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La
découverte de la matière
L'histoire de la physique |
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Le
mot
physique (du grec,
physis
= nature), comme l'indique son étymologie grecque,
désigne, au départ, la science de la nature, science que les auteurs
latins ont appelée philosophie naturelle, attendu que dans l'origine
elle avait pour objet l'étude et l'explication des phénomènes
que présentent tous les corps répandus dans l'univers. Dans l'enfance
des sciences, cette dénomination suffisait, attendu que toutes les branches
composant la philosophie naturelle, telles que l'astronomie![]() Les Temps anciens La plus ancienne observation remonte
Ã
Thalès de Milet (600 ans environ av. J.-C.).
Ce savant constata l'attraction qu'exerce l'ambre, frotté sur les corps
légers. Pythagore et ses disciples possédaient
déjà certaines notions d'acoustique.
Aristote
émit des théories originales sur l'arc-en-ciel Puis vint une longue période de déclin, à laquelle les travaux de Geber, Albateginus, Alhazen et d'autres commentateurs arabes mettent un terme. L'Occident latin voit naître bientôt des physiciens. L'Auvergnat Gerbert, qui devint pape sous le nom de Sylvestre II (999), cultive avec succès les sciences physiques dont Albert le Grand et Roger Bacon se font, au XIIIe siècle, les ardents vulgarisateurs. Vers cette époque, se placent deux inventiens importantes : les miroirs étamés, signalés pour la première fois par Vincent de Beauvais et les lunettes à nez ou besicles, qu'on doit probablement au Florentin Salvino degli Armati, mort en 1317. Au commencement du XIVe siècle, on voit aussi se généraliser l'usage de la boussole, grâce à Flavio Gioja d'Amalfi. Le XVe siècle n'a presque rien produit en physique. Léonard de Vinci découvrit cependant la capillarité et étudia les frottements. Au XVIe
siècle, la pesanteur, l'optique et le magnétisme s'enrichissent. Le médecin
Fracastoro
indique la loi de la composition des forces (1538),
Cardan
s'attache surtout à appliquer les
mathématiques Le XVIIe siècle Avec Galilée,
la physique moderne solidifie. On lui doit en particulier
une conception rigoureuse de l'inertie de la matière En cette même période, l'académie del Cimento, fondée à Florence par Léopold de Médicis (1657), contribue puissamment aux progrès des différentes branches de la physique, et Newton, à l'aide de l'attraction universelle, dévoile l'énigme des mouvements planétaires; il renouvelle l'optique (décomposition de la lumière en couleurs élémentaires, anneaux colorés, télescope à miroir, etc.). Bartholin découvre la double réfraction du spath d'Islande et Grimaldi la diffraction (1665); Roemer mesure la vitesse de la lumière, Huygens édifie la théorie des ondulations, qui devait remplacer l'hypothèse newtonienne de l'émission. Mariotte trouve la loi de variation du volume d'un gaz sous l'influence d'une pression extérieure. Tandis qu'Otto de Guericke invente la machine pneumatique, perfectionnée bientôt par Boyle, Amontons construit un hygroscope, Hooke imagine l'anémomètre, Wren et Wallis énoncent les lois du choc, Papin construit, outre son autoclave, la première ébauche de la machine à vapeur, que Worcester, Savery, Newcomen rendent pratique. Le XVIIIe siècle Moins brillant que l'âge précédent, le XVIIIe siècle ne fut cependant pas stérile pour la physique. L'acoustique s'établit sur des bases solides : Sauveur ébauche la théorie des cordes vibrantes, que perfectionnent successivement les mathématiciens Taylor, Daniel Bernoulli, Euler et d'Alembert. Dufay observe les attractions et les répulsions électriques, que Coulomb mesure plus tard au moyen de sa balance de torsion; Musschenbroek invente la bouteille de Leyde (1746); Franklin démontre l'analogie de la foudre et du fluide électrique (1752); Galvani remarque les actions que le contact de deux métaux fait naître entre les nerfs et les muscles d'une grenouille, et cette expérience amène Volta à la découverte de la pile (1800), origine de l'électricité dynamique. Avec Black, Wilke, Lavoisier et Laplace, la notion de chaleur spécifique s'introduit, et la calorimétrie prend naissance. Les frères Montgolfier parviennent à lancer un aérostat dans les airs, et bientôt. Pilâtre de Rozier exécute la première ascension en ballon (1783). Dollond
réalise l'achromatisme des lentilles. Bouguer
crée la photométrie, Lieberkükn, de Berlin Le XIXe siècle Au cours du XIXe siècle, le domaine de la physique s'agrandit considérablement. De nouvelles acquisitions viennent modifier les idées antérieurement reçues, mais, néanmoins, l'ensemble des faits observés se coordonne, les lois se précisent, les théories se généralisent, les applications se multiplient. L'acoustique s'enrichit méthodiquement. Chladni observe les plaques vibrantes; Colladon, Sturm, Regnault, Violle et Vautier déterminent la vitesse du son; Cagniard de La Tour et Seebeck imaginent des sirènes; Edison enregistre et reproduit la voix humaine par le phonographe, tandis qu'Hughes perçoit, à l'aide du microphone, les plus faibles bruits. Lissajous étudie optiquement les intervalles musicaux. Helmholtz et Koenig analysent, au moyen derésonateurs, les vibrations complexes. Sadi Carnot, en énonçant les relations qui existent entre la chaleur et le travail (1824), jette les assises d'un nouvel édifice, la thermodynamique que Kelvin, Mayer, Clausius, Joule, Hirn et G. Lippmann contribuent à édifier solidement. A la suite des recherches de Despretz, Pouillet, Dulong, Petit et Faraday, on vit que la loi de Mariotte n'est qu'approchée, puis, en 1877, Cailletet et Pictet liquéfient les gaz, alors réputés comme permanents. James Dewar solidifie même l'hydrogène. Le retour des
conceptions atomistiques.
L'étude de la matière sous de très faibles épaisseurs et des solutions très diluées apporta une première série de preuves directes de la structure granulaire de la matière et conduisirent à une première approximation très grossière des grandeurs moléculaires. Des résultats plus précis furent obtenus par l'étude du mouvement brownien (découverts par le botaniste R. Brown en 1827), qui agite constamment les petites particules (0,001 mm.) en suspension dans un liquide. La physique moléculaire se développe, grâce aux nouvelles notions qui s'introduisent dans la science et aux phénomènes curieux qu'on découvre : osmose (Dutrochet, Dubrunfaut, Graham, Van't Hoff); lois de l'élasticité (Wertheim, de Saint-Venant, Tresca, Warburg); expériences et théories relatives à la capillarité (Laplace, Plateau, Van der Mensbrughhe); point critique (Andrews et Van der Waals); tonométrie, cryoscopie (Raoult); hypothèses sur la matière radiante (Crookes); constitution des alliages (Le Chatelier, Behrens, Roberts-Austen, Osmond); rigidité des liquides (Schwedoff), etc. La lumière et
l'électromagnétisme.
Au moyen de la pile, Carlisle et Nicholson décomposent l'eau (1801); Davy isole le potassium et le sodium (1807). Puis, successivement, de nombreux chercheurs s'attachent à perfectionner ou à modifier l'invention de Volta (piles de Zamboni, de Daniell, de Grove et de Bunsen, accumulateur de Planté, etc.); Wollaston démontre l'identité des électricités statique et dynamique; Œrsted observe la déviation d'une aiguille aimantée par un courant (1819); peu après, Ampère découvre les actions mutuelles des courants et Seebeck les phénomènes thermo-électriques, auxquels A.-C. Becquerel assigne des lois. La relation existant entre l'intensité du courant d'une pile et la résistance de son circuit se trouve établie expérimentalement par Pouillet, et mathématiquement par Ohm. Faraday découvre l'induction (1831) et formule, peu après, les lois de l'électrolyse. W. Thomson (Kelvin) imagine un électromètre et un galvanomètre très sensibles. Gauss, Humboldt et, plus tard, Mascart, s'occupent du magnétisme terrestre, dont ils perfectionnent les méthodes d'observation. Ewing découvre l'hystérésis (1882) et Maxwell le changement de dimensions produit par l'aimantation ou magnétostriction, dont le Japonais Nagaoka a repris l'étude (1900). La Société météorologique de France, fondée à Paris en 1852, par Martins et Rendu, publie d'intéressants mémoires sur la physique du globe. L'optique et l'électricité étaient restées entièrement distinctes, bien que la rotation du plan de polarisation de la lumière sous l'influence d'un champ magnétique (Faraday, 1846) eût fait ressortir, sans l'expliquer, fuie relation entre les deux domaines. Lorsque Faraday eût mis le premier en évidence l'influence du milieu à travers lequel s'exercent les actions électromagnétiques. Maxwell (1831-1879), dans son Traité d'Électricité (1873), établit les équations caractéristiques des champs électrique et magnétique. Entre autres résultats, ses calculs prouvèrent qu'une perturbation électromagnétique se propage dans l'espace avec la vitesse de la lumière : il était dès lors logique de supposer que l'onde lumineuse est elle-même une onde électromagnétique et ainsi fut fondée la théorie électromagnétique de la lumière. Cette hypothèse hardie fut confirmée par les expériences directes de Hertz (1857-1894). Utilisant les décharges oscillantes d'un condensateur, il produisit (1888) les ondes appelées depuis ondes hertziennes, qui possèdent toutes les propriétés de la lumière et n'en diffèrent que par la longueur d'onde beaucoup plus grande, comme le rouge diffère du violet. Hertz avait fait en quelque sorte la synthèse électrique de la lumière. De nombreux chercheurs (Sarrazin et de la Rive, Branly. Lodge, Righi, Popoff) perfectionnèrent la technique d'émission et de réception des ondes hertziennes: Marconi, rassemb!ant et améliorant les dispositifs employés par ses prédécesseurs, obtint le premier des résultats pratiques en transmettant les ondes à plus de 20 kilomètres (1896). La télégraphie sans fil était né. Les travaux de Fresnel, de Faraday, de MaxwelI, de Hertz semblaient pouvoir faire connaître les propriétés de I'éther électromagnétique et lumineux; mais la liaison de l'éther avec la matière restait obscure. Que se passe-t-il dans l'éther lors de l'émission, de la dispersion ou de l'absorption des ondes? Comment s'expliquent les phénomènes d'électrisation produits par certaines radiations (photo-électricité) et les actions chimiques comme l'impression photographique? Qu'est-ce que l'électricité, elle-même par rapport à l'éther qu'elle peut ébranler et qui peut agir sur elle? Il fut répondu provisoirement à ces questions par H.-A. Lorentz (1892) dont, par une heureuse coïncidence, les travaux théoriques furent constamment soutenus dans leur développement par Ies expériences sur les rayons cathodiques et les corps radioactifs. A cette époque, on n'avait pas encore sur les électrons de notions précises, mais l'électrolyse avait rendu familière à tous les physiciens l'idée d' « ions » positifs et négatifs. Lorentz expliqua tous les phénomènes électriques et optiques par le mouvement de corpuscules électrisés de masse définie, existant dans toute matière pondérable les vibrations de ces particules excitent les ondes électromagnétiques de l'éther, comme les vibrations du diapason produisent les ondes sonores dans l'air; leur action comme résonateur explique la réfraction, la dispersion et l'absorption des ondes. L'introduction de I'électron dans la théorie de Maxwell vint la féconder à la façon d'un germe et y fit lever une abondante moisson de conséquences nouvelles : parmi Ies phénomènes qu'elle mit en lumière, le plus remarquable consista dans la décomposition d'une raie spectrale sous l'influence du champ magnétique, décomposition que Lorentz avait prévue en 1895 et que Zeeman observa en 1896. L'expérience permit d'obtenir, par des mesures optiques, le rapport de la charge électrique à la masse des particules lumineuses et confirma que ces particules sont les é!ectrons cathodiques. La théorie électronique de Lorentz, prolongement naturel des travaux de Maxwell et de Hertz, donnait une interprétation très satisfaisante de la plupart des faits de l'électromagnétismeet de l'optique néanmoins, des difficultés considérables se présentèrent qui, pour être surmontées, exigeront bientôt de profondes modifications des concepts fondamentaux de l'ancienne, physique. La théorie des quanta, puis la théorie de la relativité, sortiront de cet effort d'adaptation de la théorie électromagnétique de la lumière aux faits expérimentaux. La physique depuis 1900 La radioactivité.
On songea tout naturellement à savoir si d'autres corps avaient les propriétés radioactives de l'uranium, et, dès 1898, Schmidt signala la radioactivité du thorium; Marie Curie, ayant constaté que la pechblende est huit fois plus active que ne le faisait prévoir sa teneur en uranium et en thorium, en conclut que ce minerai devait contenir des éléments inconnus fortement radioactifs. Le traitement chimique de la pechblende permit de caractériser, sans les isoler, le polonium (Marie Curie et Bémont, 1898), l'actinium (Debierne, 1899), et enfin de préparer les sels purs d'un nouveau métal, le radium, un million de fois plus actif que l'uranium (Pierre et Marie Curie, 1898-1902) le radium métallique fut isolé par Marie Curie en 1910. Les corps radioactifs émettent un rayonnement complexe que le champ magnétique divise en trois faisceaux : les rayons x, analogues aux rayons de Goldstein, formés de particules électrisées positivement, que l'on reconnut être des atomes d'hélium; les rayons déviés en sens contraire, formés d'électrons négatifs identiques aux électrons cathodiques; les rayons gamma, non déviés, analogues aux rayons X. On retrouvait les radiations du tube de Crookes. Un vaste ensemble de recherches expérimentales, où se distinguèrent les physiciens Ramsay, Rutherford et Soddy, vinrent élucider la nature de la radioactivité. Le premier fait acquis (1903), après de longues discussions - car c'était le premier exemple de transmutation d'éléments - fut le dédoublement du radium en émanation et en hélium. On reconnut ensuite que cette désintégration n'est pas unique et que la radioactivité est une véritable évolution discontinue, se faisant par cascades successives, donnant lieu chaque fois à la formation de nouveaux éléments, de vie plus ou moins éphémère. La théorie de la désintégration atomique (Rutherford et Soddy) aboutit ainsi à révéler la filiation des trente-neuf corps radioactifs et à les ranger dans deux familles distinctes, issues respectivement de l'uranium et du thorium, et aboutissant au plomb comme dernier corps stable. Les dédoublements atomiques, qui créent la descendance des corps radioactifs, sont spontanés, et l'on ne sait pas agir sur eux : de belles expériences de Rutherford ont, depuis 1919, réalisé la désintégration artificielle des atomes de certains éléments légers : azote, bore, fluor, sodium, aluminium. Le bombardement de l'azote par des particules alpha de grande puissance a permis de constater la séparation de noyaux d'hydrogène, avec du carbone comme résidu possible. Ainsi les mondes atomiques s'entrouvrent à la curiosité des physiciens. La théorie des
quanta.
La théorie de
la relativité.
Pour expliquer ces résultats négatifs, contraires à tout ce que l'on avait prévu, Lorentz admit que la forme et la masse des corps en mouvement varient avec la vitesse. Une telle doctrine parut d'abord singulière : Henri Poincaré prit une part considérable aux discussions qu'elle provoqua, et il est parmi les précurseurs de cette théorie de la relativité, dont on doit le développement complet à Einstein. Lorentz et Poincaré avaient reconnu que les équations de l'électromagnétisme admettent un groupe de transformations où le temps perd son caractère d'absolu : ce groupe est essentiellement différent de celui des équations de la mécanique classique, et dès lors il est impossible d'expliquer mécaniquement l'électricité. Einstein osa accepter les dernières conséquences de ces équations et soutenir qu'elles imposent la relativité du temps et de l'espace : de sa théorie de la relativité restreinte, formulée de 1905 à 1912, résulta une mécanique nouvelle, dont la mécanique classique n'est qu'une première approximation, convenant aux corps animés de vitesses faibles par rapport à la vitesse de la lumière. Enfin, appliquant son idée fondamentale au domaine entier de la physique, Einstein affirma que toutes les lois de la nature doivent prendre une forme indépendante du système de référence choisi pour les énoncer; la théorie de la relativité générale (1917 ) basée sur ce réquisit se présente comme une théorie de la gravitation, et fait de celle-ci une action se propageant de proche en proche avec la vitesse de la lumière. La relativité générale, qui permet de définir la structure de l'espace-temps en fonction de la distribution de matière, peut être appliquée à l'univers dans son ensemble. Elle apparaît un outil capable de fonder une cosmologie sur des bases scientifiques. En 1922, A. Friedmann résoud les équations de la relativité générale basées sur quelques hypothèses simples et élabore ainsi un premier modèle cosmologique (géométrie globale de l'espace-temps). Il résulte de ce travail que l'univers doit être en expansion. Conclusion théorique confirmée en 1927-1929 par l'observation de la récession ( = "fuite") des galaxies par Edwin Hubble et Milton Humason. La même année l'abbé Lemaître propose la théorie de l'atome primitif, sorte de préfiguration de ce qui sera plus tard la théorie du big bang. La structure des
atomes.
Depuis longtemps, l'idée atomique avait pénétré dans le domaine de l'électricité. D'après les remarques d'Helmholtz (1881), dès que l'on admet la structure atomique de la matière, les lois de l'électrolyse de Faraday impliquent la structure atomique de l'électricité ; elles imposent la conception de l'atome d'électricité, ou électron, et expriment que, dans l'électrolyse, un ion transporte un nombre d'électrons égal à sa valence. L'étude de la conductibilité. des gaz et de la radioactivité vint appuyer et préciser la notion d'électron, en permettant de compter les centres électrisés, de les saisir individuellement et de mesurer directement leur charge; tout un ensemble de recherches, commencées en 1898 et qui prirent leur forme la plus précise avec les expériences de Millikan (1911), démontrèrent de façon décisive l'existence de l'atome d'électricité égal à la charge que porte un atone d'hydrogène dans l'électrolyse. Peu d'expériences sont plus directes, pour démontrer l'existence des atomes, que les « photographies d'atomes » de C. T. R. Wilson (1912). Dans une atmosphère saturée d'humidité, la trace des rayons d'hélium issus d'un corps radioactif est marquée par la condensation de la vapeur d'eau qui rend visible la trajectoire; les photographies sont si claires qu'elles ont mis fin à toutes les discussions sur l'existence des particules alpha. Ces recherches, qui considèrent l'atome dans son ensemble, n'en font pas connaître la constitution intérieure : celle-ci se manifeste surtout par la radioactivité et par l'émission de radiations (lumière et rayons X) décomposées par l'analyse spectrale. L'atome ne peut être considéré comme une unité insécable : les nombreuses raies du spectre optique montrent la complexité du système émetteur d'ondes et le grand nombre d'oscillateurs qui doivent le composer; d'autre part, les décompositions radioactives et la présence constante des électrons bêta font prévoir une certaine ressemblance dans la composition des divers atomes. Après le modèle atomique imaginé par J.-J. Thomson, les propriétés des rayons émis par les corps radioactifs et, en particulier, la dispersion des rayons alpha traversant les lames minces, conduisirent Rutherford (1911) à considérer l'atome comme une sorte de système solaire formé d'un noyau électrisé positivement, autour duquel gravitent de nombreux électrons négatifs. Rutherford évaluait leur nombre à environ la moitié du poids atomique ; une hypothèse voisine (Van den Broek, 1912) le fixa au nombre atomique (numéro d'ordre de l'élément dans le Tableau de Mendéleiev) et facilita l'explication des propriétés périodiques des éléments; elle fut généralement adoptée. Quant au noyau atomique, les dernières expériences de Rutherford laissent supposer qu'il contient des noyaux d'hydrogène, le plus souvent groupés par quatre en noyaux très stables d'hélium; c'est l'origine de la conception qui voit dans le noyau positif d'hydrogène (proton) et dans l'électron les deux constituants universels de toute matière. L'une des propriétés les plus remarquables de l'atome, la distribution des raies spectrales, échappait à la représentation de Rutherford; Niels Bohr (1885-1962),utilisant la théorie des « quanta » et distribuant les électrons satellites sur une ou plusieurs enveloppes concentriques au noyau, perfectionna le schéma de Rutherford; il donna en 1913 un modèle d'atome qui groupe un nombre considérable de propriétés de la matière et explique quantitativement la structure des spectres optiques et des spectres de Roentgen. Si la théorie de Bohr, perfectionnée en 1915 par A. Sommerfeld, contient encore quelques contradictions, son accord avec les faits expérimentaux est souvent d'une exactitude surprenante, et peu de théories physiques possèdent un pareil pouvoir de persuasion. Elle permet notamment de prévoir les raies spectrales en accord avec les résultats expérimentaux et d'expliquer des phénomènes tels que l'effet Zeeman. Physique quantique
et physique des particules.
Avec eux s'installe un renouvellement de tous les principes d'une physique qui devient probabiliste. Ainsi les relations d'indétermination (principe d'incertitude), formulées par Heisenberg (1926), qui énoncent l'impossibilité de mesurer simultanément certaines grandeurs (par exemple la position et la quantité de mouvement) avec la même précision. Dès lors, la question de la mesure, de l'incidence de l'observation sur les phénomènes observés, vient-elle remettre en question de la notion même de causalité, qu'il faut désormais distinguer de celle de déterminisme et ouvre un débat l'interptrétation de la physique quantique. Deux camps s'affrontent, celui des "réalistes", dans lequel se range notamment Einstein, et pour lequel le caractère probabiliste de la théorie quantique dénote seulement l'inadéquation de la théorie, et le camp partisan de l'interprétation proposée dès 1926 par Max Born et Pascual Jordan, mais dite "de Copenhague" (parce que soutenue à Copenhague par Bohr et les physiciens qui se rattachent à l'école qu'il représente), pour lequel ce n'est pas la théorie qui est défectueuse, mais la nature qui possède intrinsèquement ce caractère probabiliste. En 1935, Albert Einstein, Boris Podolsky et Nathan Rosen publient le célèbre article EPR, proposant une expérience de pensée permettant de trancher entre ces deux interprétations. Finalement , l'expérience sera réalisée au début des années 1980, qui donnera tort aux "réalistes". Les avancées théoriques des années 1920, et des années 1930, s'accompagnent de découvertes expérimentales importantes. De nouvelles particules sont révélées, comme le neutron, par Chadwick (1932). Ces découvertes vont aussi, et de plus en plus souvent, être précédées de prévisions théoriques. Dirac prédit par exemple l'existence de deux particules ayant même masse que le proton et l'électron, mais qui devaient porter des charges opposées : l'antiproton et l'antiélectron ou positron (mis en évidence par Irène et Frédéric Joliot-Curie avec la radioactivité artificielle), autrement dit de l'antimatière. Yukawa, qui cherche à comprendre la nature des forces qui assurent la cohésion du noyau, fait l'hypothèse d'une nouvelle particule, le méson (identifiée en 1937 par Anderson dans le rayonnement cosmique); en 1930, Fermi et Pauli, étudiant la désintégration bêta sont amenés à supposer l'existence d'un neutron de faible masse, le neutrino, qui sera, lui aussi, mis en évidence plus tard. Chemin faisant, de nouvelles grandeurs associées aux objets quantiques s'imposent, qui sont comme des analogues de la charge électrique et qui prennent comme elle des valeurs discrètes. Tel est, par exemple le spin. Celui-ci va être un des outils employés pour mettre de l'ordre dans le foisonnement des nouvelles particules. Ainsi distinguera-t-on les particules à spin demi-entier ou fermions, qui obéissent à la statistique dite Fermi-Dirac (1925) et les particules à spin entier ou bosons, tributaires de la statistique de Bose-Einstein (1924). Une division justifiée par le principe d'exclusion, formulé par Pauli en 1925 : les fermions (toutes les particules de matière : électrons, protons, etc.) s'excluent mutuellement et ne peuvent se rencontrer dans le même état quantique, ce qui fournit l'explication de l'impénétrabilité des corps matériels; les bosons (par exemple les photons, vecteurs de l'interaction électromagnétique) ont, au contraire, un comportement grégaire (explication du laser, par exemple). Physique nucléaire.
Le modèle standard
des particules.
En 1964, Murray Gell-Mann et George Zweig proposent indépendamment le modèle des quarks, unifiant ainsi de nombreuses particules subatomiques dans une structure plus fondamentale. Steven Weinberg, Sheldon Glashow et Abdus Salam développent en 1967 la théorie électrofaible, qui unifie les forces électromagnétiques et faibles. Cette théorie fait partie intégrante du modèle standard des particules. Modèle qui gagne en crédibilité avec la découverte des courants neutres dans les interactions faibles en 1973 par les collaborations Gargamelle au CERN confirme la théorie électrofaible. L'année suivante, la découverte des mésons J/ψ (contenant des quarks charmés) par Burton Richter et Samuel Ting renforce l'intérêt modèle des quarks. Les premières versions de la théorie des cordes émergent, proposant que les particules fondamentales ne sont pas des points mais des objets unidimensionnels appelés cordes, émergent dans les années 1970. Leonard Susskind, Holger Bech Nielsen et Yoichiro Nambu sont parmi les pionniers de cette théorie, qui débouchera dans les années 1990 sur ce ce qu'on a appelé la révolution des dualités, menant à l'idée d'une théorie unifiée des cordes appelée la théorie M. En 1983, les bosons
W et Z, prédits par la théorie électrofaible, sont découverts au CERN
par les équipes dirigées par Carlo Rubbia et Simon van der Meer. Un grand
succès pour le modèle standard des particules.Vers cette même époque,
la théorie de la grande unification (GUT) commence à être développée.
Cette approche vise à unifier les trois forces fondamentales (électromagnétique,
faible, et forte). En 1995, laécouverte du quark top au Fermilab, ajoute
encore un élément en faveur du modèle standard des particules.
Physique des solides
et technologies quantiques.
Gordon Moore propose en 1965 la loi de Moore, observant que le nombre de transistors sur un circuit intégré double environ tous les deux ans, ce qui a des suggère des progrès énormes dans l'évolution des ordinateurs et de la technologie de l'information. En 1982, Richard Feynman propose l'idée des ordinateurs quantiques, basés sur l'utilisation des phénomènes de superposition et d'intrication pour résoudre des problèmes complexes de manière exponentiellement plus rapide que les ordinateurs classiques. Peter Shor développe en 1994 un algorithme quantique pour la factorisation des nombres entiers, démontrant le potentiel des ordinateurs quantiques pour résoudre certains problèmes beaucoup plus rapidement que les ordinateurs classiques. Le premier ordinateur quantique à plusieurs qubits fait une démonstation en 2001. En 2019, oogle annonce avoir atteint la « suprématie quantique » avec son processeur quantique Sycamore, capable de réaliser en quelques minutes une tâche que le superordinateur classique le plus puissant aurait pris des milliers d'années à accomplir.
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