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Hôtel-Dieu, à Paris (IVe'arrondissement). - Situé sur l'île de la Cité, cet établissement, d'après une tradition qui n'est rien moins que certaine, aurait été fondé vers le milieu du VIIIe siècle par saint Landry, huitième évêque de Paris. Il prit de l'accroissement sous Philippe-Auguste; mais, si l'on en juge par un don de ce roi, les malades n'y étaient pas traités avec luxe : 
« Pour le salut de notre âme, dit-il, nous accordons, pour l'usage des pauvres demeurant à la Maison-Dieu de Paris, toute la paille de notre chambre et de notre maison, toutes les fois que nous quitterons cette ville pour aller coucher ailleurs. » 
Saint Louis fut plus généreux, et ses libéralités permirent de donner des secours annuellement à plus de six mille malades et de faire desservir la maison par trente frères, vingt-cinq soeurs et quatre prêtres : aussi est-il regardé comme le véritable fondateur de l'Hôtel-Dieu. 
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Hôtel Dieu, à Paris.
Façade de l'Hotel-Dieu, sur le quai de la Corse.

Presque tous les rois suivirent l'exemple de saint Louis en dotant cet hôpital, qui fut successivement agrandi et reconstruit. Trois ans avant la révolution, il ne renfermait que 1200 lits et avait journellement de 2500 à 6000 malades; aussi en entassait-on jusqu'à six dans un même lit; la mortalité y était de 1 sur 4,5, et, sur 1.100.000 malades reçus en cinquante ans, plus de 240.000 étaient morts; enfin, la négligence des administrateurs fut la cause de deux incendies effroyables qui firent périr des centaines de victimes. La situation de cet établissement, tombeau de la plus grande partie de la population parisienne, fut révélée en 1785 par Bailly à l'Académie des sciences, et le rapport de ce savant fit jeter un cri d'horreur universel.
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Paris : incendie de l'Hôtel Dieu.
L'incendie de l'Hôtel-Dieu en 1772. (J.B. Genilion).

Tout le monde s'empressa de faire des sacrifices pour réparer ce grand opprobre de la capitale, et huit millions furent souscrits à cet effet en moins d'un an. Comme on désespérait d'assainir ce cloaque, on résolut de le transporter hors de la Cité et de le remplacer par quatre hôpitaux placés aux quatre extrémités de la ville; mais, au moment où l'on allait se mettre à l'oeuvre, le ministre Brienne s'empara des fonds de la souscription et les  employa pour les dépenses ordinaires de l'État. 
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Hôtel Dieu, à Paris.
Les blanchisseuses de l'Hôtel-Dieu et le pont de la Tournelle. (J.C. Nattes, 1810).

Enfin la révolution arriva, et la suppression des couvents permit de désencombrer l'Hôtel-Dieu en distribuant ses hôtes dans de nouveaux hôpitaux. On dégagea ses abords; on lui ajouta de nouveaux bâtiments sur la rive gauche de la Seine; on agrandit et on assainit ses salles de douleur. Enfin, les améliorations furent telles, que cet hôpital,  plus vaste qu'autrefois, ne renferma que huit cents lits, et que la mortalité n'y fut plus, au XIXe siècle, que de 1 sur 9. 

L'entrée de l'Hôtel-Dieu est décorée d'un portique d'une belle simplicité et d'un péristyle où l'on trouve les statues de saint Vincent de Paul et de Monthyon, dont le tombeau a été dignement placé dans cet hospice. La chapelle de l'Hôtel-Dieu avait été bâtie en 1380 par les soins d'Oudard de Maucreux, bourgeois de Paris et changeur, elle a été démolie en 1802 et remplacée par l'ancienne église de Saint Julien le Pauvre. (Th. Lavallée).
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Hôtel Dieu, à Paris (4e arrondissement).
L'Hotel-Dieu, du depuis le pont d'Arcole. (© Photos : Serge Jodra, 2008-09).
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Dictionnaire Villes et monuments
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