| Montpellier est une ville de France, chef-lieu du département de l'Hérault, à 750 kilomètres au Sud-Sud-Est de Paris, sur une colline dominant les vallées du Lez avec son affluent le Merdanson, petit torrent intermittent. Population : 244 000 habitants. On a proposé de nombreuses et fantaisistes étymologies au nom de Montpellier; tantôt mons puellarum, tantôt mons pessiculanus (fermé au verrou), mons postallarius, Mons in pede Ledi (au pied du Lez; cette image téméraire est de Rulman); on a supposé une retraite vers la montagne (44 m!) des habitants d'une prétendue ville Agathopolis, - d'où : versus montem pulsi. Enfin on a proposé mons pisciculanus (montagne poissonneuse). La seule vraisemblable de toutes ces étymologies est mons petrosus, Mons peirié (V. par analogie Montpeyroux, Le Peyrou), montagne de pierres : le nom populaire de Montpellier (Lou Clapas) provient d'une observation analogue. Histoire. A la fin de l'époque romaine, entre les villes de Substantion, située à un point stratégique de la vallée du Lez, Lattes, port maritime, et Maguelone isolée dans sa lagune, Montpellier n'est encore qu'un obscur hameau. Il faut rejeter les légendes sans consistance qui attribuent sa fondation aux soeurs de Saint-Fulcran; ces saintes personnes auraient donné Montpellier et Montpelliéret à l'évêque de Maguelone, Ricuin, lequel aurait donné Montpellier en fief à un certain Guillaume, tige des seigneurs de cette ville. Il n'y a d'historique ici que l'inféodation à l'extrême fin du Xe siècle (vers 990) de Montpellier par Ricuin à Guillaume, et la réserve pour l'église de Maguelone de la possession immédiate de Montpelliéret; à ce moment, les deux centres voisins étaient déjà réunis sous le nom de Montpellier; la ruine de Maguelone, démantelée et détruite par Charles-Martel pour ôter ce refuge aux Sarrasins, l'abandon de Substantion par l'évêque de Maguelone, trois siècles plus tard, accrurent l'importance de Montpellier. La famille de Guillaume ou des Guillems se constitua vassale des évêques de Maguelone à la fin du XIe siècle. Montpellier n'eut point d'importance politique propre sous la domination des Guillems : il faut noter la révolte de Montpellier contre Guillem VI, qui la fit excommunier par Innocent Il et y rentra après un long siège et avec le secours du comte de Barcelone. C'est dans cette période que furent fondées les premières écoles de médecine et de droit (illustrée au début par Placentin et Azo). - La faculté de médecine de Montpellier La faculté de médecine vaut depuis longtemps à Montpellier la meilleure part de son renom de ville universitaire (Histoire de la médecine du XIIIe siècle à la Renaissance) . L'origine de l'enseignement de la médecine à Montpellier est fort ancienne : la popularité des médecins de Montpellier est attestée en 1153 par saint Bernard, par Gilles de Corbeil et Césaire d'Heisterbach. Cet enseignement y avait été apporté par les Arabes et les Juifs; favorisé par les Guillems, réglementé par le cardinal Conrad, légat d'Honorius III (1220), il paraît avoir été réorganisé en 1289 par une bulle de Nicolas IV qui réunit en université les facultés de médecine, de droit et des arts ou lettres. Ces statuts de 1220, le complément qu'y apporta en 1240 Pierre de Conques et la bulle de 1889 donnèrent à l'école de médecine un caractère semi-clérical, en accordant à l'évêque de Maguelone un droit de haute direction sur les études avec le titre de chancelier ou de conservateur des privilèges. L'université de Montpellier devint célèbre par ses professeurs, ses privilèges et ses doctrines. Il faut citer parmi les premiers Gui de Chauliac, Arnaud de Villeneuve, Tournemire, Joubert, Rondelet, - le fameux Rondibilis de Rabelais, Richer de Belleval, Rachin, Magnol, et au XVIIIe siècle Chicoyneau, Lapeyronie, Fizes, Vieussens, Haguenot, Barthez. L'école était alors bien déchue comme corps enseignant; les mémoires du bibliothécaire Amoreux (à la bibliothèque d'Avignon) sont significatifs à cet égard. Au XIXe siècle, la faculté a compté parmi ses membres des savants et des praticiens éminents : Baumas, Dumas, Candolle, Prunelle, plus célèbre comme bibliophile; Bérard, Delpech-Vigarous, Lallemand, Lordat, Dubreuil, Alquié, Cavalier, autre bibliophile qui a légué à la bibliothèque-musée Fabre le Platon possédé par Rabelais; Combal, Grasset, Tedenat. L'histoire de l'ancienne école de médecine a été écrite par V.-G. Prunelle dans ses Fragments pour servir à l'histoire de la médecine (Montpellier, an IX, in-4) et par Astruc dans ses Mémoires pour servir à l'histoire de la faculté de médecine de Montpellier (Paris, 1767, in-4). Quant à la Doctrine médicale de l'Ecole de Montpellier, elle a été exposée bien des fois, surtout par Bérard (sous ce titre, en 1819) et par Alquié. C'est à Montpellier qu'a pris naissance la théorie du vitalisme, que Jules Simon, dans une heure de distraction, a attribué au professeur Vitalis. | En juillet 1204, Montpellier, dot de Marie, fille unique du dernier des Guillems (Guillem VIII), passa sous la domination de Pierre Il d'Aragon, qui, le 15 août 1204, concède à la ville sa grande charte, et est ensuite réuni au royaume de Majorque avec Jacques ler, fils du précédent; en 1282, le roi de Majorque fait hommage au roi de France pour Montpellier; en 1292, l'évêque Bérenger de Fredol cède à Philippe le Bel la possession immédiate de Montpelliéret en échange de diverses terres (Sauve, Durfort, Poussan, etc.), et ses droits de justice sur Montpellier. Cette mainmise de la France sur Montpellier ne tarda pas à se compléter : Jacques III de Majorque vendit la ville et seigneurie de Montpellier et Lattes en avril 1349 à Philippe VI; rétrocédée par Charles V en 1365 à Charles le Mauvais en échange de Mantes et de Meulan, elle fut définitivement rattachée au domaine royal par Charles VI en 1382. Le XIVe siècle marque l'apogée et le XVe le commencement de la décadence de Montpellier : ville de 7000 feux environ en 1349, elle n'en comptait plus que 4000 environ en 1495. Au XVIe siècle, l'histoire de la ville dévie : caractérisée jusque-là par son esprit commerçant et l'attachement à ses libres institutions municipales, elle est rattachée plus étroitement à la couronne par Henri II (création du présidial en 1551), et elle devient un foyer de querelles religieuses : le calvinisme s'y introduit en 1559; la guerre civile y est un mal endémique jusqu'à la prise de la ville par Louis XIII (19 octobre 1622); sous Henri III, elle était devenue presque une république calviniste et oligarchique. - | | La faculté de médecine de Montpellier. - Elle occupe un ancien palais épiscopal qui fut abbaye. | La cathédrale. - Porche du XVIIe siècle; quatre tours, dont trois du XIVe siècle, l'autre du XIXe. | La construction de la citadelle, commencée sous Louis XII, ruina l'esprit d'indépendance à Montpellier, qui se développa paisiblement et médiocrement jusqu'à la Révolution, malgré la grande peste de 1629, celle de 1640, et le grand froid de 1709. Montpellier fut le siège des Etats de Languedoc au XVIIIe siècle, de 1736 à 1789. En 1790, elle fut désignée comme chef-lieu de l'Hérault. Au cours du XIXe siècle, son histoire exclusivement municipale n'offre aucun détail important; elle a suivi avec docilité les opinions politiques dominantes, et les discussions et compétitions politiques n'y sont depuis longtemps que des questions de personnes. Institutions du Moyen âge et de l'Ancien régime. Les plus anciennes institutions qui paraissent dans l'histoire de Montpellier sont les justices du seigneur et de l'évêque, celle-ci dans Montpelliéret, la Rectorie (qui sous la domination royale survécut sonsle nom de part antique), l'autre dans Montpellier, la cour du bayle ou bailli. Ces justices durèrent jusqu'à l'institution des présidiaux par Henri Il (janvier 1551). Ce n'est qu'au début du XIIIe siècle (1204) qu'apparaissent les consuls de ville qui furent douze, puis quatre, puis six; le 15 août 1204 fut rédigée la grande charte de Montpellier, qui approuva et codifia les statuts et coutumes, les privilèges et libertés établis sous les Guillems; ils furent confirmés en 1438 par le concile général de Bâle. En 1342, Philippe VI avait accordé aux habitants de Montpellier la jouissance des privilèges de la noblesse languedocienne; en 1464, Louis XI exempte la cité du droit de fief et d'amortissement. Les coutumes de Montpellier composent le Petit Thalamus, qui est resté le palladium de la vie municipale : le seigneur, « que enaissi ab volontat de Dieu governa son pobol e sa honor », doit jurer de respecter ces libertés, franchises et coutumes et ne gouverne qu'avec les consuls, qui sont les vrais législateurs et administrateurs de la cité, interviennent dans la nomination du bayle, fixent les dépenses, interprètent les coutumes, etc. Ils sont élus par les habitants, dans les diverses classes de citoyens. Des consuls de mer veillent aux intérêts de la, navigation et du commerce maritime: ils ne furent supprimés qu'en 1691, époque où les remplaça la Bourse consulaire, juridiction ayant pouvoir décider sur le fait du commerce. Montpellier fut le siège de l'intendance de Languedoc, qui fut gérée au XVIIe et au XVIIIe siècle par de Tubeuf et Bezons (1665); d'Aguesseau (1674); Basville (1687); Bornage le père (1719); Bornage fils (1724); Le Nain (1743); Cuignard de Saint-Priest (1751); Saint-Priest fils (1764), et enfin Ballainvilliers (1786). La cour des aides, créée par Charles VIl en 1437, fut fixée à Montpellier par Louis XI (22 septembre 1467). François Ier y institua en 1523 une chambre des comptes que l'édit de Nîmes de juillet 1629 réunit à la cour des aides. La cour des aides se composait, outre les membres nés (gouverneur de la province, lieutenants généraux, gouverneur de Montpellier), d'un premier président et 12 présidents, 65 conseillers, 17 correcteurs, 23 auditeurs, 2 avocats généraux et un procureur général. Les généraux des finances apparaissent à la fin du XIVe siècle (Jean Chauchat, 1387) et sont remplacés en 1554 par les trésoriers de France, dont la juridiction s'étendait sur toute la généralité de Montpellier, soit les douze diocèses du Bas-Languedoc. La justice fut rendue par la rectorie et la cour du bailli (avec appel à la cour du palais au Parlement de Toulouse) jusqu'à la suppression de la rectorie par Henri II en 1547, et l'établissement du présidial en 1552, qui absorba l'ancienne cour du palais. Louis XIII transforma le présidial en sénéchaussée. Montpellier possédait une maîtrise des eaux et forêts, une compagnie de maréchaussée; elle formait une des cinq capitaineries de la province; une milice bourgeoise, composée des hommes du tiers état répartis en sixains, était chargée de la garde de l'hôtel de ville et de la suppléance des troupes régulières. L'administration de la commune appartenait aux nobles prud'hommes ou consuls, dont le nombre fut fixé définitivement à six en 1394; la juridiction de l'hôtel de ville appartenait à un maire ou viguier perpétuel et au corps consulaire; la mairie de Montpellier fut établie en 1693 au profit de Georges de Belleval et de son fils Gaspard, supprimée en 1699, rétablie en 1734 et gérée par MM. de Manse (1734-1743), de Massilian (1743-1754) et Jean Antoine de Cambacérès. Les consuls et maire étaient assistés de deux conseils, composés chacun de 24 conseillers, le bureau de police et le conseil de ville, et le conseil de quatorze chargé de la visite annuelle des sixains et de la répartition des impôts. Institutions ecclésiastiques. Le siège épiscopal de Maguelone fut transféré à Montpellier en 1536. Il était suffragant de l'archevêché de Narbonne. L'administration du diocèse se composait d'un chapitre cathédral de 24 chanoines, d'un bureau ecclésiastique formé de 6 juges ou députés du clergé, présidés par l'évêque, et d'un syndic, enfin d'un tribunal de l'officialité. Les évêques de Maguelone ont eu le droit de battre monnaie. Plusieurs ont été des personnages intéressants à divers titres, le diplomate et érudit Guillaume Pellicier, le bibliophile et janséniste Colbert de Croissy, Marie-Nicolas Fournier, que persécuta Napoléon; parmi les chanoines, plusieurs furent des historiens de valeur, tels Gariel, d'Aigrefeuille, même Fleury. Montpellier a eu 54 évêques depuis l'établissement du siège à Maguelone jusqu'à sa translation à Montpellier en 1530 et depuis cette translation. - Les conciles de Montpellier 1134, - 1169, - 1214, - 1215, - 1224, - 1258, - 1303, - 1339. La plupart de ces conciles n'ont traité que des questions d'un caractère local ou individuel, n'intéressant guère que les contemporains. Nous relèverons seulement la mention de ceux dont les décisions présentent quelque importance pour l'histoire générale de l'Eglise. 1162. Alexandre III, assisté de dix évêques, renouvelle l'excommunication de l'antipape Victor IV et de ses adhérents. 1214. Concile tenu par le cardinal Pierre de Bénévent, légat du saint-siège. Quarante-six canons relatifs à la discipline, dont ces mesures attestent l'extrême relâchement. Les canons I, II, III, IV, VI, VII, XXIII, XXIV, XXVI tendent à réprimer chez les clercs et les moines le luxe, la mondanité, la chasse, la fréquentation des femmes et des hôtelleries, et à leur imposer un costume et des moeurs conformes à leur profession. V, XI, XVIII, XIX, XX, XXVII : Dispositions diverses contre la simonie, l'usure et les infractions au voeu de pauvreté. VIII, XII : Défense de donner des bénéfices ou des prébendes à des laïques, et des bénéfices avec charge d'âmes à des jeunes gens étant encore dans les ordres mineurs. XLIII : Défense, sous peine d'excommunication, d'imposer de nouvelles taxes ou d'augmenter les anciennes. XLV : Défense, sous la même peine, de faire des confraternités ou associations dans les villes, bourgs ou châteaux, sans la permission des seigneurs et de l'évêque diocésain. XLVI : Institution dans chaque paroisse d'une commission permanente, composée d'un prêtre et de deux ou trois laïques, pour déférer à la justice les hérétiques qu'ils découvriront. 1215. Concile tenu par le légat Pierre de Bénévent et comprenant trente-trois évêques. Les barons du pays y assistèrent. Plusieurs historiens attribuent à cette assemblée les quarante-six canons ci-dessus mentionnés. On y délibéra sur le choix de celui à qui seraient données la ville de Toulouse et les autres villes conquises par les croisés (la guerre des Albigeois). Elles furent accordées à Simon de Montfort; mais le légat envoya à Rome, pour faire approuver cette décision par le pape. 1224. Dans ce concile, Raymond, comte de Toulouse, promit de protéger la foi catholique, de purger ses terres de l'hérésie, et de restituer à l'Eglise ses droits; en conséquence il demandait que Amaury de Montfort se désistât de ses prétentions sur le comté de Toulouse. Amaury refusa, se prévalant de la donation faite à son père par le pape et par le roi. La demande de Raymond fut rejetée. 6 septembre 1258. Concile présidé par Jacques, archevêque de Narbonne. Huit canons. Le premier déclare excommunié, par le fait seul, quiconque usurpe les biens de l'Eglise, entreprend sur ses droits ou insulte un ecclésiastique. Le troisième permet au sénéchal de Beaucaire d'arrêter le clerc pris en flagrant délit, pour rapt, homicide, incendie, etc., à charge de le remettre à la cour de l'évêque. On a vu dans cette disposition l'origine du cas privilégié (E.-H. Vollet). | Topographie. Montpellier est bâti sur une colline d'où l'horizon s'étend sur la Méditerranée, les Cévennes, et (par les temps très clairs) le Canigou. Cette colline était à pente abrupte vers le Nord-Ouest, et sa croupe descend à pente douce vers le Sud-Est; le plateau supérieur est à 34 m environ au-dessus du niveau de la mer; le point culminant est la place du Château, derrière le palais de justice; les anciens remparts de la ville, aujourd'hui détruits et remplacés par des boulevards, limitent la ville ancienne et les quartiers neufs ou faubourgs. Ces boulevards, - Ledru-Rollin, Jeu-de-Paume, Victor-Hugo, place de la Comédie, Esplanades, Bonnes-Nouvelles, Louis-Blanc, Henri-IV et le terre-plein devant la grille du Peyrou, - forment une circonférence assez irrégulière; la porte de la Blanquerie, au bas de la rue Foch, l'arc de triomphe du Peyrou, la tour des Pins au Nord-Ouest et la tour Babotte au Sud-Est, celle-ci empâtée et déshonorée par des maçonneries modernes, rappellent les traces des remparts. - La partie centrale de la ville est bâtie sur le plateau que limitent à peu près les rues Dauphine, Saint-Firmin, Trésoriers-dela-Bourse, Aiguillerie, Carbonerie, Bonnier-d'Alco, Vieille-Intendance, la place de la Canourgue et le plan du Palais. Au Nord-Est de ce plateau, la ville descend en pentes raides rue Basse (auj. J.-J. Rousseau, rue Coste-Erege, rue Sainte-Croix, descente Saint-Pierre, Blanquerie, rues Urbain-V et Expert, rue du Cannau, rue Aiguillerie-Basse, rue des Ecoles-Laïques et des Ecoles-Pies, rue du Pila-Saint-Gély, qui sont comme des rayons inscrits dans cette circonférence. Au Sud-Est, au contraire, les pentes plus douces ont permis l'établissement, entre le plateau et le rempart, d'une série concentrique de rues qui, plus ou moins régulièrement, décrivent la même courbe : 1° sur le revers intérieur du rempart, les rues de La Rochelle, Triperie-Vieille (auj. Cabanel), Lapeyronie, des Etuves; 2° rues de la Valfère, Petit-Saint-Jean, Ennoudan, Grand-Rue, Jacques-Coeur, Embouque-d'Or, rues Sainte-Anne, Ancien-Courrier, place Saint-Come, rues Argenterie, Aiguillerie. Une grande rue du Nord au Sud coupe toutes ces courbes : c'est la rue Saint-Guilhem qui se prolonge au delà du boulevard par la rue du Coureau. La ville est divisée en quatre secteurs à peu près égaux par deux séries de rues se coupant à angle droit, l'une du Nord au Sud, l'autre de l'Ouest à l'Est; le premier est constitué par les rues de l'Université (ex-Blanquerie) et Saint-Guillem; le second, par la rue Nationale, qui va du Peyrou à la place des Etats-de-Languedoc, et se continue avec une inflexion au Sud-Est par la rue de la Loge jusqu'à la place de la Comédie : ce diamètre marque la crête de la colline sur laquelle est bâti Montpellier. Les divers quartiers ont une physionomie caractéristique : au centre de la ville, un groupe de rues rappelle les anciennes institutions qui y avaient leur siège rues du Petit-Scel, de la Loge, des Trésoriers-de-France, des Trésoriers-de-la-Bourse, de la Vieille-Intendance, des Etats-de-Languedoc; le versant Nord-Ouest est aujourd'hui le quartier universitaire et scientifique avec la faculté de médecine dans l'ancien monastère Saint-Pierre, les archives municipales à la tour des Pins, l'institut de physique et chimie, le jardin des plantes, plus loin l'institut d'ophtalmologie et les hôpitaux; à l'Est, le palais universitaire (facultés des lettres, droit, sciences et bibliothèque) dans l'ancien hôpital Saint-Eloi, et l'école de pharmacie dans l'ancienne école Mage. Ce groupement a singulièrement modifié l'aspect du vieux quartier Saint-Pierre, relégué au bas de la place de la Canourgue, et jusqu'alors de physionomie ecclésiastique avec la cathédrale, l'évêché, la Visitation, le couvent Saint-Charles et les anciens établissements qu'attestent les noms de rues du Refuge et de l'Arc-des-Mourgues. _ - | | | Statue de Louis XIV. - Oeuvre de Dubay et Carbonneaux, elle se dresse au milieu de la promenade du Peyrou. | Le château d'eau. - C'est un pavillon de la promenade du Peyrou, flanqué de colonnes de style corinthien. | La fontaine des Trois Grâces. - Elle orne la place, toujours animée, du Théâtre. C'est l'oeuvre d'Etienne Antoine. | Le quartier Saint-Mathieu est un quartier ouvrier et pauvre, avec quelques anciens hôtels dans les rues Carbonnerie, du Cannau, Germain. Le quartier, limité par la rue de la Loge, du Pila-Saint-Gély et l'Aiguillerie, est le quartier aristocratique ; c'est dans les rues Trésoriers-de-France, Embouque-d'Or, Collot, Jacques-Coeur et Salle-l'Evêque que les vieilles familles montpelliéraines ont fait élever leurs hôtels, dont plusieurs sont l'oeuvre du célèbre architecte d'Aviler. La rue de la Loge, de l'Argenterie, Saint-Guilhem, la Grand-Rue sont traditionnellement les principaux centres du commerce. Au delà de l'enceinte des boulevards s'étend le Montpellier moderne, d'une superficie beaucoup plus considérable que l'ancien : la création de la gare P.-L.-M. a provoqué le percement de deux grandes rues, Maguelone et de la République, qui aboutissent, la première à la place de la Comédie, l'autre à la place de la Croix-de-Fer (devant la tour Babotte) : elles limitent un quartier riche et élégant, avec au centre l'hôtel Montcalm, célèbre jadis par sa collection de tableaux, vendue en Angleterre. A l'Ouest est la rue de la Saunerie, qui prolonge la Grand-Rue, quartier commercial et industriel; le faubourg du Coureau met en communication le boulevard Jeu-de-Paume et le plan Cabanes, où aboutit le cours Gambetta qui naît à l'extrémité de la Saunerie; au delà, le quartier de Saint-Dominique avec la gare Chaptal et le quartier Saint-Martin-de-Prunet, composé d'élégantes villas; le cours Gambetta se prolonge par l'avenue de Lodève, dans la direction du village de Celleneuve, où fut longtemps prieur le poète Fabre. A l'Ouest du Peyrou, le boulevard des Arceaux suit l'aqueduc qui amène en ville les eaux de Saint-Clément : le Peyrou et le Jardin des plantes ont longtemps empêché la ville de se développer dans cette direction; depuis la fin du XIXe siècle cependant, le transport extra muros de l'Hôpital suburbain a provoqué la création d'un quartier aux larges avenues (faubourg Saint-Jaume, avenue Chancel, avenue Bouisson-Bertrand); il est limité à l'Est par le faubourg de Boutonnet, naguère rendez-vous du populaire aux derniers jours du Carnaval; au Nord-Est, à l'issue de la rue du Pila-Saint-Gély, se trouve le faubourg de Nîmes. L'esplanade, la citadelle et le Champ de Mars, qui bornent la ville à l'Est, en ont arrêté le développement; mais entre le Champ de Mars et la rue Maguelone s'est bâti en peu d'années le faubourg de Lattes, qui est le « quartier Bréda-» de Montpellier. Au delà du chemin de fer se développe encore un nouvel ensemble de faubourgs, traversé par le boulevard de Strasbourg et de caractère surtout industriel. Monuments. Montpellier n'a que très peu de monuments du Moyen âge : la tour des Pins, restes des anciens remparts ; le monastère Saint-Germain, bâti par Urbain V (aujourd'hui faculté de médecine); la cathédrale Saint-Pierre, remarquable par les deux énormes piliers qui supportent une voûte disproportionnée au-devant du portail principal; l'hôtel dit de Jacques d'Aragon, dans la rue de l'Argenterie; la citadelle a été commencée en 1624 par l'ingénieur de Meun; la place du Peyrou, commencée par d'Aviler (1689), sur les ordres des gouverneurs La Trousse et de Broglie, et terminée par Giral et Donnat en 1766; la statue de Louis XIV, qui l'orne actuellement, est l'oeuvre du sculpteur Debay; elle a remplacé l'oeuvre de Mazeline et Hurtrelle détruite en 1792; l'arc de triomphe ou porte du Peyrou, construit en l'honneur de Louis XIV, a été élevé en 1691-1692 par d'Aviler, sur les dessins de Dorbay et sculpté par Bertrand; l'hôtel des Trésoriers de France a été bâti pour Jacques Coeur, mais complètement modifié par d'Aviler; il ne reste rien de la Loge que l'argentier avait fait construire et que Charles VII donna an corps des marchands de Montpellier; la font Putariela a laissé quelques débris derrière l'hôpital général; elle porte l'écusson de Jacques Coeur; l'hôtel Saint-Côme, bâti par Giral aux frais de La Peyronie, a servi d'amphithéâtre de chirurgie et est maintenant la Bourse de commerce; la préfecture, hôtel de l'Intendance provinciale, a été bâtie par le cardinal de Bonzi pour la comtesse de Ganges; sur la place de la Canourgue (bâtie pour servir de fondement à une église non exécutée), s'élève la fontaine des Licornes, oeuvre de Jean-Louis Fournet, en l'honneur du maréchal de Castries et de la bataille de Clostercamp; la fontaine des Trois-Grâces est l'oeuvre d'Antoine (de Marseille). Un grand nombre de maisons des XVIIe et XVIIIe siècles sont remarquables; il faut citer la maison de la Coquille, avec la trompe sur l'angle; l'hôtel Bonnier d'Alco, l'hôtel de Joubert, toutes oeuvres de d'Aviler. Parmi les monuments modernes, il faut citer le musée Fabre, le théâtre inauguré en 1888 et décoré d'un plafond d'Ernest Michel, l'église Sainte-Anne, dont les caryatides représentent des personnages populaires à Montpellier. - Le musée Fabre Montpellier doit à la comtesse d'Albany et au peintre Fabre, son héritier, un magnifique musée. Le musée Fabre est riche surtout en oeuvres italiennes. On peut y découvrir deux tableaux attribués à Raphaël (Laurent de Médicis et Portrait de jeune homme), des Madones d'Andrea del Sarto, de Carrache, Sassoferrato, Véronèse; une Sainte Famille de Fra Bartolommeo; divers tableaux de Corrège, Dominiquin, Daniel de Volterre, Jules Romain, Salvator Rosa, etc. Il y a aussi un Rubens, un Poussin, un Lesueur, un Sébastien Bourdon, un Van Dyck, et des toiles de la plupart des peintres de l'Empire et de la Restauration, tous amis ou camarades d'étude de Fabre. Plus remarquable par la valeur des toiles est la collection que l'agent de change Valedau légua, en 1836, au musée Fabre. Elle est riche surtout en petits hollandais et flamands (Terburg, Dow, Van Ostade, Vandenvelde, Berghem, Miéris, Metsu, Steen, Teniers, Albert Cuyp et Ruysdaël) et possède un Reynolds et des Greuze célèbres; le banquier Bruyas a légué au musée sa collection admirable de romantiques et de Courbet; c'est à lui que Montpellier doit les Baigneuses normandes, le Bonjour, monsieur Courbet, la Vague, le portrait de Courbet; des Delacroix, des Tassaert, un Deveria, un Flandrin. Bruyas a eu l'idée de faire faire son portrait par tous les artistes qu'il connaissait; il en résulte une douzaine au moins d'effigies de ce personnage, qui fournissent les éléments d'instructives comparaisons. Parmi les tableaux achetés par la ville (surtout au moyen de la rente Collot) ou donnés par l'Etat, citons la Stratonice d'Ingres, la Phèdre de Cabanel, le trop fameux et bitumeux Retour du mari du fils Giraud, la Tour Constance de Max Leenhardt; Cabanel a légué à sa ville natale des dessins, esquisses, et les cartons de son Saint Louis du Panthéon; le peintre Eug. Castelnau a donné quelques toiles; Fabre possédait aussi quelques bronzes : une réplique du Mercure de Jean de Bologne et des marbres, une Muse par Canova, le buste d'Alfieri par B. Corneille, son buste par Santarelli, Bruyas a légué une admirable collection de bronzes de Barye. | L'entrée du Peyrou est décorée de deux lions dus à Injalbert. Sur une maison de la place de la Comédie a quelque temps figuré un fronton représentant des Nymphes et Satyres, du même Injalbert, dont d'hypocrites affectations de pudeur ont réclamé l'enlèvement; un portail de la cathédrale Saint-Pierre est orné d'un beau tympan du sculpteur Baussan et, à l'intérieur, on peut voir un beau tableau de S. Bourdon, la Chute de Simon le Magicien; dans le square de la gare, le monument de Planchon, du même artiste, est intéressant; la statue d'Edouard Adam est médiocre.Enfin, au Sud de la citadelle, on a le quartier à l'architecture contemporaine du Polygone, où est construit l'actuel Hôtel de Ville. -- | | La Tour des Pins. - Elle date des XIIe et XVe s. C'est un vestige des anciennes murailles de Montpellier. | Arc de triomphe ou porte de Peyrou. - Cet arc fut élevé en l'honneur de Louis XIV en 1692. Il est orné de bas-reliefs racontant l'histoire de ce monarque. | Ils sont nés à Montpellier. L'historien d'Aigrefeuille (morte en 1743), auteur de l'Histoire civile et ecclésiastique de Montpellier; le marquis d'Aigrefeuille (mort en 1818), le familier de Cambacérès; le jurisconsulte d'Albisson (mort en 1810), qui a compilé les lois municipales de Languedoc; le marin d'Almeras, mort à Messine (1676); le bibliothécaire Amoreux (mort en 1824), dom Pierre Aupères qui commença l'Histoire de Languedoc (mort en 1734); Richer de Belleval, créateur du Jardin des plantes (1564-1723); Barthez (1734-1816); le ministre Benezech; le président Bon de Saint-Hilaire, naturaliste (mort en 1764) ; le conventionnel Bonnier d'Alco, victime du guet-apens de Rastadt (1750-1799); le peintre Sébastien Bourdon; Brueys, l'ami de Palaprat (1640-1723); le conventionnel et archichancelier Cambacérès (1753-1824), Cambon (1757-1820); les généraux Campredon, Lepic, Maureillon, Mathieu Dumas, Françoise de Cezelli, l'héroïne de Leucate; l'historien Daru (1767-1829), Daniel Le Sage; Fabre de l'Hérault, conventionnel; le peintre Fabre (1766-1837); l'abbé Castor Fabre (1727-1783); Haguenot, fondateur de la bibliothèque de l'Ecole de médecine; Magnol; Guillaume de Nogaret; le bénédictin dom Pacoth; l'évêque diplomate, G. Pellicier; le chirurgien de Louis XV, Lapeyronie ; le jurisconsulte Filippi; Pouget, auteur du célèbre catéchisme de Montpellier; les peintres Antoine et Jean Ranc; le peintre Raoux (1667-1734); le général René; G. Rondelet; Jean-Antoine Roucher (1745-1794); le poète historien de la Pimpré de Solignac; Vien (1716-1809), le maître de David; et, au XIXe siècle : Auguste Comte; le philosophe Saisset (mort en 1863); Marcel de Serres, naturaliste (mort en 1862); le chimiste Balard (mort en 1876); Moquin-Tandon (mort en 1863); l'archéologue Renouvier ( mort en 1860); Louis Figuier (mort en 1895); Cabanel; le chanteur Nourrit (mort en 1839). (L.-G. Pélissier). | |