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La Livonie

Livonie, en russe Lifliandiia, all. Liefland ou Livland, c. à d. pays des Lives, habitants primitifs de cette ancienne) contrée qui est aujourd'hui incluse principalement dans la Lettonie (et dans le sud de l'Estonie) . Son chef-lieu historique, Riga, est aujourd'hui la capitale de la Lettonie. Le lin et le houblon y croissent en abondance, et les forêts fournissent beaucoup de bois de construction. La religion dominante est le protestantisme

La Livonie a conservé le nom de ses premiers occupants, les Lives. Dès le IXe siècle, les Lettes envahirent l'Est, les Scandinaves prirent pied sur la côte. Au XIIe siècle, des négociants de Brème jetés par un naufrage à l'embouchure de la Duna (1159) nouèrent des relations avec les habitants du lieu, remontèrent le fleuve; en 1186 s'éleva l'église d'Ykestola, bientôt flanquée d'un château; le pape nomma le moine constructeur Meinhard évêque de Livonie (1188). L'évêque Albert (1199-1229) réussit à convertir les Lives et fonda Riga (1201). Les croisades amenaient des immigrants allemands que l'évêque groupa en 1202 dans l'ordre des frères de la chevalerie dit Christ, plus tard appelés Porte-glaive; il lui céda le tiers de la Livonie (1207); mais, en même temps, l'ordre se faisait investir de la Livonie par l'empereur Philippe de Souabe (1206), la rattachant ainsi au Saint-Empire romain germanique. En 1224, après de sanglantes guerres contre les indigènes et les Danois, les Porte-glaive sont maîtres de l'Estonie. En 1237, ils fusionnent avec le puissant ordre teutonique; on se contente de nommer un maître provincial pour la Livonie : le premier fut Hermann Balk. En 1232, l'ordre avait obtenu l'immédiateté. Il continuait ses conquêtes aux dépens des Coures, des Lituaniens, des Russes; en 1245 il est maître de la Courlande et du tiers de la Sémigalle que Frédéric II lui donne en fief, attribuant le reste à l'évêque de Riga; il avait aussi octroyé la Lituanie aux chevaliers, mais ils ne purent s'en emparer; au contraire, ils furent menacés par les Lituaniens quand vint la décadence de l'ordre teutonique. 

La Réforme introduite à Riga dès 1523 fut combattue par le grand maître Walter de Plettenberg (1494-1535). Cependant la diète de Wolmar accorda la liberté du culte protestant (1554). Vers cette époque, le tsar Jean II Vasiliévitch infligea à l'ordre teutonique des défaites décisives; la Pologne et la Suède intervinrent à la demande de l'évêque de Riga. En 1561, Gotthard Ketteler, le dernier grand maître, n'avait plus que la Courlande et la Sémigalle qu'il sécularisa à titre de duc vassal de la Pologne. L'Estonie devint suédoise, la Livonie polonaise, mais celle-ci fut disputée entre la Suède, la Russie et la Pologne. La paix d'Oliva (1660) la donna à la première; ce fut une époque de prospérité; avec l'Église protestante furent organisées des écoles, une justice et une administration régulières. En 1694, la vieille constitution locale fut abolie. Mais la Suède ne put garder que la Livonie. La Russie, qui voulait des débouchés sur la Baltique, la conquit; la paix de Nystadt la lui assura. Cependant l'autonomie provinciale fut garantie, spécialement celle de l'Église luthérienne

Jusqu'à au début du XIXe siècle, elle subsista; mais, sous l'influence des idées panslavistes et du zèle religieux, ces privilèges ont été entamés, d'autant qu'ils existaient au profit d'une faible minorité d'Allemands. En 1819, le servage fut aboli; en 1849, la condition des paysans fut améliorée. En 1835, la loi russe fut introduite et la langue russe déclarée officielle à côté de l'allemand. En 1845-1848 on persuada 140000 paysans de passer à l'Église grecque, et on voulut les empêcher d'en ressortir. Cependant, en 1856, Alexandre II confirma les privilèges de la noblesse. La slavisation fut reprise à la fin de son règne et sous celui d'Alexandre III. Il poursuivit. la fusion complète des provinces baltiques avec les autres, s'appuyant contre l'aristocratie allemande sur la population lette et este. Le sénateur Manassein fit de grands efforts dans ce sens (1884). On nomma des fonctionnaires russes, imposant le russe comme seule langue officielle jusque dans les communes et dans toutes les écoles. Enfin en reprit la politique de conversion en masse, bannissant les pasteurs luthériens qui acceptaient les convertis revenus à leur ancienne foi; les biens de l'Église luthérienne furent placés sous la main du gouvernement. Les résistances des nobles et du clergé allemand n'arrêtèrent pas arrêté cette transformation. Du moins jusqu'à la Première Guerre mondiale. Après celle-ci, en 1921, la Livonie, réunie à la Courlande, forma le nouvel État de Lettonie, avec laquelle son histoire se confond depuis. (A.-M. B.).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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