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Bas-côtés (collatéraux)

On donne le nom de bas-côtés ou collatéraux aux nefs latérales des églises. Les Anciens, dans le même sens, employaient le mot portiques, ainsi qu'on peut le voir dans Vitruve (V, I) et, de fait, il n'y avait guère de différence entre les galeries qui se développaient à l'intérieur ou à l'extérieur de certains édifices. Sur des colonnes plus ou moins espacées reposait soit un entablement continu, soit une série de petits arcs en plein-cintre. Les communications entre les différentes parties de l'édifice étaient ainsi rendues plus faciles et souvent, au premier étage, on retrouvait les mêmes dispositions qu'au rez-de-chaussée. 

Plan de la cathédrale de Bourges.

Durant plusieurs siècles les choses restèrent en cet état. Pour résister à une
charge relativement faible, de simples monolithes étaient bien suffisants. Aussi les basiliques de Ravenne et de Rome présentent-elles toutes, le long du vaisseau central, des galeries à colonnes. Mais du moment que l'on commença à substituer des voûtes aux anciennes charpentes, il devint nécessaire de donner plus de force aux supports. Dans les églises où les architectes, soit à l'époque romane, soit durant la période gothique, voulurent jusqu'à un certain point demeurer fidèles à la tradition, on éleva non plus des colonnes à proprement parler, mais comme à l'église abbatiale de Saint-Savin (Vienne) et à la cathédrale de Châlons-sur-Marne, d'énormes piles cylindriques au moyen de gros moellons plus ou moins bien parementés. Ailleurs, et c'est, pour ainsi dire, la règle en opposition à l'exception, on prit le parti, afin de recevoir séparément la retombée de chaque arc, de cantonner un épais massif rectangulaire de quatre colonnettes. Ce système se compliqua encore dans la suite et devint le faisceau. que l'on admire dans les plus élégantes églises gothiques. Mais l'aspect général des bas-côtés perdit beaucoup à ce rétrécissement des arcades donnant sur la nef centrale qui fut le résultat de l'épaississement progressif des supports. D'un coup d'oeil il devint impossible d'embrasser l'ensemble d'un édifice qui put ainsi être immense sans le paraître.


Coupe transversale de la cathédrale de Bourges.

Nous avons dit que dans les premiers temps, à l'époque des basiliques, les bas-côtés étaient couverts par un lambris. Même après l'adoption des voûtes d'arêtes on trouve parfois une série de petits plafonds rampants, séparés entre eux par des arcs doubleaux. A ces différents systèmes succèdent des berceaux perpendiculaires à la nef qui sont à leur tour remplacés par des voûtes sur croisées d'ogives. La Renaissance naturellement, en revenant au plein-cintre, modifia une dernière fois l'aspect des bas-côtés qui, par la suppression des galeries de premier étage aussi bien que par celle des simples passages auxquels on a donné le nom de triforium, gagnèrent beaucoup en élancement. 


Coupe transversale de la cathédrale de Poitiers.

En général, les bas-côtés sont au nombre de deux, l'un à droite et l'autre à gauche de la grande nef. Même dans les édifices de proportions considérables comme les cathédrales d'Amiens, de Chartres et de Reims, on n'a pas senti le besoin de multiplier les divisions secondaires. Cependant, dès l'origine, nous trouvons des édifices qui ont quatre bas-côtés. Telle était, par exemple, la première église du Saint-Sépulcre, au témoignage d'Eusèbe; telle est encore l'admirable basilique de Bethléem, construite, selon Vogüé, entre les années 327 et 333. En France il faut citer les cathédrales de Paris (Notre -Dame), Bourges, Clermont et Troyes; les églises abbatiales de Saint-Sernin, à Toulouse, de Cluny et de Saint-Martin de Tours. Ces deux dernières ont été malheureusement démolies à la suite de la Révolution. Ailleurs, on mentionnera les cathédrales de Pise, Milan, Cologne et Séville. Une seule église, la cathédrale d'Anvers, possède sept nefs, ce qui porte à six le nombre des bas-côtés.


Plan de la basilique de Béthléem.

Les nefs latérales ne sont pas toujours, ainsi que cela devrait être, moins élevées que la nef centrale. Dans l'ouest de la France principalement il y a une grande tendance à tout uniformiser. Si les bas-côtés y gagnent, il n'en est pas de même de la nef proprement dite qui ne reçoit plus directement la lumière. En d'autres endroits, mais plus rarement encore, lorsqu'il y a deux bas-côtés, le premier a presque en hauteur le double du second. C'est ce que l'un voit, notamment, à la cathédrale de Bourges où pareille combinaison produit un effet désagréable. (L. Palustre).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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