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Rue Jean-de-Beauvais, à Paris (Ve' arrondissement). - Cette rue commence au boulevard saint-Germain et  finit à la rue de Lanneau (place Marcelin Berthelot), où elle est prolongée par l'impasse Chartière.

Ouverte au commencement du XIVe siècle, sur le clos Bruneau, cette voie publique en porta d'abord la dénomination. Elle doit son nom actuel, selon Jaillot, à Jean de Beauvais, libraire, qui demeurait au coin de la rue des Noyers (portion de l'actuel boulevard saint-Germain). D'autres auteurs ont pensé que le collège de Dormans-Beauvais lui avait donné sa dénomination.  Une décision ministérielle, à la date du 13 fructidor an VIII, signée L. Bonaparte, a fixé la largeur de cette voie publique à 7 m.
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La rue Jean-de-Beauvais. Au premier plan, statue du poète roumain Mihai Eminescu.

Dans la rue Saint-Jean-de-Beauvais étaient : 

Le collège de Beauvais (ou collège de Dormans-Beauvais), fondé en 1370, par Jean de Dormans, évêque de Beauvais et chancelier, pour douze boursiers nés dans la paroisse de Dormans en Champagne, ou à leur défaut dans le diocèse de Soissons. Charles V posa la première pierre de leur chapelle qui fut construite aux frais de Miles de Dormans, neveu du fondateur, et dédiée en 1380 sous l'invocation de Saint-Jean-l'Évangéliste. Au commencement du XVIe siècle, ce collège devint public. Il fut entièrement reconstruit sous le règne de François ler, et réuni en 1597 au collège de Presles. Il en fut séparé en 1699 et prit le nom de Dormans-Beauvais. Il a été réuni au collège Louis-le-Grand. Ce fut dans la chapelle de ce collège qu'on installa, le 1er septembre 1815, la première école élémentaire d'après la méthode de Lancastre. Ce collège a eu pour professeurs François Xavier, le cardinal d'Ossat, Rollin et le savant Coffin.

Le collège de Lizieux, qui fut fondé en 1336 par Guy d'Harcourt, évêque de Lisieux. qui laissa par testament la somme de cent livres parisis pour l'enseignement et la nourriture de vingt-quatre pauvres écoliers, et cent livres parisis pour leur logement. Établi d'abord près de Saint-Séverin, dans la rue des Prêtres, ce collège fut transféré ensuite dans la rue Saint-Étienne-des-Grés. En 1764, ses bâtiments devant être démolis pour former une place devant la nouvelle église Sainte-Geneviève, l'institution vint occuper le collège de Dormans, dont les écoliers furent incorporés à Louis-le-Grand. Il eut parmi ses élèves le poète Delille

Des écoles de droit, fondées en 1384, transférées en 1771 sur la place du Panthéon.

En face de ces écoles étaient, à l'enseigne de l'Olivier, la maison et la boutique des Estienne, cette famille de savants qu'on a numérés comme les dynasties royales, tant elle compte de membres célèbres. C'est là que Robert Estienne Ier publia ses onze éditions de la Bible; c'est là que ses successeurs imprimèrent plus de douze mille ouvrages, commentaires, glossaires, traductions, où nos modernes érudits vont prendre leur bagage tout fait pour l'Institut. François Ier et sa soeur Marguerite de Navarre visitaient souvent l'imprimerie des Estienne, et, quand ils trouvaient Robert Estienne Ier ou Henri Estienne II corrigeant une épreuve de la Bible hébraïque ou du Thésaurus, ils attendaient, appuyés sur la barre de la presse, la fin de son travail. 
« Dans ce temps-là, dit Piganiol, les dieux de la terre se familiarisaient encore quelquefois avec les gens de lettres. » « La France, dit de Thou, doit plus aux Estienne pour avoir perfectionné l'imprimerie qu'aux plus grands capitaines pour avoir étendu ses frontières. » 
Et néanmoins, cette famille, pour prix des plus pénibles veilles, des plus parfaites productions, des plus coûteux sacrifices, ne recueillit que la pauvreté, l'exil et les persécutions du clergé, une prison pour dettes au Châtelet, un lit à l'hôpital de Lyon pour le plus illustre de ses membres, un grabat et une bière à l'Hôtel-Dieu de Paris, en 1674, pour son dernier représentant, Antoine Estienne III.

Près de l'imprimerie des Estienne était la seule imprimerie de musique qu'il y eût en France : elle appartenait à la famille Ballard, qui avait obtenu son privilège de Henri II et le possédait encore en 1789.
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L'Eglise des saints Archanges (ancienne chapelle du collège de Beauvais,
devenue cathédrale métropolitaine orthodoxe roumaine), rue Jean-de-Beauvais,
dans le prolongement de la rue de Latran. © Photos : Serge Jodra, 2010.
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Dictionnaire Villes et monuments
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