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Palais-Royal.
- Ensemble régulier de constructions situées à Paris'
(Ier arrondissement)
et qui couvrent une surface de 405 m de long (du Nord au Sud) sur 123 m
de large (de l'Est à l'Ouest), entre la rue Saint-Honoré, la place du
Palais-Royal et celle du Théâtre-Français, la rue de Montpensier, la
rue de Beaujolais et la rue de Valois. Le palais proprement dit s'ouvre
sur la place du Palais-Royal, augmentée de plus du double depuis le percement
de la rue de Rivoli.
Il comprend, au fond d'une cour presque carrée et flanquée à droite
et à gauche de deux pavillons, un rez-de-chaussée et un étage avec mansardes.
Un portique de six arcades,
avec grilles, entablements
et balustrades, unit les pavillons. Le
rez-de-chaussée du corps principal est d'ordre
dorique, le premier Ă©tage d'ordre ionique; les pavillons ont chacun
quatre colonnes ioniques, avec frontons triangulaires.
La partie moyenne comporte l'entrée d'honneur (triple porte avec huit
colonnes doriques accouplées), puis trois
arcades aboutissant au vestibule du palais, qui se compose d'un pavillon
central orné de six colonnes ioniques
accouplées, surmonté d'un attique à pilastres
avec fronton semi-circulaire. Toute cette partie du palais est Ă l'exposition
du midi.
Au nord, il présente, sur une cour intérieure,
une façade comprenant un rez-de-chaussée en arcades
et un premier étage distribué entre dix colonnes
'composites.
Les deux cotés, oriental et occidental, se prolongent par des constructions
latérales sur portiques, qui vont joindre
la galerie d'Orléans, vitrée en partie,
et surmontée, d'autre part, de terrasses à la hauteur du premier étage
du palais. C'est avec cette galerie que commence ce que l'on a appelé
le « palais marchand », c.-à -d. l'ensemble des constructions destinées
au commerce, enveloppant un jardin de 250 m de long sur 95 de large (207
arcades ou portiques). Le jardin est planté d'arbres en allées, orné
de parterres, et d'un bassin central avec et d'eau.
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Le
jardin du Palais Royal.
Les premières constructions, à la place
des hôtels de Mercoeur et de Rambouillet, furent commandées par le cardinal
Richelieu Ă l'architecte Lemercier (1629-36)
; elles prirent le nom de Palais-Cardinal, et Corneille
déclarait, dans le Menteur (1642),
«
que l'univers entier ne peut rien voir d'égal aux superbes dehors du Palais-Cardinal-».
Louis XIII en hérita en vertu du testament
de son ministre, et il devint réellement «-Palais-Royal
» par le choix qu'en fit, pour sa demeure habituelle, la régente Anne
d'Autriche, mère de Louis XIV. Il fut aussi
quelque temps l'asile de la veuve de Charles
Ier d'Angleterre,
Henriette-Marie de France. En 1661, Louis XIV l'attribua comme résidence
à son frère, le duc d'Orléans, qui l'agrandit, le décora, en devint
propriétaire en 1692 (lettres patentes de février), et le laissa en 1701
à son fils, qui, devenu régent au nom de Louis
XV, y fit procéder à de nouveaux embellissements, et y réunit une
galerie célèbre de tableaux. Cette galerie, expurgée, dit-on, par Louis,
fils du régent (1723-52), prit, sous Louis-Philippe,
les proportions d'un vrai musée. Mais en 1763 brûla l'Opéra, attenant
alors au Palais, qui fut aussi en partie consumé; c'est d'alors que datent,
les trois corps de bâtiment actuels dus à P.-L. Moreau. En 1780, Louis-Philippe-Joseph,
alors duc de Chartres, fit Ă©difier par
Louis le palais marchand, achevé en 1784. Un second incendie de l'Opéra
(1781) donna occasion à la construction (1786) dit théâtre des Variétés
amusantes, aujourd'hui Comédie-Française. En 1790, sur les 180 arcades
qui entouraient alors le jardin, le duc d'Orléans en avait déjà loué
160, qui lui avaient rapporté plus de 10 millions.
Toutes les modifications de cette Ă©poque
ne furent pas heureuses. Les superbes marronniers de Richelieu
disparurent; un cirque, en partie souterrain (1786-99), fut construit au
centre. Les arcades, le jardin et surtout
la galerie de bois devinrent le rendez-vous ordinaire des libertins, des
filles, des joueurs, des agioteurs, et aussi des touristes Ă©trangers,
qui jugeaient par lĂ de Paris et de la France.
Si l'on en croit Louis-Ferdinand CĂ©line, les
bordels et les filles de joie du Palais-Royal en seront encore l'un des
attraits au début du XXe siècle. Comme
le Temple et le Luxembourg, le Palais-Royal était encore un lieu privilégié
et une sorte d'asile pour les délinquants, à la veille de la Révolution;
le 19 avril 1787, le roi signe une lettre à l'adresse du duc d'Orléans,
afin « que les officiers de police puissent librement faire leurs recherches
» dans son palais « comme partout ailleurs », vu «-la
multiplicité des faiseurs de fausses lettres de change ». Les jardins
royaux (Tuileries ,
etc.) n'étaient ouverts qu'aux gens de la bonne société, « bien vêtus
»; on redoutait les rassemblements « illicites » et populaires; c'est
le duc d'Orléans qui, le premier, leur donna chez lui toutes facilités,
et leur assura une impunité relative.
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Le
Palais Royal, en direction du Nord.
Le Palais-Royal fut par suite le centre
et le foyer des premières journées révolutionnaires. Devenu bien national
par la condamnation de Philippe-Egalité, il fut presque abandonné aux
fantaisies déprédatrices et mercantiles de ses locataires Après le 18
brumaire, le Tribunat y fut installé jusqu'à sa suppression (1807), puis
ce fut le tour de la Bourse et du Tribunal de commerce. Louis
XVIII, avec qui le fils d'Égalité s'était réconcilié, lui rendit
son palais; Louis-Philippe fit construire
la galerie vitrée dite d'Orléans (par Fontaine), dégager l'aile gauche
du palais, exhausser d'un étage le bâtiment central, prolonger l'aile
droite du théâtre au jardin, construire les pavillons qui relient les
ailes de la cour d'honneur au palais marchand; enfin, restaurer le théâtre.
C'est dans ce palais qu'après les journées de Juillet il accepta le titre
de roi des Français, mais il cessa de l'habiter le 1er
octobre 1831.
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Vues
du des galeries du palais Royal. © Photos : Serge
Jodra, 2011.
Sous la deuxième République, le Palais-Royal
fut la résidence du Comptoir d'escompte et de l'état-major des gardes
nationale et mobile. D'abord seulement mis sous séquestre, il fut ensuite
confisqué par le décret présidentiel du 23 janvier 1852. Sous le second
Empire, il devint la résidence du « roi » Jérôme et de son fils, le
prince Napoléon. La galerie des tableaux de Louis-Philippe
a été saccagée en 1848; celle du prince Napoléon (peintures allégoriques
de Hédoin, entre autres) en 1871. Il est actuellement occupé par la cour
des comptes et, depuis 1875, par le conseil d'État et, dans ses annexes,
par le Conseil Constitutionnel et le Ministère de la Culture, placées
en vis-à -vis. Sa cour d'honneur est décorée depuis 1985 d'un ensemble
de colonnes dues au sculpteur Daniel Buren (né en 1938), et qui en leur
temps ont fait couler beaucoup d'encre.
Au bout de la galerie Montpensier et au
Nord-Est du palais marchand se trouve une petite salle de spectacle de
800 places construite en 1785 et qui a porté les noms successifs de théâtre
de Beaujolais ou des Marionnettes, théâtre de Mlle de Montansier
(la directrice) en 1790, théâtre de la Montagne et enfin, aujourd'hui
encore, théâtre du Palais-Royal, célèbre par la gaieté traditionnelle
de son répertoire. (H. Monin).
Le Théâtre
du Palais-Royal
Ce
fut Louis, l'architecte du duc d'Orléans qui eut l'idée d'aménager une
salle de spectacle au Palais-Royal, à l'extrémité de la galerie de Beaujolais.
Cette salle fut achevée en 1783, et servit d'abord à l'exhibition de
diverses attractions de second ordre. Un sieur Delorme y montra des marionnettes;
une troupe d'enfants y vint jouer de petits ballets et des pantomimes.
En 1790, Mlle Montansier, actrice du théâtre de Versailles;
étant venue s'installer à Paris après le
départ de la cour, en prit la direction. Sous le nom de théâtre des
Variétés, le Palais-Royal se mit à jouer alors un peu tous les
genres. Mais en 1807, un décret impérial attribua à la troupe le théâtre
des Variétés du boulevard
Montmartre.
La
salle du Palais-Royal, restée vide, abrita quelque temps des marionnettes,
des danseurs de corde et une troupe de chiens savants qui eut assez de
succès. En 1814, on en fit un café chantant, le café de la Paix, fameux
pendant les Cent-Jours. A la suite de divers scandales, il fut fermé en
1818 pour ne se rouvrir qu'en 1830. La salle fut alors entièrement reconstruite
par l'architecte Guerchy. Dormeuil et Ch. Poirson, qui en eurent le privilège,
ouvrirent leurs portes en 1834, et depuis ce jour, le théâtre du Palais-Royal
(ce fut désormais son nom) n'a pas cessé d'être exploité.
Le
genre auquel, jusqu'ici, il s'est tenu de préférence est celui du comique.
Le vaudeville ,
la pièce à quiproquos, la comédie bouffe y ont été interprétés au
XIXe siècle par une troupe d'excellents acteurs. Il suffira de citer Lepeintre
aîné, Achard, Levassor, Germain, Grassot, Mme Leménil, Dupais, Virginie
DĂ©jazet, Hyacinthe, Bertheler, Lassouche, Gil-PĂ©rez, Luguet, Brasseur,
etc. Les auteurs comiques les plus en vogue ont donné leurs meilleures
pièces au Palais-Royal. Qu'il suffise à ce sujet de dire que la majeure
partie de l'oeuvre de Labiche fut représentée sur cette scène, un des
derniers refuges de ce que l'on appelait la vieille gaieté française.
La tradition du siècle précédent sera largement continuée pendant une
grande partie du XXe siècle sous les auspices de Jean puis Simone de Létraz,
et par d'autres depuis les années 1960 à nos jours. (H. Quittard). |
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Les
jardins du Palais Royal au XIXe
siècle et aujourd'hui.
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