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Les jeux du cirque
Combats de l'amphithéâtre

Selon la mythologie romaine, les jeux du cirque furent institués par Romulus lorsqu'il voulut attirer à Rome les Sabines, afin de procurer des épouses à ses compagnons. Comme ils furent d'abord célébrés en l'honneur du dieu Consus ou Neptune équestre, on les nomma Ludi Consuales. Après la construction du grand cirque, on les appela indifféremment Jeux du cirque (Ludi Circenses), Jeux romains (L. Romani) et Grands Jeux (magni Ludi). A proprement parler, les cirques de Rome étaient des hippodromes, et accueillaient principalement des courses de chevaux et de chars, et ce que l'on appelle communément aujourd'hui Jeux du cirque correspond à des spectacles, souvent sanglants, qui se donnaient principalement dans les amphithéâtres, et plus spécialement, à Rome, dans le Colisée
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Rome : l'intérieur du Colisée.
Le Colisée de Rome. Commencé en 70 ap. J.-C. et terminé une dizaine d'années plus tard, 
c'était le plus grand édifice de ce type de l'Empire romain. Il pouvait accueillir 50 000 spectateurs.
Source : The World Factbook.

Quoi qu'il en soit, les jeux sanglants, dits du cirque, disparurent lorsque le christianisme eut pris possession de l'empire romain. Constantin le Grand, après sa conversion , commença d'abord par abolir les processions (Pompa circensis).et les cérémonies religieuses qui précédaient la célébration des jeux. Les combats de gladiateurs furent supprimés par un édit d'Honorius (403 ap. J. C.); cependant ce même empereur et Théodose rendirent une loi qui avait pour objet d'assurer les convois de bêtes destinées aux spectacles, et qui infligeait une amende de 5 livres d'or à quiconque leur ferait quelque mal. A Constantinople, on continua de faire paraître des animaux féroces dans les jeux jusqu'à l'époque de Justinien; enfin, les courses de chars ne cessèrent dans cette dernière ville que lorsqu'elle fut prise par les croisés, en 1204.

Les cirques et les amphithéâtres étaient spécialement affectés à six sortes de jeux ou de spectacles.

1° Courses de chars (cursus). 
Les chars en usage dans les courses étaient attelés de 9 chevaux (bigae) ou de 4 cheveaux (quadrigae). Quatre chars fournissaient ordinairement une course ensemble. Les cochers (aurigae, agitatores) étaient partagés en quatre compagnies ou Factions (factiones) qui se distinguaient entre elles par la couleur de leur costume; elles représentaient les quatre saisons de l'année. La faction verte (Factio prasina) représentait le printemps; la rouge (F. russata), l'été; la bleue (F. venela), l'automne; et la blanche (F. alba ou aIbata), l'hiver. A l'origine, il n'y avait que deux factions, la blanche et la rouge, et deux chars seulement couraient à la fois. Domitien porta le nombre des factions à 6 en y ajoutant la faction dorée (F. aurata) et la faction pourpre (F. purpurea); mais cette innovation ne fut que passagère. Le cocher se tenait debout dans son char, les rênes passées autour du corps, ce qui lui permettait, en cas de besoin, de peser de tout son poids sur les chevaux, en se penchant en arrière; mais dans le cas où le char venait à verser, il risquait fort de mourir de la mort d'Hippolyte. Pour échapper à ce danger, l'auriga portait à sa ceinture un petit couteau fort tranchant, afin de couper les rênes en cas de nécessité : c'est ce qu'on voit sur plusieurs sculptures anciennes, particulièrement sur un fragment de statue de la villa Negroni (ci-dessous); ce fragment donne aussi une idée de costume des cochers.
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Auriga.

Lorsque tout était prêt, les portes des carceres s'ouvraient toutes grandes; les Moratores, ainsi nommés en raison de leurs fonctions, alignaient les chars de front le long de la ligne blanche; puis le personnage qui présidait aux jeux, ou l'empereur lui-même, donnait le signal du départ. Le plus ordinairement on donnait ce signal en laissant tomber une serviette blanche (mappa), ce qui avait fait donner aux jeux du cirque le nom de spectacula mappae. Aussitôt, la ligne blanche tombait et les courses commençaient. Les chars devaient faire sept fois le tour de l'épine (spina). Une course de sept tours se nommait Missus; le nombre de missus parcourus pendant une journée de courses était de 25. Le dernier missus était appelé missus aerarius, parce que, dans l'origine, les frais en étaient couverts au moyen d'une collecte (aes) faite parmi le peuple. A l'issue des courses, le vainqueur descendait de son char et montait sur l'épine pour recevoir sa récompense qui consistait toujours en une somme d'argent considérable.

Les courses de chevaux montés par des cavaliers étaient soumises aux mêmes règles que les courses de chars.

La passion des Romains et, plus tard, celle des habitants de Constantinople pour les courses de chars et de chevaux, allèrent jusqu'à l'extravagance. Des listes des chevaux (Libelli) avec leurs noms et leurs couleurs étaient colportées dans la foule; des paris énormes s'engageaient pour ou contre chaque faction. Quelquefois les disputes entre les factions dégénéraient en violences ouvertes et en rixes sanglantes. Sous Justinien, par exermple., il n'y eut plus de 30.000 hommes tués pour les factions verte et bleue. Après ce déplorable événement, la dénomination de faction, mais non la chose, disparut des jeux du cirque.
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2°Jeux Troyens (Ludi Troja).
Ces jeux étaient une sorte de combat simulé qu'on prétendait avoir été inventé par Enée. Ils étaient exclusivement exécutés par des jeunes gens qui appartenaient aux premières familles de Rome, et qui combattaient à cheval. Auguste et les empereurs qui lui succédèrent se plaisaient beaucoup à ces jeux; Virgile les a décrits dans le Ve chant de son Enéide.

3° Combats de cavalerie et d'infanterie (Pugna equestris et pedestris).
Ces combats étaient la représentation fidèle d'une véritable bataille. A cette occasion, on établissait un camp dans l'intérieur même du cirque.

4° Luttes gymnastiques (Certamen gymnicum). 
Selon Tite-Live, les luttes d'athlètes furent introduites à Rome par Marcus Pulvius (186 avant J.-C,) dans les jeux qu'il célébra après avoir terminé la guerre d'Etolie. Dix-neuf ans plus tard, après avoir défait Persée, Paul-Emile célébra à Amphipolis des jeux où il fit paraître des athlètes. Scaurus en montra aussi aux Romains (59 avant J.-C.). Enfin, dans les jeux que Jules César offrit au peuple, il y eut des luttes d'athlètes qui durèrent trois jours. On avait même construit pour eux un stade temporaire au milieu du Champ-de-Mars. Sous Auguste et sous ses successeurs, principalement sous Néron, le nombre des athlètes s'accrut prodigieusement en Italie, en Grèce et dans l'Asie Mineure. A Rome, ils constituaient une sorte de corporation ayant ses privilèges, son lieu d'assemblée (Curia athletarum), son lieu d'exercices à couvert (Xystus), et son chef ou président. Déjà Auguste avait accordé aux athlètes de nouveaux privilèges; leur faveur ne fit que s'accroître sous les autres empereurs. A l'époque de Trajan, l'Etat accordait une somme d'argent appelée opsonia, aux athlètes victorieux dans les jeux isélastiques. D'après un rescrit de Dioclétien et de Maximien, les athlètes qui avaient remporté trois couronnes aux mêmes jeux, pourvu qu'il n'y eût pas eu de connivence entre les compétiteurs, étaient affranchis pour leur vie de toute espèce de taxe.

5° La Chasse (Venatio).
Les Romains nommaient ainsi les exhibitions d'animaux sauvages que l'on faisait combattre soit entre eux, soit avec des hommes. Le plus souvent ces sortes de jeux se donnaient dans le cirque; parfois, cependant, ils avaient lieu dans les amphithéâtres. Les individus qui combattaient contre les animaux féroces étaient nommés Bestiaires-: c'étaient tantôt des criminels condamnés à mort ou bien des prisonniers, tantôt des hommes qui faisaient de ce métier périlleux une véritable profession. Sous ce rapport ils se rapprochaient des gladiateurs; aussi en parlerons-nous à ce mot. 

La première Venatio dont les historiens fassent mention, eut lieu l'an 251 av. J. C., lorsque L. Métellus fit paraître dans le cirque 142 éléphants qu'il avait amenés de Sicile après sa victoire sur les Carthaginois : on les tua dans le cirque, parce que l'on ne savait qu'en faire. L'an 186 avant notre ère, M. Fulvius donna au peuple le spectacle d'une chasse où il y eut des lions et des panthères. Dans les jeux donnés 18 ans plus tard, en 108, par les édiles curules P. Cornélius Scipio Nasica et P. Lentulus, on vit 63 panthères d'Afrique et 40 ours ou éléphants. Ce fut l'édile curule Claudius Pulcher, qui le premier, en 99, fit combattre des éléphants dans le cirque. Sylla, étant préteur, fit paraître à la fois 100 lions qui furent tués dans le cirque à coups de javelines par des Numides que le roi Bocchus avait envoyés à cet effet. Pendant qu'il était édile curule, 58 ans av. J. C., Scaurus montra aux Romains un hippopotame et 5 crocodiles, pour lesquels on avait creusé un euripe dans le cirque. Dans son second consulat (55 avant J.-C.), Pompée offrit au peuple une venatio où figurèrent, outre une multitude d'autres animaux, 600 lions et 18 à 20 éléphants, qui tous furent tués. Les éléphants, attaqués à coups de javelines par des Gétules qu'on leur avait opposés, essayèrent de briser les barrières qui les séparaient des spectateurs : c'est pour éviter un danger de ce genre que Jules César fit creuser le premier euripe autour du cirque. Dans les jeux que ce dernier donna au peuple dans son troisième consulat (45 av. J.-C.), la venatio ne dura pas moins de 5 jours : ce fut alors que l'on vit à Rome, pour la première fois, des girafes. Jules César introduisit également à Rome les combats de taureaux : ces animaux étaient poursuivis dans le cirque par des cavaliers thessaliens qui les fatiguaient d'abord, puis les saisissaient par les cornes et les immolaient. L'empereur Auguste fit paraître (29 ans av. J. C.) un hippopotame, un rhinocéros, un serpent long, dit-on, de 50 coudées, et 36 crocodiles.

La passion du peuple pour ce genre de spectacles allant toujours croissant, les empereurs s'efforçaient sans cesse de surpasser leurs prédécesseurs. Lors de la consécration du Colisée, le nombre des animaux tués s'éleva à 9.000 ; il atteignit 11.000 dans les jeux célébrés par Trajan, après ses victoires sur les Daces. Sous les empereurs, on imagina une nouvelle espèce de venatio, dans laquelle les animaux n'étaient pas tués par des bestiaires, mais étaient abandonnés au peuple qui se précipitait dans l'area, chacun emportant ce qu'il pouvait saisir. Dans cette dernière sorte de jeux, on plantait de grands arbres par tout le cirque afin de lui donner l'apparence d'une forêt, et on avait soin de n'y pas lancer des animaux féroces proprement dits. Probus donna une chasse de ce genre, dans laquelle il fit paraître 1.000 autruches, 4.000 cerfs, 1.000 sangliers, 1.000 daims et une multitude d'autres animaux sauvages. Le lendemain, il y eut, non plus dans le cirque, mais dans l'amphithéâtre, un autre spectacle où l'on tua 100 lions, 100 lionnes, 200 léopards et 300 ours. Il serait superflu de multiplier davantage ces citations : celles qui précèdent suffisent pour donner une idée de la multitude vraiment incroyable d'animaux que l'on amenait à Rome pour l'amusement du peuple; cependant la liste des bêtes que Gordien l'Ancien avait réunies pour son triomphe, et qui furent montrées au peuple par son successeur Philippe, aux Jeux séculaires, mérite d'être mentionnée à cause de leur variété et de la rareté de quelques-unes d'entre elles. On y remarque, en effet, 32 éléphants, 10 élans, 10 tigres, 60 lions apprivoisés, 30 léopards apprivoisés, 10 hyènes, 1 hippopotame, 1 rhinocéros, 10 girafes, 10 archoléontes (on ignore quel est l'animal ainsi nommé), 20 onagres (peut-être étaient-ce des zèbres), 40 chevaux sauvages, et un nombre immense d'animaux de tout genre.

6 La Naumachie (Naumachia).
Les Romains donnaient le nom de Naumachie à la représentation d'un combat naval, ainsi qu'au lieu où se donnait ce genre de spectacle. Dans le principe, les naumachies avaient lieu dans le cirque ou dans l'amphithéâtre, dont on transformait l'intérieur en lac en y amenant l'eau du Tibre ou des aqueducs. Jules César fut le premier qui fit creuser un bassin spécial pour cette sorte de combat. Il établit sa naumachie dans une partie du Champ de Mars. Auguste et ses successeurs en firent bâtir de plus vastes encore. Le lac Fucin servit aussi plusieurs fois, notamment sous l'empereur Claude, à ce genre de spectacle. On y voyait nager, soit des monstres marins, soit des femmes, qui figuraient les Néréides. Les navires formaient deux escadres, et l'on désignait chacune d'elles par le nom de quelque nation maritime, comme les Tyriens et les Égyptiens, les Rhodiens et les Siciliens, les Perses et les Athéniens, les Corcyréens et les Corinthiens, etc. De même que dans les combats de gladiateurs, la vie des vaincus dépendait du caprice du peuple ou de l'empereur. (D.V.).

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