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Mystère
(ou mieux mistère). - Spectacle semi-religieux et semi-populaire,
qui se représentait au Moyen âge
sous le porche ou sur le parvis des églises et à l'embellissement
duquel participaient les orgues et des instruments
de musique de toute nature.
Le mystère
a pour origine les tropes intercalés parmi les chants religieux
et qui, dès le IXe s. ou le Xe,
commencèrent à être partagés entre divers exécutants.
Comme le trope était souvent d'inspiration dramatique, il donna
naissance, au XIe s. environ, à
des jeux liturgiques (ludi) qui mirent en scène, dans le
choeur
même de l'église, la représentation chantée
et figurée des événements commémorés
par la liturgie : la Résurrection, la Nativité, les scènes
de l'Évangile, représentations pieuses intercalées
au milieu de la célébration de l'office.
Les jeux les plus remarquables de cette
première époque sont ceux des Prophètes du Christ,
des
Vierges sages et des Vierges folles (où la langue vulgaire,
alternée avec le latin, apparaît
pour la première fois, commencement XIIe
s.). Le célèbre jeu de Saint-Nicolas est déclamé,
et marque la sortie du temple de ces pièces nouvelles.
Au XIIIe
s., apparaissent les Miracles, qui auront une vogue extraordinaire, et
qui mettent en scène des événements merveilleux. Dans
les diverses pièces appelées Miracles
de Notre-Dame par personnages, de véritables intermèdes
musicaux interrompent parfois l'action. Lorsque, notamment, les personnages
de la pièce se trouvant dans une circonstance très pathétique,
s'adressent en suppliants à Marie, la Vierge
apparaît, accompagnée de l'ange Gabriel
et de l'Ange Michel, quelquefois d'autres saints
avec eux; et, pour solenniser cette apparition, la Vierge elle-même
commande à ses compagnons de chanter, ce qu'ils font en forme, de
Rondel, après quoi Marie adresse un petit discours au personnage
qui l'a invoquée et dit à son escorte : « RaIlons-nous-en!
» Des scènes de ce type sont reproduites par G.
Paris et U. Robert dans leur édition des Miracles de Notre-Dame,
comme faisant partie des miracles de Saint Jean-Chrysostome,
de Saint Guillaume du désert (où la Vierge ordonne à
Gabriel, Michel, sainte Christine et sainte Agnès : « Et si,
chantez par amour fine, vous quatre ensemble . »), d'Un marchand
et un larron, de L'Empereur Julien, etc. La montre du
Mystère
des Actes des Apôtres (composé vers 1450 par Arnoul
et Simon Greban) était annoncée par une procession costumée
entremêlée de groupes de musiciens, trompettes,
clairons, tabourins suisses avec leurs fifres, hautbois, et même,
pour le char du Paradis, choeur d'anges avec joueurs de flûtes,
harpes,
luths,
rebecs et violes marchant autour du char.
L'orchestre
des mystères variait selon les ressources locales, ou la présence
de menestriers de passage. Il fallut dix mois de travail pour préparer
la représentation du Mystère des trois Doms à
Romans
en 1509. L'orgue jouait dans les scènes
de Paradis : Mystère de la Passion, entrée de Jésus
à Jérusalem : « Ici se fait un doulx tonnoire en
paradis de quelque gros tuyau
d'orgue »;
Mystère de la Résurrection, scène
de la descente du Saint Esprit : « Ici se doit faire un ton noire
d'orgues et qu'ils soient bien concors ensemble ». Des chants
liturgiques, choisis dans les livres des offices chantés, sont
introduits à plusieurs reprises dans le Mystère de la
Résurrection-:
Conditor alme
siderum Haec dies, Regina caeli, etc. (Michel Brenet). |
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