.
-

Les dunes

Les dunes les plus connues sont celles que le vent amoncelle le long des rivages maritimes; toutefois, les plus considérables paraissent être celles qui sont formées dans les déserts où les agents atmosphériques désagrègent le sol et fournissent au vent des masses de sables et de débris encore plus considérables. Telles sont les grandes dunes ou Erg du Sahara, celles du sud de l'Algérie ou du désert de Libye; on en retrouve dans les autres déserts, en particulier dans celui de Gobi, et, sur une moindre échelle, en Europe, dans le Banat et dans la plaine de l'Allemagne du Nord. Les dunes maritimes se trouvent le long de la mer Baltique, sur les rivages méridionaux russe et polonais, dans la presqu'île danoise, dans les îles de Sylt, Foehr, Helgoland, Nordernay, Borkum, sur la côte occidentale de France; hors d'Europe, sur les côtes d'Egypte, sur les côtes occidentales d'Afrique, sur les côtes méridionales d'Australie, en Floride, etc.
-
Dunes.
Dunes au bord de la Manche (Quend-Plage). © Photo : Serge Jodra, 2010.

Les dunes se forment près de la mer par l'action du vent sur les sables du rivage; quand ce sable est sec et fin, le vent violent venant du large, un nuage de sable est poussé vers l'intérieur des terres. Ce sable forme des monticules, qui alors constituent jusqu'à un certain point une défense contre l'entraînement des matières de la plage; mais le sable qui les forme est pourtant emporté par le vent, et le rideau de dunes qui s'est formé le long de la mer s'avance dans les terres. Suivant l'état du sable, ce phénomène est plus ou moins rapide, ou même ne tarde pas à s'arrêter.

La hauteur des dunes est couramment de 10 à 15 m, souvent de 30 à 40; on en cite de plus de 100, de 180 m. Leur structure générale est sensiblement la même; ce sont des collines dont la pente est beaucoup plus douce du côté de la mer d'où vient le vent que de l'autre; la pente est de 5° à 15° d'un côté, de 30° et plus vers la terre. Les grains de sable abandonnés par le reflux sont entraînés par le vent qui les amoncelle jusqu'à ce qu'ils redescendent abandonnés à leur propre poids. Une des formations typiques comporte trois rangées parallèles et successives de dunes : la ligne maritime; la ligne médiane plus haute que la précédente de qui elle reçoit ses matériaux; la ligne intérieure plus basse. Tant que le sable de la dune n'est pas fixé par la végétation, il est essentiellement mobile et la dune se déplace on se modifie incessamment. Elle progresse vers l'intérieur, des terres ou bien, dans les parages où la mer recule, il se forme sans cesse de nouvelles dunes du côté maritime. La marche des dunes varie selon les lieux. Dans l'île de Sylt, elles s'avancent de 4 à 5 m par an; de 4 à 7 m à la Frische Nehrung; de plus de 7 m (depuis 1666) en Bretagne, aux alentours de Saint-Pol-de-Léon, elles ont dévoré déjà plusieurs villages dont seuls les clochers émergent encore. Les grandes dunes d'Allemagne sont celles de la Kurische Nehrung, hautes de 37 à 63 m, qui s'avancent de la mer vers la lagune avec une vitesse moyenne de 5,5 m par an et ont déjà enseveli plusieurs villages, et d'ici deux à cinq siècles auront peut-être comblé la lagune. Les dunes du Sahara, du désert de Gobi, celle des côtes orientales de la mer Caspienne ont déjà submergé de vastes surfaces cultivées autrefois. 
-

Dune sur la côte du Massachusetts.
Dune sur la côte du Massachusetts. Photo : Bill Perry.

Les dunes arrêtant l'écoulement des eaux intérieures, on trouve également à leur pied une zone de marécages, d'étangs, de tourbières. La flore propre des dunes est très pauvre (Arundo arenaria, Arundo baltica, Elymus arenarius, Triticum pinceum, Carex arenaria, etc.). Depuis plus de deux siècle on a entrepris des travaux méthodiques pour la consolidation et la fixation des dunes au moyen de plantations. A ce point de vue comme aux autres, les dunes classiques sont celles du golfe de Gascogne.

Il existe des dunes, en France, près de Boulogne, dans les départements de la Manche, du Finistère, de la Loire-Atlantique, de la Vendée, de la Charente-Maritime, de la Gironde, des Landes et de l'Hérault; elles occupent environ 110 000 hectares. Les dunes sont formées de sable calcaire en Normandie, d'un mélange de calcaire et de silice en Bretagne (surtout siliceux), de 69% de silice, 1,5% de calcaire et 29,5% de matières organiques et diverses en Saintonge. Dans les Landes, on ne trouve que du quartz, du mica, un peu de fer, des traces de coquilles. Les différences de composition sont indiquées par A. Durand-Claye, dans son Cours d'hydraulique agricole, comme la cause des variations dans les essences choisies pour la fixation des dunes. Dans les Landes, il faut des espèces silicicoles (pin maritime); en Normandie, des espèces calcaires (peuplier blanc, céréales, légumes).

« Le pin maritime trouve dans la quantité inappréciable de chaux que contiennent les sables, la quantité qui lui est nécessaire. Dans la tige, la chaux forme pourtant 20 à 40% de cendres; le même fait se produit pour l'acide phosphorique, qui forme de 5 à 16% de cendres. »
Dans les terrains trop calcaires, le pin maritime pousse mal. Dans les Landes les dunes qui ont été entravées dans leur marche par des travaux appropriés, forment, en épaisseur perpendiculaire à la côte, des séries de collines occupant plusieurs kilomètres, et s'élevant parfois à 80, 90 m au-dessus du niveau de la mer. Comme on l'a remarqué les collines les plus hautes sont au centre, et en plan elles sont disposées en quinconce. L'écoulement des eaux douces se trouve arrêté, et il se forme des étangs à la limite des dunes, côté de terre. Brémontier, à la fin du XVIIIe siècle, ayant remarqué que les dunes fixes étaient couvertes de végétation, essaya sur les autres des semis protégés. Les lignes de protection consistaient d'abord en piquets clayonnés, puis en palissades, en madriers on planches. On établit aussi des cordons de défense formés de deux lignes de branches fichées dans le sol, inclinées à 45° de l'Ouest vers l'Est sur deux rangs à 0,25 m l'un de l'autre, avec des branches garnissant l'intervalle. On sème sur les dunes des graines de pin, de genêt ou d'ajonc et l'on recouvre le semis de fagots. On plante des gourbets dans la partie la plus voisine de la mer. Des résultats favorables et économiques ont été obtenus en plantant des touffes de genêt, de bruyères ou de branches de pin sur des lignes régulières, distantes de 0,50 m, entre lesquelles le semis prospère. (GE).
-
Dunes au Sahara.
Dunes du Sahara. Photo : The World Factbook.
.


Les mots de la matière
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2009. - Reproduction interdite.