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La lettre B
Pour la lettre B comme pour la plupart des autres lettres, le prototype semble avoir été été fourni aux Phéniciens par un signe de l'écriture hiératique des Egyptiens (fig. 1), qui avait déjà approximativement cette valeur. Le prolongement d'un trait a suffii à former la boucle qui donne à la lettre phénicienne un caractère différent de celui de l'hiérogramme égyptien. 

1- Origine et dérivations du B grec.

Dans l'alphabet cadméen, une nouvelle modification s'est produite, le prolongement inférieur de la lettre s'est relevé, de façon à former une seconde boucle, peut-être pour éviter toute confusion avec le  qui, à l'origine, avait aussi un prolongement analogue.

2. - Origine et dérivations du B des écritures de l'Italie

L'orientation des deux boucles subit des variations suivant le sens de l'écriture; puis l'usage s'établit de les placer toujours à droite de la haste; non partout cependant, car on les trouve encore à gauche, dans plusieurs alphabets italiotes (fig. 2). Les inscriptions corinthiennes renferment des formes particulières de ce caractère qu'on rattacherait directement à la seconde des formes phéniciennes de notre tableau, plutôt qu'aux alphabets grecs, archaïques, d'où dérivent les formes des caractères des inscriptions corinthiennes. Il est vraisemblable que cette double forme phénicienne s'était perpétuée dans les alphabets cadméens et grecs, sans que nous en connaissions les types et que c'est par la qu'elle est arrivée dans les inscriptions corinthiennes. Une autre forme est donnée par quelques inscriptions archaïques des îles de la Mer Egée; elle doit être, d'après F. Lenormant, un dérivé parallèle et très ancien du prototype égyptien.
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Lettres B historiées et ornées. - Spécimens des grandes lettres initiales que l'on trouve dans les manuscrits de luxe, ou dans les premiers livres imprimés, depuis le VIe jusqu'au XVIe siècle.
1. - VIIIe siècle. - Manuscrit wisigothique. B. N. lat. 12048. Sacramentaire de Gellone.
2. - VIIIe siècle. - Canons de Strasbourg. Anc. ms. de Strasbourg, d'ap. Bastard.
3. - IXe siècle. - Sacramentaire de Metz, B. N. lat. 9428. 4. - Xe siècle. - Psautier anglo-saxon d'Oxford. 5. - XIe siècle. - Ecriture lombarde, ms. du Mont-Cassin.
6. - XIVe siècle. - Ms. 376 de Laon. Commentaire sur le Sente.
7. - XIVe siècle. Ms. 357 de Laon. Décrétales.
8. - XIVe siècle. - Ms. du British Museum. Add. mss. 11435.
9. - XVe siècle. - Ms. 105 de la bibliothèque de Soissons. Lettres de saint Jérême.
10. - XVIe siècle. - Gothique des livres de choeur. Ms. du Mont-Cassin.
11. - XVIe siècle. - Gothique des livres de choeur. Ms. du Mont-Cassin.
12. - XVIe siècle. - Bible de Wittenberg.

L'alphabet étrusque laissa le B de côté, et c'est une chose remarquable d'en retrouver la forme ordinaire dans les alphabets italiotes (ombrien, sabellique, osque, etc.), que l'on considère comme dérivés de l'étrusque; ils devaient avoir, comme les Latins, directement emprunté cette forme aux Grecs d'Italie (fig. 2). Les alphabets euganéen, rhétien, salasse, ainsi que l'alphabet falisque, ne renferment pas de caractères correspondant au B.

               3. Ecritures de la première période du Moyen âge.

Le B latin a donné naissance à toutes les formes de la même lettre en usage dans l'occident de l'Europe. Dans les manuscrits en capitale, le B est une des lettres dont la
forme s'est le mieux conservée; et même dans l'onciale elle n'est que peu altérée. Souvent dans les manuscrits en onciale, le B dépasse les autres lettres. Déjà dans les graffiti de Pompéi, on trouve des B qui n'ont plus que la panse inférieure (fig. 3), et dès le Ve siècle cette forme pénètre dans les manuscrits en semi-onciale, c'est la forme qui s'est maintenue dans la minuscule et à laquelle la cursive n'a fait subir que peu de modifications. 

                      4. - Ecritures dites nationales

La forme étrange donnée au B dans les tablettes de cire de Transylvanie (fig. 3) dérive probablement de la forme capitale cursive des graffiti ; et c'est encore une forma analogue que l'on trouve dans la cursive antique, dont quelques débris de rescrits de la chancellerie impériale nous ont conservé des fragments. La cursive mérovingienne et wisigothique (fig. 4) semble bien en avoir subi l'influence (Les écritures nationales). Voilà les seules particularités utiles à noter pour cette lettre. Les tableaux présents sur cette page rendront sensibles les diverses formes qu'elle a affectées.

5. - Ecritures gothiques

Les écritures gothiques (fig. 5) n'ont pas donné au B une forme nouvelle, elle y est seulement devenue plus anguleuse, comme du reste toutes les autres lettres. La forme minuscule ne diffère pas sensiblement de la forme cursive; c'est toujours la même qu'on retrouve dans les écritures modernes imitées par l'imprimerie (fig. 6). On trouvera dans la fig. 5 quelques spécimens des majuscules couramment employées par les scribes du Moyen âge. (GE).

6. - Ecritures modernes
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