Rigoletto
est un opéra italien en quatre actes,
paroles de Piave, musique de Verdi (Venise, 11
mars 1851). Le grand maître italien en avait choisi lui-même
le sujet en s'emparant de Le roi s'amuse, de Victor
Hugo. Le livret a été très habilement taillé
dans le drame du grand poète français. Mais Venise
était alors sous la domination de l'Autriche
et la censure ne voulut pas permettre la représentation de l'oeuvre,
à laquelle on avait donné pour titre la Maledizione
(la Malédiction). Il fut alors convenu qu'au personnage du
roi on substituerait celui d'un duc de Mantoue; que quelques modifications
légères seraient apportées à certaines situations,
et qu'enfin l'ouvrage aurait pour titre : Rigoletto, buffone di corte
(Rigoletto, bouffon de cour), dont on fit bientôt Rigoletto
tout court. La scène se passe à Mantoue
et dans ses environs, au XVIe siècle.
La partition
est une des oeuvres les plus chaudes, les plus passionnées et les
plus vibrantes de Verdi. C'est peut-être le premier acte, l'acte
du bal, qui est le moins intéressant, parce qu'il n'est que l'exposition
de la pièce. On y trouve pourtant une aimable ballade,
chantée par le duc : Qu'une belle pour quelques instants...,
et de jolis airs de danse.
Mais, depuis le second acte, dans la demeure
de Rigoletto, l'intérêt grandit jusqu'à la fin. Le
duo
de Rigoletto et du bandit Sparafucile est d'un accent très dramatique,
dû surtout à un orchestre
haletant; celui qu'il chante avec sa fille Gilda est touchant et plein
de caresse, et la passion avec la grâce se font place dans celui
de Gilda avec le duc; puis la scène de l'enlèvement est pleine
de couleur et de caractère.
Avec le troisième acte, dans le
palais du duc, l'émotion croît encore. La scène de
Rigoletto cherchant sa fille et implorant les courtisans, qui se rient
de sa douleur, est d'un pathétique admirable; son invective méprisante
à ceux-ci : Courtisans, race vile et damnée, est superbe
de fureur méprisante; et enfin, quand Gilda, sortant des appartements
du duc, vient tomber dans ses bras, leur duo, tantôt touchant, tantôt
énergique, est l'une des pages les plus émouvantes de la
musique dramatique.
Enfin, pour conclure, le dernier acte présente,
après la délicieuse chanson
du duc : Comme la plume au vent, si pleine de grâce et d'abandon,
le célèbre quatuor, qui est
plutôt, comme l'exigeait la situation, une sorte de double duo, où
les sentiments divers des quatre personnages sont tracés de main
de maître.
Représenté au Théâtre-Italien
de Paris en 1857, Rigoletto, traduit
en français par Edouard Duprez, fit son apparition au Théâtre-Lyrique
le 24 décembre 1863. Joué ensuite à l'Opéra,
il n'a cessé de faire partie du répertoire de ce théâtre.
(NLI).
Vidéo
Youtube. Rigoletto,
1982, avec : Ingvar Wixell (Rigoletto); Edita Gruberova (Gilda); Luciano
Pavarotti (le duc de Mantoue). Orchestre philarmonique de Vienne, dirigé
par Riccardo Chailly; mise en scène : Jean-Pierre Ponnelle. Durée
: 1 h 56 mn.