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Le Bourbonnais

L'ancienne province française du Bourbonnais était comprise presque en entier entre la Loire et le Cher; l'Allier, coulant du Sud au Nord, la coupait en deux parts presque égales. Il est généralement admis que ses limites correspondaient, à peu de chose près, à celles du département de l'Allier. C'est là un point qui demande à être précisé. Le Bourbonnais est une province de formation féodale dont l'étendue a souvent varié. Il faut le prendre au XVIe siècle, au lendemain de sa réunion à la couronnes et voir jusqu'où s'étendait le ressort de sa sénéchaussée; on aura ainsi ses véritables limites, telles qu'elles furent maintenues jusqu'à la création des départements

Sa frontière méridionale n'a pas été bien sensiblement modifiée : le Puy-de-Dôme lui a en enlevé quelques paroisses de la châtellenie de Gannat, Saint- Agoulin, Jozerand, Montcel, etc., mais en même temps il héritait, sur les bords de l'Allier, de territoires appartenant à l'Auvergne.

Il n'en a pas été absolument de même à l'Est, où il a perdu sans compensation Céron, Bourg-le-Comte, partie de Digoin, partie de Gilly et des paroisses situées entièrement sur la rive droite de la Loire, comme Lesme, Vitry, Trizy, etc.

A l'Ouest, jusqu'à la hauteur d'Hérisson et de Culan, les changements sont peu sensibles, mais ils acquièrent au Nord une grande importance, car les territoires bourbonnais laissés en dehors de l'Allier ont formé presque en entier les cantons de Sauzais-le-Potier, de Saint-Amand, de Sancoins et de Nérondes, appartenant aux arrondissements de Saint-Amand et de Sancerre. 

Le Bourbonnais s'étendait de côté jusqu'à Raymond, dans la partie Nord du canton de Dun-le-Roi et jusqu'à Nérondes; c'est donc le Cher qui lui a fait les plus notables emprunts. La Nièvre lui a aussi enlevé un certain nombre, de paroisses, car la châtellenie de Moulins comprenait Imphy et Sermoise et allait ainsi jusqu'aux portes de Nevers.

Le Bourbonnais ne correspondait à aucune circonscription antique. C'était, comme l'a dit fort exactement Guy Coquille, dans son Histoire du Nivernais, « province et pays nouvellement composé, comme en marqueterie et mosaïque, de plusieurs pièces rapportées, acquises, des seigneurs voisins ».

Partagé jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, sous le rapport religieux, entre les cinq diocèses de Bourges, Clermont, Autun, Nevers et Limoges, il s'est formé peu à peu aux dépens du Berry, de l'Auvergne, de l'Autunois, de la Marche et du Nivernais. Cette formation, dont on peut faire remonter les commencements aux dernières années du IXe siècle, se continue pendant toute la période féodale. Véritable création de ses sires et de ses ducs, il a, lorsque François Ier le réunit à la couronne, assez de vitalité et d'unité pour conserver son nom, ses limites, son organisation administrative, en un mot son individualité propre.

Histoire du Bourbonnais

A l'époque gauloise, trois peuples dont les frontières sont indiquées avec une suffisante approximation par celles qu'avaient encore, en 1700, les diocèses de Bourges, d'Autun et de Clermont, se partagent son territoire. Ce sont les Eduens, qui possèdent la région qui a formé Ies cantons actuels du Donjon, de Dompierre, de Chevagnes et partie de ceux de Moulins-Est et de Moulins-Ouest; les Bituriges, qui s'étendent sur l'arrondissement de Montluçon tout entier, sauf quelques communes du cantont de Marcillat, sur le canton de Chantelle et sur ceux du Montet, de Bourbon et de Lurcy; enfin les Arvernes, de qui dépendent les cantons de Lapalisse, de Cusset, de Jaligny, de Varennes, du Mayet-de-Montagne, de Gannat, d'Ebreuil, d'Escurolles, de Saint-Pourçain et même de Souvigny et de partie de Moulins. Il est probable que César a foulé à plusieurs reprises le sol bourbonnais, mais ses pas n'ont laissé, quoi qu'on en dise, que de bien faibles traces sur les grèves de l'Allier. Quant aux Boii, population helvétique que le conquérant aurait établie sur le territoire des Eduens et que les vieux historiens considèrent comme les « ancêtres » des Bourbonnais, il semble acquis que Corgobina, Gortona ou Gergovia, leur capitale, doit être placée à Sancerre ou à Saint-Satur, dans le Cher.

A l'époque gallo-romaine, la contrée qui devait être le Bourbonnais fut comprise, pour ce qui appartenait aux Eduens, dans la première Lyonnaise et, pour ce qui dépendait des Arvernes et des Bituriges, dans la première Aquitaine. Les itinéraires, les inscriptions et des textes anciens nous font connaître quelques-uns des vici et pagi qu'elle renfermait. Ce sont, pour la civitas Bituricensis, Neriomagus, Néris, qui est désigné sous le nom d'Aquae Neri dans les itinéraires, et sous celui de Nereensis pagus dans Grégoire de Tours; Aquae Bormonis, Bourbon-l'Archambault; Cantilia, Chantelle, qui est mentionné dans les itinéraires et qui fut visité au Ve siècle par Sidoine Apollinaire; le pagus Vosagensis, Voussac. Pour la civitas Arvernensis, Lepidiacus, précédemment vicus Beberensis, Lubié, hameau de Lapalisse, et le vicus Transaliensis, Trezelle, mentionnés par Grégoire de Tours; le pagus Viciacensis de la vie de saint Ménelée, abbé de Menat au VIIIe siècle, Vichy, qui, d'après l'opinion courante, serait l'Aquis Calidis des itinéraires; Donobrium ou Donobrense castrum, Châtel-de-Neuvre, où se voyaient encore, au XVIe siècle, des ruines romaines importantes; Gatnacum, Gannat, chef-lieu du pagus Limania, qui dut être un vicus gallo-romain. Enfin, dans le pagus Augustodunensis, on peut citer, comme ayant dû être aussi un vicus, Isodrum, Isiotrensis pagus, Iciodorum, Iseure.

Nous sommes mieux renseignés sur les vicariae ou vigueries du haut Moyen âge et des commencements de la période féodale qui les vit se transformer en châtellenies, sans qu'il nous soit permis toutefois d'établir entre ces deux sortes de circonscriptions des rapports bien précis. Nous voyons, en effet, les limites des châtellenies se modifier, leur nombre s'accroître ou diminuer et parfois même de nouveaux chefs-lieux remplacer les anciens. D'après Nicolay, les châtellenies du Bourbonnais étaient, au XVIe siècle, au nombre de dix-sept, à savoir : Moulins, Souvigny, Belleperche, Chaveroche, Billy, Vichy, Gannat, Ussel, Chantelle, Verneuil, Murat, Montluçon, Bourbon-l'Archambault; Hérisson, Ainay-le-Château, Germigny et la Bruyère-l'Aubépin. Quelques-unes de ces châtellenies étaient si considérables qu'on avait dû les subdiviser en châtellenies inférieures, dans l'intérêt de l'administration et de la justice. La châtellenie de Moulins, par exemple, comprenait les châtellenies secondaires de Bessay et de Bourg-le-Comte, ou des Basses-Marches. D'autres, comme Souvigny et Ussel, ne se composaient que de trois ou quatre paroisses, d'autres enfin conservaient le nom d'un chef-lieu qui avait été depuis longtemps remplacé par une localité plus importante. Belleperche n'existait plus, Villefranche avait succédé à Murat, Cérilly remplaçait la Bruyère-Laubespin. Les châtellenies du Bourbonnais subsistèrent jusqu'à la Révolution comme circonscriptions judiciaires; l'aliénation du domaine utile et la création des élections de Moulins, Montluçon et Gannat leur avait enlevé tout caractère administratif.

Il n'est guère possible de suivre jour par jour la formation du Bourbonnais. Tout porte à croire qu'il eut pour noyau la viguerie de Bourbon, que l'un de ses titulaires de la fin du IXe siècle parvint à transformer en fief héréditaire. L'importance et l'étendue de ce fief et l'imprenable forteresse qui en était le chef-lieu firent bientôt du vassal régal de son suzerain, le comte de Bourges. De force ou de gré, dit Chazaud (Chronologie des sires de Bourbon), les sires de Bourbon arrivèrent peu à peu à se faire accepter, soit comme suzerains par les petits seigneurs locaux, sait comme seigneurs immédiats par les cultivateurs, les hommes du pays, détenteurs de la terre à n'importe quel titre. Ce fut là le point de départ, et, moins de deux cents ans après, avant la fin du XIe siècle, le Bourbonnais était constitué avec les limites qu'il conserva. La province ainsi formée ne possède pas une histoire bien dramatique, car sa situation au centre même de la France l'a mise presque complètement l'abri des grands accidents de guerre qui remplissent les annales des pays frontières. 

Pendant la guerre de Cent ans, des bandes de partisans opérant au nom des Anglais, la ravagèrent entièrement et à plusieurs reprises et occupèrent la plupart de ses forteresses. Ces faits, sur lesquels les détails précis font d'ordinaire défaut, se placent à la fin du gouvernement du duc Pierre Ier et au commencement du gouvernement de Louis II, de 1350 à 1370. Ce sont là vingt années qui furent bien dures pour les habitants du Bourbonnais, car il semble que les hommes d'armes du parti français et les seigneurs du pays eux-mêmes, à qui l'absence du prince laissait toute liberté, les traitèrent aussi mal que les ennemis. En 1440, lors de la Praguerie, le duc Charles Ier, qui tenait le parti du dauphin, amena Charles VII et une armée française en Bourbonnais. Ebreuil, Escurolles, Charroux et la région voisine furent, semble-t-il, grandement foulés. Le duc Jean II, en entrant dans la ligue du Bien public, procura à son tour, en 1465, une nouvelle invasion armée du Bourbonnais. Louis XI vint avec une armée de douze à quinze mille hommes, entra par Saint-Amand, prit Hérisson et Montluçon et s'avança jusqu'à Saint-Pourçain. Après la rupture de négociations engagées par le duc pour gagner du temps, il reprit les opérations de guerre; Verneuil fut rasé et Gannat enlevé d'assaut. La trahison et la fuite du connétable de Bourbon ne causèrent pas de troubles dans le pays. Deux mois après la mort du prince rebelle, ses biens étaient régulièrement confisqués et réunis à la couronne.

Le Bourbonnais fut alors attribué à Louise de Savoie, qui en joignit le nom à son titre de duchesse et qui le posséda jusqu'à sa mort, arrivée en 1531. Il passa à Charles de France, troisième fils du roi, puis fit retour à la couronne en 1545, servit, en 1562, à former le douaire de Catherine de Médicis, fut donné, en 1566, au duc d'Anjou et fut attribué, comme douaire, en 1577, à Elisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX, et en 1592 à Louise de Lorraine, veuve de Henri Ill. Marie de Médicis et Anne d'Autriche le possédèrent successivement au même titre, et enfin, le 26 février 1661, Louis XIV en céda le domaine utile, en échange du duché d'Albret, à Louis de Bourbon, prince de Condé.

Le Bourbonnais eut sa part des malheurs causés par les Guerres de religion, et c'est précisément au lendemain des Grands Jours tenus à Moulins par Charles IX, en 1566, dans un but d'apaisement, et où fut rendue la fameuse ordonnance dite de Moulins, que se produisirent les premières hostilités entre protestants et catholiques. Une armée réunie par ces derniers en Auvergne et en Bourbonnais, fut battue, le 7 janvier 1568, à Cognat, aux portes de Gannat, par le chef huguenot Poncenat. Peu de temps auparavant, ceux de la religion, commandés par les sieurs Bourniquet et Mouvons, avaient mis à sac le couvent des Célestins de Vichy; un peu plus tard, ils brillèrent la commanderie de Saint-Antoine de Charroux et, s'en allant vers le Berry, pillèrent Ainay et Cérilly et y commirent de nombreux meurtres. Les troubles continuèrent jusqu'à la fin de la Ligue, causant des dommages considérables à certaines villes, en particulier à Saint-Pourçain. Moulins, ancienne capitale des possessions des ducs de Bourbon, devint, au XVIe siècle, le chef-lieu d'une généralité qui comprit les élections de Moulins, Montluçon et Gannat, Nevers et Château-Chinon, Guéret et Evaux. A la fin de 1788, l'intendant dut céder, pour le Bourbonnais et pour la Marche et la Combraille, une partie de ses attributions à une assemblée provinciale instituée par Necker et composée de trente-deux membres choisis pour moitié dans l'ordre du clergé et de la noblesse, et pour moitié dans celui du tiers. Les actes de l'Assemblée nationale furent accueillis en Bourbonnais avec tout l'enthousiasme dont étaient capables ses habitants, mais les mesures violentes prises dans la suite n'eurent dans ce pays qu'un assez faible écho. Parmi les hommes chargés de le représenter dans les assemblées révolutionnaires, on ne peut citer que le comte Destutt de Tracy, député de la noblesse aux Etats généraux.

Littérature, sciences et arts

Formé de morceaux empruntés à des provinces dont les populations présentent des caractères très différents et bien nettement tranchés, à cheval en quelque sorte sur la ligne de démarcation des dialectes de langue d'oïl de ceux de langue d'oc, le Bourbonnais manque d'originalité. Au Moyen âge, ils n'y pas eu de littérature locale; l'architecture, pendant la période romane, où chaque province adoptait des dispositions particulières de construction et un genre spécial de décoration, tient à la fois du genre bourguignon et du genre auvergnat. 

On y rencontre plus de soixante églises antérieures au style gothique, et quelques-unes de ces églises, comme celles de Saint-Menoux, d'Ebreuil et de Châtel-Montagne, qui ont appartenu à des établissements religieux, sont fort importantes. L'église du prieuré de Souvigny est un vaste édifice roman dont la partie supérieure a été refaite au XVe siècle. Elle renferme les tombeaux, malheureusement mutilés, des ducs Louis II et Charles Ier. Le choeur et une faible partie de la nef de la cathédrale de Moulins appartiennent à la dernière période gothique; on y voit des vitraux contemporains .de la construction et un triptyque attribué à Ghirlandajo.

Le Bourbonnais a produit un assez grand nombre d'hommes remarquables sans toutefois posséder beaucoup d'hommes célèbres. Une bonne part d'entre eux appartient à l'Eglise. Pierre de Belleperche, né en 1230, dans les environs de Villeneuve-sur-Allier, fut doyen de Notre-Dame de Paris et mourut évêque d'Auxerre, en 1307. Guillaume Durand, de l'ordre de saint Dominique, né à Saint-Pourçain en 1272, fut évêque du Puy et ensuite évêque de Meaux. Il mourut en 1340, laissant, entre autres traités théologiques, un commentaire du livre des sentences de Pierre Lombard. Jean du Pin, moine de Cîteaux, écrivit, en 1340, un ouvrage, partie en prose et partie en vers, intitulé : Le Champ vertueux de bonne vie. Jacques Loup, de la maison des seigneurs de Beauvoir, devint évêque de Saint-Flour, en 1427. Pierre Filhol, natif de Gannat, fut président de la chambre des comptes de Paris, gouverneur de I'lle de France, évêque de Sisteron, puis archevêque d'Aix; il mourut en 1541, âgé de cent deux ans. Louis Pinelle, né à Montluçon en 1440 et mort évêque de Meaux en 1516, est l'auteur de statuts synodaux pour la réforme des monastères de Cluny, publiés en 1516. François de Beauquaire de Péguillon, né au château de la Crète, près de Montluçon, servit la maison de Lorraine, devint évêque de Metz en 1560 et figura d'une façon brillante au concile de Trente. Il consacra les dernières années de sa vie à écrire, sous ce titre : Rerum gallicarum commentarii, une sorte de chronique allant du commencement du règne de Louis XI à 1561. Gaspard Dinet, de Moulins, et Louis Dinet, son neveu, furent tous les deux évêques de Mâcon et moururent, le premier en 1614, le second en 1650. Pierre Bizot, chanoine d'Hérisson, mort en 1696, a laissé une Histoire métal-lique de la République de Hollande. Paul Rabusson, bénédictin, natif de Gannat, fut supérieur général de la réforme de Cluny et mourut en 1717. Il est l'auteur du bréviaire de Cluny. Jean de Lingendes, prédicateur célèbre, naquit à Moulins en 1595, devint évêque de Macon en 1650 et mourut en 1665. Claude de Lingendes, cousin du précédent, né aussi à Moulins, entra dans la Compagnie de Jésus et acquit également une grande réputation comme prédicateur. Jean Bouillet, prieur de Saint-Didier, est l'auteur d'un Abrégé historique des conciles généraux, imprimé à Moulins en 1703. Jean-Jacques d'Obeilh, de Moulins, fut évêque d'Orange. François d'Obeilh, jésuite, a composé des ouvrages de morale et de piété. Jean-Claude Garreau, jésuite, né à Saint-Pourçain en 1715, est l'auteur d'une Vie de M. de la Salle, instituteur des écoles chrétiennes, publiée en 1750. Henri et Claude Griffet, frères, nés à Moulins et tous les deux jésuites, ont laissé, le premier de nombreux ouvrages se rapportant aux règnes de Louis XIII et de Louis XIV, une édition des mémoires de Villevieille, etc.; le second des poésies latines et françaises. Antoine-Gilbert Griffet de la Baume, neveu des précédents, a donné la première traduction française de Werther et des comédies, et a travaillé à la plupart des recueils périodiques de son temps. Bernard Destutt de Tracy, théologien, mort en 1786, est l'auteur d'un Traité des devoirs de la vie chrétienne (Paris, 1760) et d'une Vie de saint Gaétan de Thienne (Paris, 1774). Louis Legrand, né à Lusigny et mort en 1780, a publié des traités de théologie et a fait, pour la Sorbonne, la censure de l'Emile de Rousseau, du Bélisaire de Marmontel et de plusieurs autres ouvrages.

Le Bourbonnais a vu naître quelques magistrats et un assez grand nombre de jurisconsultes estimés dans leur temps, mais bien oubliés à l'heure actuelle. Il est probable que le chancelier Duprat est né, non à Issoire, mais à Gannat. Le fait est mieux établi pour ce qui regarde Antoine Minard, président au Parlement, qui fut l'homme lige de son compatriote. Puisqu'il est question de ceux qui font leur chemin en servant les rancunes des grands, nommons ici Jean de Doyat, l'un des instruments de la politique de Louis XI, natif de Cusset. Christophe de Carmone, natif de Moulins, mort président au Parlement de Paris. Il avait remplacé Guy de Rochefort comme premier président du Parlement de Bourgogne. Jean Duret, avocat célèbre, né à Moulins vers 1510, est, en particulier, l'auteur d'un commentaire sur la coutume du Bourbonnais, imprimé à Lyon en 1585. Claude Duret, son fils, e laissé aussi de nombreux ouvrages parmi lesquels il suffit de citer l'Histoire admirable des plantes et le Trésor de l'histoire des langues de cet univers. Nicolas Masuer est l'auteur d'un traité de procédure intitulé Pratica forensis. Jacques Potier s'est occupé de la coutume de la province. Claude Berroyer a travaillé avec Laurière à la Bibliothèque des coutumes. Edme La Poix de Fréminville, natif de Lapalisse, a laissé des travaux sur le droit féodal et sur les droits des communautés, entre autres un traité de la police municipale. Le conventionnel Chabot (de l'Allier), né à Montluçon en 1758 et mort en 1819, est un jurisconsulte estimé.

Les lettres ont eu moins d'adorateurs que les lois, et quant à l'histoire, elle n'a compté qu'un petit nombre de fervents. A Jean du Pin, le plus ancien connu des poètes bourbonnais, il faut joindre Pierre de Nesson, qui fut attaché à la personne du duc Jean Ier, et Jeannette, sa nièce; Henri Baude, né à Moulins vers 1430, contemporain et émule de Villon, dont les vers ont été publiés par Jules Quicherat; Jean Robertet, favori du duc de Bourbon et fut le poète le mieux renté de France sous Charles VIII; Antoine Mizaud, né à Montluçon vers 1510, qui faisait marcher de front l'astrologie, la médecine et la poésie et qui a laissé un nombre considérable de poèmes, la plupart en latin. Blaise de Vigenère, né à Saint-Pourçain en 1523, mort en 1596, connu surtout comme érudit, a donné, à côté de ses vers, de très nombreuses traductions d'ouvrages anciens et des dissertations scientifiques. Claude Billard, né à Souvigny en 1550, a laissé des tragédies et l'interminable poème de l'Eglise triomphante. Henry Aubery, jésuite, né à Bourbon, est l'auteur de poésies de circonstance. Etienne Bournier a fait imprimer à Moulins, en 1605, le Jardin d'Apollon et de Clémence. Blot, poète libertin et satirique, mort en 1655, fut l'ami de tous les beaux esprits de son temps. Jean de Saint-Aubin, jésuite, né à Moulins en 1587, a paraphrasé en vers le livre de Job et l'Ecclésiaste; en outre, il est l'auteur d'une histoire civile et ecclésiastique de Lyon qui a été publiée par le P. Menestrier. Gilbert Gaulmyn, qui est surtout connu comme érudit versé dans la connaissance des langues et comme maître des requêtes luttant contre les prétentions du Parlement, a laissé des poésies en latin. Enfin, Jean de Lingendes, né à Moulins en 1580, est l'auteur des Changements de la bergère Iris.

Aux érudits et historiens déjà. nommés, ajoutons : Guillaume de Jaligny, secrétaire du duc Pierre Il et auteur de mémoires sur Charles VIII; Antoine de Laval, qui publia les mémoires de Marillac; Français et Guillaume Blanchard, père et fils, qui écrivirent, le premier l'Eloge des premiers présidents du Parlement de Paris (1645), et une histoire des présidents à mortier et des maîtres des requêtes, le second une compilation chronologique des ordonnances des rois de France; Ribaud de la Chapelle, historien et archéologue, né à Gannat en 1704; et Achille Allier, historien archéologue et artiste, auteur principal de l'Ancien Bourbonnais, né à Montluçon en 1807, mort en 1836. Puisque nous avons touché au XIXe siècle, citons encore : Antoine-Louis-Claude Destutt de Tracy, philosophe, membre de l'Institut, mort en 1836, et l'abbé Châtel, né à Gannat en 1795, fondateur de l'Eglise catholique française.

Jean de Châteaumorand, qu'on peut classer parmi les hommes de guerre, est en réalité le principal auteur de la Chronique du bon duc Loys, rédigée par Cabaret d'Or-ville. Le maréchal Jacques de Chabannes, seigneur de Lapalisse, tué à Pavie, appartenait entièrement au Bourbonnais. Moulins s'honore d'avoir vu naître, en 1653 le maréchal de Villars, en 1660 Jacques de Fitz-James, duc de Berwick; en 1708 , l'amiral Louis Guillouet d'Orviller, qui commandait la flotte Française à Ouessant, en 1778; en 1720 ou 1721, le général de Choisy. On pourrait ajouter à cette liste les généraux Rabusson, Sauret, de Courtais, Camus de Richement, les amiraux Jurien de la Gravière, de Montaignac, etc. 

La médecine semble avoir été de tout temps en grand honneur en Bourbonnais et le nombre de ceux qui se sont distingués dans l'art de guérir y est vraiment considérable. Nous avons déjà nommé Mizaud; mentionnons encore Jean Aubery, né à Bourbon vers 1530, auteur d'un livre intitulé l'Antidote de l'amour, et d'études sur les bains de Bourbon-Lancy et de Bourbon-l'Archambault; Jean et Charles de l'Orme, père et fils, originaires de Moulins, qui acquirent à Paris une très grande réputation et contribuèrent à remettre en honneur les eaux du Bourbonnais; Desbrets, intendant des eaux de Vichy; Faye, intendant des eaux de Bourbon enfin J.-B. Chomel, natif de Gannat, qui fut médecin de Louis XIV et doyen de la Faculté de médecine de Paris. Pierre Petit, mathématicien, né à Montluçon en 1594, fut intendant général des fortifications et laissa un traité du compas de proportion, des mémoires sur l'artillerie, les comètes, etc. François Peron, naturaliste et voyageur, né à Cérilly en 1775, est l'auteur d'un Voyage aux terres australes. C'est à Moulins que sont nés les sculpteurs Thomas Reynaudin et Philibert Vigier, qui furent employés à la décoration des jardins de Versailles; Ledard, peintre d'histoire, qui vivait en 1640, et Gilbert Sève, qui fit de la peinture religieuse. Regnaudin a travaillé au tombeau du duc de Montmorency qui se voit dans l'ancienne chapelle de la Visitation de Moulins, plus tard chapelle du lycée. (A. V.).

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