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Couvent de Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers, à Paris (IVe'arrondissement). - En 1201, quatre professeurs célèbres de l'Université de Paris, préférant la solitude au monde et la vie privée à la réputation que leurs lumières et leurs talents leur avaient acquise, se retirèrent dans une vallée déserte de la Champagne. Il y bâtirent des cellules et un oratoire; leurs écoliers les y suivirent; une congrégation se forma, dit l'ordre du Val-des-Écoliers, et, par un élan de ferveur digne de ces temps de foi naïve, l'ardente jeunesse dont elle se composait, mit son voeu de chasteté sous le patronage d'une vierge, sainte Catherine. En moins de trente ans, cet ordre comptait vingt prieurés; l'un d'eux fut établi à Paris en 1228 par Nicolas Giboin, bourgeois, qui donna à cet effet trois arpents de terre qu'il possédait près de la porte Baudet. L'église fut fondée par les sergents d'armes de la garde du roi, en mémoire de la bataille de Bouvines. Voici les inscriptions qu'on lisait sur deux pierres du portail, où l'on voyait l'effigie de saint Louis entre deux archers de sa garde :
« A la prière des sergents d'armes, monsieur sainct Loys fonda ceste église et y mist la première pierre; et fust pour la joye de la victoire qui fust au pont de Bovines, l'an 1214.»

« Les sergents d'armes pour le temps gardoient ledit pont, et vouèrent que si  Dieu leur donnoit victoire, ils fonderoient une église en l'honneur de madame saincte Katherine; ainsi fust-il. »

Les sergents d'armes avaient fait de cette église le siège de leur confrérie, et presque tous y avaient leur sépulture. C'est là que furent enterrés les maréchaux de Champagne et de Normandie tués par l'ordre d'Étienne Marcel; c'est devant son portail que furent exposés les cadavres d'Étienne Marcel et de cinquante-quatre de ses compagnons tués à la porte Saint-Antoine; c'est dans son cimetière que furent enterrés secrètement Nicolas Desmarest et d'autres victimes de la réaction de 1383.

L'ordre de Sainte-Catherine fut réuni en 1629 à la congrégation de Sainte-Geneviève, et la maison de la rue Saint-Antoine devint le noviciat de cette congrégation. En 1767, comme les bâtiments tombaient en ruines, ce noviciat fut transféré dans la maison des Jésuites, dont l'ordre venait d'être supprimé. Dans cette translation, l'église, monument touchant d'une victoire nationale, dont le portail avait été reconstruit par François Mansart, semblait avoir droit à quelque respect; mais à cette époque, alors qu'on avait derrière soi la bataille de Rosbach, on la démolit, et, sur les plans de Soufflot, on construisit à sa place un marché (place du Marché Sainte-Catherine), avec des rues étroites autour. (Th. Lavallée).

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Dictionnaire Villes et monuments
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