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La Brie

La Brie, Brigensis saltus, est une ancienne province de France ayant fait partie des gouvernements de l'lle-de-France et de Champagne, et pour cette raison ayant porté les noms de Brie française et de Brie champenoise

Rien n'est plus difficile que de fixer exactement les limites des petites provinces qui couvraient jadis le territoire français; on peut cependant dire avec une précision relative que la Brie était circonscrite au Nord par le Valois, le Soissonnais et le Laonnois; à l'Est, par la Champagne; au Sud-Est, par la Bourgogne; au Sud, par le Gâtinais; à l'Ouest, par le Hurepoix; au Nord-Ouest par l'lle-de-France proprement dite. Son territoire avait ainsi environ 120 km de longueur et 85 de largeur. 

La Brie champenoise était située à l'Ouest de la Champagne, au Nord du Sénonais, au Nord-Est et à l'Est de la Brie française. Villes principales : Meaux, chef-lieu de toute la Brie; Dammartin, Château-Thierry, Germigny-l'Evêque, Provins, Coulommiers, Sézanne, Vertus, Montmirail, Sézanne. Les environs de Château-Thierry se nommaient Brie pouilleuse. Aujourd'hui la Brie champenoise fait partie des départements d'Oise, de la Seine-et-Marne et de l'Aisne.

La Brie française, beaucoup moins étendue, était comprise dans la partie Sud-Est de l'Ile-de-France, à l'Ouest et au Sud-Ouest de la Brie champenoise. Places : Brie-Comte-Robert, Lagny, Corbeil, Nangis, Rozoy, Gèvres, Villeroi, Melun, Donnemarie, Tournan. Elle fait partie des Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne.

Au temps de César les Meldi,  dont la ville principale était Meaux, occupaient cette contrée, qui n'était qu'une vaste forêt nommée Brigensis saltus; elle fut, sous l'empire romain, comprise dans la 4e Lyonnaise, et sous les Francs dans le royaume de Neustrie. Sous les derniers Carolingiens, la partie orientale de la Brie eut des comtes particuliers, qui portèrent le plus souvent le titre de comtes de Meaux, du siège de leur seigneurie. En 998, Herbert de Vermandois, comte de Meaux, devint comte de Troyes, et depuis ce moment la Brie (champenoise) suivit les destinées de la Champagne.

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Brie.
Paysage de la Brie, près de Rebais (Seine-et-Marne). © Photo : Serge Jodra, 2011.

Quant à la partie de la Brie voisine de Paris, elle resta toujours la propriété des rois de France; mais au XVIIe siècle, une longue contestation et qui ne paraît pas avoir été définitivement résolue, s'éleva entre les gouverneurs de l'lle-de France et ceux de la Champagne, sur les limites de leur gouvernements respectifs entre Lagny au Nord et Montereau au Sud. 

La Brie un pays peu accidenté, très riche en pâturages; on récolte beaucoup de grains et les fromages qu'on y fabrique sont réputés. 

Géologie.
La Brie constitue, dans la partie orientale de l'Île de France, une région naturelle bien délimitée par des considérations fondées sur la composition et le relief du sol, c.-à-d. par des éléments fixes, et sa division, fort ancienne, en Brie française à l'Ouest, Brie champenoise ou pouilleuse à l'Est répond même à des causes profondes. Elle comprend, dans son ensemble, ce vaste plateau calcaire, à surface remarquablement uniforme, qui occupe, à la sortie de Paris, tout l'espace triangulaire formé par le confluent de la Seine et de la Marne, en venant ensuite se terminer brusquement entre ces deux rivières, d'Epernay à Montereau, par une véritable falaise, en avant des plaines crayeuses, arides et sèches de la Champagne pouilleuse. C'est de même par une crête régulière et horizontale, le plus souvent escarpée et garnie de bois, qu'il se traduit quand on l'aborde dans toutes les directions, notamment dans le Nord, où les escarpements de cette plate-forme bien encadrée, viennent couronner la rive gauche de la Marne, qui marque sa limite dans cette direction. 

Sur les grandes plaines agricoles qui s'étendent à perte de vue sur son sommet, la culture des céréales et des fourrages artificiels règne presque sans partage, comme dans la Beauce, et le secret de cette fertilité du sol aussi bien que son horizontalité, réside tout entier dans la présence d'une couche épaisse de limon répandue sur toute la surface, parfaitement nivelée, de ce vaste plateau, dont le sous-sol est constitué, comme celui de la haute Beauce, par une nappe uniforme de calcaire lacustre, ici le plus souvent transformée en meulières. 

Les nombreuses exploitations à ciel ouvert, établies au milieu de ces plaines agricoles, principalement sur toute la bordure du plateau, indiquent en effet la continuité, dans le sol, de cette nappe de meulières qui fournit d'excellents matériaux pour les constructions et pour la fabrication des meules de moulin, quand ces blocs caverneux deviennent suffisamment épais et continus, comme aux abords immédiats de la Ferté-sous-Jouarre. En même temps la fréquence des bouquets de bois, des haies vives, des ceintures de beaux arbres en enclos au milieu desquels des habitations isolées sont agréablement disséminées, celle aussi de grandes mares, entourées de roseaux où dorment les eaux des étangs, trahissent l'humidité du fond et par suite l'imperméabilité du sol argileux.

Ces faits impriment à la Brie un caractère bien particulier et suffiraient à la différencier de la Beauce, où la perméabilité du sol entraîne, avec la rareté des massifs d'arbres, l'absence des clôtures de haies ou des étangs et la concentration des maisons autour de puits profonds, et bien outillés; il y faut joindre un paysage plus accidenté. Alors que la haute Beauce, débarrassée de tout dépôt superposé, n'offre à l'oeil qu'une surface unie où la vue peut s'étendre, sans limites, dans toutes les directions, la régularité du plateau de la Brie se montre, de places en places, rompue par des tertres sableux boisés. Tels sont, pour ne citer que les plus importants, dans la Brie champenoise, la butte de Doué qui s'élève à 181 m d'altitude au-dessus de l'étang de La Loge (142 m), dans la Brie française la colline du Vernon, et le mont de Rubrette. 

Ces monticules ne sont autres que des restes de sables tongriens de Fontainebleau, qui primitivement étendus sur toute la Brie ne se traduisent plus maintenant que par ces témoins respectés par les eaux ainsi que par des blocs de grès isolés à la base du limon, en venant mettre en évidence les phénomènes de dénudation qui ont donné au sol son relief actuel. Les traces de cette ancienne couverture marine sont surtout nombreuses sur les confins méridionaux de la Brie française, où l'on peut voir, dans la direction de Melun et du Châtelet, ces buttes sableuses se souder en plusieurs chaînes de hauteurs boisées, dominant d'une trentaine de mètres le plateau qui leur sert de support. Au delà, sur la rive gauche de la Seine, ces collines et ces chaises sableuses deviennent plus nombreuses et plus considérables sur le plateau du Hurepoix, où elles finissent, en se rapprochant de plus en plus, par se souder et se réunir à la masse puissante des sables de Fontainebleau.

Le développement des massifs sableux dans la Brie française, introduit dans le paysage une plus grande variété. Cette contrée, de plus faible altitude que la Brie champenoise, est aussi plus favorisée au point de vue de l'importance de la couverture limoneuse qui la rend plus fertile que sa voisine. Sa surface sert alors de support à de belles moissons et se montre fréquemment boisée, en même temps la fréquence des mares bordées de plantes amies des eaux, osiers, roseaux, prêles, celle aussi de lignes ininterrompues de saules et de peupliers jalonnant le parcours de nombreux ruisseaux, accusent l'existence d'un fond imperméable tout près de la surface.

Il est enfin un caractère commun à ces deux régions qu'il importe de mettre en lumière, c'est le rôle que jouent dans leur composition les travertins lacustres compacts ou caverneux dits de Champigny, qui se sont formés, sur la rive gauche de la Marne, à l'époque du gypse parisien (éocène supérieur). Le calcaire lacustre miocène (travertin moyen), avec ses accidents meuliériformes, ne constitue pas à lui sent le couronnement du plateau de la Brie; dans la plus grande partie de la Brie champenoise et dans une portion notable de la Brie française, une couche épaisse de ce travertin éocène compact, imprégné de calcédoine, forme le support de la nappe de meulières. De plus, on sait le développement pris, dans cette même région, par d'autres formations lacustres. tantôt marneuses, tantôt compactes, qui appartiennent cette fois à l'éocène moyen et représentent les unes le calcaire de Saint-Ouen (travertin inférieur), les autres, tels que le calcaire blanc à cassure plane de Provins, le calcaire grossier supérieur. C'est à cet ensemble de circonstances que le plateau de la Brie doit son homogénéité et l'absence de vallons importants.

Les seuls accidents de cette nature à citer sont en effet, avec la sinueuse Yerres qui vient se jeter dans la Seine à Villeneuve-Saint-Georges, les vallées latérales à peine dignes de ce nom qui, dans la direction de la Marne, se montrent drainées par le Surmelin, le Grand et le Petit Morin. Les diverses assises de calcaires lacustres superposés, forment en effet, au-dessous des meulières, un massif solide très résistant contre lequel se sont arrêtés les efforts de l'érosion ou du travail de creusement exercé par les eaux courantes. De là vient que ce massif calcaire, quand on l'aborde sur son revers méridional, apparaît, depuis Montereau jusqu'à Epernay, dressé en falaises abruptes dominant une vaste plaine crayeuse. Les deux vallées qui l'encadrent, la Seine et la Marne, ne sont donc pas tracées au hasard, elles marquent la limite de territoires, l'un composé d'assises résistantes qui ne se sont pas laissé entamer, les autres, ou l'absence des travertins et le développement sous les meulières de puissantes assises marneuses, gypsifères, ou sableuses sans consistance, ont singulièrement facilité l'oeuvre de l'érosion. 

De là résulte également l'état des morcellement des régions avoisinantes, qui se montrent souvent entrecoupées par de fraîches vallées bien arrosées, entaillées dans des roches tendres de nature marneuse, sableuse ou calcaire, appartenant à l'éocène (marnes du gypse, calcaire marneux de Saint-Ouen, sables de Beauchamp, calcaire grossier), circonstance qui introduit un aspect tout autre que celui offert par le plateau à peine découpé de la Brie.

Mais il est une autre particularité encore remarquable, toujours motivée par le développement des travertins dans ce plateau. C'est que l'état fissuré de ces roches compactes permet aux eaux pluviales, rapidement absorbées par ces fentes innombrables, de se rassembler en profondeur dans les cavités de ces calcaires, notamment dans les parties caverneuses du travertin de Champigny. On voit ainsi dans la Brie champenoise les eaux de surface se perdre en beaucoup de points, puis reparaître, au fond de certaines vallées, en sources fraîches et limpides, représentant tout le produit de la concentration des infiltrations qui se sont perdues à la surface du plateau. Les belles sources de la Voulzie, du Duretin, du Surmelin, celles aussi de la Dhuys captées pour la ville de Paris, n'ont pas d'autre origine. (F. Bournon/ Ch. Vélain).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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