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Les noms
(Les substantifs)
Le mot nom vient du latin nomen, équivalent du grec onoma. Il s'emploie comme terme de grammaire et sert, alors à désigner l'une des parties du discours. Le nom ou substantif, disent plupart des grammaires classiques, est une espèce de mot qui sert à nommer les personnes et les choses. Cette définition, qui prend les termes nom et substantif comme synonymes, n'est pas conforme à la tradition grammaticale. Ainsi les Anciens appelaient nom à la fois le substantif et l'adjectif, et ils distinguaient le nomen sunstantivum ou nom substantif, servant à nommer les personnes et les choses, du nomen adjectivum ou nom adjectif, servant à les qualifier. À une époque plus ancienne encore, et antérieurement aux Stoïciens, qui les premiers les ont distingués, les Grecs confondaient le nom et le pronom. D'autre part, si l'on appelle substantif, comme on fait généralement, tout mot servant à désigner un être, quel qu'il soit, il faut bien reconnaître que les pronoms sont des substantifs aussi bien que les noms, la seule différence étant que les uns désignent l'être sans le nommer (ceci, cela) et les autres par son nom (oiseau, animal).

En laissant de côté les adjectifs, on distingue parmi les noms substantifs les noms concrets et les noms abstraits, les noms propres et les noms communs, les noms collectifs et les noms partitifs

Les noms concrets sont ceux qui désignent les êtres réels ou les êtres imaginaires conçus sous une forme sensible (chaise, chimère). 

Les noms abstraits sont ceux qui désignent des êtres conçus par l'esprit en dehors de toute forme sensible (vertu, faim); un grand nombre dérivent d'adjectifs comme bonté de bon, santé de sain, et la différence qui existe alors entre le nom abstrait de qualité et l'adjectif correspondant est que l'adjectif signifie la qualité comme inhérente à un être, tandis que le nom abstrait la signifie comme un être conçu par l'esprit. 

Les noms propres sont ceux qui ne conviennent qu'à un être en particulier; ils éveillent dans l'esprit l'idée d'une seule personne ou d'une seule chose : Pierre, Paris. 

Les noms communs sont ceux qui conviennent à tous les êtres d'une même espèce : homme, cheval, fleuve. Ils ne peuvent désigner un individu particulier de l'espèce qu'à l'aide d'une détermination particulière exprimée par un adjectif ou un complément : ce cheval, le cheval de mon ami. D'où il résulte, que si leur signification s'étend à un plus grand nombre d'êtres que celle des noms propres, elle embrasse par contre un moins grand nombre d'idées. 

Les noms collectifs sont ceux qui expriment une collection d'êtres, comme foule, troupe, multitude; les noms partitifs, ceux qui expriment un nombre plus ou moins grand de la totalité des êtres dont on parle, par exemple ici plupart.

Les noms, substantifs et adjectifs, sont, en français et dans la plupart des langues, des mots variables. Leur forme est sujette à changer suivant le genre et le nombre. En sanscrit, en grec, en latin et dans d'autres langues anciennes et modernes, ils sont même soumis à un changement régulier de forme, suivant la fonction grammaticale qu'ils remplissent dans la phrase; ces différentes formes d'un même mot constituent sa déclinaison, et c'est parce qu'en grec et en latin la déclinaison des adjectifs est identique à celle des substantifs, que les grammairiens anciens, frappés de cette similitude de forme et négligeant la différence des fonctions, les ont confondus sous une appellation unique. (Paul Giqueaux).

Le nom en français

Du nom propre et du nom commun.
Il y a deux sortes de noms : le nom propre et le nom commun.

On appelle nom propre tout nom qui ne peut s'appliquer qu'à un seul individu à un seul être, à l'exclusion de tous les autres de la même espèce : Pablo, Julie, Berlin, le Gange, sont des noms propres.

On appelle nom commun tout nom indistinctement applicable à la totalité des êtres qui composent une espèce, à une partie d'entre eux ou même à un seul. Par exemple, le mot arbre est un nom commun, parce qu'on peut s'en servir pour désigner soit tous les arbres en général, soit une partie d'entre eux, soit enfin un seul arbre.

Origine des noms propres.
Rigoureusement parlant, un nom propre ne devrait appartenir qu'à un individu unique; mais il n'en est pas ainsi dans la réalité. Chacun de ces noms propres qu'on appelle des prénoms, comme Sophie, Jacques, Violette, etc., s'applique à plusieurs personnes à la fois : ils ne deviennent véritablement noms propres que s'ils sont joints à un nom de famille

Ce nom de famille, de son côté, ne peut désigner un individu unique que s'il est accompagné d'un ou de plusieurs prénoms.

Cette contradiction apparente entre la définition du nom propre et l'emploi qu'on en a fait, tient à ce que tous les noms propres ont commencé par être des noms communs. Les noms de famille, d'abord noms communs, en sont venus peu à peu à désigner spécialement une ou plusieurs personnes.

Ces noms peuvent rappeler : 

1° une qualité ou un défaut de l'esprit ou du corps; 
Ex. : Legrand, Leblond, Legros, Leroux, Lerouge, Lebègue, Briffaut (anciennement gourmand); 
2° la profession;
Ex. : Charpentier, Lecorbeiller, Bourrelier, Vannier, Meunier, Pasteur, Métivier (autrefois moissonneur), Lorin (autrefois fabricant de courroies); 
3° le lieu d'habitation; 
Ex. : Dufour, Duval, Dumont Delahaye
4° le pays d'origine; 
Ex. : Breton, Gallois, Germain, Flamand, etc.
Les noms des provinces, des localités, des rivières, des montagnes, etc., furent aussi, à l'origine, des noms communs. Tous ont une signification connue ou inconnue. 
Ex. : La Champagne, pays de plaines; le Perche, pays de broussailles; les Marches, frontières; Quimper, le confluent; le Rhône, le rapide; le Doubs, le noir; la Seine, la tranquille; le Plessis, terrain clos de haies; le Ménil, la maison, la demeure; la chaîne des Menez, la chaîne des montagnes; les Alpes, les montagnes blanches, etc.
Origine des noms communs.
C'est du latin que le français a tiré la plupart des ses noms; cependant le français, par sa propre force, a donné naissance à des noms qu'il a formés avec des adjectifs, des infinitifs, des verbes raccourcis et des participes.

Noms formés d'anciens adjectifs. 
Des noms communs ont commencé par être des adjectifs. A une époque excessivement reculée et dont il est impossible d'assigner la date, la plupart de ces anciens adjectifs étaient déjà devenus des noms. Par exemple, le mot terre, qui primitivement n'était qu'un adjectif et signifiait la sèche, par opposition aux plaines humides de l'Océan, fut de très bonne heure un nom désignant la partie solide du globe. De même, ciel était primitivement un adjectif qui signifiait creux; lune était un autre adjectif signifiant la brillante.

Un tel phénomène n'est pas rare, et l'on peut dresser une liste des mots qui, encore adjectifs dans le français du Moyen âge, sont à notre époque de vrais noms. Tels sont :
 

Croisée, mis pour fenêtre croisée, c'est-à-dire fenêtre garnie de barres disposées en croix.

Domestiqueétait un adjectif qui signifiait de la maison. On distinguait les serviteurs domestiques des serviteurs de la glèbe.

Domaine, adjectif, voulait dire : qui appartient au maître. 

Ex. Le roi était entré dans sa chambre domaine, c'est-à-dire dans sa propre chambre.
Sanglier, adjectif, signifiait solitaire, seul. 
On distinguait le porc sanglier du porc domestique. - Singulier, terme de grammaire, n'est qu'une autre forme de sanglier. 

Linge, autrefois adjectif, signifiait fait en lin. On disait un vêtement linge, une étoffe linge.

Lange, autrefois adjectif, signifiait fait en laine. On disait un vêtement lange pour un vêtement de laine.

Pelisse, autrefois adjectif, signifiait fait en peau. On disait un vêtement pelisse pour un vêtement de peau, etc.

De nos jours, beaucoup d'adjectifs employés comme noms, tels que l'orgueilleux, l'égoïste, le gourmand, le brave, etc., servent à faire comprendre comment les adjectifs arrivent peu à peu à être considérés comme des noms.

Noms formés d'un infinitif.
Il existe un grand nombre d'infinitifs qui sont très souvent employés comme noms. Des infinitifs manger, boire, déjeuner, souper, sourire, etc., nous formons les noms : le manger, le boire, le déjeuner, le souper, le sourire, etc.

Noms formés de verbes. 
On donne le nom de noms verbaux à des noms que l'on forme d'un infinitif en supprimant la terminaison de ce dernier. Tels sont : accord, de accorder, abord, de aborder; accroc, de accrocher; appel, de appeler; charroi, de charroyer; effroi, du vieux français effroyer, aujourd'hui effrayer; envoi, de envoyer; maraude, de marauder; marche, de marcher, etc. Presque tous ces noms sont tirés des verbes du premier groupe.

Cette création de noms verbaux continue à s'opérer de nos jours : casse et chauffe ont été obtenus des verbes casser et chauffer. On dit : vous me paierez la casse; une surface de chauffe.

Noms formés de participes.
Un nombre considérable de participes passés ont donné naissance à des noms qu'on a appelés, pour ce fait, noms participiaux.

Beaucoup de noms participiaux sont formés de participes encore existants aujourd'hui; d'autres sont formés de participes actuellement hors d'usage et remplacés par d'autres plus modernes.

Parmi les noms provenant de participes encore en usage, citons : un dit, un joint, un reçu, un réduit, etc.; une battue, une crue, une entrée, une étendue, une portée, une sortie, une venue, une vue, etc.

Parmi les noms provenant de participes hors d'usage, citons : un dessert, un répons, meute, pointe, course, source, route, défense, tente, tonte, rente, vente, perte, quête, recette, dette, réponse, élite, ponte, fente, chute, fonte.

Différentes sortes de noms communs.
Parmi les noms communs, il y a lieu de distinguer les noms physiques ou concrets, les noms abstraits, les noms composés, les noms collectifs et, d'après quelques grammairiens, les noms indéfinis.

Noms physiques ou concrets.
On appelle noms physiques ou concrets ceux qui représentent des êtres ayant une existence réelle et qui peuvent tomber sous les sens.

Ex.: Femme, ordinateur, montagne, ronce, etc.
Noms abstraits.
On appelle noms abstraits ou métaphysiques ceux qui expriment l'idée d'une qualité considérée indépendamment de la substance qui la possède.
Ex.: Blancheur, paresse, courage, etc.
Noms composés.
On appelle ordinairement nom composé tout nom formé de deux ou de plusieurs mots. Ces mots sont souvent réunis par un trait d'union.
Ex : Une basse-cour, un chou-fleur.
Noms collectifs.
On appelle nom collectif tout nom commun qui, quoique au singulier, éveille dans l'esprit l'idée de plusieurs personnes ou de plusieurs choses.
Ex. : Multitude, foule, troupe.
Un collectif peut être général ou partitif
• Un collectif est général quand il représente la totalité des individus qu'il rappelle à l'esprit; dans ce cas, il est ordinairement précédé de : le, la, les, mon, ton, son, ce.
Ex. : La multitude des animaux.
• Un collectif est partitif quand il ne représente qu'une partie des individus qu'il rappelle à l'esprit; dans ce cas, il est ordinairement précédé de : un, une, de, des.
Ex. : Une multitude d'animaux.
Noms indéfinis.
Certains grammairiens appellent noms indéfinis des mots que l'on range plus ordinairement parmi les pronoms indéfinis. Tels sont : on, chacun, autrui, etc. Les noms indéfinis désignent les êtres d'une manière vague et indéterminée.

Syntaxe du nom.
Le nom peut être sujet, attribut, complément, ou encore apposition.

Complément du nom.
On appelle complément d'un nom le mot qui complète le sens de ce nom à l'aide d'une des prépositions de, à, en, pour, etc.

Ex. : Le chant de l'alouette; un fauteuil à roulettes; ma confiance en vous; son amitié pour moi.
Habituellement le nom complément s'unit au nom complété au moyen de la préposition de. Telle est la construction moderne.

L'ancienne était différente : pour indiquer le rapport de possession entre deux noms, on mettait le nom possesseur ou complément à la suite du nom possédé, sans placer entre eux aucune préposition. De là, appui-main, bain-marie, et une foule de noms
de lieux, tels que : Bois-le-Comte, Choisy-le-Roi, Bourg-la-Reine, Brie-Comte-Robert, Château-Thierry.

En français moderne, ces locutions équivalent à appui de la main, bain de Marie, bois du comte, Choisy du roi, qui appartient au roi, bourg de la reine, Brie du comte Robert, château de Thierry. Il est resté dans le français moderne bien des expressions qui s'expliquent par ce qui précède, comme l'église Notre-Dame, la rue de la Ville-l'Évêque, la rue des Fossés-Monsieur-le-Prince, etc. Parfois les deux constructions continuent d'exister et dénotent seulement des niveaux de langage, par exemple : l'hôtel de Matignon (soutenu), l'hôtel Matignon (plus relâché).

Le genre des noms.
Le genre est la propriété que possèdent les noms de faire distinguer le sexe des êtres qu'ils représentent.

Comme il n'y a que les organismes biologiques qui soient mâles ou femelles, les noms qui les désignent devraient seuls avoir un genre, mais il s'en faut de beaucoup qu'il en soit ainsi dans un grand nombre de langues.

La langue française a deux genres : le masculin et le féminin. On admet un troisième genre, le neutre, pour certains pronoms.

Les noms d'hommes ou d'animaux mâles sont du genre masculin. 

Ex. : Le garçon, un lion.
Les noms de femmes ou d'animaux femelles sont du genre féminin. 
Ex. : Une fille, la lionne.
Tous les noms représentant des objets ont été faits, en français, les uns masculins, les autres féminins; l'usage seul permet de savoir à quel genre appartiennent ces noms.

Voici cependant quelques mots sur le genre desquels on se trompe souvent. 

• Sont du masculin les mots : amadou, armistice, astérisque, épisode, évangile, exorde, hémisphère, incendie, obélisque, obus, omnibus, parafe, pétale (d'une fleur), simples (plantes médicinales), ulcère.

• Sont du féminin les mots : amnistie, atmosphère, dinde, enclume, patère, pédale, réglisse, sentinelle.

Distinction des genres.
En français, il y à trois manières de marquer la distinction des genres chez les humains et chez les animaux :
1° On emploie des mots différents pour le masculin et pour le féminin. 
Ex. : Le père, la mère; le bélier, la brebis; le bouc, la chèvre; le cerf, la biche, etc.
2° On ajoute le mot mâle pour le masculin, et le mot femelle pour le féminin. 
Ex. : Le rossignol mâle, le rossignol femelle; la fauvette mâle, la fauvette femelle.
3° On change la terminaison des noms masculins pour en former le féminin. 
Ex. : Le lion, la lionne; le chat, la chatte; le loup, la louve; le tigre, la tigresse.
Cette modification se fait d'après des règles analogues à celles que l'on suit pour la formation du féminin dans les adjectifs. Ainsi : 
1° Beaucoup de noms forment leur féminin par l'addition d'un e muet. 
Ex. : Le marchand, la marchande; le cousin, la cousine.
Les noms en er et ier prennent en outre un accent grave sur l'e pénultième.
Ex. : Le berger, la bergère; l'épicier, l'épicière.
2° Les noms terminés au masculin par an, en, on, at, et prennent deux n ou deux t avant l'addition de l'e muet.
Ex. : Le paysan, la paysanne; le citoyen, la citoyenne; le lion, la lionne; le chat, la chatte; le poulet, la poulette.
3° Un certain nombre de noms terminés au masculin par un e muet ont leur féminin en esse
Ex.: L'âne, l'ânesse; le prince, la princesse.
4° Un grand nombre de noms en eur ont leur féminin en euse
Ex.: Le voyageur, la voyageuse.
5° La plupart des noms en teur ont leur féminin en trice
Ex. : Le bienfaiteur, la bienfaitrice; moniteur, monitrice
Demandeur et défendeur font demanderesse et défenderesse en style judiciaire; chasseur fait chasseresse.

Chanteur fait chanteuse et cantatrice; ce dernier féminin s'emploie surtout pour désigner les femmes qui chantent le répertoire classique (opéra, etc.).

Les noms désignant certaines professions autrefois le plus souvent exercées par des hommes, gardent encore souvent la forme masculine lorsqu'ils sont appliqués à des femmes. On dit encore : une femme peintre, une femme médecin. Mais on dit une avocate plutôt qu'une femme avocat (règle appliquée aux noms se terminants par at), et, de plus en plus souvent, une auteure ou, mieux, une autrice, au lieu d'une femme auteur (pas d'appliquation, donc, de la règle concernant les noms se terminant en teur).

Noms qui ont les deux genres.
 

Amour, délice, orgue. On dit en thèse générale que amour, délice et orgue sont masculins au singulier et féminins au pluriel.
Ex. : Un fol amour, de folles amours.
Un grand délice, de grandes délices.
Un bel orgue, de belles orgues.
Pour le mot amour cette règle est sujette à des restrictions:
1° Amour, au singulier, peut être féminin en poésie.

2° Amour, divinité mythologique, est toujours masculin.

Ex.: Les amours sont frères des ris.
Remarque historique. - Dans l'ancien français, amour et orgue étaient toujours du féminin, parce que tous les noms terminés en our, eur, que étaient féminins. Au XVIe siècle, par imitation du latin, on les fit masculins; de là une confusion des deux genres, qui a amené la règle bizarre actuelle. Le mot latin correspondant à délice a deux genres; c'est ce qui explique sans doute les deux genres de ce mot en français.

Aigle est masculin :

1° Quand il désigne en général l'oiseau de ce nom. Ex. : On a tué un bel aigle.

2° Quand il est pris figurément pour désigner la supériorité.

Ex. : Ronsard passait pour un aigle parmi les poètes ses contemporains.
3° Quand on parle d'une décoration. 
Ex.: L'aigle blanc de Pologne. L'aigle noir de Prusse.
Aigle est féminin : 
1° Quand il désigne spécialement la femelle. 
Ex. : Cette belle aigle a pondu deux oeufs.
2° Quand il a le sens d'étendard.
Ex. : L'aigle romaine. 
3° En terme de blason. 
Ex. : Une aigle éployée d'argent.
Foudre, dans le sens de feu du ciel, est féminin. 
Ex. : La foudre tombe d'ordinaire sur les lieux élevés.
Foudre est toujours masculin : 
1° Quand il sert à marquer la supériorité. Ex.: Un foudre de guerre (un grand général); un foudre d'éloquence (un grand- orateur).

2° Quand il désigne une sorte de dard enflammé que l'on considérait comme l'arme de Jupiter. Ex. : Jupiter prend son foudre.

Remarque. - Foudre, grand tonneau, n'est que masculin. C'est un mot tout différent du précédent quant à l'origine.

Hymne n'est féminin que quand il s'applique à un chant d'église. 

Ex. : Le poète Santeuil composa de très belles hymnes.
Dans toutes les autres acceptions, hymne est masculin. 
Ex. : Un hymne guerrier. 
Encore un hymne, ô ma lyre, un hymne pour le vainqueur.
Rien du reste ne justifie cette différence de genre.

Pâque. Pâque, fête juive, est féminin et s'écrit avec une minuscule. 

Ex. : Les Juifs célèbrent la pâque en mémoire de la sortie d'Égypte.
Pâque ou Pâques, fête chrétienne, est masculin et s'écrit avec une majuscule. 
Ex. : A Pâques prochain.
Au pluriel Pâques est féminin dans Pâques fleuries (dimanche des Rameaux), Pâques closes (dimanche de Quasimodo), et quand il veut dire la communion pascale. 
Gens. Gens veut au féminin les adjectifs qui le précèdent et au masculin ceux qui le suivent.
Ex. : Voilà de bonnes gens.
Cette règle s'applique encore lorsque, dans la phrase, le mot gens se trouve placé entre deux adjectifs.
Ex. : De bonnes gens confiants à l'excès.
On met au masculin pluriel un adjectif ou un participe précédant gens, quand cet adjectif ou ce participe est placé en tête de la phrase.
Ex. : Instruits par l'expérience, les vieilles gens sont circonspects.
Lorsque gens désigne une profession, une catégorie d'individus, telles que gens de lettres (écrivains), gens de robe (avocats et magistrats), gens d'épée (militaires), les adjectifs qui s'y rapportent, quelle que soit leur place, se mettent au masculin pluriel.
Ex. : Les vrais gens de lettres.
L'expression jeunes gens, formant une sorte de nom composé, les adjectifs qui s'y rapportent se mettent toujours au masculin pluriel.
Ex. : Ces bons jeunes gens.
Remarque historique. - Autrefois gens avait le singulier gent, signifiant nation, peuple, qui était toujours du féminin. On lit dans La Fontaine : Vive la gent qui fend les airs (les oiseaux); la gent marécageuse (les grenouilles), etc. Insensiblement le sens du pluriel gens devint identique à celui du mot hommes ou humains, et, dès lors, gens au pluriel fut masculin; seulement quelques anciennes locutions comme : les vieilles gens, les bonnes gens, étaient trop bien établies par l'usage, pour qu'on pût les modifier, et c'est à cause de ces locutions qu'on a été amené à formuler la règle actuelle. Elle a donc historiquement sa raison d'être.

Enfant. Enfant est masculin lorsqu'il s'agit d'un petit garcon, et féminin lorsiqu'il s'agit d'une petite fille.

Ex.: Mon neveu est un bel enfant.
Votre petite fille est une charmante enfant.
Période est du féminin quand il désigne un espace de temps.
Ex. : Les grandes périodes de l'histoire. 
Il est du masculin quand il signifie le plus haut point où une personne, une chose puisse arriver : Le plus haut période de la gloire.

Oeuvre. Oeuvre aujourd'hui est presque toujours du féminin. Il a spécialement ce genre- :

1° Quand il signifie acte, action. Ex. : Les bons coeurs se plaisent aux bonnes oeuvres.

2° Quand il s'applique aux productions littéraires. Dans ce cas on l'emploie très souvent au pluriel. Ex. : Qui n'a lu
et admiré les belles oeuvres de Balzac?

3° Quand il désigne la fabrique d'une église, son revenu ou le banc des marguilliers.

Autrefois, dans le haut style, oeuvre était masculin et pouvait s'appliquer à un acte de piété, à une action d'éclat, à une composition littéraire. On disait un grand oeuvre, un oeuvre de génie. Cet emploi de oeuvre est à peu près tombé en désuétude.

Cependant oeuvre est encore actuellement masculin :

1° Quand il désigne la pierre philosophale. Dans ce cas il est toujours accompagné de l'adjectif grand : le grand oeuvre.

2° Quand il se dit de l'ensemble des ouvrages d'un musicien, d'un graveur.

Ex. : L'oeuvre entier de Meyerbeer, de Dürer.
3° En terme d'architecture lorsqu'il est pris dans le sens de bâtisse. 
Ex. : Le gros oeuvre de cette maison est achevé.
Orge. Le mot orge était autrefois des deux genres. Bossuet l'a encore employé au masculin : de l'orge moulu. Aujourd'hui orge est exclusivement du féminin : de la belle
orge. Suivant l'Académie, orge serait encore masculin dans orge mondé, orge perlé, orge carré; mais c'est une exception que rien ne justifie et ce ne serait pas une faute d'écrire : orge mondée, orge perlée, orge carrée. 

Aux noms précédents il faut ajouter un grand nombre d'autres noms qui ont aussi les deux genres, mais dont la signification n'est pas du tout la même au masculin qu'au féminin; bien plus, très souvent au changement de genre s'ajouta une différence d'origine.

Voici les principaux de ces noms :

Aide, masculin, celui qui aide; - féminin, assistance.

Aune, masculin, arbre; - féminin, ancienne mesure de longueur. 

Cartouche, masculin, ornement de sculpture, de peinture ou de gravure; - féminin, charge d'une arme à feu.

Couple, masculin, le père et la mère : un couple bien assorti; - féminin, une paire, deux objets semblables : une couple d'oeufs. 

Crêpe, masculin, étoffe de deuil : porter un crêpe à son chapeau; - féminin, pâte frite.

Critique, masculin, celui qui juge des ouvrages d'esprit ou d'art un savant critique; - féminin, l'art de juger les productions littéraires, les ouvrages d'art : une critique sévère, mais judicieuse.

Écho, masculin, répétition d'un son; - féminin, nom d'une nymphe (Mythologie).

Enseigne, masculin, officier de marine, porte-drapeau; - féminin, marque, indice pour faire reconnaître quelque chose : donner de bonnes enseignes; inscription sur une boutique.

Foret, masculin, instrument pour percer des trous; - féminin, avec l'accent circonflexe (forêt), grande étendue couverte d'arbres.

Garde, masculin, celui qui surveille, gardien; - féminin, action de garder : faire bonne garde, monter la garde; troupe armée, la garde passe.

Greffe, masculin, secrétariat d'un tribunal; - féminin, petite branche d'un arbre qu'on ente sur un autre arbre; l'opération elle-même.

Guide, masculin, celui qui conduit une personne; - féminin, lanière de cuir qui sert à diriger les chevaux.

Livre, masculin, volume, subdivision d'un ouvrage; - féminin, poids de 500 grammes; ancienne monnaie.

Manche, masculin, la partie d'un outil par laquelle on le tient (racine, main); - féminin, partie du vêtement où l'on met le bras (même étymologie).

Manoeuvre, masculin, aide-maçon, aide-couvreur, etc.; - féminin, mouvement de troupes; maniement des cordages d'un vaisseau.

Mémoire, masculin, état des travaux exécutés par un entrepreneur; au pluriel, relation de faits particuliers pour servir à l'histoire; - féminin, faculté de se souvenir : avoir bonne mémoire.

Mode, masculin, méthode : un bon mode d'enseignement; l'une des six manières de présenter l'action exprimée par un verbe; - féminin, usage passager qui dépend du goût et du caprice.

Moule, masculin, forme creuse d'un objet - couler dans un moule; - féminin, coquillage bon à manger : des moules fraîches.

Mousse, masculin, jeune apprenti matelot; - féminin, plante, écume.

Office, masculin, devoir : faire son office; charge, emploi : faire l'office de juge; assistance, service : rendre de bons offices; service religieux; - féminin, chambre où l'on prépare et où l'on garde les vivres.

Page, masculin, jeune garçon attaché au service d'un prince; - féminin, l'un des côtés d'un feuillet de papier.

Parallèle, masculin, comparaison d'une chose ou d'une personne avec une autre : faire le parallèle d'Alexandre avec César; cercles parallèles à l'équateur : le 38e parallèle; - féminin, ligne partout également distante d'une autre.

Pendule, masculin, poids suspendu à l'extrémité d'un fil et oscillant régulièrement; - féminin, sorte d'horloge.

Poêle, masculin, drap mortuaire; voile qu'on tenait sur la tête des mariés pendant la cérémonie nuptiale; appareil de chauffage; - féminin, ustensile de cuisine.

Poste, masculin, lieu assigné à quelqu'un pour un office quelconque; - féminin, autrefois relais de chevaux pour le transport des voyageurs; administration publique pour le transport du courrier.

Pourpre, masculin, rouge foncé, tirant sur le violet, le pourpre du ciel; - féminin, matière rouge fournie par la cochenille; par extension, couleur rouge : la pourpre des joues; étoffe teinte en pourpre; au figuré, dignité royale, dignité des cardinaux.

Relâche, masculin, cessation momentanée d'un travail, d'une douleur, des représentations d'un théâtre; - féminin, séjour momentané dans un port; lieu où peuvent relâcher les vaisseaux.

Remise, masculin, voiture de louage; - féminin, hangar pour abriter les voitures. Remise, dans toutes ses autres acceptions, est aussi féminin.

Solde, masculin, complément d'un paiement : le solde à payer; différence entre le débit et le crédit d'un compte; - féminin, paie des troupes-: le soldat touche sa solde.

Somme, masculin, sommeil; - féminin, quantité quelconque d'argent fardeau : bête de somme.

Souris, masculin, action de sourire, son résultat; - féminin, petit animal du genre rat.

Tour, masculin, mouvement circulaire; trait de ruse ou de finesse; machine de tourneur; - féminin, bâtiment élevé, rond ou polygonal.

Trompette, masculin, celui qui sonne de la trompette; - féminin, instrument à vent.

Vague, masculin, ce qui n'est pas défini, ce qui manque de précision : le vague d'une déclaration; - féminin, eau agitée.

Vase, masculin, ustensile de cuisine; - féminin, bourbe.

Voile, masculin, ce qui sert à couvrir ou à cacher quelque chose; - féminin, assemblage de pièces de toile que l'on attache aux vergues des mâts pour recevoir le vent.

C'est par métonymie qu'un certain nombre de noms féminins comme trompette, garde, etc., passent au genre masculin pour exprimer l'idée d'agent.

Le nombre des noms.
Le nombre est la propriété qu'ont les noms communs de pouvoir représenter par un changement de terminaison un ou plusieurs individus.

Il y a en français deux nombres : le singulier et le pluriel.

Un nom est au singulier quand il ne représente qu'un seul être. 

Ex. : Un homme, un livre.
Un nom est au pluriel quand il représente plusieurs êtres. 
Ex. : Les hommes, les livres ; six hommes, deux livres.

Origine de l'S du pluriel. - Jusqu'au milieu du XIVe siècle, les noms français possédaient une déclinaison, débris de la déclinaison latine plus complète. Ils avaient au singulier deux formes. l'une pour le sujet (ou nominatif), li lerre; l'autre pour le complément (ou accusatif), le larron. Ils avaient également au pluriel une forme affectée au sujet, li larron, et une autre affectée au complément, les larrons. Or de ces quatre formes, celles qui expriment le complément, tant au singulier qu'au pluriel, ont seules persisté. De là vient que nous disons au singulier le larron, et au pluriel les larrons. Le complément pluriel se terminant toujours par un s, nous avons fait de ce s la marque du pluriel.

Bien que les noms communs soient, d'après leur nature, susceptibles d'avoir les deux nombres, cependant il y en a qui ne peuvent s'employer qu'au singulier et d'autres qui ne s'emploient jamais qu'au pluriel.

Les noms qui ne peuvent être employés qu'au singulier sont :

1° Les noms des corps simples considérés en eux-mêmes.
Ex. : Oxygène, phosphore, argent, or, cuivre, etc.
2° Les noms des substances aromatiques.
Ex.: La myrrhe, le benjoin, l'encens, le musc, etc.
3° Certains noms de vertus et de vices, et quelques autres propres à peindre différents états moraux ou physiques de l'humain. 
Ex. : La modestie, la discrétion, l'adolescence, l'enfance, la jeunesse, l'odorat, le toucher, etc.
4° Certains adjectifs pris comme noms. 
Ex. : Le beau, l'utile, l'honnête, le vrai, le faux, etc.
Les principaux noms qui ne peuvent être employés qu'au pluriel sont : aguets (être aux aguets), alentours, annales, armoiries, arrérages, broussailles, catacombes, confins, décombres, dépens, doléances, entrailles, épousailles, fiançailles, frais (dans le sens de dépenses), funérailles, hardes, mânes, matériaux, moeurs, mouchettes, nones, obsèques, pincettes, pleurs, prémices, ténèbres, vivres, etc.

Pluriel des noms en al et en ail.
Les noms terminés au singulier par al changent au pluriel al en aux.
Ex. : Le mal, les maux; le cheval, les chevaux.
Cependant, quelques noms en al prennent tout simplement un s au pluriel. Ainsi : bal, cal, carnaval, chacal, nopal, narval, pal, régal et serval font au pluriel : des bals, des cals, des carnavals, des chacals, des nopals, des narvals, des pals, des régals, des servals.
Au XIe siècle, les noms en al formaient régulièrement leur pluriel en als : le mal, les mals. Un peu plus tard, l fut changé en u devant la consonne s, et l'on eut les maus, puis les maux.

Le pluriel en als, conservé dans quelques noms, est, dans les uns, un reste de l'ancien langage, et dans les autres, qui sont des mots plus récents, une application de la règle générale.

Les noms terminés au singulier par ail font leur pluriel en aux.
Ex. : Le bail, les baux; le soupirail, les soupiraux
Cependant, quelques noms en ail prennent tout simplement un s au pluriel. Tels sont : l'éventail, les éventails; le détail, les détails; le gouvernail, les gouvernails.

Pluriel de aïeul, ciel, oeil, bétail, travail, ail.
 

Aïeul fait au pluriel aïeux, dans le sens d'ancêtres. 
Ex. : Ses aïeux remontent jusqu'à la Révolution.
Aïeul fait aïeuls lorsqu'il désigne le grand-père paternel et le grand-père maternel.
Ex. : Ses deux aïeuls assistaient à son mariage.
Ciel. On admet aussi pour ciel les deux pluriels cieux et ciels. Le pluriel cieux, qui est le plus usité, s'applique à l'ensemble de la voûte céleste.
Ex. : L'astronome étudie les cieux.
Les étoiles brillent dans les cieux.
Le pluriel ciels s'emploie aujourd'hui pour désigner une partie limitée de la voûte céleste, la portion d'un tableau qui représente le ciel, la partie supérieure d'un lit, d'une carrière.
Ex.: Les ciels de la Grèce et de l'Italie sont les plus beaux de l'Europe.
Ce peintre fait bien les ciels de ses tableaux.
De magnifiques ciels de lits.
Des infiltrations ont lieu par les ciels des carrières.
Oeil, organe de la vue, fait au pluriel yeux. Cependant oeil s'écrit au pluriel oeils quand il forme le premier élément d'un nom composé.
Ex.: Des oeils-de-boeuf (petites fenêtres rondes); des oeils-de-bouc (coquillages).
Bétail fait au pluriel bestiaux.
Remarque historique. - Jusque dans le cours du XVIIe siècle, bétail avait une deuxième forme : bestial; c'est elle qui a fourni le pluriel bestiaux.
Travail fait travaux au pluriel. Cependant il fait travails lorsqu'il s'agit d'une machine à ferrer les chevaux, d'un compte qu'un ministre rend au prince ou que les commis rendent à un ministre. Ex. : Ce maréchal-ferrant a plusieurs travails; le ministre a eu plusieurs travails avec le roi.

Ail fait au pluriel aulx dans la langue ordinaire et ails en langage de botanique.

Nombre des noms indéterminés. Compléments d'un autre nom.
Un nom indéterminé, servant de complément à un autre nom par l'intermédiaire d'une préposition, peut se mettre au singulier ou au pluriel.

Il se met au singulier quand on le prend dans un sens collectif.

Ex : Un nid de mousse (fait avec de la mousse). 
Un lit de plume (fait avec de la plume). 
Ou lorsqu'il y a unité dans l'idée.
Ex.: Un maître de chapelle.
Un fruit à noyau.
Au contraire le nom indéterminé se met au pluriel quand on le prend dans un sens individuel.
Ex. : Un panier de pommes.
Un paquet de plumes (contenant des plumes). 
Ou lorsqu'il y a pluralité dans l'idée. 
Ex. Une paire de chaussures.
Un fruit à pépins.
Sauf les cas où le sens s'impose naturellement à l'esprit, comme dans les exemples précédents, on peut mettre indifféremment le singulier ou le pluriel suivant le point de vue où l'on se place. On est donc libre d'écrire de l'huile d'olive ou d'olives; un marchand de vin ou de vins.

Dans les cas où le singulier s'impose à l'esprit, le complément reste au singulier, même quand le premier nom est au pluriel. Ainsi on écrit : des nids de mousse, des lits de plume, des maîtres de chapelle, des fruits à noyau.

Pluriel des noms composés.
La règle générale veut que pour former le pluriel d'un nom composé on en écrive les différents éléments comme on le ferait si chacun d'eux formait un mot séparé. S'il y a des mots sous-entendus, on les rétablit avant d'écrire les éléments qui sont susceptibles de prendre la marque du pluriel. Des règles particulières s'appliquent dans les cas suivants :

Deux noms. Quand un nom composé est formé de deux noms dont le second joue le rôle d'un adjectif, ils prennent tous les deux la marque du pluriel.

Ex. : Un chien-loup, des chiens-loups.
Un chef-lieu, des chefs-lieux.
Un nom et un adjectif. Quand un nom composé est formé d'un nom et d'un adjectif, ce nom et cet adjectif prennent tous les deux la marque du pluriel.
Ex. : Une basse-cour, des basses-cours.
Remarques :
I. Terre-plein, terme de fortification, s'écrit au pluriel des terre-pleins parce qu'on suppose que ce mot désigne des lieux pleins de terre.
Terre-plein, dit Littré, est une fausse orthographe; on devrait écrire terre-plain, avec un a, c'est-à-dire un plan, une surface formée de terre. Le pluriel serait alors terre-plains.
II. Courte-haleine ne change pas au pluriel parce que des courte-haleine signifie des gens qui ont l'haleine courte.
Deux noms réunis par une préposition. Quand un nom composé est formé de deux noms réunis par une préposition, le premier seul prend la marque du pluriel.
Ex. - Un chef-d'oeuvre, des chefs-d'oeuvre.
Un arc-en-ciel, des arcs-en-ciel.
Remarques :
I. Le pluriel de appui-main, bain-marie, etc., se forme d'après cette règle parce que main, marie, sont des compléments joints à appui et bain d'après l'ancienne construction. En conséquence on écrit de appuis-main, des bains-marie.

II. Les mots coq-à-l'âne, pied-à-terre, pot-au-feu, tête-à-tête, ne changent pas au pluriel à cause des mots qu'il faut sous-entendre pour l'intelligence de ces expressions. On écrit :

Un ou des coq-à-l'âne, discours sans liaison où l'on passe
du coq à l'âne.

Un ou des pied-à-terre, habitations où l'on ne séjourne pas longtemps, où l'on met seulement le pied à terre.

Un ou des pot-au-feu, morceaux de viande dans un pot sur le feu.

Un ou des tête-à-tête, entretiens où l'on est tête à tête.

Un mot invariable et un nom. Quand un nom composé est formé d'un mot invariable suivi d'un nom, ce dernier seul prend la marque du pluriel.
Ex. : Un contre-ordre, des contre-ordres.
Un verbe et un nom. Lorsqu'un nom composé est formé d'un verbe et d'un nom complément direct, le verbe reste toujours au singulier; quand au nom, l'usage se généralise de l'écrire sans s au singulier et avec un s au pluriel, sans tenir compte de l'idée d'unité ou de pluralité contenue dans le nom composé.
Ex. : Un porte-montre, des porte-montres
Un tire-bouchon, des tire-bouchons
Un cache-pot, des cache-pots
Un couvre-pied, des couvre-pieds.
Un chasse-mouche, des chasse-mouches
Un cure-dent, des cure-dents
Un garde-feu, des garde-feux.
Un abat-jour, des abat jours.
Remarques :
I. Tous les composés de garde suivent cette règle, sauf garde forestier et garde champêtre, où garde est un substantif.

Il. La règle qui précède et qui s'appuie sur la majorité des cas cités dans les dictionnaires de Littré et de l'Académie, ne laisse pas que d'étonner, si l'on tient compte du sens des noms composés. Il paraît évident, en effet, que les mots couvre-pied, chasse-mouche, porte-cigare, casse-noisette, devraient prendre un s au singulier comme au pluriel, et, dans la pratique, ce ne serait pas une faute de les écrire ainsi. 

Il convient toutefois de faire remarquer que plus l'emploi d'un mot est fréquent, plus il tend à perdre son sens originel. C'est ainsi qu'on écrit : un portefeuille, des portefeuilles; un pourboire, des pourboires.

Il en est de même de pourparler, de contrevent, de parapluie, de passeport, de acompte, de à-coup, de blanc-seing, tous mots composés auxquels on applique, la règle ordinaire du singulier et du pluriel.

Remarques sur les noms composés.
I. L'orthographe que les grammairiens contemporains ont adoptée pour les noms composés diffère fréquemment de celle que l'on trouve dans les auteurs.

II. Lorsque dans un nom composé il entre un mot qui aujourd'hui ne s'emploie plus isolément, on traite ce mot comme un adjectif. Ainsi : loup-cervier, loup-garou, pie-grièche, ortie-grièche, s'écrivent au pluriel loups-cerviers, loups-garous, pies-grièches, orties-grièches.

III. Les noms composés masculins dans lesquels entre l'adjectif grand, comme grand-père, grand-oncle, etc., font au pluriel grands-pères, grands-oncles, etc., d'après la règle. Pour les féminins grand-mère, grand-tante, où grand est une ancienne forme féminine, on écrit au pluriel des grand-mères, des grand-tantes

Pluriel des noms empruntés aux langues étrangères.
Les noms étrangers, introduits en français avec leur physionomie originelle et fréquemment employés, prennent un s au pluriel.
Ex. : Un opéra, des opéras; un numéro, des numéros.
Si le nom étranger désigne une prière, un chant d'église, ou s'il est composé de plusieurs mots, il s'écrit au pluriel comme au singulier.
Ex.: un pater, des pater;  un in-folio, des in-folio.
Les mots italiens carbonaro, cicerone, condottiere, dilettante, lazzarone, quintetto, et les mots latins maximum, minimum, font au pluriel carbonari, ciceroni, condottieri, dilettanti, lazzaroni, quintetti, maxima, minima.

Pluriel des noms propres.
Les noms propres ne prennent pas la marque du pluriel lorsqu'ils désignent les individus mêmes qui portent ces noms.

Ex.: Les deux Corneille sont nés à Rouen.
Les noms propres prennent la marque du pluriel : 
1° s'ils désignent des individus semblables à ceux que l'on nomme. 
Ex.: Les Corneilles, les Racines sont rares, c'est-à-dire les poètes comme Corneille, comme Racine.
2° S'ils désignent certaines familles historiques.
Ex. : Les Bourbons, les Tudors, les Guises, les Horaces.
3° S'ils désignent des noms de pays.
Ex. : Les deux Amériques, les trois Guyanes.
Quand le nom d'un individu sert à désigner la chose dont celui-ci est l'auteur ou l'inventeur, on le considère comme un nom commun et il peut prendre en cette qualité la marque du pluriel.
Ex. : Des elzévirs, c'est-à-dire des livres imprimés par les frères Elzévir.
Des quinquets, sortes de lampes inventées par Quinquet.
Des chassepots, fusils inventés par Chassepot.
Mots invariables.
Les mots invariables, employés comme noms ne prennent pas la marque du pluriel. 
Ex.: Avec des si, on mettrait Paris dans une bouteille.
Noms qu'il ne faut pas employer les uns pour les autres.
 
Amnistie, armistice. - Amnistie, fém., pardon accordé à une condamné. Armistice, masc., suspension des hostilités entre deux armées qui combattent l'une contre l'autre.

Astrologue, Astronome. - Astrologue, manipulateur de symboles propres à l'astrologie. - Astronome, chercheur qui étudie les mouvements et la constitution physique des astres.

Avènement, événement. - Avènement, autrefois arrivée, aujourd'hui prise de possession d'un trône. - Événement, une chose quelconque qui arrive.

Coassement, croassement. - Coassement, cri de la grenouille. Croassement, cri du corbeau.

Conjecture, conjoncture. - Conjecture, opinion qui n'est fondée que sur des probabilités. - Conjoncture, enchevêtrement, complication de faits.

Emersion, immersion. - Émersion, soulèvement d'un corps qui vient flotter à la surface d'un liquide où était il plongé; apparition d'un astre qui avait été momentanément éclipsé. - Immersion, action de plonger un objet dans un liquide; disparition momentanée d'un

astre caché par un autre.

Eruption, irruption. - Éruption, sortie instantanée et violente d'un corps du réceptacle où il était contenu. Irruption, entrée soudaine et imprévue en un lieu quelconque.

Gradation, graduation. - Gradation, passage successif d'un état à un autre. - Graduation, opération qui consiste à tracer l'échelle de certains instruments tels que le baromètre, le thermomètre, etc.

Martyr, martyre. - Martyr, celui qui a souffert des tourments ou la mort pour la religion chrétienne. - Martyre, supplice enduré pour la religion chrétienne.

Stalactite, stalagmite. - Stalactite, fém., dépôt cristallin formé à la voûte d'une grotte, par suite du suintement et de l'évaporation de l'eau. - Stalagmite, fém., dépôt analogue à la stalactite, mais qui se forme sur le sol d'une grotte. (La stalacTite Tombe, la stalacMite Monte...).

Suc, sucre. - Suc, liquide, jus qui se trouve dans les végétaux ou dans la viande. - Sucre, substance très douce que l'on tire de la canne à sucre, de la betterave, etc.

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