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Rues et monuments de Paris
Les vignes de Montmartre
La présence de vignes sur la Butte Montmartre (XVIIIe'arrondissement de Paris ) est très ancienne, même s'il est difficile de dire à quand elle remonte exactement. Au moins sait-on que la vigne fut introduite dans les Gaules 390 ans avant notre ère; elle s'y développa en telle abondance, que Domitien, redoutant l'effet de ses produits sur le tempérament des habitants, la fit entièrement arracher; mais deux siècles après lui; Probus réparait ce dommage.
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Paris : la vigne de Montmartre.
 La vigne de Montmartre : 2000 ceps.

Il convient aussi de noter la coïncidence qui existe entre la réapparition de la viticulture dans nos contrées et la tradition essentiellement montmartroise du martyre de Saint-Denis et de ses deux compagnons, Rustique et Eleuthère; il y a de remarquables conformités aperçues par différents auteurs, entre la légendaire histoire du soi-disant premier évêque de Paris et le mythe païen de Bacchus, ce dieu du vin et de la vigne, que les Grecs appelaient Dionysos, ou bien Eleutheros, et dont les Latins célébraient les mystères, le 19 août, dans les fêtes des vendanges nommées Rustica ou Vinalia rustica (Dulaure, Histoire de Paris; Dupuis, Origine de tous les cultes). Ces concordances sont telles, qu'on a pu y voir l'origine du vocable de Saint-Denis, primitivement donné à l'église Saint-Pierre de Montmartre. D'ailleurs, les colonnes antiques placées à  l'entrée de cette église, semblent assez annoncer la succession, probable de celle-ci à un temple gallo-romain; un temple peut-être même consacré à Bacchus, pIutôt qu'au dieu Mars, comme on le dit souvent, mais sans certitudes bien fondées.

Quoi qu'il en soit, d'après un témoignage, bien souvent évoqué de l'empereur
Julien, où ce philosophe couronné proclame, entre autres choses, l'excellence des
vignobles de sa « chère Lutèce», il résulte que, de son temps, c'est-à-dire en plein IVe siècle, les Parisis n'était pas encore christianisés. Au reste, plusieurs ordonnances des premiers rois francs, conservées par Baluze, prouvent qu'il en était encore ainsi, même au VIe siècle. La présence d'un saint Bacchus, dans le calendrier chrétien, est sans doute une marque de la transformation de l'ancien culte. De plus, on sait que, dans la petite église Saint-Benoît, jadis située au milieu des vignes qui couvraient la montagne Sainte-Geneviève, il y avait une chapelle dédiée à saint Bacchus. Ces rapprochements ne prouvent rien, mais ils permettent de conjecturer que Montmartre par sa situation physique exceptionnelle, dut être un des premiers points du Parisis envahis par la viticulture.

Les vignes de Montmartre au Moyen âge.
La situation est beaucoup plus claire à partir du  Xe siècle (la légende de Saint-Denis elle-même n'est d'ailleurs attestée que depuis le siècle précédent). Le premier témoignage positif remonte à la chronique du chanoine Flodoard signale alors la destruction complète des vignes de Montmartre, parmi les nombreux ravages occasionnés par une tempête qui sévit en 994. Le chroniqueur attribue ce désastre à une armée aérienne de démons; mais les vignobles de la Butte étaient trop vivaces pour ne pas s'en relever et acquérir une importance nouvelle.

En 1133, dans la cession que les moines de Saint-Martin-des-Champs firent au roi Louis VI, de l'église de Montmartre avec ses dépendances et la chapelle du Martyre, les vignes qui attenaient à celle-ci furent comprises : cette particularité est mentionnée dans les deux bulles apostoliques des papes Eugène III (Juin 1147) et Alexandre III (1164), portant, l'une et l'autre avec l'institution de l'abbaye de Montmartre, la confirmation de ses privilèges et propriétés.

Les lettres de Pierre-le-Vénérable, abbé général de Cluny, rappellent encore l'existence de vignes à Montmartre dans le XIIe siècle, comme, dans le suivant, on en retrouve la trace dans celles qui y étaient situées en la censive de Marie de Monte-Calvo, et appartenaient, en 1243,à la chapelle du palais épiscopal de Paris.

En 1304, lors de l'établissement d'une seconde chapellenie dans la chapelle du Martyre par l'écuyer Hermer, une pièce de vigne, appelée la Gonchiéres, sise au lieu dit la Carrière, fut affectée à la nourriture du nouveau chapelain.

L'abbesse Isabelle de Rieux, que Cheronnet cite pour sa sévérité sur le chapitre
des dames, passa, en 1373, un bail pour sept arpents de vignes, sises à Montmartre, au lieu dit Sacatie, joignant par un côté à la ruelle Beheurdis, et par le haut, à la fontaine dite la Fausse (?) (Les anciennes fontaines de Montmartre). Ce bail est fait à Jourdain de Nanteuil, Simon Chest, Simon Tivalare, Linois Parfait et Parrain Bien, bourgeois de Paris, qui tous solidairement s'engagent à payer douze septiers de vin, de plus de leur récolte par chaque arpent; et si les vignes viennent à manquer, ne s'obligent pas moins à payer la même quantité d'autre vin du cru de Montmartre. 

Sur l'état du monastère et de ses propriétés en 1333, figurent cinq arpents et
demi de vignes au terroir de Montmartre assises en plusieurs censives, et pour lesquelles  les religieuses sont redevables, chaque année, de cinquante-huit sols six deniers parisis de cens.

Dans les comptes des confiscations faites à Paris, au profit des Anglais (La Guerre de cent ans), depuis le 20 décembre 1423 jusqu'à la Saint-Jean  1427, il est fait mention de deux vignes sises à Montmartre : l'une qui fut à Henri de Marle, président du Parlement en 1398 et, ensuite, garde des sceaux de France; l'autre qui appartenait au héraut du roi.

Par accord du 9 novembre 1451, le curé de Montmartre, Anceau-Langlois, obtint, avec une amélioration de traitement fixe, la remise d'une rente de vingt-huit sols parisis, qu'il devait annuellement pour deux arpents de vigne, dont il avait, la jouissance dans une culture des dames de l'abbaye. Il est bon d'ajouter que cet accord eut lieu à la suite d'un procès; que ledit Anceau-Langlois perdit contre l'abbesse Agnès Desjardins, qui le lui avait intenté, parce qu'il avait tenté de s'affranchir de sa dépendance on s'appropriant indûment les dîmes de la  paroisse. Seigneur de Montmartre, et, par le droit, de sa fondation, curé primitif, et en légitime possession de tous les revenus de la paroisse, l'abbesse en nommait elle-même le pasteur, qui n'était, à proprement parler, que son vicaire perpétuel.

Avec le récit des guerres qui désolèrent si souvent les campagnes de la banlieue parisienne, on pourrait établir aussi le martyrologe des vignes de Montmartre. Sans remonter aux temps de l'invasion des Vikings, ni à celle des Anglais, non plus qu'aux luttes intestines des Armagnacs et des Bourguignons, voici ce qu'on-lit dans la Chronique de Louis XI à l'an 1475 :

« Le lundi 9 septembre, les Bretons et les Bourguignons furent ès terrouers de Clignencourt, Montmartre, la Courtille et autres vignobles d'entour Paris, prendre et vendanger toute la vendange qui y étoit, jaçoit ce qu'elle n'étoit point  meure.» (ChroniqueScandaleuse).
Les vignes de Montmartre à la Renaissance.
En 1577, le pape Grégoire XIII, dans le but d'aider Henri III dans ses entreprises contre les protestants (Les Guerres de religion),  autorisa ce prince, par un bref, à lever sur tous les biens ecclésiastiques du royaume la somme de quinze mille livres tournois, permettant, à cet effet, de vendre et d'aliéner, s'il était nécessaire, partie du temporel des églises jusqu'à concurrence de cette somme. Dans cette circonstance, Montmartre fut taxé, pour sa part de cotisation, par Pierre de Gondi, évêque de Paris, à la somme de vingt écus au soleil. Afin d'acquitter cette taxe, l'abbesse Catherine de Clermont mit en vente un demi-arpent de vigne, sis près de La Chapelle; il fut adjugé le 8 février 1577.

Parmi les nombreux et importants travaux de restauration que nécessita l'état
de ruine dans lequel les guerres de la Ligue et le siège de Paris par Henri IV avaient laissé l'abbaye de Montmartre, il faut noter le mur que, grâce au don de six mille livres fait par son beau-frère, M. de Fresne secrétaire d'Etats, l'abbese Marie de Beauvilliers fit élever, pour enfermer dans l'enclos conventuel, la pièce de vigne située entre l'ancien monastère et la chapelle du Martyre.

Les vignes de Montmartre au XVIIe siècle.
Le 11 mars 1688, les religieuses de Montmartre concédèrent à la paroisse, à titre d'usufruit, les deux arcades qui forment le choeur de l'église Saint-Pierre et les deux collatéraux, en échange de sept quartiers de vigne situés, non loin de là, au lieu dit des Saccalis.

Dans l'État des revenus, créances et dettes de l'abbaye de 1763, la dîme de Montmartre figure pour sept muids de vin, évalués à cent quarante livres. Suivant la coutume féodale, l'abbaye possédait un pressoir banal, ou les habitants de la localité étaient tenus de faire pressurer leur vendange, moyennant redevance en nature ou en deniers. Ce pressoir était situé près de l'église, contre la maison du baillage de l'abbaye, dans une cour, devenue, par la suite, l'impasse du Pressoir; aujourd'hui, c'est la rue Saint-Eleuthère. C'est au profit du pressoir abbatial que, en 1312, sous le règne de, Philippe IV le Bel, le parlement rendit, en appel, un décret donnant gain de cause à l'abbesse et aux religieuses de Montmartre, contre un certain Roger de Clichy, fruitier du roi, qui avait saisi de vive force le marc d'une grange appartenant auxdites dames, sous prétexte que les vignes, dont provenait ce marc, étaient bannières du pressoir dudit Roger. Une sentence, prononcée suivant cette interprétation par le prévôt de Paris, avait absous de ce fait. 

Les vignes de Montmartre au XVIIIe siècle.
Le plan de Roussel de 1730 et celui de J.-B. Jaillot de 1775 figurent en vignes au pied du revers septentrional de la Butte, au lieu dit les Cloys, une étendue de territoire assez importante, bordant la droite du Chemin des Boeufs (rue Marcadet), depuis l'ancien Chemin de Saint-Denis (rue du Mont-Cenis), jusqu'au petit enclos habité de la Hutte-au-Garde, vis-à-vis l'extrémité du Chemin des Grandes-Carrières; tandis que sur la gauche du même Chemin des Boeufs, les vignes qui y sont indiquées paraissent beaucoup moins considérables et plus clairsemées.

Quelques années plus tard, c'est-à-dire vers 1789, le plan de Verniquet nous montre en détail les différentes pièces de vigne qui sont situés dans l'enclos même de l'abbaye. A l'aide des indications du plan moderne de restitution de Carles, nous en avons relevé la nomenclature et les diverses contenances : ce sont d'abord deux grandes vignes, l'une dite du Haut Coteau, mesurant 1 arpent quarante-six perches, un peu au-dessus de l'emplacement actuel de la Place Saint-Pierre; l'autre celle du Bas Coteau, de 2 arpents 10 perches, longeant la précédente, mais en étant séparée par une allée dont l'extrémité aboutit à une issue nommée la porte des Coteaux et placée, par rapport à l'état actuel des choses, à l'angle des rues Ronsard et Charles Nodier; puis un plus bas, dans l'espace compris aujourd'hui entre la rue Tardieu et la place Charles Dullin, une autre vigne de 1 arpent 37 perches, dite de la Rochefoucauld; enfin, vers le haut de la Butte, deux petites pièces, l'une un peu, en avant de l'église paroissiale, où il y a maintenant un réservoir, nommé vigne de Montaigu, et ne mesurant que 86 perches et demie; l'autre à quelques pas en arrière du Choeur des Dames, de 51 perches, dite vigne de l'Église; puis une dernière celle du Bel-Air, de 24 perches et demie vers le haut du Vieux-Chemin (rue de Ravignan).

En 1789, l'article II du Cahier des plaintes et doléances de Montmartre réclame,
avec la fin du bail des fermes, « la suppression du droit d'aides, ou la conversion en
un impôt direct sur la vigne, eu égard à la récolte ou payable sur les lieux au moment de la vente. »

Les vignes de Montmartre au XIXe siècle.
En 1815, Montmartre vit le retour des dévastations qui désolèrent ses vignobles pendant le règne de Louis XI. Par suite de la convention militaire consentie, le 3 juiIlet, à Saint-Cloud, entre les armées alliées et le gouvernement français, les Anglais prirent position à Montmartre et lieux environnants, le 4 du même mois.

Les soldats, répandus dans les maisons, y commirent toutes les spoliations assez ordinaires en pareille circonstance. Le mois de septembre arrivé, ils s'empressèrent d'imiter les Bretons et les Bourguignons de 1475, en se jetant avec avidité dans les vignes de Montmartre et de Clignancourt. Ce fruit, nouveau pour des hommes d'outre-mer, était à leur goût si attrayant, qu'ils le dévoraient même avant qu'il fût mûr. Ils épargnèrent de la sorte, aux habitants, la peine de vendanger leurs vignes. Mais on assure que l'acerbité des raisins, encore aigres, vengeait journellement ces malheureux habitants de leurs hôtes incommodes.

Mais, avec la Révolution, une ère funeste avait commencé pour les vignobles de Montmartre. D'immenses travaux de terrassements, entrepris à deux reprises différentes, en 1789 et 1814, pour faire de la Butte une position fortifiée, bouleversèrent le sol de fond en comble; de nombreuses ouvertures de carrières à gypse entamèrent ses flancs de tous cotés; ce qui resta de terrain fut bientôt envahi par le flot toujours montant des maisons qui debordaient de Paris. Après 1830, quelques vignes, subsistant sur le revers septentrional de la colline, résistèrent encore pendant quelques années à cet impitoyable assaut ; mais ce fut la fin.

Plus que jamais, on continua cependant à venir là-haut boire le vin clairet ou le petit bleu; mais cette mixture d'importation, n'avait plus rien de commun avec l'ancien produit du crû, totalement disparu. Les quelques Montmartrois, très âgés, qui s'en souvenaient encore à la fin du XIXe siècle, n'en parlaient que l'eau à la bouche. 

« C'étaient, disaient-ils, un jinglet très fier, d'une saveur à faire danser les chèvres, mais si désaltérant, qu'on le buvait comme du petit lait. » 
A dire vrai, on a bien médit un tantinet du vin de Montmartre. Ses détracteurs ne manquaient pas de faire valoir ses vertus diurétiques; célébrées d'ailleurs, par le dicton grivois, que Sauval enregistrait, il y a déjà plus de trois siècles, avec son orthographe spéciale :
C'est du vin de Montmarte
Qui en boit pinte, en pisse quarte.
Il paraît aussi que les vignes de Montmartre, surtout celles situées sur l'emplacement actuel de la rue Rochechouart, comme les vignes de Belleville et de la Courtille, produisaient beaucoup de raisins qui ne mûrissaient pas. D'où serait résulté ce proverbe parisien (Cyrano de Bergerac, Le pédant joué, acte II, scène II) : 
Belle montre, peu de rapport.
Malgré tout le mal qu'on a pu dire du vin de Montmartre, quelques clos sur les versants de la Butte avaient une réputation méritée. S'il est permis d'ajouter foi à la Légende de la Chappelle de Firmin Leclerc, le vin de la Goutte d'Or était si celèbre au Moyen âge que la Ville en offrait quatre tonneaux au roi de France à chaque anniversaire de son couronnement. Son nom emprunté à sa couleur servit longtemps d'enseigne à un cabaret de l'endroit.

Les titres, seigneuriaux de Saint-Lazare, au XVIIIe siècle, font mention d'une
maison dite de la Goutte d'Or, située dans le haut du quartier de la Nouvelle-France, vers l'extrémité du chemin des Poissonniers, qui conduisait à La Chapelle.

Vers le milieu du XIXe siècle, on voyait encore, a droite en descendant de la rue de la Fontaine du But, une pièce de vigne qui appartenait à une certain Lécuyer, adjoint au maire de Montmartre; on y apercevait quelques masses informes de maçonnerie datant de l'époque gallo-romaine et signalées, un siècle auparavant par quelques auteurs, notamment par l'abbé Lebeuf et le comte de Caylus : celui-ci crut y voir les restes d'une fonderie, l'autre les ruines des thermes d'une villa. De plus, l'abbé Lebeuf avait remarqué qu'une vigne était plantée sur la partie méridionale de ces ruines). Dans l'espérance d'y découvrir des trésors, Lecuyer fit entièrement fouiller le sol et abattre les ruines, si bien que les vignes qui les couronnaient y passèrent aussi.

Le plan de Carles, de 1848 à 1858, nous montre encore deux pièces de vigne en haut du Chemin Vieux (rue Ravignan) : l'une entourant le Réservoir des eaux, l'autre occupant l'espace compris ente le Chemin Neuf (rue Lepic), la petite rue de la Mire et le Chemin Vieux.

L'oraison funèbre de la dernière vigne de Montmartre a été prononcée par Gérard de Nerval : il fallait s'y attendre. Son aimable intervention est toujours précieuse dans l'évocation des souvenirs si pittoresquement agrestes de la butte d'autrefois. Cette vigne, située dans le voisinage du Château des Brouillards, lui souriait tellement, qu'il avait, un instant, rêvé de la posséder (La Bohème galante) :

« C'était, dit-il, la dernière du cru célèbre de Montmartre, qui luttait, du
 temps des Romains avec Argenteuil et Surènes. Chaque année cet humble coteau perd une rangée de ses ceps rabougris, qui tombe dans une carrière.

Il y a dix ans, j'aurais pu l'acquérir au prix de trois mille francs... On en demande., aujourd'hui trente mille. C'est le plus beau point de vue des environs de Paris...

Ce qui me séduisait avant tout, dans ce petit espace abrité par les grands arbres du Château des Brouillards, c'était ce reste de vignoble lié au souvenir de saint Denis, qui, au point de vue des philosophes, était peut-être le second Bacclhus (Dionysos)...»

« Il n' y faut plus penser! » s'écrie l'aimable poète avec un ton de douce amertume, « je ne serai jamais propriétaire! » 

Puis des visions de l'Antiquité se mêlant à ses regrets, il termine ainsi :
« J'aurais fait faire dans cette vigne une construction si légère! ... Une petite villa dans le goût de Pompéi, avec un impluvium et une cella, quelque chose comme la maison du poète tragique. Le pauvre Laviron, mort depuis, sous les murs de Rome, m'en avait dessiné le plan. »
Des dernières vignes de Montmartre, quelques ceps abandonnés, survécurent quelque temps dans une pièce attenant aux Moulins Debray (Les moulins de Montmartre). Vers 1890, on en tirait encore, paraît-il, deux bons hectolitres de vin. A la même époque, de l'autre côté de la Butte, vers le haut de la rue Lamarck, au point ou aboutit l'escalier de la rue Becquerel, quelques vieux ceps très épars, témoignaient encore de l'antique viticulture de Montmartre. Deux magnifiques treilles furent encore plantées rue Damrémont et rue Lepic, mais c'était vraiment la fin.
 
Les vignes de Paris

Il n'y a pas que la butte Montmartre, sur le sol parisien, qui ait conservé le souvenir de la culture de la vigne. Sous Louis VII, les vignobles ou clos de Paris étaient assez nombreux. Nous citerons parmi les plus importants : le clos Georgeau, qui a donné son nom à une rue; le clos du Hallier, où se trouve aujourd'hui la rue Bergère; le clos Margot, à travers lequel on a percé la  rue Saint-Claude au Marais; le clos de Saint-Symphorien, grand vignoble situé entre les rues de Reims, des Cholets et des Sept-Voies; le clos Bruneau, près la rue des Carmes, une rue en portait aussi le nom; le clos des Vignes, qui s'étendait de la rue des Saints-Pères à la rue Saint-Benoît; le clos de Saint-Etienne-des-Grès, contre l'église de ce nom; le clos de Sainte-Geneviève, non loin duquel se trouvait le Pressoir du Roi; le clos Vignoral, remplacé par le jardin du Luxembourg et l'enclos des Charteux; le clos Galande, le clos Saint-Victor, le clos des Arènes, etc. Des anciennes vignes de Ménilmontant, il restait encore, à la fin du XIXe siècle, un champ assez étendu, non loin des réservoirs de la Dhuys : c'était peut-être le dernier vignoble historique après la disparition de la vigne de Montmartre. D'autres vignes ont été replantées depuis en plusieurs endroits de Paris, comme, par exemple, dans le parc Georges Brassens (XVe arr.).

Une vigne pour mémoire.
Il a fallu attendre 1932, alors que le dernier cep de Montmartre n'était plus qu'un souvenir, pour qu'on y replante une nouvelle parcelle de vigne. C'est le Clos-Montmartre, planté sur un terrain de 1500 m², mal exposé, attenant au musée de Montmartre dont il remplit la même fonction mémorielle. Comme le fil de la tradition viticole de la Butte est perdu, on a fait venir des ceps d'ailleurs. Aujourd'hui, on y dénombre 27 cépages dont 75% de Gamay, 20% de Pinot, quelques pieds de Sauvignon blanc, Riesling, etc. La production est de 1000 kg de raisins. (Charles Sellier).

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Dictionnaire Villes et monuments
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