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Chant des oiseaux.
- La musique descriptive, dès
le XVe s., a attiré l'attention
des musiciens sur les notes fournies par les oiseaux chanteurs, auxquelles
on ne semble pas avoir témoigné grand intérêt
précédemment. Tout au plus peut-on signaler, dans le répertoire
grégorien
l'harmonie imitative sur les mots et turtur nidum, dans la communion
du 3e dimanche de Carême.
Dans les premiers siècles de la
formation de la musique française,
où les mentions des « oiseillons », du rossignol, du
coucou, sont fréquentes chez les poètes, et des onomatopées
répétées, telles que fi, fi, fi, oci, oci, oci,
rien dans le chant n'indique semblable désir chez les mélodistes,
que de temps à autre la tierce descendante majeure ou, mineure du
coucou. Avec Jannequin (Le Chant des Oiseaux, vers 1520) l'imitation
devient voulue et conssciente. Puis, à mesure que la musique instrumentale
se charge de batteries et d'arpèges,
auparavant inusités, les musiciens développent dans leurs
oeuvres les rudiments mélodiques que fournit le chant de certains
oiseaux : merle, rossignol, coucou, poule, mésange, loriot, etc.
L'exquis adagio de la Symphonie Pastorale
de Beethoven a rassemblé au début
du XIXe siècle tous les essais faits
pendant les siècles précédents : le rossignol, le
loriot, la mésange, le rouge-gorge, etc., fournissent successivement
les motifs mélodiques et rythmiques de la Scène au bord
du ruisseau. Rameau et Haydn
ont bâti des morceaux entiers sur le chant de la poule.
R. Wagner a utilisé
six thèmes d'oiseaux forestiers dans les Murmurés de la
forêt de Siegfried et plusieurs autres dans Les Maîtres
chanteurs ,
surtout dans le rôle de Walther, qui n'y fait pas allusion en vain
:
«
Aux grands bois que charmait l'Oiseau, j'appris comment l'on chante ».
Les anciennes orgues
ont eu des fournitures et mixtures aiguës
de diverses compositions, du nom d'oiseau, rossignol, avicinium, etc.,
destinées à rappeler plus ou moins les gazouillis de ces
oiseaux. Dans la facture espagnole et portugaise,
les tuyaux de
ces jeux plongeaient dans des bocaux pleins d'eau dont le gargouillis ajoutait
à la ressemblance, dans l'esprit de leurs constructeurs. Le traité
même de Dom Bédos (1765) indique les mélanges de jeux
que l'on peut faire, si de tels registres manquent, pour « imiter
le chant des oiseaux ».
On a justement remarqué que «
certaines désignations verbales de cris d'oiseaux relèvent
de l'onomatopée : grisollement
de l'alouette, gloussement de la poule, craquetement de la cigogne, croassement
du corbeau, etc. » (L. de La Laurencie). On a dit aussi le tire-lire
de l'alouette, le gringolement et le fifrelis du rossignol, etc. (Michel
Brenet). |
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