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Les figures
de rhétorique, de style, de construction
En termes de grammaire et de rhétorique, on donne le nom de figure à une manière de parler qui donne à l'expression de la pensée et du sentiment plus de force, plus de vivacité, plus de noblesse ou plus de grâce. C'est surtout le langage de l'imagination et de la passion. L'abus que les déclamateurs leurs ont fait des figures, les noms pédantesques qu'ils leur ont donnés, les subtilités qu'ils ont mises dans leur classification, ont jeté sur elles un certain discrédit, et souvent, pour jeter de la défaveur sur une composition oratoire, on dit que c'est un tissu de figures de rhétorique. 

Cependant, ces figures, créées par l'usage, et auxquelles la rhétorique n'a fait que donner des noms, sont l'âme de l'élocution et du style. Pour peu qu'on ait de chaleur dans l'esprit, on a besoin d'expressions figurées pour se faire entendre; on y a souvent recours par nécessité, parce que les langues, quelle que soit leur richesse, sont insuffisantes à rendre les nuances diverses de la pensée, et qu'il faut alors y suppléer par une multitude de rapprochements et de combinaisons dont on n'a pas même conscience. 

Une règle essentielle, c'est de n'employer les figures qu'avec discernement et sobriété, sans jamais perdre de vue les convenances du style. Il est des figures qu'il faut laisser au peuple, et d'autres qu'on doit réserver au langage héroique; il en est de communes à tous les styles et à tous les tons. C'est au goût, formé par l'usage, à distinguer ces nuances. L'abus des figures a ses dangers. Quand Molière, au sujet du sonnet d'Oronte, fait dire à Alceste (le Misanthrope, I, 2) :

Ce style figuré, dont on fait vanité, 
Sort du bon caractère et de la vérité,
ce n'est pas qu'il condamne ce style d'une manière absolue. Mais il signale la manie de ne jamais dire les choses en termes justes et naturels.

La rhétorique a distingué au cours de sa longue histoire une foule de figures qui ont été rangées dans deux classes principales, les figures de pensées et les figures de mots. Cette catégorisation est tombée en désuétude en même temps que la rhétorique elle-même. On n'en dira donc ici que quelques mots.

Figures de pensée.
Les figures de pensées sont celles qui consistent dans la pensée, dans le sentiment, dans le tour d'esprit, indépendamment des paroles dont on se sert pour les exprimer; par conséquent, on peut changer les mots sans détruire pour cela la figure. Les Anciens appelaient ces figures les attitudes, les formes du discours; en effet, le discours qui n'est pas figuré, c'est la statue droite, sans gestes, sans attitudes, et le discours que les figures animent, c'est la statue qui, sous le ciseau de l'artiste, prend toutes les formes et tous les mouvements de la pensée. 

Les principales figures de pensées sont : 

l'anticipation
l'accumulation,
l'allusion
l'antithèse,
l'apostrophe, 
la communication, 
la comparaison, 
la concession, 
la correction, 
la déprécation ou obsécration, 
la description, 
l'énumération, 
l'épiphonème,
l'éthopée, 
l'exclamation,
la gradation,
l'hyperbole,
l'hypotypose,
l'imprécation, 
l'interrogation,
l'ironie, 
la litote, 
l'euphémisme,
l'optation, 
la prétérition ou prétermission, 
la prosopopée,
la réticence,
la subjection,
la suspension, etc. 
Figures de mots.
Les figures de mots tiennent à la forme de l'expression, et disparaissent quand on la change. 

Figures de grammaire (ou de construction).
Les unes, qui modifient l'emploi grammatical des mots, sont dites figures de grammaire, comme : 

l'ellipse, 
l'hypallage,
l'hyperbole,
l'inversion, 
le pléonasme,
la syllepse.
Tropes.
Les autres, dites tropes (du grec tropus, détour), modifient le sens des mots, les transportent de leur signification propre à une signification détournée; tels sont  :
la métaphore,
l'allégorie,
la catachrèse,
l'antonomase,
la métonymie,
la synecdoque,
la métalepse.
Figures de mots proprement dites.
D'autres enfin sont appelées figures de mots proprement dites, comme  :
la conversion, 
la disjonction,
l'onomatopée, 
la périphrase, 
la répétition. 
(B.).
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