 |
La
Mandchourie
est une vaste région située dans le nord-est de la
Chine ,
comprenant aujourd'hui principalement les provinces chinoises du Liaoning,
du Jilin et du Heilongjiang, ainsi qu'une partie de la région autonome
de la Mongolie intérieure. Elle est également appelée Dongbei ( = Nord-est,
en chinois). Historiquement, la Mandchourie s'Ă©tendait jusqu'Ă la Russie
actuelle, notamment l'ExtrĂŞme-Orient russe.
La Mandchourie est
une région composée de plaines fertiles, de montagnes et de plateaux.
Les montagnes les plus notables sont les monts Changbai au sud-est, qui
forment une frontière naturelle avec la Corée
du Nord ,
et les monts Grand Khingan Ă l'ouest. La plaine de Mandchourie, l'une
des plus vastes plaines de Chine, s'Ă©tend dans le sud. Plusieurs grands
fleuves traversent la région, notamment le fleuve Amour
(Heilongjiang), le Songhua et le Liao. Ces rivières ont été cruciales
pour l'agriculture et les transports dans la région.
La Mandchourie connaît
un climat continental marqué par des hivers longs et rigoureux, avec des
températures pouvant descendre en dessous de -30 °C, et des étés chauds
et humides. La région est riche en ressources minières (charbon, fer,
pétrole) et possède de vastes forêts. Son sol fertile favorise la culture
de céréales, notamment le maïs et le soja.
La Mandchourie est
peuplée majoritairement de Hans, bien que les Mandchous, les Mongols et
les Coréens soient également présents. Les Mandchous, autrefois dominants,
sont aujourd'hui largement assimilés à la culture Han.
Villes de Mandchourie
Chine
• Harbin
(Ha'erbin, nviron 10 millions d'habitants). - Capitale de la province du
Heilongjiang, Harbin est la plus grande ville de la région historique
de la Mandchourie. Elle possède dess bâtiments européens, et accueille
des festivals de glace.
• Changchun
(environ 8 millions d'habitants). - Capitale de la province du Jilin, Changchun
était autrefois la capitale de l'État fantoche du Mandchoukouo durant
l'occupation japonaise. Elle est aujourd'hui un centre industriel important.
• Shenyang
(environ 8,3 millions d'habitants). - Capitale de la province du Liaoning,
Shenyang est une ville historique et culturelle importante. Elle abrite
plusieurs sites historiques, dont la tombe des Qing. |
Russie
• Vladivostok
(environ 600 000 habitants). - Située à l'extrémité orientale de la
Russie, Vladivostok est une ville portuaire importante, proche de la frontière
chinoise. Elle est le point de départ du Transsibérien.
• Khabarovsk
(environ 600 000 habitants). - Khabarovsk est une ville majeure au bord
de l'Amour, à proximité de la frontière chinoise. Elle est un centre
économique et culturel important dans la région de l'Extrême-Orient
russe.
• Blagovechtchensk
(environ 212 000 habitants). - Située à l'est de la Russie, à la frontière
avec la Chine, Blagovechtchensk est une ville importante du kraĂŻ de TransbaĂŻkalie.
Elle est active dans les Ă©changes commerciaux avec la Chine. |
(Note
: Les chiffres donnés pour la Chine se rapportent à la population totale
des agglomérations).
Histoire de la
Mandchourie.
La Mandchourie est
habitée depuis la préhistoire par des populations
nomades et semi-nomades. Elle a vu se succéder plusieurs ethnies, notamment
les Xianbei, les Khitan, et les Jurchen.
Ces groupes ont fondé des puissances importantes, comme le royaume Bohai,
qui a marqué une période de transition culturelle
et d'échanges avec la Chine et la Corée, la dynastie Liao qui a introduit
une organisation multiethnique et une domination par les nomades Khitan
et la dynastie Jin, qui a posé les bases du pouvoir
des Mandchous qui Ă©mergeroent sous la dynastie Qing au XVIIe
siècle.
• Le
royaume de Bohai (698–926). - Fondé par le peuple Mohe et
des nobles issus du royaume de Goguryeo, le royaume de Bohai (ou Balhae)
s'étendait sur une grande partie de la Mandchourie, la péninsule du Liaodong,
et une partie du nord de la Corée. Sa capitale principale était Sanggyeong,
située près de l'actuelle région de Ning’an en Chine. Le Bohai était
considéré comme un successeur culturel du Goguryeo, adoptant des éléments
culturels chinois et coréens. Il a maintenu des relations diplomatiques
avec la Chine des Tang, le Japon
et d'autres voisins. Le royaume a été renversé en 926 par les Khitan,
qui fondèrent la dynastie Liao.
• La dynastie
Liao (907–1125). - Fondée par les Khitan, une confédération nomade
venue de la steppe, la dynastie Liao contrôlait une vaste région comprenant
la Mandchourie, la Mongolie, et le nord
de la Chine. Les Khitan Ă©tablirent une administration duale, gouvernant
les populations nomades selon leurs coutumes et les populations sédentaires
(chinoises et Bohai) selon des lois adaptées. En Mandchourie, les Khitan
intégrèrent les terres du royaume de Bohai, qui devint une zone stratégique.
Les Liao furent en rivalité constante avec les Song
au sud et les peuples Jurchen au nord.
• La dynastie
Jin (1115–1234). - Fondée par les Jurchen, cette dynastie renversa
les Khitan et mit fin Ă la dynastie Liao en 1125. La dynastie Jin s'Ă©tendait
sur toute la Mandchourie, le nord de la Chine, et une partie de la Mongolie.
Leur capitale fut initialement située en Mandchourie avant d'être déplacée
à Zhongdu (l'actuel Pékin). Les Jurchen adoptèrent
une administration de style chinois tout en maintenant leur identité militaire.
En Mandchourie, les Jin renforcèrent leur contrôle sur les peuples locaux,
y compris les restes des Bohai et des Khitan. Finalement, les Jin furent
renversés par les Mongols sous Gengis
Khan.
Au XVIIe
siècle, les Jurchen, renommés Mandchous, unifient la région et fondent
la dynastie Qing (1644-1912), qui gouvernera toute
la Chine pendant près de trois siècles. Pendant cette période,
la Mandchourie reste une base stratégique des empereurs Qing, et son accès
est limité pour protéger l'identité mandchoue.
Ă€ partir du XIXe
siècle, la Mandchourie attire les convoitises des puissances étrangères,
notamment la Russie et le Japon, en raison de ses ressources et de sa position
stratégique.
Le Traité d'Aïgoun consacre la partition
de
la Mandchourie au milieu du XIXe siècle,
époque à laquelle son territoire a été entamée au Nord par les
Russes, qui en acquis 650 000 km² aux termes de ce traité (1858),
et de la convention de 1860, qui cédèrent à la Russie la région entre
l'Oussouri et la mer, définir l'Amour comme la frontière entre la Russie
et la Chine. C'est aussi Ă partir de cette Ă©poque, semble-t-il, que l'appellation
d'Evenk (Evenki ou Even), initialement appliquée à un groupe restreint,
a commencé à se substituer à celui de Toungouse pour désigner l'ensemble
des populations appartenant Ă ce groupe linguistiques vivant dans la taĂŻga
sibérienne.
La Mandchourie proprement chinoise a été
alors divisée administrativement en trois provinces : Ching-kong, comprenant
la presqu'îlle de Liaotoung, Kirin ou Ghirin et Holoung-kiang. La première
comprend la capitale Moukden, le port Niou-tchouang,
la ville sacrée de Hsingking avec les tombeaux des vieux rois mandchous;
elle comptait au début du XXe siècle
plus de 5 millions et demi d'habitants, presque tous Chinois. Celle de
Kirin avait une capitale du mĂŞme nom (120 000 habitants) sur le
Soungari-oula et d'autres grandes villes, Houng-chéou-fou, Ningouta-Achiso,
Sanhsing. La province de Holoung-kiang avait pour capitale AĂŻgoun (60
000 habitants); on y trouvait encore Tsitsiar ,
résidence du chef des troupes mandchoues. La province de Ching-king, assimilée
à la Chine, avait un gouverneur général; les deux autres des gouverneurs.
L'organisation Ă cette Ă©poque gardait
l'apparence militaire. On divisait les 65 tribus mandchoues en 8 bannières,
chacune ayant ses prêtres, ses tribunaux, ses écoles. L'armée comptait
67 800 hommes, dont 27 000 régulièrement enrégimentés. Elle était
armée d'arcs et de flèches et devait annuellement livrer 2400 cerfs et
une certaine quantité de peaux de zibelines. Les provinces payaient des
redevances en argent et en nature, sacs de blé, peaux de zibelines, etc.
Le Japon, après
avoir gagné en puissance et en influence, cherche à étendre son empire
et ses ressources en Asie de l'Est. La Mandchourie, une région riche en
ressources naturelles située au nord-est de la Chine, devient une cible
stratégique. En 1931, l'incident de Mukden (ou incident de la Mandchourie)
est un prétexte utilisé par le Japon pour envahir la Mandchourie. L'armée
japonaise met en scène un sabotage du chemin de fer sud-mandchourien,
attribué aux Chinois, pour justifier l'invasion. L'Etat fantoche du Manzhuguo
( = Mandchoukouo), est officiellement proclamé le 1er
mars 1932, avec Pu Yi, e dernier empereur de la dynastie Qing, placé par
les Japonais à sa tête comme empereur nominal. Cependant, le véritable
pouvoir reste bien entre les mains des autorités militaires japonaises.
Le Mandchoukouo est
dirigé comme un État satellite du Japon.
Le gouvernement est composé de politiciens chinois et mandchous, mais
les décisions importantes sont prises par les Japonais. Le Japon investit
massivement dans l'industrie et les infrastructures du Mandchoukouo, mais
principalement pour ses propres intérêts. Les ressources naturelles de
la région (charbon, fer et soja), sont exploitées pour alimenter l'économie
japonaise et soutenir son effort de guerre.
Le Japon présente
le Mandchoukouo comme un modèle de coopération entre les peuples asiatiques
et comme une libération de la domination chinoise. L'idéologie
officielle du Mandchoukouo prône la coexistence pacifique et la prospérité
partagée, mais en pratique, les politiques japonaises visent principalement
à renforcer leur domination et à intégrer la région dans leur sphère
d'influence. Les populations toungouses sont en fait très mal traitées.
Et les autorités chinoises accuseront plus tard les Japonais d'avoir utilisé
des armes bactériologiques contre elles.
Les exactions
de l'unité 731
L'unité 731 était
une unité secrète de recherche biologique et chimique de l'Armée impériale
japonaise, active pendant l'occupation de la Manchourie entre 1937 et 1945.
Elle est tristement célèbre pour avoir mené des expériences humaines
extrĂŞmement cruelles et inhumaines dans le cadre de la recherche sur la
guerre bactériologique et chimique. Créée sous le commandement du général
Shirō Ishii, un médecin et microbiologiste, l'unité 731 opérait sous
le couvert d'un centre de recherche médical officiel, appelé "Département
de prévention des épidémies et d'approvisionnement en eau". Basée près
de la ville de Harbin, dans le Mandchoukouo, elle faisait partie d'un réseau
plus large d'unités de recherche similaires.
Les expériences
menées par l'unité 731 visaient à tester les limites physiques et biologiques
des êtres humains et à développer des armes biologiques. Les cobayes
étaient appelés marutas ( = bûches) pour déshumaniser
les victimes. Les prisonniers, souvent des civils chinois, coréens, russes
et même des prisonniers de guerre alliés, étaient délibérément infectés
par des agents pathogènes comme la peste, le choléra, la typhoïde ou
l'anthrax, pour observer les effets de ces maladies. Les vivisections (dissections
de corps vivants) étaient réalisées pour examiner les organes internes,
fréquemment sans anesthésie, afin de comprendre la progression des maladies
ou les effets des blessures. Des tests d'armes biologiques et chimiques
étaient également réalisés sur des villages chinois ou des zones peuplées,
entraînant des épidémies dévastatrices. Des prisonniers étaient aussi
exposés à des conditions extrêmes (gel, chaleur, privation d'eau ou
de nourriture) pour observer la résistance humaine.
On estime que plusieurs
dizaines de milliers de personnes (probablement entre 200 000 et 300 000)
sont mortes directement ou indirectement à cause des activités de l'unité
731. Après la Seconde Guerre mondiale, les responsables de l'unité 731
ont bénéficié d'une immunité juridique en échange des données de
leurs recherches, notamment de la part des États-Unis.
Shirō Ishii et d'autres figures clés n'ont jamais été jugés pour leurs
crimes. Ces atrocités restent une source de tensions entre la Chine, la
Corée
et le Japon. En Chine, des musées et mémoriaux témoignent de ces crimes.
Le cas de l'unité 731 est souvent comparé à celui des expérimentations
humaines nazies sous le Dr Mengele ( L'Holocauste).
Il soulève des questions éthiques sur la recherche médicale, l'impunité
et la mémoire des crimes de guerre. Malgré cela, la reconnaissance de
ces faits au Japon reste partielle et sujette Ă controverse dans les cercles
politiques et académiques. |
Après la Seconde
Guerre mondiale, en 1945, l'URSS envahit
la Mandchourie pour expulser les forces japonaises, avant de restituer
la région à la Chine. Après la guerre civile chinoise (1946-1949), la
Mandchourie devient un bastion industriel clé pour la République populaire
de Chine. La Mandchourie, cependant, a souffert d'un déclin économique
après les réformes économiques des années 1980, qui ont favorisé le
sud du pays. Des efforts récents visent à revitaliser la région grâce
Ă des investissements dans l'industrie lourde et l'agriculture. |
|