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Auch

Auch (Elimberris, Ausci ou Auscii, Augusta Ausciorum Auscia) est une ville de France, dans le département du Gers, sur le Gers, à 60 kilomètres à l'Ouest de Toulouse; 21 800 habitants. La ville, composée de rues tortueuses, s'étage en amphithéâtre depuis les bords du Gers jusqu'au sommet de la colline.

Histoire.
La ville d'Auch remonte à une antiquité très reculée. Elle existait avant la conquête romaine; c'était la ville ibérienne d'Elimberris, capitale des Auscii. Lors de l'organisation de la Gaule par les vainqueurs, elle reçut le nom d'Augusta Ausciorum et devint la capitale des douze cités de la Novempopulanie, c.-à-d. de toute l'Aquitaine. Pendant la période gallo-romaine, ce fut assurément une ville florissante et considérable, car le géographe Pomponius Mela put la citer comme l'une des trois villes principales de la Gaule; les deux autres étaient Trèves et Autun. Le christianisme fut introduit, à la fin du IIIe siècle, dans la contrée, et bientôt le rang de cité romaine que possédait Auch lui valut de devenir le siège d'un évêché. Conquise au commencement du Ve siècle par les Wisigoths, la cité d'Auch demeura pendant un siècle environ sous leur domination; la bataille de Vouillé (507) la fit passer sous celle des Francs. La ville romaine, qui s'étendait en grande partie sur la rive droite du Gers, avait jusqu'alors survécu aux dévastations des barbares; elle fut ruinée par les Sarrasins lors de l'invasion de 732; les habitants se réfugièrent alors sur la colline où se concentra la ville du Moyen âge

Après la destruction d'Eauze, Auch devint le chef-lieu de la province ecclésiastique, et ses prélats, devenus archevêques, prirent le titre de primats d'Aquitaine qu'ils portèrent jusqu'en 1789. Au Xe siècle, le comte Bernard d'Armagnac fonda sur les bords du Gers une abbaye de bénédictins qu'il établit dans l'église de Saint-Orens, ancienne déjà à cette époque, car avant le VIe siècle elle avait servi de cathédrale. Cette abbaye, réduite plus tard à l'état de prieuré, partagea avec l'archevêque la juridiction de la ville; aussi les conflits entre eux furent-ils fréquents; les querelles des moines de Saint-Orens avec les prélats remplissent toute l'histoire d'Auch jusqu'au XIVe siècle. Dans une de ces luttes, les moines marchèrent en armes sur la cathédrale, blessèrent l'archevêque qui officiait, tuèrent un grand nombre de fidèles et mirent le feu à l'édifice (28 avril 1119). Bien que la seigneurie de la ville haute ait appartenu aux archevêques, sans que l'on puisse discerner clairement l'origine de cette autorité, cependant les comtes de Fezensac, auxquels succédèrent, en 1146, les comtes d'Armagnac, y possédaient un château dans lequel ils résidaient souvent. En 1160, Bernard VI, comte d'Armagnac, entra en pariage avec l'archevêque pour la seigneurie de la cité d'Auch; c'était de la part du prélat une ten tative pour assurer aux archevêques la protection des comtes dont ils avaient eu beaucoup à souffrir. Vers la même époque, la cité organisa un consulat et devint une commune. 

Lors de la conquête de la Guyenne par le roi de France, Philippe IV (1295), Auch qui avait suivi le sort de l'Armagnac, en passant sous la domination anglaise, redevint ville française. Dès ce moment, les agents royaux entrèrent en négociation avec le prieur de Saint-Orens et l'archevêque pour acquérir la suzeraineté de la ville. En 1308, le prieur de Saint Orens céda à Philippe le Bel tous ses droits sur Auch et, en 1330, le roi Philippe VI entra en pariage avec l'archevêque pour ses droits de juridiction. Ce pariage, toutefois, fut aboli quelques années plus tard, en décembre 1339, sur les instances du comte d'Armagnac qui redevint alors l'un des coseigneurs de la cité. En 1360, le traité de Brétigny rendit pour quelque temps Auch à l'Angleterre, mais, comme tout l'Armagnac, elle ne tarda pas à faire retour à la France. Lors de la dernière révolte du comte Jean V, elle fut prise par les troupes royales à la suite du sac de Lectoure en 1473 et, de ce moment, fut au roi qui y établit un siège de justice royale.

La Réforme s'introduisit à Auch dès 1556 ou 1557 et y fit de nombreux prosélytes; en 1561, le maréchal de Montluc, appelé parles consuls, vint "pacifier" la ville; il y resta cependant des germes d'hérésie, car l'année suivante le prieur et les moines de Saint-Orens embrassèrent les nouvelles doctrines. La ville, pendant les Guerres de religion, demeura aux catholiques; en 1569, elle fut prise par les huguenots de Montgommery, mais ils l'abandonnèrent presque aussitôt.

En 1479, Louis XI établit à Auch le siège du sénéchal d'Armagnac, mais la peste ne tarda pas à le chasser de la ville; il établit sa résidence à Lectoure où il continua à résider jusqu'en 1615. En 1628, sa juridiction fut érigée en siège présidial. Lors de la division de la France en généralités, Auch avait été d'abord comprise dans celle de Montauban, mais, en 1716, on démembra de cette généralité et de celle de Bordeaux plusieurs territoires pour créer la Généralité d'Auch et de Pau. Les premiers intendants résidèrent à Pau plus souvent qu'à Auch. Antoine Mégret d'Etigny (1751-1767) transféra à Auch la résidence de l'intendant; il contribua beaucoup à embellir la ville et fit, pour y développer le commerce et l'industrie, des efforts qui furent couronnés de succès. A sa mort, la généralité de Pau fut séparée de celle d'Auch, mais on les réunit de nouveau en 1771. En 1790, Auch devint le chef-lieu du département du Gers. 

Blason.
Les armoiries d'Auch sont de gueules à un agneau d'argent portant une croix d'or de laquelle pend une voile en flée d'argent à un lion de gueules.

Monuments.
De l'époque gallo-romaine, il ne reste plus à Auch de vestiges visibles; le monument désigné par les archéologues du XVIIIe siècle sous le non de Tour de César ou d'Antée, et où ils voulaient voir un reste du Capitole, est une construction du XVesiècle; c'est au musée qu'il faut aller chercher une partie des inscriptions et des débris antiques que la pioche a fait sortir du sol. 

L'Eglise de Sainte-Marie, cathédrale (mon. hist.), est une construction gothique commencée à la fin du XVe siècle, mais dont la façade date de 1662. C'est un vaste édifice à trois nefs coupées par un transept et terminées par une abside polygonale. L'extérieur est lourd et manque complètement d'harmonie à cause du mélange des styles; le porche, les clochers et plusieurs chapelles, construits dans le goût classique, ont été ajoutés au bâtiment conçu dans le style gothique. A l'intérieur, les balustrades des chapelles, la tribune et le buffet de l'orgue sont également du XVIIe siècle. Le choeur des chanoines qui occupe une partie de l'église est remarquable par 113 stalles sculptées, chef-d'oeuvre de la Renaissance (1520-1529). Les vitraux, oeuvre d'Arnaud de Moles, passent pour les plus beaux de l'époque de la Renaissance. Parmi les monuments funéraires de la cathédrale, aucun n'a un grand intérêt artistique; nous nous contenterons de signaler le sarcophage mérovingien de saint Léothade.

L'emplacement de l'ancienne abbaye de Saint Orens a été ensuite occupé par le couvent de la Conception; l'église a été détruite et des anciens bâtiments il ne reste qu'une chapelle du XIVesiècle. Le vocable de Saint-Orens a été appliqué à une église moderne établie, au commencement du XIXe siècle, dans les bâtiments de l'ancien présidial. Le trésor contient un remarquable oliphant en ivoire sculpté qui peut dater du XIe siècle; la tradition veut que ce soit le cor dont se servait saint Orens pour appeler les fidèles aux offices; longtemps il a passé pour guérir la surdité; les sourds venaient de loin, le jour de la fête du saint, se faire corner par le sacristain. 

La préfecture est établie dans les bâtiments de l'intendance qui datent du milieu du XVIIIe siècle. L'hôtel de ville, construit de 1760 à 1770, contient la salle de spectacle et le musée où l'on a réuni un certain nombre d'inscriptions romaines, des débris antiques, le produit des fouilles géologiques de Lartet, une centaine de tableaux, parmi lesquels il en est d'intéressants soit pour l'histoire locale, soit au point de vue de l'art, et des collections d'histoire naturelle. L'archevêché date du commencement du XVIIIe siècle.

La bibliothèque de la ville, établie dans l'ancienne église des Carmélites (XVIIe siècle), ne contient, au contraire, qu'un petit nombre de manuscrits parmi lesquels il faut noter les matériaux historiques rassemblés par l'abbé Daignan du Sendat au XVIIIe siècle. Les archives départementales, à la préfecture, sont très peu considérables, les principaux documents étant restés en dépôt au grand séminaire. Les archives municipales, à l'hôtel de ville, sont importantes, mais il n'en a été encore publié aucun inventaire. Le lycée est établi dans l'ancien collège des jésuites. Les principales promenades sont la place royale, les quais Saint-Paul et le cours d'Etigny, à l'entrée duquel s'élève la statue de l'intendant Mégret d'Etigny. La ville haute communique avec la ville basse par de nombreux escaliers, notamment la Pousterlo et l'Escalier monumental, construit, en 1864, par L. Gentil, sur les paliers duquel se trouvent des fontaines. (GE).

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Dictionnaire Villes et monuments
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