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Saint-Sébastien

San Sebastián, en basque Donostia; en français Saint-Sébastien  est une ville d'Espagne, chef-lieu de la province de Guipuzcoa, une des provinces basques, à 855 km au Nord-Est de Madrid, près de la frontière de France, sur le bord du golfe de Biscaye. Population : 185 000 habitants. Elle a un autre faubourg appelé Saint-Martin.

Saint-Sébastien est admirablement située sur une étroite langue de terre, entre une baie appelée la Concha à l'Ouest et la rivière Urumea à l'Est. La langue de terre se termine au Nord par le Monte Orgullo (Urgull ou Mota), haut de 130 m et couronné par une citadelle; au Sud, un amphithéâtre de collines vertes entoure la baie, au milieu de laquelle est l'île Santa Clara. L'aspect est des plus charmants et explique la fortune de Saint-Sébastien comme station balnéaire. 

La ville se divise en plusieurs parties : au Nord, au pied de la citadelle, l'ancienne ville aux rues étroites, détruite par les Anglo-Portugais lors du siège de 1813 et reconstruite à neuf dans les premières années de la Restauration sans que personne ne se soit occupé de conserver le moindre débris de l'ancienne ville; le centre en est la Plaza Nueva, entourée de portiques, qui abritent les boutiques, et d'élégantes maisons à balcons de fer; l'église Santa Maria est remarquable; plus au Sud, la ville nouvelle, bâtie sur un plan géométrique, est moins intéressante; enfin un faubourg industriel. 

Les excursions sont superbes, soit à la citadelle d'où l'on jouit d'une vue admirable sur les côtes d'Espagne et de France et sur les Pyrénées, soit sur les collines du pourtour. 

Le port, au Nord-Est de la Concha, abrité du large par la Mota et par quatre jetées, est très sûr, mais a beaucoup perdu de son importance depuis que les colonies espagnoles avec lesquelles il était en relations se sont séparées. 

Cette ville s'appela Izurun, jusqu'au IXe siècle. Saint-Sébastien fut prise par les Français en 1719 et en 1808; ils y furent assiégés par les Anglo-Espagnols en 1813. Ils ne la rendirent qu'après une mémorable défense. La ville, presque entièrement détruite, a été très bien rebâtie. Les Français l'ont occupée en 1823. En 1836, elle fut assiégée par les Carlistes. Ses remparts, détruits en 1864, ont cédé la place aux nouveaux quartiers. (GE).

Monuments de Saint-Sébastien.
L'église Santa-Maria.
L'église de Santa-Maria-Fabricata, qui remonte à la Renaissance, est un chef-d'oeuvre d'élégance et de majesté. En entrant dans son vaisseau de 52 mètres de long sur 35 de large, on remarque d'abord trois nefs d'égale longueur et quatre travées soutenues par de hautes colonnes. En examinant avec plus d'attention, on ne tarde pas à être frappé de la hardiesse des arcs de jonction des voûtes plein-cintre, et le monument, perdant une partie de sa  hauteur, sous l'impression de la largeur des nefs, prend des proportions parfaitement harmonieuses.

C'est dans les détails surtout que l'architecte fait ressortir la supériorité de ses plans. Les piliers octogonaux de 2,40 mètres de face, éloignés entre eux de 12 mètres, sont ornés de quatre pilastres à chapiteaux corinthiens. Ce groupe se termine par une large corniche de 18 pouces de saillie, sillonnée de gorges, de filets et de tores. Le chapiteau se prolonge en corniche, suit les contours du pilier et des pilastres, et repose sur des consoles du plus heureux effet.

Les piliers, adossés aux murs latéraux et correspondant à ceux de l'intérieur de l'édifice, forment une saillie de 1,30 m. Leurs chapiteaux, du même dessin que les précédents, sont reliés par une corniche continue moins saillante, mais également supportée par des consoles et surmontée, de grandes urnes à fleurs dans la partie voisine du chevet.

Indépendamment de cette ornementation générale, les quatre piliers principaux, formant le centre de l'église, présentent, sur les faces qui se regardent, un élégant mascaron ou piedouche allongé en pendentif, destiné à supporter les statues des quatre évangélistes.

On s'attendrait donc à voir s'élever au-dessus de ces maîtres-supports un dôme hardi, comme ceux de la fin du XVIe siècle; mais on n'aperçoit qu'une coupole retombant sur une corniche élégamment ornée de feuillages et de consoles. Un cul-de-lampe feuillagé descend de la clé de voûte où le retiennent huit nervures convergentes.

Toutes les autres voûtes, aussi hautes dans les nefs latérales que dans la nef centrale, sont ornées de nervures à simple redoublement. Les trois chevets seuls offrent des entrelacs Renaissance, reliés par des doucines et des croisements très compliqués. Quant aux arcs doubleaux, ils sont formés d'un seul panneau évidé et sans ornement. (Une fenêtre carrée, placée très haut, conformément au goût espagnol, dans un encadrement de deux tores d'inégale grosseur, éclaire chaque travée).

La nef centrale a pour chevet une simple abside de 3 mètres de profondeur, voûtée en cul-de-four, avec des ornements semblables à ceux que nous examinerons bientôt à la porte. Six arcs ou grosses nervures renaissance, séparés par des cartouches, et supportés par de petits chérubins, rappellent la recherche de Louis XV et n'en sont pas moins d'un effet harmonieux.

Passons du chevet au fond de l'édifice. Nous le savons déjà, grâce à l'importance que les Espagnols accordent au choro, cette partie des églises est souvent plus ornée, plus élégante que le sanctuaire, contrairement aux usages du reste de l'Europe. Cette règle architectonique acquiert ici son plus haut développement; car la tribune de Santa-Maria règne sur toute la largeur de l'église, et occupe les trois nefs. Ses trois arceaux, surmontés d'une rampe continue qui fait le tour des piliers, ne sont pas, il est vrai, de la même coupe : celui du centre est à arc tudor, les deux autres se rapprochent du plein-cintre, et leurs voûtes inférieures sont à simples nervures redoublées. 

On peut objecter avec raison que l'ensemble et les détails de l'édifice, irréprochables en eux-mêmes, n'ont rien qui rappelle l'inspiration chrétienne. Aussi, n'est-ce pas comme modèle d'église que Santa-Maria se recommande, mais comme type d'édifice civil, présentant toutes les conditions d'élégance, d'ampleur, de dégagement, que l'on puisse désirer. Retirons-en les autels, et nous aurons la plus magnifique salle de pas-perdus, de réception officielle, de conférence, de musée d'exposition que nous sachions imaginer.

Quelques mots seulement sur le mobilier de Santa-Maria. Nous nous bornerons à citer-

1° un Christ de grandeur nature, crucifié au milieu des flammes du purgatoire; parmi les personnages qui lèvent des mains suppliantes vers le Rédempteur, on remarque une tête de moine; 

2° une Vierge les mains croisées, portant le mantille espagnole; 

3° un très bel autel latéral, conforme au style de l'église, excessivement orné, doré si rond, et renfermant, dans la niche du second étage, une sainte Catherine d'un assez bon dessin

4° le maître-autel à colonnes cannelées d'un style sévère; il possède au second étage un très bon tableau de saint Sébastien;

5° en autre retable magnifique présente, dans une niche profonde, un saint François, drapé dans un froc doré comme un manteau royal; Il tient Jésus enfant dans ses bras.

Malgré la lourdeur des autels de Santa-Maria, on ne peut se dispenser d'en admirer la majesté et la richesse. Ce ne sont plus ces rétables plats, surchargés de cinq ou six étages de niches sans disposition et sans style, qui encombrent un grand nombre d'églises de la Péninsule ibérique; l'harmonie règne dans tous les dessins, la profusion de l'or n'étouffe pas l'élégance de la forme.

Nous avons achevé l'examen des détails intérieurs, disons un mot des formes extérieures de l'édifice.

La porte du Sud à anse à panier, est placée dans une grande niche voûtée en cul-de-four, munie de chaque côté d'une niche à statue de la plus riche ornementation Renaissance. Au-dessus de deux colonnes cannelées et timbrées d'ornements formant cartouches, règne une corniche soutenue par des consoles bifurquées. La voûte en cul-de-four offre sur les côtés un riche vase sacré, placé dans un encadrement. Quant à la niche du tympan, elle renferme la Vierge montant an ciel, soutenue par des chérubins. Deux autres niches latérales occupent l'intérieur du porche, la Vierge est dans celle de droite, et un patriarche, coiffé d'un turban, dans celle de gauche. De chaque côté du porche, enfin, s'élève une tour carrée à trois étages, ornée de pilastres corinthiens à panneaux évidés, avec base, soubassements et grande corniche saillante posée sur des consoles  Une coupole élégante, construite sur le dessin de celle de Fontarrabie, termine ces tourelles; mais cet essai de clochetons peu élevés n'empêche pas l'extérieur de l'édifice de ressembler à une construction civile.

L'église San Vicente.
Des détails intérieurs appartenant à la Renaissance, placés dans une enveloppe extérieure complètement gothique, tel est, au premier abord, l'aspect de Saint-Vincent. C'est en dire assez pour faire comprendre combien l'ensemble est dépourvu
d'harmonie. On a ici un bâtiment décousu qui rappelle assez Saint-Nicolas de Pampelune.

Le côté du Sud offre un mur droit sur lequel le transept ne fait aucune saillie, et ne se laisse distinguer que par sa surélévation de 4 mètres, et par la rosace assez belle  qui éclaire cette partie de l'édifice. L'intérieur de cette rose est divisé par des meneaux flamboyants du XVe siècle, et le plein-cintre est surmonté d'une archivolte prismatique. retombant sur deux têtes de chérubins. On remarque au-dessus un vaste arc ogival bouché, au bas duquel la Renaissance intercala un autre arc en anse à panier reposant sur deux têtes, dont l'une est coiffée d'un tricorne.

Deux grandes fenêtres ogivales, sans meneaux, de 2 mètres 50 centimètres sur 1,50 m, ornées de tores, de larges gorges, et surmontées d'archivoltes retombant sur têtes de chérubins, s'ouvrent l'une à droite, l'autre à gauche du transept. Nous remarquons encore, aux angles des deux contre-forts, deux chapiteaux très grossiers du XIVe siècle, représentant une tête d'homme placée entre deux personnages couchés horizontalement; ils mettent leurs mains devant sa bouche, comme pour lui imposer silence. Aurait-on voulu représenter les prêtres de la foi majoritaire faisant taire la voix de l'hérésie?

Nous avons parlé de contre-forts; chaque travée est consolidée par des appareils du même genre, aussi élevés que les murs de l'église. Ceux du couchant du transept sont réunis à moitié hauteur par un mur surmonte d'une galerie à encorbellement, placée sur une corniche dont les modillons représentent des fleurons occupés au centre par un gros fruit. Cette bande, évidemment contemporaine de la fondation de l'église, se continue le long des contre-forts, et enveloppe la tourelle ronde de l'angle sud-ouest de l'édifice. Cette tour est percée d'une porte ogivale en astérisque très élancée et de petites fenêtres plein-cintre extérieurement évasées en gorges, et n'offrant au centre qu'une étroite lucarne. Il est donc aisé de comprendre que toutes ces parties se ressentent des premières années du XIVe siècle. ll en est ainsi du nartex dont les voûtes servent d'appui au clocher, comme à Beaumarchais et à Boulogne d'Astarac. Ce nartex repose sur quatre piliers massifs, dont les faisceaux de colonnes cylindriques, à moitié engagées, reçoivent des nervures à plusieurs gorges croisées à la clé. Ces colonnes ont des bases octogonales et les chapiteaux formés d'un seul tore. L'agneau pascal, portant la croix oriflammée, orne le cintre de la voûte.

Il semble que, d'après le plan primitif, l'église devait être continuée à l'Ouest. On remarque du côté du Nord, en effet, les pierres d'attente, les fragments de nervures d'angle et l'arc entier de la nef latérale interrompue et murée. Tel est le porche assez informe que surmonte une lourde tour carrée, percée au sud d'une fenêtre ogivale, et embellie au nord d'une balustrade à trilobes. Ces particularités rattachent tout d'abord ce complément de l'église au XIVe siècle; mais la fenêtre carrée, le cintre et le fronton arrondi, placés au-dessus, ne datent que du XVIIe.

Si l'extérieur nous a maintenus dans le cercle du style gothique, nous allons recevoir de tout autres impressions en pénétrant dans les nefs. Le chevet, formé d'une niche à pans coupés, plus étroite que la nef de 2,40 m, a sa voûte surchargée de nervures Renaissance, et présente une anomalie évidente, avec tout ce que nous avons examiné jusqu'ici. (Ces nervures reposent dans la niche sur des colonnettes cylindriques et isolées qui en occupent les quatre angles; ils sont reliés, à 3 mètres au-dessous de la voûte, par une légère corniche gréco-romaine).

La grande nef n'a que quatre travées, formées par de forts piliers ronds, de l'élévation de ceux de Fontarrabie et de Renteria; mais ces piliers, au lieu d'être unis en forme de colonne romaine comme ces derniers, sont sillonnés de fortes arêtes à deux gorges qui reposent sur une base à deux tores avec angles brusques.

Un soubassement également à deux tores, placé à 1 mètre du sol, supporte l'appareil tout entier. Deux chapiteaux octogonaux, composés d'un seul rang de fleurs aplaties du XVe siècle, divisent ces arêtes en deux hauteurs. Quoique toutes les voûtes soient ogivales, celles des nefs latérales, gênées par leur rétrécissement, se rapprochent de la lancette beaucoup plus que celles du centre; mais dans les unes et dans les autres, les nervures naissent brusquement des flancs des piliers, comme celles de la fin du XVe siècle. Les arcs doubleaux sont formés de plusieurs larges gorges, accompagnées de tores, et descendent en quille de vaisseau, ainsi que les arcs de communication des nefs.

Toutes les voûtes sont sillonnées dans le goût de la renaissance. Les fenêtres, ornées de trois colonnettes intérieures avec petits chapiteaux et nervures aux voussures, commencent aussi à se rapprocher de la voûte, et à s'éloigner du sol, conformément au plan reproduit dans tous les édifices des XVIe et XVIIe siècles.

Quant aux chapelles, logées entre les contre-forts comme dans les églises du Bigorre, elles suivirent les destinées de l'édifice et furent faites ou réparées à diverses époques; nous n'invoquerons d'autres preuves que l'arc tudor s'élançant brusquement des flancs des piliers, et les nervures renaissance de celles du sud ; le plein-cintre sans nervures de la voûte du nord et l'ogive surbaissée du transept. L'arc et la voûte de la tribune du choeur sont entièrement semblables à ceux que l'on peut remarquer à Renteria, à lrun et à Fontarrabie. Cet arc en anse à panier, sort brusquement des flancs des piliers; ses riches nervures renaissance entre-croisées accusent la fin du XVIe siècle.

Il paraît donc évident que les quatre murs et le clocher de cette église furent construits au XIVe siècle; les piliers et quelques arcs doubleaux au XVe; la plupart des voûtes, le chevet et certaines chapelles à la fin du XVIe. (J. Cénac-Moncaut).

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Dictionnaire Villes et monuments
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