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Dieppe

Dieppe, Deppa. - Chef-lieu d'arrondissement (sous-préfecture) du département de la Seine-Maritime (Haute Normandie), sur la Manche, à l'embouchure de l'Arques; environ 35 000 habitants (plus de 80 000 pour l'agglomération). Station balnéaire et port de pêche (coquille Saint-Jacques), port de plaisance et port de transit de passagers, avec sa ligne de ferries qui joint Newhaven en Angleterre. La ville de Dieppe, tout entière bâtie depuis la fin du XVIIe siècle, est divisée par son port en deux parties complètement distinctes, à l'Ouest la ville proprement dite et à l'Est le faubourg du Pollet (= Port de l'Est?), jadis habité par des marins et des pêcheurs, et où l'on peut encore voir d'anciennes maisons. 
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Dieppe.
Dieppe : le quai Henri IV et le port de plaisance.
Ci-dessous : la Grande rue et (à droite) la rue Saint-Jacques.
Dieppe : grande rue
Dieppe : rue Saint-Jacques.

Le port de Dieppe, aménagé et agrandi au XIXe siècle, est le plus sûr et le plus profond (le nom de Dieppe serait une altération de deep) de la Manche; il offre une profondeur de plus de 7 m en morte eau. Malheureusement l'entrée du chenal est obstruée par une barre variable, formée de galets qu'une écluse de chasse ne suffit pas à refouler. L'entrée du port est formée par deux jetées de 628 et 682 m de longueur; le chenal donne accès dans l'avant-port.

Histoire.
Quoiqu'il faille rejeter l'opinion des érudits qui ont voulu identifier Dieppe avec l'ancienne Juliobona, les nombreux vestiges romains que l'on a rencontrés en faisant les travaux du port et particulièrement dans le bassin de retenue, témoignent cependant qu'il existait là un centre d'habitation à l'époque romaine. Il fut probablement détruit par les invasions et le souvenir même en fut oublié la légende attribue la fondation de Dieppe à Charlemagne qui aurait fait construire un château pour protéger la baie contre les incursions des Vikings. Toutefois le nom de Dieppe n'apparaît pas dans les documents antérieurement au Xe siècle. Comprise alors dans le duché de Normandie, la ville se développa surtout après la conquête de l'Angleterre, aussi reçut-elle de Jean sans Terre des privilèges de commune. Demeurée fidèle à l'Angleterre lors des démêlés de Jean sans Terre et de Richard Coeur de Lion avec Philippe-Auguste, elle fut attaquée, vers 1193, par le roi de France, saccagée, pillée et brûlée. Néanmoins, lors de la réunion de la Normandie à la France, la commune ne fut pas abolie. Privilégié au contraire par les rois de France, le port de Dieppe devint bientôt une pépinière de marins dont les entreprises hardies ouvrirent au commerce de leur ville des débouchés nouveaux. En 1364, les vaisseaux dieppois abordèrent à la Guinée et au cap Vert (La découverte et l'exploration de l'Afrique) ou ils fondèrent un établissement longtemps nommé le Petit-Dieppe. Malheureusement les longues luttes de la guerre de Cent Ans vinrent mettre un terme à la prospérité commerciale de la ville. Après la bataille d'Azincourt, Dieppe fut réunie (1420) à l'Angleterre. Reprise en 1435, avec l'aide des habitants, par le chevalier Desmarets, ancien capitaine de la ville pour le roi de France, elle fut attaquée de nouveau, en 1442, par l'armée anglaise sous les ordres de Talbot. Celui-ci, qui s'était emparé du Pollet, avait élevé sur la falaise une bastide d'où il canonnait la ville. Celle-ci fut secourue par le dauphin (plus tard Louis Xl) qui s'empara de la bastide et la rasa.

A partir de cette époque et pendant plus d'un siècle, la prospérité de Dieppe ne cessa de se développer; la ville et le port s'agrandirent; de nombreux vaisseaux furent armés dont les expéditions, et les découvertes accrurent le commerce et l'industrie de la ville. Le protestantisme y fit depuis le milieu du XVIe siècle des progrès rapides; les luttes et les persécutions religieuses la désolèrent bientôt et, à la fin du XVIIIe siècle, la révocation de l'édit de Nantes provoqua l'émigration d'un grand nombre de ses habitants déjà décimés par les épidémies de peste de 1668 et de 1670. Une attaque de la flotte anglo-hollandaise acheva la ruine de la malheureuse cité. Le 17 juillet 1694, l'amiral Barklay la bombarda à l'improviste et la détruisit de fond en comble. Trois édifices seulement, le château et les églises de Saint-Jacques et de Saint-Rémy, échappaient à l'incendie qui suivit le bombardements.

La reconstruction de la ville, commencée par Louis XIV, ne fut achevée qu'en 1720; mais elle fut réduite pendant longtemps au rang de simple port de pêche. Napoléon Ier en 1803 songea à s'en servir comme base d'opération contre l'Angleterre; il pensa aussi plus tard à en développer le commerce et prescrivit de grands travaux maritimes qui ne furent jamais exécutés. Les bains de mer, mis à la mode par la duchesse de Berry, sont devenus pour Dieppe, en y attirant chaque année une masse considérable d'étrangers, une nouvelle source de prospérité, en même temps que l'amélioration et l'agrandissement du port provoquaient la renaissance de l'industrie et du commerce de la ville. Dieppe a subi de très importants bombardements au cours de la Seconde guerre mondiale. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les activités commerciales du port ont progressivement décliné. Mais la vocation touristique de la ville est restée entière, ainsi que son importance comme port de pêche. 

Parmi le grand nombre de personnages célèbres nés à Dieppe nous citerons : le marin Abraham Duquesne, le médecin Pecquet, l'armateur Jean Ango, le navigateur Jean Cousin, le physicien Salomon de Causs, le médecin Gelée, le géographe Bruzen de la Martinière, le théologien J.-B. de Clieu, le bénédictin Le Nourri, le jurisconsulte David Houard, le voyageur Noël de la Morinière, l'ingénieur-hydrographe Dulague, le physicien Louis de Broglie, etc.

Dieppe a pour armes : parti d'azur et de gueules à un navire d'or (parfois d'argent) ancré et les voiles ferlées sur le tout.

-Dieppe : église Saint-Jacques.
L'Église Saint-Jacques, à Dieppe.
Dieppe : église Saint-Jacques.
Dieppe : église Saint-Jacques.

Monuments.
Le monument le plus intéressant de Dieppe est l'église Saint-Jacques, édifice composite qui a conservé des débris d'une ancienne construction du XIIe siècle et dont l'ensemble, construit au XIIIe siècle, a été à bien des reprises remanié et complété aux siècles suivants. La partie la plus ancienne est le transept; le choeur, la nef et les bas-côtés sont du XIIIe siècle; mais les voûtes et les galeries de la nef sont du XIVe siècle et celles du choeur du XVIe. Le grand portail avec la magnifique rose qui le surmonte sont du XIVe siècle, ainsi que la tour du clocher surmontée au XVIIIe siècle d'un hideux dôme d'ardoise. La nef et le choeur sont entourés de chapelles de différentes époques. Au côté du portail s'élève une belle tour carrée, haute de 47 m, bâtie au XVIe siècle. L'intérieur a été restauré; les chapelles ont conservé d'anciens ornements et ont été enrichies de peintures et de sculptures modernes. 

L'église Saint-Rémy a été construite au XVIe siècle et maladroitement restaurée après le bombardement de 1694. La façade principale a été à la fin du XIXe siècle l'objet d'une nouvelle restauration.
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Dieppe : église Saint-Rémy.
L'église Saint-Rémy.

Le château, aujourd'hui converti en musée de la ville, et qui fut utilisé jusqu'en 1923 comme poste militaire (caserne Ruffin), a été construit en 1435, comme défense contre les Anglais; il domine Dieppe, la vallée et la mer. De nombreux travaux d'appropriation lui ont fait perdre son caractère primitif; il conserve toutefois un aspect assez pittoresque. C'est un carré de bâtiments entouré de profonds fossés et flanqué de quatre tours rondes. Dans l'une d'elles, qui a conservé les lambris de ses appartements, on montre la fenêtre d'où la duchesse de Longueville se serait échappée en 1650 pour s'enfuir en Hollande. L'enceinte basse du château a été détruite en 1876 par l'ouverture de la rue de la Barre. Une partie du musée est aujourd'hui consacrée à la marine (maquettes de navires et instruments de navigation), on y trouve également des peintures d'artistes ayant séjourné dans la régions (Sisley, Pissaro, Van Dongen, Isabey, Boudin, etc.), ainsi qu'une remarquable  salle des Ivoires.
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Chateau de Dieppe
Le château de Dieppe.

Des anciennes fortifications ne subsistent que des débris de la tour aux Crabes, et la porte des Tourelles (qui s'est aussi appelée Porte du Port d'Ouest et Tour Jumelle.), près de la falaise du château. Construite au XVe siècle, cette porte est la seule subsistante des sept anciennes portes de la ville, dont cinq donnaient sur la mer. Elles ont été détruites en même temps que le rempart qui les reliait entre elles, dans le cadre des travaux visant à moderniser la ville au XIXe siècle. Utilisée comme prison
jusqu'au XIXe siècle, elle est classée Monument historique depuis 1886.
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Dieppe : statue de Duquesne.
La porte des Tourelles.

Dans les fossés du château une porte donne accès à un souterrain ou tunnel, long de 1800 m, construit au XVIe siècle et qui traverse tout le faubourg de la Barre. Il renferme aujourd'hui les conduites d'eau qui, de la vallée de la Scie, viennent alimenter la ville.

L'hôtel de ville, édifice moderne, a été élevé sur l'emplacement de l'ancien couvent des Jésuites. Le collège communal a été reconstruit en 1700 sur l'emplacement de l'ancienne maison d'Ango, du XVIe siècle, dont on a conservé quelques médaillons en pierre et quelques salles pavées de carrelages émaillés. 
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Dieppe : statue de Duquesne.
La statue de Duquesne, à Dieppe. Au fond, l'église Saint-Jacques.

Sur la place du Marché (place Saint-Jacques) s'élève la statue de Duquesne par Dantan aîné, érigée en 1844. La plage de Dieppe, longue de plus d'un kilomètre, s'étend de la falaise qui supporte le château à la jetée de l'Ouest. Plusieurs casinos successifs ont été construits à Dieppe. Le premier datait des années 1870. En 1932, un nouveau casino, style arts déco, l'a supplanté. Il a été victime, comme tout le front de mer des combats qui ont suivi le débarquement (manqué) des Alliés du 19 août 1942 (c'est l'opération Jubilee, dans laquelle 15000 soldats Canadiens sont engagés : 6000 seront tués ou faits prisonniers à la suite d'un assaut de neuf heures). Le casino actuel date de 1960. (GE).

Dieppe : boulevard du Marechal Foch.
Dieppe : le front de mer (boulevard du Maréchal Foch); au fond, le château. 
Ci-dessous : la plage et les falaises. © Photos : Serge Jodra, 2010.
Dieppe : les falaises et la plage.
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Dictionnaire Villes et monuments
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