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Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), à Paris. -  Situé rue Saint-Martin, le Conservatoire des arts et métiers, autrefois le prieuré de Saint-Martin-des-Champs. On croit que c'était une abbaye dont la fondation se perd dans les premiers temps de la monarchie, et qui fut détruite presque entièrement par les Vikings. Elle fut réédifiée en 1060 par Henri Ier et Philippe Ier, convertie, en 1079, en prieuré dépendant de l'abbaye de Cluny, et en 1130 fortifiée. Son enclos, qui avait quatorze arpents, s'étendait de la rue au Maire à la rue du Verbois (Vert-Bois), en comprenant le marché Saint-Martin et les rues voisines; il était entouré de murs très hauts et très épais, crénelés, garnis de grosses tourelles, qui faisaient ressembler l'abbaye à une place forte. Son aspect était aussi imposant que pittoresque, à cause de l'encadrement que lui formaient, au nord, un bois de chênes (rue du Vertbois) et une éminence garnie de moulins (rue Meslay); au couchant, un ruisseau (rue du Ponceau), traversant une vaste prairie qui le séparait du beau couvent des Filles-Dieu; au midi, les villages de Bourg-l'Abbé et de Beaubourg, couverts de frais ombrages; enfin, au levant, les champs arrosés de plusieurs sources, que dominait le manoir des Templiers
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Tour du Prieuré de Saint-Martin des Champs, à Paris (3e arrondissement).
Tour du prieuré de Saint-Martin des Champs.
Fontaine du Vertbois, à Paris (3e arrondissement).
Détail de la fontaine du Vertbois.

« A l'angle nord de la façade du Conservatoire, sur la rue Saint-Martin, se voient une tour et une fontaine qui ont leur histoire, et même assez piquante. La fontaine ne date que de 1712, mais la tour faisait partie de l'enceinte du prieuré, et, sous réserve de quelques restaurations, elle appartenait au XIIIe siècle. Au moment où la fontaine fut édifiée, le prieuré abandonna à la Ville la tour, qui se transforma ainsi en château d'eau. Leur décrépitude était extrême, il faut l'avouer, vers 1876, et c'est alors que l'architecte du Conservatoire, soucieux de mieux arrondir les angles de sa façade, conçut le dessein de renverser ces vestiges du passé. Heureusement, les archéologues faisaient bonne garde; ils protestèrent, et obtinrent ce premier résultat de gagner du temps. Mais il n'y avait pas alors comme aujourd'hui de commission administrative du vieux Paris et leur protestation aurait bien pu être classée sans l'intervention inattendue de Victor Hugo, qui écrivit « Démolir la tour, non; démolir l'architecte, oui...-» L'architecte ne fut pas démoli, mais la tour était sauvée ; une inscription consacre la déférence que l'on eut enfin pour le « voeu des antiquaires parisiens ». Le nom du grand poète y manque; il est permis de le regretter.» (F. Bournon).

Dans son enceinte privilégiée, et où les ouvriers pouvaient travailler sans maîtrise, étaient trois chapelles, des granges, des moulins, un four, un hôpital, une prison, dont une tour existe encore près de la rue du Vertbois, enfin un champ clos pour les combats judiciaires. L'église est l'une des antiquités les plus précieuses de Paris; la partie la plus ancienne est le sanctuaire qui date du XIe siècle; sa nef, aussi belle que hardie, et qui, malgré sa largeur, n'est soutenue par aucun rang de colonnes, sert aujourd'hui de salle d'exposition pour les machines. Le réfectoire, qui est parfaitement conservé et du style gothique le plus pur, a été construit par Pierre de Montereau. Les autres bâtiments sont presque tout modernes, principalement l'ancienne maison claustrale, qui est très belle et date du XVIIIe siècle. C'est à cette époque que les murailles et les tours furent détruites, et des maisons bâties sur leur emplacement; que le clos des duels fut changé en un marché, qui forme aujourd'hui une place; que le réseau de petites rues, qui s'étend de cette place à la rue Saint-Martin, fut construit, etc. Dès la fondation du prieuré, il s'était formé, à l'ombre de ses murs, un village, qui devint le quartier Saint-Martin, et qui était placé sous la juridiction temporelle des religieux. 
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Tour du Prieuré de Saint-Martin des Champs, à Paris (3e arrondissement).

Echauguette (tourelle) et muraille crénelée de l'ancienne enceinte de Prieuré, 
visibles depuis la rue du Vertbois. 

La rue au Maire a pris son nom de l'officier qui rendait la justice aux vassaux de Saint-Martin, et qui avait son tribunal et sa geôle à l'endroit où se trouve aujourd'hui la porte latérale de Saint-Nicolas-des-Champs. La puissance spirituelle du prieur s'étendait bien au delà de ce quartier, car il avait les nominations de vingt-neuf maisons du même ordre, de cinq cures de la capitale, de vingt-cinq cures du diocèse de Paris, de trente cures dans diverses parties de la France; son revenu s'élevait à 45.000 livres : aussi cette dignité était-elle vivement recherchée, et Richelieu est compté parmi les prieurs de Saint-Martin-des-Champs. Ce couvent supprimé en 1790, fut occupé en mars 1792 par un institut d'éducation, que dirigeait Léonard Bourdon, sous les auspices de la municipalité, et qu'on appelait l'école des Jeunes Français : on apprenait gratuitement aux élèves les langues modernes, les exercices militaires, la fortification et des métiers. 

Cette école cessa d'exister en 1795, et alors un décret de la Convention, rendu sur le rapport de Grégoire, établit à sa place un Conservatoire des arts et métiers, qui renferme les modèles des machines et outils propres à l'industrie et à l'agriculture. Cet établissement, négligé sous l'Empire, a pris une grande extension à partir de la Restauration, et surtout dans la seconde moitié du XIXe siècle; on y a attaché des cours publics de mathématiques, de physique, de chimie, de mécanique appliquées aux arts, d'économie industrielle, de dessin des machines, etc. Il occupe l'église, le réfectoire et les bâtiments claustraux; on lui a ajouté de vastes annexes et une entrée monumentale près de l'ancienne prison de l'abbaye. A la place des jardins se trouve un beau marché, qui fut, pendant les Cent-Jours, transformé en atelier d'armes. Le 13 juin 1849, le Conservatoire a été le lieu de refuge du parti de la Montagne, qui essaya d'y faire un appel aux armes contre le gouvernement et l'Assemblée législative. (Th. Lavallée).
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Tour du Prieuré de Saint-Martin des Champs, à Paris (3e arrondissement).
Entrée du Conservatoire national 
des arts et métiers.
Cour d'honneur du CNAM, à Paris (3e arrondissement).
La Cour d'honneur du CNAM.
(© Photos : Serge Jodra, 2009).

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Dictionnaire Villes et monuments
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