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Guérande

Guérande est une ville de France, dans le département de la Charente-Maritime, sur une colline dominant l'océan Atlantique, à 47 kilomètres à l'Ouest de Savenay; 13 600 habitants. Aux environs, marais salants.  

Histoire.
La ville de Guérande remonte certainement à une antiquité fort reculée, mais son passé le plus lointain est presque complètement légendaire. Certains historiens veulent y retrouver la ville gallo-romaine de Grannona que d'autres placent à Clis, à 3 km à l'Ouest, Au IXe siècle, l'évêque de Nantes, Geslar, dépossédé de son siège par le roi Enipoé, vint se réfugier à Guérande d'où il administra une partie de son ancien diocèse, qui lui était demeurée fidèle, et qui aurait formé depuis l'archidiaconé dit de La Mée. Au début du Xe siècle, Guérande, assiégé par les Vikings, aurait été redevable, selon la légende, à l'intercession de son patron saint Aubin de ne pas partager le sort de Nantes, mise à sac et livrée aux flammes. Quoi qu'il en soit, la ville n'entre en réalité dans l'histoire qu'avec les guerres de Charles de Blois et de Jean de Montfort. Fidèle à ce dernier, les habitants se rallièrent, lorsqu'il fut prisonnier, à sa femme, Jeanne de Flandre. 

Assiégés en 1342 par Louis d'Espagne, du parti de Charles de Blois, ils furent vaincus après un assaut, où 8000 d'entre eux laissèrent la vie. Vingt-trois ans plus tard, après la mort de Charles de Blois à Auray, ce fut à Guérande, devant le grand autel de l'église Saint-Aubin, que fut signé, le 12 avril 1365, le traité qui mit fin à la guerre civile et assurait à Jean de Montfort la possession de la Bretagne. II fut ratifié par un nouveau traité, conclu dans l'église de Notre-Dame de La Blanche, entre Jean de Montfort et Charles VI, le 15 janvier 1381. Entre temps la ville avait ouvert ses portes à Du Guesclin (1373) et soutenu un siège contre Olivier de Clisson. Durant la Ligue, Guérande fut la seule ville du diocèse de Nantes qui demeura fidèle au roi de France d'abord et plus tard au parti du roi de Navarre. Pendant les guerres de Vendée, les troupes royalistes s'emparèrent de la ville le 18 mars 1793, mais l'évacuèrent bientôt à l'approche du général Beysser.
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Guérande vue par Balzac

« Si vous arrivez è. Guérande par le Croisic, après avoir traversé le paysage des marais salants, vous éprouverez une vive émotion à la vue de cette immense fortification encore toute neuve. Le pittoresque de sa position et les grâces naïves de ses environs quand on y arrive par Saint-Nazaire ne séduisent pas moins. A l'entour, le pays est ravissant, les haies sont pleines de fleurs, de chèvrefeuilles, de buis, de rosiers, de belles plantes. Vous diriez d'un jardin anglais dessiné par un grand artiste. Cette riche nature, qui offre la grâce d'un bouquet de violettes, de muguet, dans un fourré de forêt, a pour cadre un désert d'Afrique bordé par l'Océan, mais un désert sans un arbre, sans une herbe, sans un oiseau, où, par les jours de soleil, les paludiers vêtus de blanc et clairsemés dans les tristes marécages où se cultive le sel, font croira à des Arabes couverts de leurs burnous. Aussi Guérande, avec son joli paysage en terre ferme, avec son désert, borné à droite par le Croisic, à gauche par le bourg de Batz, ne resremble-t-elle à rien de ce que les voyageurs voient en France. Elle est silencieuse autant que Venise. Il n'y a pas d'autre voiture publique que celle d'un messager qui conduit dans une patache les voyageurs, les marchandises, et peut-être les lettres de Saint-Nazaire à Guérande, et réciproquement. Bernus le voiturier était, en 1829, le factotum de cette grande communauté. Il va comme il veut, tout le pays le connaît, il fait les commissions de chacun. L'arrivée d'une voiture, suit quelque femme qui passe à Guérande par la voie de terre pour gagner le Croisic, soit quelques vieux malades qui vont prendre les bains de mer, lesquels dans les roches de cette presqu'île ont des vertus supérieures à ceux de Boulogne, de Dieppe et des Sables, est un immense événement. Les paysans y viennent à cheval, la plupart apportent des dcnirees dans
des sacs. Ils y sont conduits surtout, de même que les paludiers, par la nécessité d'y acheter les bijoux particuliers à
leur caste, et qui se donnent à toutes les fiancées bretonnes,
ainsi que la toile blanche ou le drap de leurs costumes. A dix
lieues à la ronde, Guérande est toujours Guérande, la ville
illustre où se signa le traité fameux dans l'histoire, la clef
de la côte, et qui accuse, non moins que le bourg de Batz,
une splendeur aujourd'hui perdue dans la nuit des temps.
Les bijoux, le drap, la toile, les rubans, les chapeaux se font
ailleurs; mais ils sont de Guérande pour tous les consomma teurs. Tout artiste, tout bourgeois même qui passent à Guérande, y éprouvent, comme ceux qui séjournent à Venise, un désir bientôt oublié d'y finir leurs jours dans la paix, dans le silence, en se promenant par les beaux temps sur le mail qui enveloppe la ville du côté de la mer, d'une porte à l'autre. Parfois l'image de cette ville revient frapper au temple du souvenir; elle entre coiffée de ses tours, parée de sa ceinture; elle déploie sa robe semée de ses belles fleurs, secoue le manteau d'or de ses dunes, exhale les senteurs enivrantes de ses jolis chemins épineux et pleins de bouquets noués au hasard. »
 

(Honoré de Balzac, Béatrix, Ire partie).

Monuments.
Guérande a conservé la plus grande partie de ses remparts de granit du moyen âge (mon. hist.), garnis de mâchicoulis, et flanqués de dix tours. Ces fortifications ont été pour la plupart construites par Jean de Montfort en 1431. Des quatre portes qui donnent accès dans la ville, la plus importante et la mieux conservée est la porte Saint-Michel; à l'Es. De cette porte à celle de Saillé, au Sud, s'étend une terrasse plantée, le Mail, d'où l'on découvre les salines, les dunes d'Escoublac, le Bourg-de-Batz, le Croisic et l'océan Atlantique. L'église Saint-Aubin remonte pour partie aux XIIe et XIIIe siècles, mais le transept et le choeur ne sont pas antérieurs au XVIe siècle. Dans la partie ancienne, il y a de très curieux chapiteaux romans historiés; dans une petite chapelle gothique, à droite du choeur, tombeau du XVIe siècle de Tristan de Carné, maître d'hôtel du duc de Bretagne et de sa femme Jeanne de La Salle. La chapelle de Notre-Dame de La Blanche est un édifice fort élégant à une seule nef construite en 1348 par Jean de Montfort; elle a été restaurée de nos jours. La porte de l'ancien hôpital Saint-Louis est une oeuvre intéressante de la Renaissance. Les monuments mégalithiques sont nombreux sur le territoire de Guérande. (GE).

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Dictionnaire Villes et monuments
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