus et les familles
à faible revenu peuvent se sentir exclus ou marginalisés. La pression
pour suivre les dernières tendances de consommation et posséder des biens
matériels peut provoquer du stress et de l'insatisfaction, car les individus
peuvent se sentir inadéquats s'ils ne parviennent pas à maintenir un
certain niveau de consommation.
Certains critiques
affirment qpar ailleurs que la société de consommation peut contribuer
à une perte de sens dans la vie des individus, car elle se concentre principalement
sur l'acquisition de biens plutôt que sur la réalisation de valeurs personnelles
et de buts plus profonds. La culture de la possession peut ainsi conduire
à une focalisation excessive sur la réussite matérielle, au détriment
d'autres valeurs importantes. D'autres portent leurs regards sur la globalisation
( Mondialisation,
Altermondialisme)
et la diffusion de produits de consommation standardisés, qui peuvent
entraîner la dilution des cultures locales et la perte de diversité culturelle.
-
Andy
Warhol : 210 bouteilles de Coca Cola,
ou
quand le pop-art posait son regard sur la société de consommation.
La
position de l'École de Francfort.
L'École
de Francfort a émis des critiques importantes envers la société
de consommation. Ces critiques s'inscrivent dans une tradition de pensée
critique qui remet en question la nature aliénante, déshumanisante et
oppressive de la société de consommation capitaliste. Les penseurs de
l'École de Francfort ont souligné l'aliénation culturelle qui découle
de la société de consommation, en montrant que la culture de masse, caractérisée
par des produits culturels standardisés et la domination de l'industrie
culturelle, peut créer une uniformité culturelle qui réduit la créativité
individuelle et la diversité culturelle. La société de consommation
favorise ainsi le conformisme et l'homogénéisation. Les individus sont
incités à suivre les tendances et à adhérer aux normes sociales prévalentes.
Les penseurs de l'École
de Francfort, qui ont adopté la perspective de Karl Marx sur le fétichisme
de la marchandise, ont par ailleurs étudié comment les produits de consommation
sont souvent élevés au rang d'objets de désir et de statut, créant
ainsi une forme de réification qui obscurcit les relations sociales sous-jacentes.
Herbert Marcuse, en particulier, a examiné comment la société de consommation
peut être utilisée pour réprimer les individus en les gardant apathiques
et dépolitisés. Il a qualifié de société unidimensionnelle
une société dans laquelle la consommation divertit les individus et les
maintient passifs, les empêchant de s'engager dans une pensée critique
et une action sociale.
Enfin, anticipant
les problèmes environnementaux liés à la surproduction, au gaspillage
des ressources et à la pollution, l'École de Francfort a mis en garde
contre les conséquences destructrices de la société de consommation
sur l'environnement.
Contributeurs
à la compréhension de la société de consommation.
Les penseurs suivants
ont apporté une variété de perspectives et d'analyses à la critique
de la société de consommation :
-
•
Karl
Marx, bien qu'il n'ait pas vécu à l'époque de la société de
consommation moderne, a critiqué le capitalisme qui est l'idéologie Ã
la racine de la société de consommation.
• Herbert Marcuse,
sociologue de l'École de Francfort, a abordé la société de consommation
et la manière dont elle peut être aliénante dans son ouvrage L'homme
unidimensionnel.
• Thorstein
Veblen, économiste et sociologue, est l'auteur de La théorie
de la classe de loisir, où il a analysé le consumérisme et les comportements
de consommation ostentatoires.
• Vance Packard,
journaliste et auteur, est connu pour The Hidden Persuaders, qui
décrit les techniques de marketing et de publicité utilisées pour influencer
les comportements de consommation.
• John Kenneth
Galbraith, économiste et auteur, a écrit L'ère de l'opulence,
où il discute de la société de consommation et de l'influence de la
publicité sur les décisions de consommation. |
•
Naomi
Klein, journaliste et autrice, a critiqué la société de consommation
et le capitalisme, notamment, dans No Logo et dans
La stratégie
du choc.
• Erich
Fromm, psychanalyste et philosophe social, a exploré les aspects psychologiques
de la société de consommation dans des ouvrages comme Avoir ou être?
et L'art d'aimer.
• Jean
Baudrillard, philosophe, a développé des idées sur la simulation
et la consommation dans des ouvrages tels que La société de consommation
et Simulacres et simulation.
• Juliet B.
Schor, économiste et sociologue, a étudié divers aspects de la société
de consommation et de ses implications sociales dans The Overspent American
et dans True Wealth.
• Pierre
Bourdieu, sociologue, a exploré les distinctions sociales liées
à la consommation dans des oeuvres telles que La distinction : critique
sociale du jugement. |
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