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La numismatique allemande
Dès les premiers temps du royaume de Germanie, les seigneurs féodaux battirent monnaie comme en France. Les rois, qui leur concédèrent ce droit, ne l'exercèrent eux-mêmes que dans leurs États héréditaires : tout au plus les voit-on, alors même que la couronne impériale semble avoir ajouté quelque chose à leur puissance, se réserver le privilège bizarre de frapper, partout où ils se trouveront, une monnaie qui aura cours forcé quelques jours avant et après leur arrivée. Les pièces allemandes de cette époque représentent généralement la tête de l'empereur vue de face, ou celle d'un évêque, d'un patron, et au revers, quelque édifice qui est l'emblème des villes où elles ont été fabriquées : l'exécution en est très grossière, au point que les lettres mêmes des légendes sont remplacées par de simples traits.

C'est vers le milieu du Xe siècle que parurent les pièces dites bractéates, qui, employées d'abord concurremment avec la monnaie ordinaire, finirent par devenir beaucoup plus répandues. Jusqu'au XIIIe siècle, on ne frappa pas de monnaie d'or. A la fin de ce siècle, les seigneurs allemands se mirent à imiter les monnaies françaises (le denier, le tournois, le parisis), et, plus tard, les gros ou lions de Flandre, les sterlings et les blancs d'Angleterre, les florins d'Italie, toutefois sans abandonner complètement les types originaux. En Allemagne comme dans les autres pays, les monnaies avaient toujours été très minces : elles prirent une certaine épaisseur à partir de Charles-Quint; les pièces d'argent surtout reçurent un grand module au XVIe siècle. Cette même époque vit l'art monétaire atteindre une perfection remarquable; mais la guerre de Trente Ans en arrêta les progrès.

II serait impossible de suivre, au milieu de leur infinie variété, les monnaies, médailes et méreaux que firent frapper les empereurs, les princes, les évêques et les villes jusqu'à la fin du XVIIIe siècle ; les ateliers étaient nombreux et actifs. Constatons seulement le crédit que la monnaie de Marie-Thérèse posséda chez les Turcs, puisque, pour les besoins du commerce avec ce peuple, l'Autriche a continué d'en frapper au même titre, longtemps après la mort de l'impératrice. Les États allemands conservent encore de nos jours leurs anciens types, avec toute leur diversité, et la monnaie ne semble pas devoir s'y ramener de longtemps au système décimal. (D.).

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