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La langue dakota
Le dakota (15 000 locuteurs) et les autres langues qui lui sont proches (lakota, stoney, assiniboine) sont des langues amérindiennes parlées par des populations de Sioux qui habitent à l'Est du Mississippi. On y remarque l'emploi fréquent des lettres emphatiques, aspirées et gutturales; les mots sont souvent terminés par une forte nasale, mais le grand nombre des syllabes en a fait que l'idiome n'a pas trop de dureté. Beaucoup de racines peuvent, par l'addition de préfixes causatifs ou de particules, passer tour à tour à l'état de verbe et à celui de participe. 

Les verbes ont les voix active, fréquentative, possessive, attributive, etc., qui se forment soit par l'addition de certaines syllabes, soit par l'incorporation de pronoms, soit par certains changements d'une lettre radicale. Les substantifs ont deux genres, deux nombres, deux cas (le nominatif, et un cas indicatif du régime); il y a un duel dans les adjectifs et les verbes. (Riggs, Grammar and dictionary of the dakota language, Washington, 1852, 1 vol. gr. in-4°).

Les Dakotas ou Sioux.
Le dakota est parlé par les Dakotas (mot qui veut dire les alliés) ou Otchenti Chakoang (qui signifie les Sept-Feux), nommés aussi Narcotah, et connus généralement des Européens sous les noms de Sioux, Siwer ou Nadowessies.C'est resté longtemps la nation amérindienne la plus puissante et la plus nombreuse de toutes celles qui réussirent au XIXe siècle a être encore indépendantes dans l'Amérique Septentrionale. Selon Keating, les Dakotas seuls occupaient tout le vaste espace qui s'étend le long du Missouri Moyen, du Saint-Pierre, du Haut Mississippi et du Haut, Fleuve Rouge (Red River, du lac Winnipeg, ainsi que le long de leurs affluents depuis le 42e jusqu'au 49e parallèle. Du temps de Carver, cette nation était divisée en 11 tribus principales, qui formaient une confédération, et dont voici les noms : Nehogatawonaher, Matabantowaher, Schahswintowaher, qui demeuraient le long du fleuve Sainte-Croix, et à l'ouest des Précédentes, les Wapintowaher, les Tintoner, les Ascahcutoner, les Mahaer, les Sckianer, les Schianiser, les Tschunguscetoner, les Waddapadschestiner; une douzième tribu, celle de Assinipoilen, Assiniboines ou des Indiens-Pierre (Stone-Indians) s'était séparé  de la confédération, et vivait avec les Crees, mais en conservant toujours la langue dakota. 

Selon, le rédacteur de l'expédition du major Long aux-sources du Saint-Pierre, William Keating, les Dakotas étaient divisés en deux grandes des branches, les Gens du Lac ou Mendewahkantoan, et les Gens du Large, ou les Dakotas Errants. Les Mendewahkantoan, qui demeuraient une partie de l'année dans de gros villages, vivaient à son époque en paix avec les Anglo-Américains, auxquéls ils vendaient une grande quantité de fourrures. Cette branche était subdivisée dans les tribus suivantes : Keoxa, forte de 400 individus, établis en deux villages, un sur le lawa affluent droit du Mississippi, et l'autre près du lac Pepin; son chef était Wapacha, le plus puissant après
Wanotan: Eanbosandata, qui ne comptait que 100 individus, vivant dans deux hameaux, un sur le Mississippi et l'autre sur le Cannon son affluent droit; Kapoja, forte de 900 individus, vivant dans un gros village bâti sur le Mississippi au-dessous de l'embouchure du Saint-Pierre; Chetanwakoamane ou le Petit Corbeau, l'allié des Anglais dans leur guerre contre les Etats-Unis, était leur chef; Oanoska, forte de 200 individus, habitant un village sur le Saint-Pierre; Tetankatane, avec 150 individus, occupant un village sur le Saint-Pierre, 3 milles au-dessus de son confluent avec le Mississippi Taoapa, forte de 900 individus, établis dans un village sur les bords du Saint-Pierre; Chakpa, son chef, est un des plus puissants, et venait immédiatement après Wapacha et le Petit-Corbeau; Weakaote, qui ne comptait que 50 individus dépendant de Chakpa. 

Les Dakotas Errants étaient beaucoup plus nombreux, vivaient continuellement sous des tentes recouvertes de peaux de buffle. Keating les partageait dans les tribus suivantes : Miskechakesa ou Sistons, forte vers 1850 de 1000 individus; leur principal rendez-vous était sur les bords de la Rivière de la Terre-Bleue (Blue Earth River) affluent droit du Saint-Pierre; Wahkpakota (Shooters at leaves, ou Tireurs de feuilles), avec 1100 individus qui erraient vers les sources de la Rivière de la Terre-Bleue et du Cannon; elle était très décriée par ses vols; Wahkpatoan, qui comptait 900 individus errant au-dessus des Wahkpakota, et chassant près du lac Ottertail, une des sources de la Rivière Rouge affluent du lac Winnipeg, Kahra (une bande des Sistons), forte de 1500 individus qui chassaient le long du Fleuve Rouge (Red River) du Winnipeg, fréquentaient les environs du lac Travers, et se distinguaient par la grandeur et la beauté de leurs tentes; Yanktoanan ou Yanktons, estimée forte de 5200 individus, qui chasssaient entre le Fleuve Rouge et le Missouri, et visitaient souvent, pour faire le commerce, les lacs Travers, Big-Stone et la rivière Shienne (du Red River?); Wanotan, qui en était le chef, selon Beltrami, avait acquis par sa valeur et par ses exploits une très grande influence militaire sur tous les Sioux, comme Wabiscibouowa l'avait gagnée par se finesse et par sa politique; c'est aussi à cette tribu qu'appartenaient les Assiniboins avant leur séparation; Yanktoan, qui comptait 2000 individus, errant à l'est et le long du Mississippi; Tetoans (les Braggers ou Vanteurs); on la disait forte de 14 400 individus, qui erraient entre le Saint-Pierre et le Missouri; ils avaient la réputation d'être grands ennemis des Européens; leur chef était Tchantepita (Heart of fire ou Coeur de feu). 

On doit ajouter à ces 14 bandes qui formaient la confédération des Dakotas, les Assiniboins nommés Hoka (les Révoltés) par les Dakotas, et connus aussi sous les noms de Stone-Sioux, Stone-Indians, Assineboils, Assinipoilen, Assinipoels, Assinepotuc. Ils vivaient alliés des Chippeways, au nord des Dakotas et à l'ouest du lac Winnipeg, au nord du Pembina et le long des fleuves Assiniboin, Saskotchlwine et Mouse. Ils étaient en guerre avec les Pieds-Noirs ou Black-Feet, et poussaient leurs excursions jusqu'aux Montagnes Rocheuses. Après avoir été ennemis mortels des Dakotas, les Assiniboins semblèrent vouloir se réunir à eux. On les disait forts de 28,000 individus, dont 7,000 guerriers, nombres probablement trop forts. Minayoka (le Porteur de couteau ou Knife bearer) était leur chef. Selon Lewis et Clark, ils étaient partagés en trois tribus nommées Manetopa, Oseega et Mantopanato, très étroitement liées entre elles et mêlées avec les Algonkins et les Crees. 

Cette nation eut aussi son Hélène, qui ne fut pas moins funeste aux Dakotas et aux Assinibuins que la femme de Ménélas ne le fut aux Grecs et aux Troyens. Ozalapaïla, femme de Wihanoà-appa, dit Beltrami, fut enlevée par Ohâtam-pà; celui-ci tua son mari et deux de ses frères qui avaient été la redemander. La discorde et les réactions se mirent entre ces deux familles, les plus puissantes de la nation. Les parents, les amis, les partisans des deux côtés, prirent fait et cause; des vengeances armèrent d'autres vengeances, et toute la nation fut entraînée dans une guerre civile et cruelle, qui finit par la diviser en deus factions, sous le nom de Achiniboins, celle qui s'était rangée du côté de la famille de l'offenseur, et de Stowaé, celle qui tenait le parti de l'offensé. C'est ainsi que ce peuple se forma en deux nations, les Sioux et les Assiniboins, qui, depuis cet événement, que leurs traditions placent au commencement du XVIIe siècle, se sont fait une guerre à mort pendant deux siècles. 

Les Sioux étaient tous confédérés ensemble, mais leurs tribus étaient indépendantes les unes des autres. Chacune faisait la guerre comme il lui plaisait, et délibérait de son côté sur ses affaires. Elles se réunissaient toutes en conseil général, lors seulement qu'il s'agissait de statuer sur quelque chose qui intéressait toute la nation. Dans ce cas, chaque tribu envoyait un député qui la représentait, dans le bois ou la forêt où ils étaient convenus de s'assembler. Si la résolution du conseil était de quelque importance, et méritait d'être conservée, ils gravaient sur un tronc d'arbre, avec un couteau ou avec une hache, des hiéroglyphes relatifs au sujet de leurs délibérations, et chaque député, dit Beltrami, y mettait le tabellionat ou le blason de sa tribu. 

Les Sioux commençaient leur année à l'équinoxe du printemps, comme les Romains, du temps de Romulus, tandis que leurs voisins, les Chippeways, commençaient la leur au solatice d'été, comme l'ont fait autrefois les Grecs. Ce peuple, ainsi que beaucoup d'autres populations de l'Amérique, ne connaîssait pas la semaine, et, comme les Anglo-Saxons et autres peuples de l'Ancien et du Nouveau-Monde, il ne comptaient les jours que par sommeils ou nuits. (B. / L.-F. Jehan).

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