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Le nom des lieux
 Leur origine, leur significalion, leurs transformations
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Les localités peuvent tirer leurs noms de particularités relatives à la topographie, à la configuration des lieux, aux arbres les plus fréquents dans les parages. C'est le cas de la plupart des villes dont le nom est antérieur à l'époque gallo-romaine, et de nombreux petits villages qui se sont formés plus tard. Mais les villes, bourgs ou villages rebaptisés ou créés pendant la domination romaine et au début du Moyen âge ont été généralement dénommés d'après l'homme ou la famille qui les a fondés, ou d'après la population qui habitait le territoire. Cet usage, qui s'est perpétué jusqu'aux temps modernes, est très ancien. On sait à la gloire de qui songeait Alexandre le Grand lorsqu'il fondait une ville (Alexandrie), et témoin aussi ce passage de la Genèse (IV, 17) relatif à Caïn :
« Il a élevé une ville, et il l'a appelée, du nom de son fils, Hénoch ».
Il est remarquable que les mêmes désignations se reproduisent, d'une époque et d'une contrée à l'autre, sous des mots différents. Le gué, par exemple, a joué un grand rôle : il suffit de rapprocher Chambord, dont le prototype gaulois, Camboritos, signifiait le «-gué tortu », de l'anglais Oxford (proprement : le gué des boeufs), de l'allemand Frankfurt (le gué des Francs), et des formes romanes du Nord, telles Wez, Vez, qu'on trouve aussi dans des composés comme Regniowez (le gué de Regnaud). Condé voulait dire jadis confluent, tout comme Conflans ou Coblence

Les noms venus de l'Antiquité.
Les noms celtiques composés sont souvent très pittoresques : Catumagos, forme primitive de Caen, signifiait le champ du combat; Avalleur (Aube) était la forteresse aux pommiers; Dinant, la vallée divine; Lyon, le mont lumineux (comme plus tard Clermont, clair mont). Plus simples Noyon, Nyons, Nimègue sous la forme germanique signifiaient « la ville nouvelle » et étaient l'équivalent, en celtique, des nombreuses Villeneuve fondées et baptisées au Moyen âge.

Les arbres ont donné leur nom à une quantité innombrables de petits villages, souvent des hameaux. Si les Fresnay, Chesnay et bien d'autres sont transparents, si les Méridionaux reconnaissent facilement dans Fayet, Fau, Laffaux, ou dans Lagarrigue, Jarrige le fau (hêtre) et le garric (chêne nain des Cévennes), en revanche il a fallu de patientes recherches pour retrouver dans le dernier élément de Montier-en-Der le nom gaulois du chêne, dervos, ou le sureau dans Sucy, Suzy.

Voici maintenant des désignations plus spéciales, et qui évoquent les industries, les religions, le parti que l'humain a tiré du sol. Ferrère, en Gascogne Herrère se rapportent à des mines de fer, comme Argentière, Largentière à des mines d'argent; Aix, qui représente l'ablatif latin' aquis, évoque les eaux minérales tout comme le dérivé Evian; Bains, Boën étaient des bains, et Bagneux, Banyuls, Bagnolet de petits bains. A Fabrègue (Provence), Faverges (Savoie), Farges, Forges, étaient des forges (latin fabrica); à Félines, Flines, Flins, des poteries (latin figulina). A Armentières, on élevait des troupeaux de gros bétail (latin armenta); à Asnières, Montaignier, des
ânes. Morsent, Mulcent étaient des localités ceintes de murs (muris cinctum).

Les sanctuaires gallo-romains se sont perpétués dans divers noms de lieux. De même que beaucoup de localités, au Moyen âge, ont pris le nom du saint auquel était consacrée leur église ou basilique, de même Beaune représente le dieu gaulois Belenos, et de plus nombreuses localités des dieux romains; Losne est Latone, Ménerbe Minerve, Mercoeur' Mercure, Port-Vendres le port de Vénus (portus Veneris), Fanjeaux, dans l'Aude, le temple de Jupiter (fanum Jovis), Famars, dans le Nord, le temple de Mars (fanum Martis), tout comme Talmas (templum Martis).

Moins fréquent est le cas d'un personnage qui a laissé son nom à une ville. On retrouve cependant César, par son prénom Julius, dans Fréjus (Forum Julii) et Lillebonne (Juliobona), et Auguste dans l'Aoste piémontaise, I'Augst suisse, la Saragosse espagnole (Zaragoza = Caesar Augusta) les Aouste, Oust du Midi de la France, comme dans Autun (Augustodunum). Constance Chlore a donné son nom à Constancebâloise et à Coutances normande. Constantin a débaptisé l'ancienne Illiberis du Roussillon actuel pour lui donner le nom de sa mère Helena (auj. Elne), et bien sûr, il a donné aussi son nom à Constantinople (la ville de Constantin), Istanbul. Plus obscur est le parrain involontaire de Fontainebleau qui n'est pas, comme on l'a cru longtemps, «-fontaine belle eau », mais « fontaine de Bleaut ».

Une des formations les plus fréquentes et les plus intéressantes au point de vue historique et social est celle qui a dominé à l'époque gallo-romaine. A ce moment commença le défrichement des forêts gauloises; chaque nouveau village se forma autour du domaine d'un gros propriétaire foncier, dont la localité prit le nom, en l'additionnant d'un suffixe -acos, suffixe gaulois, latinisé en -acus, ou -anus, suffixe latin, ce dernier localisé dans le Midi de la France, l'Espagne et l'Italie, - pour ne parler que des plus fréquents. Les noms de ce genre, dont la terminaison a varié suivant la phonétique régionale, sont excessivement nombreux; Albiacus, par exemple, domaine de la famille Albius, a donné, selon les contrées, Albiac, Aubiac, Aubial, Auby, Albieux, Augy, Aujac; avec le suffixe latin, on a formé Aubian. 

A l'époque mérovingienne le défrichement a continué, et les noms des nouveaux villages se sont formés de façon analogue, mais cette fois par composition, le nom du propriétaire étant suivi de villa (à l'ouest) ou curtis (à l'est) par lesquels on désignait un domaine rural ainsi s'expliquent les nombreuses localités terminées en ville, spécialement en Beauce, et en court, surtout en Lorraine.

De la formation des noms de villages gallo-romains, d'Arbois de Jubainville avait déduit une intéressante théorie, confirmée un peu plus tard par les recherches de Longnon :

« Aux temps de l'indépendance gauloise, la propriété rurale était encore indivise dans chaque cité, et ce fut le développement de la culture des céréales, après la conquête romaine, qui amena le partage de cette propriété collective, c'est-à-dire la constitution de la propriété individuelle [en France] ».
Le remplacement d'anciens noms de villes par des noms de peuples, qui s'est produit vers le IIIe ou IVe siècle de notre ère n'est pas moins suggestif. Ce n'est pas un hasard si, à cette époque, le nom de presque toutes les populations gauloises a passé à la ville qui était leur chef-lieu : Lutetia a perdu son nom pour prendre celui des Parisii, qui habitaient son territoire (Paris); de même Reims représente les Remi, Soissons les Suessiones, Bourges les Bituriges, Tours les Turones, Angers les Andecavi, etc. Il y a là autre chose qu'une confusion, il y a l'indice de toute une révolution sociale. Jusque-là, dans l'Antiquité, la cité était un peuple, une nation indépendante de son territoire, et qui gardait son nom en changeant de contrée, fait assez fréquent en Gaule comme en Grèce, à une époque fertile en migrations. Désormais, les individus s'attachent de plus en plus au sol, évolution dont le point d'aboutissement extrême sera le servage féodal; les populations disparaissent, c'est la province qui devient la nouvelle personnalité; la territorialité des coutumes remplacera bientôt la personnalité des lois; la terre prend le pas sur l'humain. Toute une révolution corollaire d'un changement de mots.

Dans la formation primitive des noms de lieux actuels, quelle est la part des différentes langues qui se sont succédé en France? Les noms de rivières, les plus vénérables, sont en majorité antérieurs aux Gaulois. Il n'en est pas de même pour les lieux habités, pour l'excellente raison que la plupart d'entre eux sont de création bien postérieure.

Un seul nom en France paraît punique; c'est celui de Roussillon - ville avant d'être province (auj. Castel-Roussillon), - dans lequel on pourrait reconnaître le radical rus, qui se retrouve dans des noms africains d'origine punique tels que Rusadir, Rusgunia, Rusuccurum, et qui a son équivalent dans l'araberas, qui signifie cap. Mais Roussillon pourrait aussi être de formation analogue à Barcelone, l'antique Barchino, la ville fondée par les Barca. 

Qeulement quatre localités de France, sur la côte méditerranéenne, ont gardé leurs noms grecs : Nice (Nicaea, c'est-à-dire la Victorieuse), Antibes (Antipolis, la ville d'en face), Monaco (consacrée à Héraclès Monoikos) et Agde (Agathê tuchê, la bonne fortune) qui n'a conservé que le premier élément de son ancien nom. 

Pour les noms d'origine ibérique, on est le plus souvent réduit aux conjectures.
Au contraire, on arrive à des résultats plus précis quant aux origines ligures. C'est bien à cette source que doit être attribué le suffixe -ascus, -oscus, -uscus, qui termine de nombreux noms, surtout dans le sud-est, comme Manosque, Vénasque, etc. L'extension de cette terminaison, qu'on trouve plus ou moins déformée au nord jusqu'aux confins de la Haute-Marne, à l'ouest jusque dans le Rouergue et le Languedoc, confirme, au moins en partie, les hypothèses sur l'extension ancienne des Ligures qui, avant les Celtes, avaient habité une grande partie sinon la totalité de la Gaule.

Avec le gaulois, nous entrons dans un domaine bien mieux  balisé. Cette langue a laissé, parmi les noms des villes et villages, beaucoup de mots composés, dont on a vu des exemples chemin faisant, et plus encore des suffixes, dont le plus fréquent, après -acos, est -oialos, représenté dans Argenteuil, Verneuil, etc. dans le Nord, Marvejols, Verneugeol, etc. dans le Midi.

L'aire de ces diverses créations est intéressante à relever. Les formations avec le suffixe -acos se rencontrent dans toute l'ancienne Gaule, sauf dans l'extrême sud-est, mais sont rares dans le Languedoc méridional et en Gascogne; les mots composés avec le gaulois -duros (forteresse) n'existent pas dans le bassin de la Garonne, le Languedoc méridional, entre le Rhône et les Alpes, ni à l'est du Rhin; enfin, le suffixe -oialos, encore plus restreint, manque en outre en Franche-Comté, Bourgogne et Lorraine. Ces indices, très précieux et corroborant les hypothèses des historiens, nous montrent que la colonisation celtique affecta surtout le nord, le centre et l'ouest de la Gaule; le sud-ouest et surtout le sud-est furent peu ou pas touchés.

La majorité des noms de lieux en France, malgré l'abondance de l'élément celtique, est d'origne latine ou romane. D'ailleurs, la linguistique établit que le gaulois était proche parent du latin, et que la pénétration réciproque des deux éléments fut intime dans la nomenclature des localités. Le suffixe gaulois s'ajoute fréquemment au nom d'un propriétaire latin. Des composés comme Augustodunum (Autun) formé avec le nom d'Auguste et le mot gaulois désignant l'oppidum, symbolisent cette fusion qui s'affirme ici chez les Eduens, les premiers et les plus fidèles alliés de Rome au pays des Gaules.

Au cours de leur histoire, les noms de lieux ont éprouvé souvent des altérations profondes, d'abord du fait des lois phonétiques - évolution normale de la prononciation - qui leur ont fait éprouver, surtout au Nord, des contractions et des transformations considérables. L'étymologie populaire, par cette propension obscure qui cherche à expliquer les mots isolés et à les rattacher à des racines connues, les a dénaturés plus d'une fois d'une manière amusante.

L'Homme ou l'Homme-Mort était à l'origine un orme, et le Fou un fau (hêtre). La Délivrande fut jadis une simple ivrande, mot celtique désignant le confin entre deux cités; la dévotion à la Vierge, « qui délivre », a provoqué la métamorphose. Longjumeau n'a rien à voir avec les jumeaux : c'était un « petit Nogent », Nogemellum au XIIIe siècle, qui cessa bientôt d'être compris. Parfois, le mot a été défiguré par des soudures malencontreuses, comme Nansouty, à l'origine Nant (ravin)-sous-Thil, ou Vauvenargues, Vallis Veranica (vallée de Veros). L'orthographe est souvent complice : qui reconnaîtrait Pomponius dans Pontpoint, qu'il serait plus logique d'écrire Pompoin?

L'un des cas les plus curieux fut signalé jadis par Quicherat : Le Mans s'appelait autrefois Celmans, régulièrement issu de Cenomannis (ablatif), nom de la population habitant la cité. La première syllabe de Celmans fut prise pour l'adjectif démonstratif : comme il n'y avait pas de raison de dire « ce Mans », on lui substitua « le Mans ».

Les noms de lieux au Moyen âge.
Les formations de l'époque franque. 
Les envahisseurs germaniques, qui n'ont pas réussi à imposer leur langue à la Gaule, en dehors des Flandres, de la Rhénanie et de l'Helvétie orientale, ont néanmoins apporté un contingent appréciable à la toponymie, comme au vocabulaire des Gallo-romains. Nombre de localités datent de cette époque : c'étaient pour la plupart, à l'origine, des domaines qui avaient pris le nom de leurs nouveaux maîtres ou qui s'étaient constitués par le démembrement des domaines anciens. Beaucoup de villae, embryon de villages futurs, se sont formées alors, surtout dans la Gaule septentrionale.

On note l'apport saxon sur les côtes de la Manche, qui révèle notamment l'existence d'une importante colonisation saxonne dans le Boulonnais. L'apport franc est mieux connu. Celui des Burgondes (en Bourgogne, Savoie, Suisse) est plus discuté, et a donné lieu à de vives controverses que n'ont pas inspirées toujours des considérations d'ordre purement scientifique. En tout cas, l'îlot burgonde retrouvé par Longnon dans la Bresse semble hors de conteste.

Vite assimilés au point de vue linguistique, les Francs ne tardèrent pas à parler roman, et à désigner leurs domaines suivant un type nouveau de composition, dans lequel l'ordre des mots et généralement le nom du propriétaire étaient germaniques, tandis que le nom commun, court (même mot que cour) ou ville et ses dérivés, gallo-romain : Germonville est la « villa » de Germond, comme Hattoncourt la « cour »  de Hatton. Ce type de formation est très répandu dans toute la moitié septentrionale de la France.
Les Vikings, qui colonisèrent surtout le pays de Caux, le nord de l'Eure et du Calvados, utilisèrent aussi ce procédé; mais antérieurement ils s'étaient servis de désignations purement noroises, dont le second élément est -bec (ruisseau), -beuf (altération de budh, chaumière), -dalle, -dal (vallée), -tot (toft, masure), etc. Le premier terme est un nom géographique ou un nom de personne : Bouquetot est la « masure du hêtre », Criquebeuf, la « chaumière de l'église », Robertot, la « masure de Robert ».

L'Armorique, qui renferme très peu de noms gaulois (pas une seule survivance de nom de localité dans le Finistère), fut colonisée par les Celtes de Grande-Bretagne vers le VIe siècle. Presque toute la toponymie est brittonique. Parmi les nombreux noms composés, dont le second élément est presque toujours un nom de personne (souvent de saint), ceux qui désignent la circonscription sont les plus caractéristiques : il est remarquable que les vocables dénommant les paroisses, Plou, Pleu, Plé et leurs subdivisions, Tref, Tré, représentent d'anciens mots latins, plebs et tribus, importés en Grande-Bretagne au cours de l'occupation romaine.

Les Basques, venus d'Espagne, colonisèrent vers la même époque la région située entre le gave de Pau et les Pyrénées, et où la plupart des noms de lieux s'expliquent par la langue euskarienne.

Les noms d'origine ecclésiastique.
Les noms d'origine ecclésiastique sont très nombreux. On ne s'en étonnera pas si l'on songe à la place qu'occupait la religion dans la vie du Moyen âge, à l'importance que prit le culte des saints, et au rôle considérable joué par les couvents dans le défrichement et la mise en valeur des terres.

Nombre de localités doivent leur origine à un établissement religieux. Si les Paroisse ou les Eglisolles sont transparents, il n'en est pas de même des Basoches (basilica), des Celles (cella, ermitage), des Authieux (autels) du Nord, des Ozoir, Ouzouer de l'Orléanais et de la Brie, qui représentent « oratoire » de même que les Oradour, Loradoux du Midi. Quant au latin monasterium, quelle variété de descendants a-t-il laissée avec les Monastier, Monestier, Moutier, Mortier, et les dérivés, Monistrol, Montreuil, Montereau, et tant d'autres? Les Commanderie et les Villedieu se rapportent à des fondations de l'ordre des Templiers ou des Hospitaliers, comme respectivement les Temple, Templerie et les Hôpital, Hôpitaux.

Le culte des saints a été un facteur important de transformation dès la fin de l'époque carolingienne. Beaucoup de localités ont pris le nom de leur saint patron, précédé d'abord de l'épithète dom- (dominus : Dompierre, Dammartin), au féminin dame (Dammarie, variantes : Dannemarie, Donnemarie); Saint- n'apparaît guère qu'au XIe siècle, surtout au XIIe. La disparition du culte de certains saints locaux a provoqué diverses altérations, souvent curieuses : Saint-Chamond représente ainsi Sanctus Annemundus; Xaintrailles est la contraction de Sainte Araille, c'est-à-dire Eulalie, accentuée sur l'a, et Dandesigny (Vienne) renferme - c'est presque une gageure - les noms des deux saints jumelés Abdon et Sennen.

Méfions-nous, par contre, des saints imaginaires, créés par une mauvaise coupe orthographique. On chercherait en vain dans les martyrologes le patron de Saint-Cy (Nièvre) ou de Saint-Eny (Manche), découpages fallacieux de formes plus anciennes Saincy et Centeny, noms de domaines gallo-romains.

L'héritage féodal.
Voici, en regard, les noms de lieux qui évoquent les divers aspects de la vie féodale. En premier, le château, symbole de l'époque. La forteresse figure à l'origine sous la forme latine castrum (Castres, La Châtre). Mais le dérivé castellum l'emporte : et voici l'innombrable série des Castets, Castel méridionaux, Châtel, Château du nord, avec leurs épithètes caractéristiques (Châfeauneuf, Châteaufort, Châteauvieux); le nom du possesseur (Châtelguyon, Châteauroux, déformation de Château-Raoul, Châtellerault de Châtel-Airault, etc,), ses dérivés : Châtelard et Caylar, Châtelet, Castillon et Châtillon, Chastellux et Caylus, ses synonymes ou succédanés : Roque et Roche, Ferté (firmitatem), Donjon Motte, Tour et Tourrette, Force, Garde, sans parler des tours de guet : Guette, Mirail et Montmirail, avec quelques formes isolées comme Montépilloy (Oise) qui représente montem speculatorium.

Les différents modes de fortification et de clôture, le régime des biens fonciers, les biens de vassalité, les titres et dignités ont laissé maintes traces. Une catégorie spéciale, celle des villes neuves, créées surtout du XIIe au XIVe siècle dans la période de prospérité et que dans le Midi on appela bastides, a donné lieu aux appellations les plus variées.

Enfin le nom d'une famille féodale a souvent passé à sa terre, généralement par suite d'une érection en duché, marquisat, comté : Arpajon (Essonne), qui s'appelait Châtres, doit ainsi son nom actuel (1720) à une famille originaire d'Arpajon (Cantal), Albert (Somme), à Albert de Luynes (1617); Broglie (Eure), ancien Chambrais, au maréchal de Broglie (1742). La plupart de ces changements datent du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

Toponymies modernes.
Nous arrivons ainsi aux formations modernes. Ce sont, en principe, celles dont le nom est resté plus expressif, dont l'explication est plus facile. Une catégorie intéressante est celle des noms à base verbale (à noter que le verbe est à l'impératif non l'indicatif comme le supposait Longnon). Ce sont des formations pittoresques plus ou moins ironiques, du type Chantemerle, Chanteloup, Chantegril (grillon), Chanteraine (grenouille), Bramevaque (beugle! vache), Pisseloup, Fleurtebise, Prends-Garde, Coupe-Gorge. Il en est de sarcastiques,comme Quiquengrogne, et de charmantes tels certains noms de moulins : Ecoute-s'il-pleut, Moquesouris, Tournesac.

On continue aussi, à l'époque moderne, à donner des noms sur les mêmes bases qu'aux époques antérieures. Ainsi, les appellations relatives aux industries, qui s'échelonnent depuis l'époque romaine, avec ses Forges et Faverges (forges), Félines, Flines (figulina, fabrique de poterie), en passant par les Chauffour (four à chaux), les Ollières, Oullières (fabriques d'oules, marmites, pots), Tuilières, Teulières du Moyen âge,  tant d'autres, jusqu'aux désignations modernes comme Cabaret ou [Quelque-chose]-les Mines.

Tous les noms ayant désigné des habitations rurales ont laissé des traces sur la carte de France : mansus et ses dérivés (Mas et més, Mesnil, Mazeaux), casa (Caze, Cazères, Chase, Chauise), cabane (et sa variante Chabanne), manoir, grange, fenil, borde (métairie), hutte, bur et biron (porcherie, chalet de montagne), clos et le délicieux closerie, borie (petite exploitation rurale), ferme, métairie, gagnage.

Enfin de très nombreuses localités ou lieux-dits doivent leur nom à des particularités topographiques, mot, val, forêt, rivière. Que de mots savoureux, disparus de la langue et qui se sont cristallisés ici : serre, montagne à longue crête dentelée (cf sierra en espagnol, scie); touron, petite cime; puy, puig, colline; chau et ses variantes, chaume (Midi calm, cam), haut plateau dénudé (d'un type gaulois calmis et non calma); adret, versant de montagne esposé au Sud (Dauphiné : à droit); combe, dépression, cuvette, autre mot gaulois; ouche, jardin; cheire, coulée de lave (Auvergne); artigue, terrain défriché par écobuage (Sud-Ouest; mot peut-être ibère); sagne, prairie marécageuse; nat, vallée puis torrent (Jura, Savoie : mot gaulois); grau, canal de débouché d'un étang (Languedoc; latin, gradus); voivre (vaivre, Woëvre), terrain inculte, primitivement marécageux (mot gaulois). (A. Dauzat).

Origines de quelques termes et noms géographiques

A

Aber. - Ce mot, dans l'ancien breton, signifie chute d'un ruisseau dans une rivière : telle est l'origine des noms de plusieurs confluents de cette nature et de plusieurs villes qui ont été bâties en Grande-Bretagne, comme Aberdeen, ville à l'embouchure de la rivière de Den ou Dée; Abernety, ville à l'embouchure de l'Ers; Aberyswilh , à l'embouchure de l'Yswith.

Acra. - Ce mot, en grec, signifie élevé, haut, orgueilleux, ainsi toutes les villes de ce nom, qui sont au nombre de treize, sont situées sur des hauteurs (Acropole, Acrocorinthe).

Ad. - Lorsque l'on trouve la préposition latine ad jointe à un accusatif, dans la composition d'un nom géographique, il y a toujours mouvement d'un lieu à un autre. Les Romains, dans les marches de leurs armées, compassaient leurs routes de distance en distance; comme il n'y avait pas toujours une ville, une bourgade dans le lieu où ils devaient se reposer, ils donnaient à ce lieu un nom tiré de ce qu'il y avait de plus remarquable. comme un gros arbre, une statue, un pont, etc.; et dans la suite il s'y est formé insensiblement une ville ou une bourgade, qui ont conservé l'ancien nom.

Al. - La syllabe al correspond à l'article défini; de sorte qu'elle peut être mise dans presque tous les noms géographiques d'origine arabe sans altérer leur signification.

Alcazar, en langue arabe, signifie château ou palais, il est commun à plusieurs villes d'Espagne et d'Afrique du Nord; mais on ajoute à ce mot quelque surnom pour les distinguer.

Aldea, en langue espagnole, signifie un bourg en général; il est aussi particulier à quelques lieux; mais on y joint un surnom.

Algarve, signifie, en langue maure, une campagne fertile : de là vient que ce nom a été donné à la partie méridionale du Portugal.

Algezir, signifie en langue arabe une île et même quelquefois une presqu'île : de là vient qu'ils ont donné ce nom à plusieurs lieux isolés.

Alp ou Alb, en langue celtique, signifie haute montagne : de là vient que le nom d'Albe a été donné à plusieurs villes de l'Europe, toutes situées sur des montagnes.

Altdore, en langue teutone, signifie vieux village de là vient qu'il y a beaucoup de lieux en Allemagne et en Suisse qui s'appellent ainsi : ce mot répond au mot français la Vieuville.

Am, est une particule abrégée de Am-Den, c'est-àdire, sur ou près de, dont se servent les Allemands dans leur géographie, comme Frankfurt-am-Main.

Ambacht, en flamand, signifie une certaine étendue de juridiction, ou un territoire dont le possesseur a haute et basse justice : c'est à peu près la même chose que châtellenie.

Angra, est un mot portugais qui signifie un petit golfe dont l'entrée est plus étroite que le fond. Ce nom a été donné à quantité de lieux situés sur les côtes méridionales et occidentales de l'Afrique; mais on leur donne un surnom pour les distinguer. Ce nom, qui signifie la même chose qu'une baie, a été donné à quelques villes, tant à cause de leur situation que de leur figure.

Arden, en langue celtique, signifie une forêt : de là vient que tous les lieux de ce nom situés dans les Gaules et dans la Grande-Bretagne sont ou ont été des forêts

Ava. Tous les noms géographiques terminés par le mot Ava des Grecs et des Latins, par le mot Aw des Germains et des Scythes, par le mot Of ou Ow des Anglais, marquent que les lieux ont été bâtis dans les prés ou des pâturages.

Audience, était un nom donné par les Espagnols aux tribunaux de justice qu'ils avaient érigés dans l'Amérique. Ces tribunaux jugeaient sans appel : de là vient que les colonies espagnoles d'Amérique divisaient  se divisaient en Audiences.

B

Bab, signifie porte en arabe et dans d'autres langues sémitiques; ainsi lorsqu'on voit ce mot joint à un nom de lieu, il signifie que ce lieu est situé sur les frontières d'une province; comme Bab-el-Mandeb, l'entrée de la mer Rouge.

Bach ou Pach, entre souvent dans la composition des noms géographiques de l'Allemagne. Ce mot signifie que le lieu est situé sur un ruisseau ou auprès. 

Bach, en allemand, veut dire ruisseau; et le changement du b en p est courant.

Bagni, est un mot italien qui signifie un bain ou un lieu où il y a des eaux minérales et des bains salutaires. Plusieurs lieux d'Italie portent ce nom; mais ils ont un surnom qui les distingue.

Bec, en normand et en anglo-saxon, signifie un ruisseau, et fait connaître que les lieux auxquels ils sont joints sont situés sur un ruisseau, comme Caudebec; il signifie encore une embouchure, comme Bec-Dambez, Bec-d'Allier, Bec-du-Cher.

Bi, Boeuf ou Beuf, Bu, sont des mots qui entrent dans la composition de plusieurs noms géographiques; ils signifient un village, comme Marboeuf, Quilleboeuf, Triqueboeuf, Kerkebu.

Boli, Boul, Bul, sont des mots qui entrent dans la composition de plusieurs noms géographiques, en  Turquie, et sont des corruptions du mot grec Polis, qui signifie Ville.

Bona, est un mot qui entre dans la composition de beaucoup de noms de la géographie ancienne. Les lieux terminés en latin en bona étaient situés sur des collines ou dunes, comme Juliobona, Lillebonne.

Bouche, est un mot qui signifie embouchure, comme Bouche-d'Egre, Bouche-Mayenne.

Bourb, est un mot gaulois qui signifie la même chose que les mots aquae, thermae des Latins; ce qui se prouve par les noms de Bourbon-Lancy, de Bourbonne-les-Bains.

Bouroug, Borough, est un mot qui termine beaucoup de noms de lieux en Angleterre, et qui signifie un bourg : cette terminaison anglaise équivaut à celle de bourg en allemand.

Brica, Briga, Briva, sont des mots en langue celtique , qui signifient un pont, comme Briva Isarae, Pontoise, Sammaro Briva, Amiens.

Bridge, en anglais, Bruck en allemand, signifient également un pont. Ainsi lorsqu'on voit ces mots à la fin ou au commencement de quelques noms de lieux d'Allemagne ou d'Angleterre, on peut dire qu'ils sont situés au passage de quelque rivière.

C

Caer ou Car, mot qui veut dire en celtique lieu fortifié, entre dans un grand nombre de noms géographiques en Bretagne et dans les îles Britanniques.

Calata-, Calat-. - Beaucoup de noms de lieux en Sicile ou en Espagnecommencent par ce mot, qui vient du grec calé acté, belle rive, ou de l'arabe qalat, château (Calatayud, le château d'Ayoub).

Cande, Coblents, Condé, Confluent, sont des mots qui signifient embouchure de rivière; comme Cande à l'embouchure de la Vienne; Coblents à l'embouchure de la Moselle; Condé, à l'embouchure de l'Aisne et de l'Escaut; Conflans, à l'embouchure de la Marne et de la Seine.

Cariath ou Kiryat. - Ce mot qui précède un grand nombre de noms de villes de la Palestine, veut dire ville.

Capi, kapi, signifie chez en turc une porte ou un détroit : de là vient qu'ils l'ajoutent à quelques noms géographiques, soit au commencement, soit à la fin, lorsque ces lieux se trouvent sur les frontières ou dans un défilé.

Castel, de Castellum = château : nom d'un grand  nombre de lieux remarquables par des châteaux.

Cognac, Cône, signifient la même chose; comme Cognac à la jonction de plusieurs ruisseaux dans la Charente; Cône, à l'embouchure du Noaïn et de l'Oeil.

Cot, kot, en Inde signifie forteresse, et marque que tous les lieux de ce nom sont fortifiés.

Contra est un mot employé dans l'itinéraire d'Antonin avec le nom d'une ville, pour marquer les distances, lorsque la route qu'il trace ne passe pas directement par ce lieu, mais tout auprès et vis-à-vis.

Crenae est un mot grec qui signifie une fontaine; ainsi tous les lieux qui portent ce nom ont quelques sources un fontaines.

D

Dam, en français, signifie la même chose que domnus ou dominus; il entre dans la composition de plusieurs noms géographiques et se joint d'ordinaire à un nom de Saint, comme Dam-Martin (Dammartin), Dam-Pierre, Dam-Rémi. On disait autrefois M. Martin, M. saint Pierre, M. saint Remi.

Dam, en langue néerlandaise, signifie une levée de terre, une digue pour retenir les eaux de la mer, d'une rivière, d'un canal : il désigne toujours que les lieux de ce nous sont situés sur une digue; mais on y joint pour l'ordinaire le nom de la rivière qui y passe, ou le nom de celui qui l'a faite, comme Rotterdam, Amsterdam, Monikendam.

Demir-Capi, est un mot qui signifie en langue turque, porte de fer, comme celui qui dirait en français défilé. Il indique que tous les lieux de ce nom sont des passages très difficiles.

Diospolis, sont deux mots grecs qui signifient une ville consacrée à Jupiter : il y en avait beaucoup de ce nom.

Dunum en latin, Dun, Down en anglais, Duynen en flamand, Dunen ou Dinen, en saxon, signifient que les lieux sont situés sur une hauteur; comme Laodunum, Laon; Dunkel en Écosse, Down-les-Dunes auprès de Douvres, Duyrikerke (Dunquerque), Dunland, pays montueux. Du mot dunum, élévation, vient donjon, dunette, lieu le plus élevé de la poupe d'un vaisseau.

Dunum, est un mot joint à quantité de noms géographiques. Il peut venir du mot allemand Thurn, qui signifie une tour; ou du mot breton donc, qui signifie de l'eau. De là vient que les deux syllabes entrent dans la composition des noms de lieux situés au bord de l'eau. Il y en a qui croient que ce nom vient du mot breton dor, qui signifie une porte, une entrée, un passage ; et en ce sens, il est employé souvent dans la composition de quelques noms de lieux, comme Bragodunum, Biberac; Serviodunum Straubing.

Durum, signifie en gaulois une rivière, et indique la situation du lieu.

E

Emporium, est un mot latin qui signifie toujours un lieu où se tenait le marché. On donna dans la suite ce nom à tous les lieux d'étape et de commerce.

F

Feld, en allemand, signifie une plaine, une campagne. Il entre dans la composition de plusieurs noms de lieux en Allemagne, comme Bilefeld, Birchenfeld, Eichsfeld, Feldkirch.

Fels, en allemand, signifie roche. Il entre aussi dans la composition de plusieurs noms géographiques, comme Veisbenfels, Roche-Blanche; Hartenfels, etc.

Ferté, répond au mot latin, firmitas. Il signifie que les lieux de ce nom sont situés sur quelques rochers. Il répond encore au mot feritas, pour marquer que les garnisons de ces lieux s'étaient rendues redoutable à  leurs voisins. Il y a beaucoup de lieux de ce nom.

Fium, est un mot italien qui signifie rivière. Il entre dans la composition. de plusieurs noms géographiques, mais il se joint à quelques dénominations particulières qui déterminent la rivière tout il est question.

Fines, est le nom de plusieurs villes des Gaules, d'Italie, de Macédoine et d'Illyrie; elles sont nommées fines, fins, à cause de leur situation sur les confins (in finibus) des territoires des peuples, qui étaient fixés par des pierres ou des colonnes. Les lieux de France qui ont encore ce nom, sont sur les confina des diocèses, et paraissent prouver que le gouvernement ecclésiastique des Gaules fut, à l'établissement du christianisme, réglé pour l'étendue sur le gouvernement civil.

Fleat, en anglais, Fleet en allemand et en flamand, Fleur en français, sont des mots qui viennent du latin fluctus, flot, et signifient que les noms terminés ainsi sont tous situés près de la mer et battus par ses flots; comme Harfleur, Wainfleat en Angleterre, Bierwliet aux Pays-Bas.

Fleck, en allemand, signifie un bourg, et entre dans la composition de beaucoup de noms géographiques.

G

Gau ou Gou, est un mot qui, en langue allemande, répond au mot français canton et au mot latin pagus; ce nom était ainsi en usage en Germanie pour désigner une circonscription territoriale. Les gaus étaient administrés par un comte dit gaugraf. Ainsi Thurgau, d'où on a a fait Thurgovie, signifie canton de la Thur. Les anciens Allemands désignaient communément par ces mots gau ou gou les cantons situés dans les vallons, arrosés par quelque rivière ou ruisseau, comme le Brisgau, l'Agow, l'Ortenaw, le Nordgau,  le Sundgau, etc..

H

Heim, mot commun en Rhénanie, qui signifie Mansio, suivant Tacite : comme Mannheim, Mansio hominis; Oppenheim, Mansio aperta; Drusenheim, Mansio Drusi; Bohème, Mansio Boïorum.

How ou Hough, désigne en ancien saxon un lieu bas et creux.

K

Kand, Cand ou Kond, en persan, signifie forteresse; et ce mot est ajouté au nom de plusieurs villes d'Inde et d'Asie centrale, comme Samarkand (Samarcande), Yanikand, Kandahar.

L

Lanum, mot qui termine nombre de mots géographiques; il signifie que le lieu est dans une plaine.

Loue ou Loe, en ancien saxon, signifie un tertre, une colline; ainsi le nom Hondeloë signifie Colline de Chien.

M

Magnus, est un mot qui termine nombre de mots géographiques, et indique que le lieu est dans une vallée.

Mouth, en anglais, signifie aussi embouchure, comme Falmouth, Yarmouth, Plymouth, etc.

Mund et Monde, en allemand et en flamand, signifient embouchure, et sont ordinairement joints au nom de la rivière, comme Danderinonde, Rupelmonde, Ruremonde, aux Pays-Bas; Dunemonde, Angermonde en Allemagne.

N

Neur, en Inde, signifie que les lieux auxquels ce mot est joint sont des villes royales, c'est-à-dire, qu'ils sont ou qu'ils ont été la résidence du souverain.

Nider, signifie bas dans la langue allemande, comme Ober signifie haut : par exemple, Ober-Baden, haut-marquisat de Bade; Nider-Baden, bas-marquisat.

Nijni-, c. à d. inférieur, bas, en russe, mot qui entre dans la composition de plusieurs noms géographiques (exemple : Nijni-Novgorod, Basse (Nijni)-Nouvelle (Nov)-Ville (Gorod)).

O

Old, en anglais et en hollandais, signifie la même chose que alt en allemand, c'est-à-dire, vieux, ancien, comme Alt-Brandebourg.

P

Les Ports des Romains. -  Les Romains nommaient lieus les extrémités de la terre qui touchent à la mer; ripa les extrémités de la terre qui bordent les fleuves; plaga un rivage de basse mer; statio, positio, une rade ou un autre lieu de la mer où l'on peut jeter l'ancre; portus tous les ports faits par la nature; catones ou cotones, les ports faits par la main des humains; refugium, tout port où les vaisseaux sont en sûreté; enfin gradus, tous les havres hauts où il fallait des degrés pour porter les marchandises dans les vaisseaux, ou des vaisseaux à terre.

S

Sand, dans les langues qui dérivent du teutonique, signifie sable, et entre dans la composition de plusieurs noms géographiques.

T

Taberna, mot latin qui signifie auberge, hôtellerie, cabaret, a été employé dans la géographie pour désigner certains lieux où les voyageurs s'arrêtaient; et comme quelquefois il s'est formé des villes dans ces sortes d'endroits, elles en ont pris leurs noms : telles sont : Tabernae ad Rhemum, Rhein-Zabern, Tabernae-Tuboccorum, Elfar-Zabern.

Tot, commun dans la Normandie; il fait la terminaison de plusieurs noms de lieux. Il vient de l'anglo-saxon tost, qui signifie la place d'un bâtiment, ou une masure, et, selon d'autres, un petit bois où l'on trouvait pour l'ordinaire des auberges et des écuries pour les chevaux et voitures publiques, et ces lieux se trouvent sur les grands chemins.

V

Vadi, Wadi, Ouadi, en arabe, signifie un vallon, même une rivière, un lac, un étang; vara, dans la même langue, signifie derrière, au delà. Ces deux mots entrent dans la composition de beaucoup de noms géographiques.

Ver, vez, en celtique, signifie gué, passage. Il entra aussi dans la composition de plusieurs noms géographiques, soit au commencement, soit à la fin.

W

Weiller ou Weil, signifie un hameau, un petit village, il répond au mot français villiers. Il entre dans la composition de beaucoup de noms de lieux d'Allemagne.

Wic ou Wich, dans l'ancien saxon, signifie un village, ou une rivière courbe, ou un château, suivant la nature et la situation du lieu.

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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