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Carreau du Temple, à Paris (IIIe arrondissement). - Ce marché couvert, aujourd'hui désaffecté, est installé dans des bâtiments qui ne datent que du début du XXe siècle, mais il se trouvait déjà à cet emplacement qui est celui du centre de l'ancien enclos du Temple, un marché qui remontait au Moyen âge. Des orfèvres principalement y furent nombreux dès le XVIe siècle. On a évalué du reste à 4000 le nombre des personnes qu'il renfermait à la fin du XVIIIe siècle, et l'on peut s'expliquer sa prospérité par ce fait que cet enclos jouissait du droit d'asile, en particulier pour les débiteurs insolvables, et du privilège très exceptionnel de la franchise de métiers. Avant 1789, une foire très fréquentée, où l'on vendait notamment des fourrures et merceries, y avait lieu pendant trois jours, et il s'y tenait aussi un marché alimentaire. De 1788 à 1790 fut construit par Pérard de Montreuil un premier édifice avec galerie couverte, formée de quarante-quatre arcades, qu'on appela la Rotonde; les magasins des arcades remplacèrent des boutiques. 
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Carreau du Temple, à Paris (3e arrondissement).
Le Carreau du Temple, à Paris. (© Photo : Serge. Jodra, 2009).

La Rotonde, qui avait été vendue en 1797, devint l'accessoire d'un marché public de friperie, origine du marché actuel, lorsqu'en 1802, le commerce de la friperie fut transféré du marché des Innocents (Le Cimetière des Innocents) et de la Place aux Veaux dans une partie des terrains vagues de l'enclos concédés à la ville de Paris. Ce marché découvert fut considérablement augmenté en conformité d'un décret, puis d'une loi de 1807, et remplacé par des constructions en charpente élevées par l'architecte Molinos, de 1809 à 1811, et qui comprenaient quatre pavillons pour les articles de mode, les objets de literie, les vieux linges et ferrailles et les vieux souliers. 

Ces quatre carrés du vieux Temple, qu'on appelait le marché ou la halle au vieux linge, étaient surnommés le Palais-Royal, le pavillon de Flore, le Pou-Volant ou le Drapeau et la Forêt Noire. On y voyait des enseignes extraordinaires et l'on y trouvait des chaussures à 8 sous. Eugène Sue dans les Mystères de Paris, Paul Féval dans le Fils du Diable, ont donné des descriptions pittoresques du Temple. En arrière du marché, la rotonde était une propriété privée affectée à peu près au même commerce. Entre celle-ci et le marché, il y avait, suivant une ordonnance de police du 15 juin 1831, une place découverte dite Carreau des brocanteurs ou « chineurs », parce qu'ils pouvaient s'y réunir de 11 heures du matin à 2 heures de l'après-midi, mais sans avoir le droit d'y déposer leurs marchandises à terre plus que sur tout autre point de la voie publique.

Le marché même avait une superficie de 10 831 m²  et comprenait 1888 boutiques. L'édifice fut reconstruit en 1864 par les soins d'une compagnie concessionnaire, la ville devait entrer en jouissance de l'exploitation du marché à l'expiration de la concession, soit en 1945. Il se composait de deux corps de bâtiment. en fer et en fonte, d'une superficie de 8600 m² et de 4700 m², séparés par une voie de 15 m de largeur. Dû à de Mérindol, il fut ouvert le 1er août 1865 et contenait six pavillons. La rotonde était expropriée et le carreau disparut alors; cependant les brocanteurs eurent la faculté de vendre au premier étage du marché; que l'on continua à surnommer le carreau et dans lequel le public admis de 9 heures à midi paya un droit d'entrée de 0,05 F. La prospérité de ce marché commença à décroître précisément a partir de 1865. On a d'ailleurs pu dire souvent que la réputation de mauvais aloi dont jouissait cet endroit bizarre où Ies marchandes voulaient rendre l'achat obligatoire lui avaint été des plus nuisibles. Toujours est-il qu'il conserva son argot et représente toujours une tradition pittoresque. Un marché alimentaire y fut ouvert en 1882 sur une partie du marché à la friperie, en remplacement de celui de Saint-Martin-des-Champs. Puis, en 1901, la marché fut démoli et remplacé par l'édifice actuel.L'édifice est aujourd'hui en cours de rénovation, et devrait abriter à terme des salles de sports et de spectacles. (Marius Barroux).

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Dictionnaire Villes et monuments
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