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Psittaciformes |
Le
genre Perroquet (Psittacus) est le type d'un groupe important d'Oiseaux
que les ornithologistes ont successivement considéré comme
une famille de l'ordre des Grimpeurs et comme un ordre bien distinct sous
le nom de Préhenseurs, et qui aujourd'hui forme l'ordre des Psittaciformes.
Il rassemble les Perroquets proprement dits,
les Aras, les Cacatoès,
les Loris, les Perruches,
etc. Une particularité curieuse de beaucoup de ces Oiseaux, c'est
l'aptitude qu'ils ont de pouvoir parler assez distinctement et de débiter
même une et quelquefois plusieurs phrases de suite; ils apprennent
aussi à contrefaire certains gestes et certains mouvements, à
rire, à pleurer, à tousser, à miauler comme les chats,
à aboyer comme les chiens, etc. Ce sont, en un mot, des animaux
imitateurs par excellence.
Cette aptitude, et aussi leur plumage, souvent très richement coloré, expliquent pourquoi les Perroquets ont été si recherchés de tous temps et en tous lieux. Ainsi, quoiqu'ils n'aient paru à Rome pour la première fois que du temps de Néron, il en est parlé dans l'Odyssée d'Homère, dans les poésies de Catulle, et l'espèce nommée par les modernes Perruche d'Alexandre rappelle que leur introduction en Europe date des expéditions de ce conquérant. Aujourd'hui, ils sont devenus excessivement communs dans le monde entier, et les découvertes de l'Amérique et de la Polynésie en ont fait connaître un grand nombre d'espèces plus intéressantes les unes que les autres. Très sociables et très faciles à apprivoiser, les Perroquets sont remarquables par leur attachement et leurs antipathies. On a beaucoup parlé aussi de leur longévité; il paraît certain qu'ils peuvent vivre jusqu'à 80 ans en domesticité. Caractères généraux des PerroquetsLes Psittaciformes ou Perroquets considérés dans leur ensemble, présentent les caractères suivants : Bec gros, bombé, à mandibule supérieure très forte, arquée dès sa base et fortement recourbée, terminée par une pointe plus ou moins aiguë et souvent munie sur les bords d'une entaille en forme de dent; mandibule inférieure toujours plus petite et plus courte que la supérieure, engainée par celle-ci et tronquée à sa pointe. Pattes zygodactyles, c.-à-d. à quatre doigts, dont deux en avant et deux en arrière. Tarses courts, trapus, écailleux. Ailes courtes ou moyennes. Queue arrondie ou étagée. Ces caractères présentent d'ailleurs des variations considérables qui ont servi à subdiviser cet ordre en genres.Les Perroquets ont
un plumage remarquable par ses couleurs vives et
tranchées, mais ne présentant pas de reflets métalliques.
La vert est la couleur dominante, relevée souvent par du rouge,
du jaune et du bleu sur la tête, les ailes
et la queue. Le rouge prédomine chez les Loris
et quelques Aras; le bleu, chez d'autres Aras et
chez les petites espèces du genre Coriphilus; le jaune est plus
rare. Le blanc, le rose et le gris s'observent chez les Cacatoès;
le noir, chez les Calyptorhynques, les
Microglosses et les Vazas, le marron, enfin,
dans une espèce du groupe des Loris (Chalcopsitta rubiginosa).
Yasmine, une inséparable... célibataire. Photo : Elsa Soucasse, 2010. Mais ce qui frappe tout d'abord chez les Perroquets, c'est le grand développement du bec, ou plutôt de la mandibule supérieure qui masque souvent complètement l'inférieure, surtout chez les espèces qui ont l'habitude de s'encapuchonner en tenant cette mandibule inférieure cachée dans les plumes du menton : dans les genres Euphema et Melopsittacus, cette disposition est tellement exagérée que l'arête supérieure du bec forme, à l'état de repos, une ligne perpendiculaire ou même rentrante, la base du bec, qui porte les narines, se trouvant ainsi la partie la plus saillante de la face. La disposition opposée s'observe dans les genres : Nestor et Dasyptilus qui ont, pour ainsi dire, un bec d'aigle, à arête horizontale, et dont la mandibule inférieure est relativement bien développée. Ce bec d'ailleurs n'est pas seulement un organe de nutrition : c'est aussi un troisième membre dont l'oiseau se sert pour grimper de branche en branche : avant de déplacer ses pattes le Perroquet se fixe solidement à l'aide du crochet de son bec, et même à terre, il s'appuie souvent sur l'arête de la mandibule supérieure. Celle-ci est très mobile, grâce à l'articulation formée par l'os carré et l'os jugal, et les muscles puissants qui relient les deux mâchoires permettent à l'oiseau de briser la coque des fruits les plus durs. La patte, avec ses quatre doigts, dont deux en avant et deux en arrière, ressemble à celle d'un Caméléon ou de certains Phalangers. Elle sert, comme chez les Singes, à porter la nourriture à la bouche : le Perroquet perché sur une seule patte se sert de l'autre pour porter à son bec le fruit qu'il épluche avec soin pour en manger l'amande. Le bec des Perroquets
n'est pas moins intéressant à étudier à l'intérieur
qu'à l'extérieur. Sa voussure interne est munie de plis et
de rugosités qui servent à maintenir les fruits, et la musculature
du palais est très développée.
Le bord des deux mâchoires porte des papilles cornées, très
visibles surtout chez l'embryon, et que Etienne
Geoffroy Saint-Hilaire
avait pris autrefois pour des dents rudimentaires
ou atrophiées, opinion encore soutenue par Fritsch et Furbringer,
qui s'appuyaient sur ce fait que les dents à ivoire et les dents
cornées ne sont que deux formes du développement d'un même
organe : on en voit la preuve chez les Cétacés
à fanons. D'autres naturalistes (Blanchard, Braun, Fraisse) ont
contredit ce point de vue.
Formes du bec ches les Perroquets. - A, Microglosse; B, Calyptorhynque; C, Enicognathe; D, Dasyptile; E, Mélopsitte; F, Stringops. Mais ce qui est surtout
remarquable ici, c'est la langue qui est volumineuse,
cylindrique, recouverte d'un épiderme
sec et corné, et ressemble plus à un organe de tact
qu'à un organe de goût. Cependant la
gourmandise des Perroquets est bien connue. En effet, l'apparence est ici
trompeuse : un examen plus approfondi montre que cette langue porte en
dessus un sillon allongé et bifurqué dont la rainure est
munie de papilles nerveuses: la pointe de l'organe
porte, en dessous, un repli d'épithélium
en forme d'écaille : enfin, à la base de la langue, on trouve
des glandes bien développées; toutes
ces parties sont très riches en nerfs. Chez
les Microglosses la langue est rouge et
en forme de gland. Chez les Trichoglosses
ou Perroquets à langue en pinceau, cet organe est recouvert de papilles
en forme de poils, de telle sorte qu'elle ressemble à une brosse
munie de 250 à 300 poils disposés
sur plusieurs rangs. Cette langue leur sert à recueillir le pollen
et le nectar des fleurs des grands arbres,
notamment des Palmiers et des Mimosas. La même disposition existe
dans les genres Coryllis et Platycercus. Ces Perroquets ont souvent la
tête toute poudrée de pollen et on peut supposer qu'ils jouent,
comme les insectes, un rôle dans la fécondation
des fleurs.
Le larynx des Perroquets n'est pas plus développé que celui des Passeriformes chanteurs. dont beaucoup possèdent la même faculté d'imitation (Corbeaux, Mainate, Moqueur, etc.). Leur syrinx ou larynx inférieur est même moins riche en muscles propres que celui de ces derniers : ils n'ont que trois paires de muscles propres (au lieu de cinq que l'on trouve chez les Passeriformes chanteurs), et leur trachée est très rigide. Aussi leur voix est-elle d'ordinaire criarde et discordante, sauf chez quelques petites espèces (Melopsittacus), qui font entendre un véritable gazouillement. La perfection avec laquelle les grandes espèces reproduisent les sons articulés, et notamment la voix humaine, doit dépendre surtout, et quoi qu'on en ait dit, du volume et de la mobilité de la langue ainsi que de la largeur de la cavité buccale. Distribution géographique et modes de vie des PerroquetsLa distribution géographique des Perroquets présente les particularités d'un haut intérêt. D'une façon générale on peut dire qu'ils habitent, à l'époque actuelle, la zone intertropicale du globe, mais ils sont surtout nombreux dans l'hémisphère austral où ils se rapprochent beaucoup plus du pôle que dans l'hémisphère boréal : ainsi, en Patagonie, ils atteignent le 52° de latitude australe; dans l'hémisphère oriental, au Sud de la Nouvelle-Zélande, ils atteignent la même latitude (îles Auckland), tandis que dans le Nord ils ne dépassent pas le 38° de latitude septentrionale (Sud des États-Unis), et même en Asie le 30° (Sud de l'Himalaya). Il n'en existe ni en Europe, ni dans l'Afrique au Nord du Sahara. Le plus grand nombre d'espèces se trouve en Océanie (Australie, Polynésie, etc.), en Nouvelle-Guinée et en Malaisie. L'autre grande région où vivent les Perroquets est l'Amérique du Sud, enfin l'Afrique et l'Asie beaucoup moins riches. On note aussi d'autres régions secondaires caractérisées par la présence de types spéciaux bien distincts en Nouvelle-Zélande (Stringops, Nestor), à Madagascar (Coracopsis), et même dans les îles Mascareignes; mais ces derniers sont éteints.- 17. Cacatoès à huppe jaune; 18. Cacatoès de Ledbeeter; 19. Cacatoès rosalbin; 20. Charmosyne; 21. Platycerque; 22. Euphème splendide; 23. Euphème belle; 24. Conure jaune; 25. Melopsitte ondulé; 26. Psittacule; 27. Ara Ararauna; 28. Ara Chloroptère; 29. Ara hyacinthe. La plupart des Perroquets se nourrissent de fruits à coque dure et de graines plutôt que de baies; d'autres (Licmetis, Enicognathus) déterrent adroitement les tubercules des Orchidées avec leur bec droit et pointu comme un soc de charrue; certains Cacatoès (Plictolophus sanguineus et Pl. roseicapillus) se nourrissent de plantes salsugineuses, de même que Conurus carolinensis et Chrysotis amazonicus recherchent les terrains et les eaux salées. Le Stringops, qui est terrestre et nocturne, se nourrit de lichens, de champignons et surtout des rhizomes d'une fougère (Pteris aguilina). Le Conurus patagonicus, le plus méridional des Perroquets américains, se nourrit près de Buenos Aires des gousses et des grains d'une Akasie ; en Patagonie il se contente des feuilles d'un arbrisseau épineux; au cap San Antonio, il se nourrit d'une simple graminée, tandis, que dans la même localité le Bolborhynchus monachus dévore les semences des chardons. Les Platycerques ne se contentent pas du nectar des fleurs, ils y joignent des insectes, et les Calyptorhynques sont très friands des larves de Coléoptères qui rongent le bois des arbres; enfin les Nestors sont omnivores et même carnivores, mangeant indistinctement, suivant les circonstances et la saison, les fleurs des arbres, des larves d'insectes, de jeunes oiseaux, les charognes que l'on jette à la voirie, et s'attaquant même aux moutons vivants. Les Perroquets vivent
généralement en bandes plus ou moins nombreuses dont les
cris bruyants trahissent la présence au milieu du feuillage, des
arbres. Les espèces australiennes viennent volontiers à terre
et s'y abattent comme une volée de moineaux,
pour chercher les graines tombées dont
ils se nourrissent. Certaines espèces (Pezoporus, Stringops)
sont plus exclusivement terrestres, et d'autres recherchent les régions
rocheuses et montagneuses (Nestor). La plupart
ont un vol aisé et rapide, et celui de la Perruche ondulée
(Melopsittacus) rappelle celui de l'Hirondelle.
Beaucoup d'espèces accomplissent de véritables migrations
du Nord au Sud, suivant les saisons.
Classification et paléontologie des PerroquetsL'ordre des Perroquets (Psittaciformes) renferme actuellement une soixantaine de genres et environ 500 espèces. On adoptera ici le regroupement (plutôt artificiel) de ces genres en dix familles : les Conuridae et Pionidae qui sont américains, à l'exception d'un genre de ces derniers (Paenocephalus) qui est africain; les Psittacidae et Palaeornithidae d'Afrique (avec Madagascar) et d'Asie; les Trichoglossidae, Nasiternidae, Plictolophidae, Nestoridae, Platycercidae et Stringopidae qui sont de la région malayo-australienne. Le tableau suivant recense les principaux genres.-
L'ordre des Perroquets
avait, à l'époque tertiaire (Cénozoïque),
une distribution géographique beaucoup plus étendue qu'à
l'époque actuelle. On a trouvé les restes d'un Psittacus
voisin du Ps. erythacus d'Afrique (Ps. Verreauxi)
dans le calcaire miocène d'eau douce du midi de la France
. Plus récemment, dans le quaternaire, l'archipel des îles
Mascareignes, et notamment les îles Maurice
et Rodrigues, ont possédé une faune
spéciale, caractérisée par les genres éteints
Lophopsittacus et Necropsittacus, qui paraissent relier les Microglosses
australiens aux Aras américains. Certaines
de ces espèces n'ont disparu que dans les temps historiques : tel
est le Mascarinus Duboisi, qui vivait encore dans l'île
de la Réunion à la fin du XVIIIe
siècle et dont le Muséum de Paris
conserve précieusement un exemplaire empaillé, considéré
comme une grande rareté. (E. Trouessart).
Perruches. - 1. Conure; 2. Paléornis; 3. Euphème; 4. Mélopsitte; 5. Psittacule. |
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