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Champs-Elysées, à Paris (VIIIe arrondissement). - Avant de devenir celui d'une avenue et d'un rond-point, le nom de Champas Elysées a été appliqué à un quartier,  limité au sud par le quai de la Conférence, au nord par l'avenue Gabriel, à l'est par la place de la Concorde, et à l'ouest par l'avenue Montaigne (l'ancienne allée des Veuves). Le Cours-la-Reine ayant été à l'origine de l'aménagement de tout cet espace, nous allons d'abord dire quelques mots sur son origine. Il commençait autrefois à l'endroit où nous voyons la place de la Concorde, bordait la Seine et se terminait au quai des Bons-Hommes, nommé aujourd'hui quai de Billy (Debilly). Marie de Médicis fit tracer et planter ce cours en 1616. Cette promenade était fermée à ses extrémités par des grilles et à ses côtés par des fossés. Les arbres du Cours-la-Reine furent renouvelés en 1724, par le duc d'Antin. 
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-Paris : Champs Elysées.
Les Champs Elysées au XVIIIe siècle, par Charles Grevenbroeck.
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Avant 1670, l'ancien emplacement des Champs-Élysées était encore en culture. On n'y voyait que des maisonnettes et de grands jardins. On commença vers cette époque à y tracer des allées et à planter des arbres. Cette promenade fut d'abord nommée le Grand-Cours pour la distinguer du Cours-la-Reine, qui lui était contigu. Dans la suite , les arbres prêtèrent leur ombrage et répandirent de l'agrément en cet endroit, auquel on donna le nom qu'il conserve encore aujourd'hui, par allusion à l'Élysée, aux Champs-Élysées, séjour heureux des ombres vertueuses dans les religions grecque et romaine. En 1770, les plantations de cette promenade furent entièrement renouvelées. Pendant l'hiver de 1818 à 1819, on a exhaussé, affermi et sablé toutes les allées des Champs-Élysées. 
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Avenue des Champs Elysées, à Paris.
L'avenue des Champs-Elysées.

A l'entrée de cette belle promenade par la place de la Concorde, aux deux côtés de la route, sont élevés sur des piédestaux remarquables par la beauté de leurs proportions, deux groupes en marbre représentant chacun un cheval fougueux arrêté par un homme. Ces groupes, dont les figures sont colossales, correspondent aux deux chevaux de marbre longtemps placés à l'entrée occidentale du jardin des Tuileries (où des copies les remplacent aujourd'hui). Ils ont été sculptés par Coustou le jeune. Placés en 1745 aux deux côtés de l'abreuvoir de Marly, ils ont été transférés à Paris en 1794. Les Champs-Élysées, avant 1792, faisaient partie du domaine de la couronne; ils furent réunis au domaine national par la loi du 27 novembre 1792. 

« Au château de Saint-Cloud, le 20 août 1828. Charles [X], etc. Article unique. Sont concédés à la ville de Paris, à titre de propriété, la place Louis XVI et la promenade dite des Champs-Élysées, telles qu'elles sont désignées au plan annexé à la présente loi, y compris les constructions dont la propriété appartient à l'État, et à l'exception des deux fossés de la place Louis XVI qui bordent le jardin des Tuileries. Ladite concession est faite à la charge par la ville de Paris :
1° de pourvoir aux frais de surveillance et d'entretien des lieux ci-dessus désignés; 

2° d'y faire dans un délai de cinq ans des travaux d'embellissement jusques à concurrence d'une somme de deux millions deux cent trente mille francs au moins; 

3° de conserver leur destination actuelle aux terrains concédés, lesquels ne pourront être aliénés en tout ou en partie, etc. 

Signé Charles.» (Extrait de la loi.)
En 1838 et 1839, la ville a fait établir dans les Champs-Élysées cinq fontaines dont la dépense s'est élevée à 105 932 F. Des candélabres et des lanternes furent placés aussi par ses soins et ont coûté 51 169,29 F. Des bordures en granit longèrent les deux côtés de l'allée principale. Le milieu des contre-allées fut occupé par des trottoirs en bitume. Enfin la ville concéda à plusieurs particuliers dix emplacements à la charge d'y construire des pavillons d'après les plans fournis par l'administration. Cette concession fut faite pour 36 années. On trouve aujourd'hui encore plusieurs pavillons construits dans les allées, tels, au Nord, le théâtre Marigny, bâti par Garnier en 1883 ou l'Espace Pierre Cardin (ancien théâtre des Ambassadeurs), et au Sud, entre l'avenue et le Cours-la-Reine, le théâtre du Rond-Point, le Grand Palais et le Petit Palais.
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Paris : Champs Elysées.
L'avenue des Champs Elysées depuis le haut de l'Arc de Triomphe.
Tableau de Félix Benois (XIXe siècle).

L'Avenue des Champs Elysées.
Cette avenue (1900 m)  va de la Place de la Concorde à la Place Charles-de-Gaulle (Arc-de-Triomphe de l'Etoile).  Elle consiste en quatre rangées d'arbres régulièrement plantés, et formant au milieu de deux grandes allées une vaste chaussée. Cette avenue, qui est dans l'alignement de la principale allée du jardin des Tuileries, forme une perspective magnifique que complète admirablement l'Arc-de-Triomphe, et qui se poursuit jusqu'à la Défense, avec son Arche. 

L'existence  de l'avenue date de la première plantation des Champs-Élysées. Elle portait autrefois le nom d'allée du Roule, puis avenue des Tuileries. Elle s'arrêtait alors à la grande rue de Chaillot. Prolongée en 1672 jusqu'à la porte Maillot par le marquis de Marigny et élargie en 1774. 

L'avenue fut plantée d'ormes sous Louis XIV (1670), par ordre de Colbert : c'était alors le Grand Cours. Les plantations furent renouvelées en 1770 par le marquis de Marigny. Les jardins furent dessinés par Le Nôtre en 1670 : ils faisaient partie du domaine de la couronne, dont ils furent distraits pour être réunis au domaine national en 1792. Ils furent cédés par l'État (Charles X) à la Ville en 1828. En 1814 les Cosaques du Don y campent, et que le 1er mars 1871 les Prussiens y pénètrent.

Avant 1830 les Champs-Élysées étaient un endroit peu sûr et on n'osait guère s'y aventurer le soir. Depuis 1900 la partie sud des Champs-Elysées a été transformée par la création de l'avenue Alexandre III, qui passe sur l'emplacement de l'ancien palais de l'Industrie.

Le palais de l'Industrie avait été construit en 1855 par l'architecte Vial sur un emplacement appelé le Grand Carré ou la Grande Salle des Champs-Elysées. Le terrain en avait été rétrocédé à l'État par la Ville en 1852. Ce palais servit à l'exposition de 1855, aux salons de 1857 à 1897, au concours hippique, aux comices agricoles, etc. Le 4 mai 1897 on y apporta les débris des malheureuses victimes de l'incendie du Bazar de la Charité, et quelques mois après, le palais de l'Industrie tomba sous la pioche du démolisseur.

Lorsque la Ville entra en possession des Champs-Elysées (1828) elle prit à sa charge les embellissements. En compensation elle se créa des revenus assez considérables en autorisant moyennant redevances un certain nombre d'établissements publics (cafés, concerts, restaurants, théâtres, édicules loués à des marchands de gâteaux et de jouets, etc.). Côté nord  Champs-Élysées et en bordure de l'avenue Matignon s'élevait avant 1900 le Cirque d'Été construit par Hittorf de 1841 à 1843. La statue équestre, oeuvre de Pradier, qui en ornait le fronton représentait Mlle Lejars, écuyère. Le directeur Franconi avait débuté là en 1835 sous une tente, puis le cirque construit s'appela Cirque National de 1843 à 1853, cirque de l'Impératrice pendant l'Empire et Cirque d'Été après 1870. lI fut démoli en 1900. On voyait aussi autrefois dans cette promenade le jardin Beaujon, qui fut ensuite occupé par les montagnes Françaises, et le jardin Marbeuf, qu'on avait disposé en hippodrome et dans lequel on donnait aussi des fêtes publiques. Ces établissements ont été successivement détruits, et sur leur emplacement on a percé les avenues Lord-Byron, Châteaubriand, Fortunée et Marbeuf (ancienne rue des Gourdes). 

Le Rond-Point des Champs-Elysées.
On voyait autrefois en cet endroit un petit pont de pierre dit pont d'Antin , jeté en 1710 sur l'égout qui passait sur cet emplacement. Cette partie des Champs-Élysées, replantée en 1764, n'avait pas de dénomination sur le plan de Verniquet.  Une ordonnance royale du 22 avril 1828 prescrivit l'érection de la statue équestre de Louis XV au Rond-point des Champs-Élysées.

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Dictionnaire Villes et monuments
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