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Le
changement
climatique ( = dérèglement climatique, réchauffement climatique),
est une modification durable des moyennes statistiques du climat
global de la Terre ou des climats régionaux. Il ne se limite pas seulement
à des journées plus chaudes ou plus froides, mais à des modifications
des températures moyennes, des précipitations, des vents et d'autres
aspects du climat sur des périodes de temps longues. Actuellement, l'augmentation
moyenne de la température mondiale par rapport aux niveaux préindustriels
(1850-1900), est de 1,1 °C selon les données de 2022. Si aucune action
supplémentaire n'est prise, la planète pourrait connaître une hausse
de température allant de 2,7 °C à 4 °C d'ici 2100.
Jalons
chronologiques. - Au XVIIIe
siècle,
Joseph
Fourier (1824) est l'un des premiers à formuler l'idée que l'atmosphère
terrestre agit comme une "serre". Fourier a proposé que certains gaz atmosphériques
retiennent la chaleur, contribuant à maintenir la Terre à une température
habitable. Horace Bénédict de Saussure invente
le premier instrument pour mesurer l'effet de serre solaire. En 1861, John
Tyndall démontre expérimentalement que certains gaz, comme le dioxyde
de carbone (CO2) et la vapeur d'eau, absorbent et
réémettent la chaleur infrarouge, contribuant à l'effet de serre. Svante
Arrhenius (1896) calcule pour la première fois l'impact de l'augmentation
du CO2 sur la température terrestre. Arrhenius prévoit
un réchauffement si la concentration de CO2 double
dans l'atmosphère.
En 1938, Guy Stewart
Callendar établit un lien entre l'augmentation des émissions de CO2
dues aux activités humaines (principalement la combustion de charbon)
et l'augmentation des températures globales. Au cours de la décennie
suivante, commence le développement des premières bases de données climatologiques,
permettant de mieux comprendre les variations de température sur de longues
périodes. Charles Keeling (1958) propose la célèbre courbe qui porte
son nom et, qui montre une augmentation continue des niveaux de CO2
dans l'atmosphère grâce aux mesures prises à l'observatoire de Mauna
Loa, à Hawaï. Des avancées sont faites à la même époque dans
la compréhension des isotopes, permettant de tracer les sources du CO2
et de confirmer son origine anthropique.
Les premiers modèles
climatiques informatiques sont développés dans les années 1970 pour
simuler le comportement de l'atmosphère et prévoir les impacts futurs
des émissions de gaz à effet de serre. En 1979, le Rapport Charney
conclut que le doublement des niveaux de CO2 entraînerait
un réchauffement global de 1,5 °C à 4,5 °C. Le Groupe intergouvernemental
d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) est créé en 1988 par l'ONU
et l'OMM (Organisation météorologique mondiale). Les chercheurs commencent
à constater une augmentation significative des températures mondiales
et à l'attribuer aux activités humaines. A partir de 1990, les premiers
rapports du GIEC confirment que les activités humaines contribuent au
réchauffement climatique. La Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques est signée en 1992, lors du Sommet de la Terre
à Rio de Janeiro. En 1997, le Protocole de Kyoto
sera le premier traité international contraignant visant à réduire les
émissions de gaz à effet de serre. Ce texte en définit les six principaux
: le CO2, le CH4, le N2O,
les HFC, les PFC et le SF6.
A partir des années
2000, les satellites et les technologies avancées permettent de surveiller
les changements climatiques en temps réel (fonte des glaces, élévation
du niveau de la mer, etc.). Les rapports successifs du GIEC (2001, 2007)
fournissent des preuves renforcées de l'influence humaine sur le climat.
Le Prix Nobel de la paix est décerné au GIEC et à Al Gore en 2007 pour
leurs efforts en matière de sensibilisation au changement climatique.
Signé en 2015, l'accord de Paris acte l'engagement mondial pour limiter
le réchauffement à 1,5 °C ou 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels.
Les recherches actuelles se concentrent sur des projections plus précises
des impacts, l'adaptation, la transition énergétique, et les effets irréversibles
comme le dépassement des points de bascule climatiques.
Aujourd'hui, les
chercheurs concentrent leurs efforts sur l'étude des impacts à long terme
sur les écosystèmes, les sociétés humaines et l'économie, et sur les
solutions technologiques, comme la capture et le stockage du CO2.
Les causes du changement
climatique
Le changement climatique
est un phénomène multifactoriel. A côté d'une cause principale (l'augmentation
de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère
due aux activités humaines, principalement la combustion d'énergies fossiles),
interviennent aussi de facteurs secondaires ou amplificateurs.
La cause principale
: l'effet de serre renforcé par les activités humaines.
L'effet
de serre est un processus naturel essentiel Ã
la vie sur Terre. Certains gaz présents dans l'atmosphère (gaz à effet
de serre) agissent comme une serre : ils laissent passer le rayonnement
solaire vers la surface de la Terre, mais absorbent une partie du rayonnement
infrarouge
(chaleur) réémis par la Terre, empêchant ainsi cette chaleur de s'échapper
complètement vers l'espace. Sans l'effet de serre naturel, la température
moyenne de la Terre serait d'environ -18°C, rendant la vie telle que nous
la connaissons impossible.
Bien que le climat
ait toujours fluctué naturellement, le changement climatique actuel se
distingue par sa rapidité et son ampleur, le problème actuel n'est pas
l'effet de serre naturel. Son renforcement est dû à l'augmentation de
la concentration de certains gaz à effet de serre dans l'atmosphère,
principalement à cause des activités humaines. C'est ce renforcement
qui piège davantage de chaleur et provoque le réchauffement climatique.
Principaux gaz Ã
effet de serre dont la concentration augmente à cause des activités humaines,
et leurs sources :
Dioxyde
de carbone (CO2).
La combustion d'énergies
fossiles (charbon, pétrole,
gaz naturel) est la source principale de CO2
et la
plus déterminante. La combustion de ces énergies pour la production d'électricité,
le transport, l'industrie, le chauffage domestique, etc., libère du CO2
stocké depuis des millions d'années dans le sous-sol. Les forêts absorbent
le CO2 de l'atmosphère (photosynthèse).
Mais la déforestation, notamment pour l'agriculture ou l'urbanisation,
réduit ce puits de carbone et libère le CO2 stocké
dans les arbres et le sol. La combustion des forêts
(feux de forêt, brûlis) libère également du CO2.
Certaines industries, enfin, comme la production de ciment, libèrent aussi
du CO2 lors de réactions chimiques. Le niveau
de CO2 dans l'atmosphère en 2023, était de 420 parties
par million (ppm) contre environ 280 ppm à l'époque préindustrielle.
--
Augmentation
du dioxyde de carbone atmosphérique au fil du temps. - Les scientifiques
s'attendent à ce que la quantité de CO2
dans l'atmosphère terrestre double avant la fin du XXIe siècle sa concentration
par rapport à son niveau préindustriel . Les mesures des signatures isotopiques
de ce surplus de CO2 démontrent
qu'il provient principalement de la combustion de combustibles fossiles.
(Crédit : NOAA). |
Méthane
(CH4).
La digestion des
ruminants
(vaches, moutons, etc.) produit du
méthane.
La culture du riz en rizière, la gestion du fumier sont également des
sources importantes de ce gaz. Il existe aussi des fuites de méthane lors
de l'extraction et du transport du gaz naturel et du pétrole. Dans les
décharges, la décomposition anaérobie
des déchets organiques produit du méthane. Les zones humides naturelles
et dégel du pergélisol, bien que naturelles,
sont des sources de méthane qui peuvent être amplifiées par le réchauffement
climatique (dégel du pergélisol libérant du méthane emprisonné). Par
rapport à 1850, le le méthane a vu sa concentration augmenter de 260
%.
Protoxyde
d'azote (N2O).
L'utilisation d'engrais
azotés (synthétiques et organiques) en agriculture (processus de nitrification
et dénitrification des sols) libèrent du protoxyde d'azote ou oxyde nitreux
(N2O). Certaines industries chimiques produisent également
du N2O. La combustion d'énergies fossiles et de biomasse
contrinue aussi à la production de ce gaz, même si c'est dans une moindre
mesure que de CO2. La concentration dans l'atmosphère
de protoxyde d'azote a augmenté de 23 %, depuis le XVIIIe
siècle.
Gaz
fluorés (HFC, PFC, SF6, NF3).
Les hydrofluorocarbures
(HFC), utilisés dans la réfrigération et la climatisation, les perfluorocarbures
(PFC), utilisés dans l'industrie électronique et la production d'aluminium,
l'hexafluorure de soufre (SF6) et le trifluorure
d'azote, utilisé dans les équipements électriques et la en micro-électronique,
sont des gaz à très fort pouvoir de réchauffement global, souvent plusieurs
milliers de fois supérieur à celui du CO2. Ils sont
synthétiques et n'existent pas naturellement.
Le dérèglement
de la machine climatique.
La stabilité du
climat sur de longues périodes est assurée par divers mécanisme de régulation
qui, lorsque certains paramètres définissant el climat s'écartent des
valeurs assurant l'équilibre global de celui-ci, interviennent pour contrer
cette variation. On parle dans ce cas de boucles de rétroaction
négative. Mais l'actuelle hausse globale des températures perturbe plusieurs
mécanismes naturels de régulation climatique de la Terre, en introduisant
des mécanismes nouveaux qui, au lieu de ramener le climat à sa position
d'équilibre, agissent dans le sens d'une amplification des perturbations.
es mécanismes qui s'auto-alimentent et accélèrent le réchauffement,
sont appelées cette foisdes boucles de rétroaction positive. On peut
en mentionner les principaux :
Affaiblissement
de l'effet tampon des océans.
Les océans absorbent
environ 90 % de l'excès de chaleur dû aux émissions de gaz à effet
de serre (GES). Cette absorption entraîne une élévation de la température
des eaux et une stratification accrue, ce qui réduit la capacité des
océans à stocker plus de chaleur. Le réchauffement océanique affaiblit
la circulation thermohaline (ex. : Gulf Stream), perturbant le transport
de chaleur entre les pôles et l'équateur.
Fonte
des glaces et modification de l'albédo.
La glace
et la neige sont très réfléchissantes (albédo
élevé), et renvoient une grande partie du rayonnement solaire vers l'espace.
Le réchauffement climatique provoque la fonte des glaces (banquise, glaciers,
calottes glaciaires). La surface terrestre ou océanique libérée par
la fonte de la glace est moins réfléchissante (albédo plus faible),
et absorbe donc davantage de rayonnement solaire, ce qui amplifie le réchauffement
et accélère encore la fonte des glaces. C'est une boucle de rétroaction
positive.
Libération
de méthane et de CO2 par le
dégel du permafrost.
Le permafrost ou
pergélisol ( = sol gelé en permanence) contient d'énormes quantités
de matière organique piégée. Le réchauffement climatique provoque le
dégel du permafrost, ce qui permet la décomposition de cette matière
organique par des micro-organismes, libérant
du méthane et du CO2 dans l'atmosphère, amplifiant
le réchauffement. Autre boucle de rétroaction positive.
Modification
du cycle de l'eau.
L'air chaud peut
contenir plus de vapeur d'eau. La vapeur d'eau est
un puissant gaz à effet de serre. Le réchauffement climatique augmente
l'évaporation et donc la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère,
ce qui renforce l'effet de serre et amplifie le réchauffement. C'est une
autre boucle de rétroaction positive.
Modification
de la circulation globale.
La hausse des températures
a des conséquences majeures sur la circulation
globale de l'atmosphère et des océans, ce qui perture les dynamiques
climatiques à l'échelle mondiale.
• Circulation
atmosphérique. - Le réchauffement de l'Arctique
réduit la différence de température entre les pôles et les tropiques,
ce qui ralentit les courants-jets (grandes bandes de vent en haute altitude),
qui deviennent plus instables, favorisant des conditions météorologiques
extrêmes plus persistantes (vagues de chaleur, sécheresses, tempêtes).
Les cellules de circulation (Hadley, Ferrel, polaire) sont également modifiées.
Ainsi, l'expansion des cellules de Hadley vers les pôles entraîne un
déplacement des zones arides et des précipitations vers le nord et le
sud, modifiant les climats tempérés et tropicaux. L'air plus chaud retient
davantage d'humidité, ce qui favorise des précipitations plus intenses,
des ouragans plus puissants et des sécheresses prolongées, car l'évaporation
s'accélère, affectant les ressources en eau douce.
• Circulation
océanique. - La hausse des température cause le ralentissement de
la circulation thermohaline
:
ce réchauffement et la fonte des glaces polaires libèrent de grandes
quantités d'eau douce dans l'Atlantique Nord, ce qui réduit la densité
de l'eau et ralentit le courant océanique responsable du transport de
chaleur (comme le Gulf Stream). Des changements dans les courants marins
influencent la répartition de la chaleur et des nutriments, affectant
les écosystèmes marins et la pêche. Le réchauffement des eaux réduit
par ailleurs la solubilité de l'oxygène et favorise la formation de zones
mortes (zones de minimum d'oxygène) dans les océans.
Affaiblissement
des puits de carbone.
Les océans,
les forêts et aussi les sols absorbent une partie du CO2
émis par les activités humaines. Cependant, leur capacité d'absorption
pourrait diminuer avec le réchauffement. L'augmentation de la température
de l'eau des océans réduit sa capacité à dissoudre le CO2.
L'acidification des océans due à l'absorption de CO2
peut également affecter les organismes marins qui absorbent le carbone.
Le stress hydrique, les incendies plus fréquents et les attaques de parasites
liés au changement climatique peuvent affaiblir les forêts et réduire
leur capacité à absorber le CO2.
Facteurs naturels.
Certains facteurs
naturels peuvent jouer un rôle mineur, mais ne sont pas responsables du
changement limatique actuel. Le climat terrestre a ainsi toujours varié
naturellement au cours des millénaires et des ères géologiques, sous
l'influence de facteurs naturels comme :
• Les
variations de l'activité solaire. - L'intensité du rayonnement solaire
varie légèrement selon les cycles solaires.
Ces variations peuvent influencer le climat, mais leur impact sur le réchauffement
climatique actuel est très faible et ne peut pas expliquer l'ampleur et
la rapidité du changement observé.
• Les éruptions
volcaniques. - Les éruptions volcaniques majeures peuvent injecter
des aérosols (particules fines) dans la stratosphère,
qui réfléchissent une partie du rayonnement solaire et peuvent provoquer
un refroidissement temporaire du climat (sur quelques années). Cependant,
les éruptions volcaniques contribuent également
aux émissions de gaz à effet de serre, mais dans des quantités bien
inférieures aux émissions anthropiques, et leur effet global sur le long
terme n'explique pas le réchauffement actuel.
• Les variations
orbitales de la Terre (cycles
de Milanković). - Ces cycles, qui se déroulent sur des dizaines de
milliers d'années, modifient la distribution du rayonnement solaire reçu
par la Terre et influencent les cycles glaciaires-interglaciaires.
Ils sont pertinents pour comprendre les variations climatiques à long
terme, mais ne sont pas la cause du réchauffement rapide et récent que
nous observons actuellement.
• La variabilité
climatique interne (el Niño, la Niña,
les oscillations Atlantiques, etc.). - Ces phénomènes naturels provoquent
des fluctuations climatiques régionales et interannuelles, mais ne sont
pas responsables de la tendance globale au réchauffement à long terme.
(Cependant l'augmentation des températures pourrait les intensifier et
rendre plus fréquents, entraînant sécheresses et inondations).
Expressions du changement
climatique
Le changement climatique
a des conséquences graves et interconnectées, que l'on retrouve à différents
niveaux, affectant en même temps l'environnement, les sociétés humaines
et les économies à l'échelle mondiale.
L'augmentation
des températures moyennes globales.
L'augmentation des
températures moyennes globales ne correspond pas seulement de quelques
degrés de plus en été. Elle signifie que l'ensemble
du système climatique terrestre accumule de la chaleur. Cette chaleur
supplémentaire est principalement piégée par l'augmentation des gaz
à effet de serre dans l'atmosphère, provenant des activités humaines
(combustion d'énergies fossiles, déforestation, agriculture intensive,
etc.). Conséquences directes et indirectes :
Vagues
de chaleur plus fréquentes et intenses.
Le changement climatique
signifie une augmentation des canicules, avec des températures extrêmes
plus élevées et des durées plus longues. Cela a des impacts majeurs
sur la santé humaine (coups de chaleur, déshydratation, problèmes cardiovasculaires,
mortalité accrue), l'agriculture (stress
thermique pour les cultures et le bétail), les infrastructures (routes,
voies ferrées qui se déforment), et les écosystèmes
(incendies de forêt, stress pour la faune et la flore). Les vagues de
chaleur se produisent désormais environ 3 fois plus souvent qu'en 1950.
Réchauffement
inégal.
Le réchauffement
n'est pas uniforme sur toute la planète. Les régions polaires se réchauffent
beaucoup plus rapidement que les régions équatoriales (phénomène d'amplification
polaire). Cela a des conséquences disproportionnées dans ces zones, notamment
la fonte accélérée des glaces arctiques et la déstabilisation du pergélisol.
Perturbation
des cycles saisonniers.
Les saisons deviennent
moins prévisibles, avec des printemps plus
précoces, des étés plus longs, et des automnes
plus tardifs. Cela perturbe les cycles de vie des plantes
et des animaux, avec des conséquences sur l'agriculture,
la pollinisation, les migrations
animales, etc. Les moussons sont également
affectées par le réchauffement, qui influence leur force et les répartition
de leurs précipitations en Asie et en Afrique, affectant l'agriculture
et les ressources en eau.
Augmentation
de l'évaporation.
L'air plus chaud
intensifie l'évaporation de l'eau des sols et des plans d'eau, contribuant
à la sécheresse dans certaines régions et à des précipitations plus
intenses dans d'autres.
La fonte des glaces
et des glaciers.
On a déjà vu que
la fonte du pergélisol libère du méthane et du CO2.
Les glaciers de montagne, les calottes glaciaires du Groenland
et de l'Antarctique, la banquise
arctique fondent également à un rythme accéléré, ce qui a encore
d'autres conséquences directes et indirectes.
Élévation
du niveau de la mer.
La fonte des glaces
continentales (glaciers et calottes glaciaires) ajoute de l'eau aux océans
et contribe à l'élévation du niveau de la mer.
Disparition
de réserves d'eau douce.
Les glaciers agissent
comme des châteaux d'eau naturels, fournissant de l'eau douce aux populations
en aval, en particulier dans les régions montagneuses. Leur fonte réduit
cette ressource essentielle pour l'agriculture, l'eau potable et l'hydroélectricité.
La diminution de l'enneigement en montagne affecte par ailleurs le tourisme
hivernal, les ressources en eau (fonte des neiges au printemps alimente
les rivières) et les écosystèmes de montagne.
• Les
glaciers des Alpes, des Pyrénées,
des Carpates et de Scandinavie
sont tous en recul de manière spectaculaire. La Mer de Glace, en Haute-Savoie,
est un exemple emblématique de ce recul. Cela impacte les ressources en
eau douce pour des millions de personnes et la production d'énergie hydroélectrique.
Déstabilisation
des pentes et risques naturels.
La fonte des glaciers
peut déstabiliser les pentes montagneuses, ce qui augmente les risques
de glissements de terrain, d'avalanches et d'inondations soudaines (crues
glaciaires).
Perte
d'habitat pour la faune.
La surface de la
banquise arctique a diminué de 13 % par décennie depuis 1979, La banquise
arctique est l'habitat de nombreuses espèces (ours
polaires,
phoques, morses, etc.). Sa fonte
menace leur survie. Certains scientifiques estiment que les deux tiers
des populations d'ours polaires pourraient disparaître d'ici 2050.
L'élévation
du niveau de la mer.
Le niveau moyen
des océans s'élève progressivement. Ce phénomène est dû à deux facteurs
principaux :
• La
dilatation thermique de l'eau. - L'eau se dilate lorsqu'elle se réchauffe.
Les océans absorbent une grande partie de la chaleur supplémentaire due
au changement climatique, ce qui provoque leur dilatation et contribue
à l'élévation du niveau de la mer.
• L'ajout d'eau
provenant de la fonte des glaces. - Comme mentionné précédemment,
la fonte des glaciers et des calottes glaciaires ajoute de l'eau aux océans.
Le taux moyen d'élévation
du niveau des mers depuis 2015 a été de 3,7 mm par an, principalement
dû à la fonte des glaces et à l'expansion thermique des océans.
Conquéquences
générales.
L'élévation du
niveau de la mer intensifie l'érosion des côtes,
endommageant les plages, les falaises et les infrastructures côtières.
Elle rend les zones côtières plus vulnérables aux inondations lors des
tempêtes et des marées hautes. Les tempêtes côtières (ondes de tempête)
deviennent plus destructrices. Les mangroves,
les marais salants et les récifs coralliens, qui protègent les côtes
des tempêtes et servent d'habitats essentiels, sont menacés par cette
élévation et l'acidification des océans. De plus l'eau de mer s'infiltre
dans les nappes phréatiques côtières et les estuaires,
contaminant les sources d'eau douce utilisées pour l'agriculture et la
consommation humaine. Les îles basses et les zones
côtières densément peuplées sont de plus en plus menacées par la submersion.
Cela entraîne le déplacement de populations, la perte de terres agricoles.
Quelques exemples concrets :
Inondations
côtières accrues et plus fréquentes.
Miami Beach, en
Floride,
est régulièrement touchée par des "inondations ensoleillées" (sunny
day flooding) ou inondations de marée haute.
Même par temps ensoleillé et sans tempête, la marée montante inonde
les rues, perturbe la circulation, endommage les infrastructures et rend
certaines zones impraticables. Ces inondations étaient rares il y a quelques
décennies, mais elles sont de plus en plus fréquentes et intenses Ã
cause de l'élévation du niveau de la mer.
A Venise,
L'acqua alta (marée haute) est un phénomène naturel, mais sa
fréquence et son intensité augmentent. Les inondations sont plus profondes
et durent plus longtemps, endommageant les bâtiments historiques, les
commerces et perturbant la vie quotidienne. Le système de digues Mose
a été mis en place pour lutter contre cela, mais son efficacité à long
terme face à une élévation continue est incertaine.
Les Pays-Bas,
les côtes de la mer Baltique, du Royaume-Uni
et de nombreux autres pays européens sont aussi confrontés à l'élévation
du niveau de la mer, menaçant les zones basses, les infrastructures côtières
et les écosystèmes (marais salants, zones humides). Les côtes françaises,
notamment en Nouvelle-Aquitaine,
en Bretagne et en Méditerranée,
sont de plus en plus menacées par l'érosion côtière et les submersions
marines. Les tempêtes conjuguées à la montée des eaux aggravent les
inondations côtières.
Érosion
côtière aggravée.
Certaines îles
et archipels de faible altitude, comme Tuvalu,
Kiribati
dans l'océan Pacifique ou les Maldives
dans l'océan Indien, sont extrêmement vulnérables.
L'élévation du niveau de la mer érode les plages, réduit la superficie
des îles et menace les infrastructures côtières. Des villages entiers
doivent être déplacés à l'intérieur des terres, et dans certains cas,
l'avenir même de ces Etats est remis en question. Les vagues deviennent
plus puissantes et atteignent plus loin à l'intérieur des terres, emportant
du sable et des terres fertiles.
Autre exemple, le
Delta
du Nil, en Égypte, où l'élévation du niveau
de la mer combinée à la subsidence (= affaissement des terres) et Ã
la réduction des sédiments du Nil (due aux barrages)
provoque une érosion côtière importante. Les terres agricoles fertiles
sont perdues, les lagunes côtières sont envahies par l'eau salée, et
les populations côtières sont déplacées.
Salinisation
des eaux douces et des terres agricoles.
Dans le Delta du
Mékong,
au Vietnam, l'élévation du niveau de la mer
pousse l'eau salée plus loin à l'intérieur des terres, contaminant les
nappes phréatiques et les terres agricoles. Cela rend l'eau potable rare
et réduit la productivité agricole, menaçant la sécurité alimentaire
de millions de personnes qui dépendent de ce delta pour leur subsistance.
La culture du riz est particulièrement vulnérable à la salinisation.
Le Bangladesh,
pays très plat et densément peuplé, est lui aussi extrêmement exposé
à la salinisation. Les puits d'eau douce sont contaminés, les cultures
sont endommagées, et les populations sont confrontées à des problèmes
de santé liés à l'eau salée et à la malnutrition.
Destruction
des écosystèmes côtiers.
Les mangroves
sont des écosystèmes cruciaux pour la protection côtière, la biodiversité
et la pêche. La montée des eaux peut submerger les mangroves plus rapidement
qu'elles ne peuvent migrer vers l'intérieur des terres, surtout si leur
migration est bloquée par des infrastructures humaines. Les marais
salants sont également noyés, ce qui réduit leur capacité à absorber
les ondes de tempête et à servir d'habitat pour de nombreuses espèces.
Bien que la montée
des eaux ne soit pas le principal facteur de menace pour les récifs coralliens
(le blanchiment dû au réchauffement des eaux l'est davantage), elle contribue
au stress. Les récifs coralliens ont besoin de la lumière du Soleil,
et une élévation trop rapide du niveau de la mer peut les submerger et
réduire leur accès à la lumière.
Impacts
sur les infrastructures et les villes côtières.
Aux Etats-Unis,
les tempêtes comme l'ouragan Sandy en 2012 ont montré la vulnérabilité
des grandes villes côtières. L'élévation du niveau de la mer amplifie
l'impact des tempêtes en augmentant les ondes de tempête, ce qui provoque
des inondations plus importantes et des dommages plus graves aux infrastructures
(métro, tunnels, centrales électriques, hôpitaux, etc.). Des investissements
massifs sont nécessaires pour protéger New
York et d'autres villes côtières.
Les ports, les raffineries
de pétrole, les centrales nucléaires et d'autres installations critiques
situées près des côtes sont menacées par les inondations et l'érosion.
Les interruptions de service et les dommages à ces infrastructures peuvent
avoir des conséquences économiques et sociales majeures.
Des événements
météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses.
Le changement climatique
exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes. Il ne s'agit pas
seulement d'avoir plus d'événements, mais aussi des événements plus
intenses et plus longs. On pourra discuter de la part de responsabilité
du changement climatique dans un événement extrême particulier (y compris
dans les exemples donnés ici), mais c'est bien leur multiplication qui
est en question. En 2022, plus de 400 événements climatiques extrêmes
(tempêtes, sécheresses, incendies) ont causé des pertes économiques
dépassant 330 milliards d'euros dans le monde.
Tempêtes
(cyclones tropicaux, tempêtes hivernales).
Des océans plus
chauds fournissent plus d'énergie aux tempêtes tropicales, ce qui peut
les rendre plus puissantes (vents plus violents, pluies plus intenses).
Les tempêtes hivernales peuvent également devenir plus intenses en raison
des changements dans les courants atmosphériques. Conséquences : dévastation
des infrastructures, inondations côtières et fluviales, glissements de
terrain, pertes humaines, dommages économiques massifs.
•
Depuis les tempêtes Lothar et Martin qui ont balayé l'Europe
occidentale en décembre 1999, les tempêtes hivernales sur cette partie
du monde sont devenues potentiellement plus violentes, avec des vents plus
forts et des précipitations plus importantes. Cela provoque des dégâts
aux forêts (chablis, volis), aux infrastructures (lignes électriques,
bâtiments) et augmente l'érosion côtière. La tempête Ciaran en novembre
2023 en est un exemple récent, causant des dégâts importants en Bretagne
et Normandie.
• La tempête Katrina,
qui a dévasté la région de la Nouvelle-Orléans
en 2005 est parfois considérée comme le premier exemple évident d'un
lien entre changement climatique et catastrophes météorologiques. Les
tempêtes cycloniques Idai et Kenneth, en 2019, qui ont frappé le
sud de l'Afrique et ont causé des inondations
massives en Mozambique, au Zimbabwe
et en Malawi. ont été jugées plus fortes que
prévu en raison du changement climatique. Mêmes remarques pour la tempête
Gustav qui a frappé le Mexique et le Honduras
en 2021, ou encore la Tempête Chido, qui a dévasté Mayotte
en
décembre 2024, chacune ayant causé des dégâts importants et des pertes
de vies.
Inondations.
Des précipitations
plus intenses et des fontes de neige plus rapides augmentent le risque
d'inondations fluviales et urbaines. L'élévation du niveau de la mer
aggrave les inondations côtières. Conséquences : pertes humaines, déplacements
de populations, dommages aux habitations et aux infrastructures, contamination
de l'eau, propagation de maladies, pertes agricoles.
• En France,
les épisodes méditerranéens (fortes pluies concentrées sur de courtes
périodes le long des côtes de la méditerranée) sont devenus plus intenses,
provoquant des inondations soudaines et dévastatrices, comme celles dans
l'Aude en 2018 ou dans les Alpes-Maritimes
en 2020. Les inondations côtières sont également aggravées par l'élévation
du niveau de la mer.
• Les inondations
catastrophiques en Allemagne et en Belgique
en 2021, celles de la région de Valence,
en Espagne, fin octobre 2024 qui ont fait plus
de 200 morts, ont montré la vulnérabilité de l'Europe face à des événements
pluvieux extrêmes. L'augmentation de la fréquence des tempêtes hivernales
et des fortes précipitations accroît le risque d'inondations fluviales
et urbaines.
Sécheresses.
Le changement climatique
modifie les régimes de précipitations, et augmente le risque de sécheresses
prolongées et sévères dans certaines régions. L'augmentation de l'évaporation
due à la chaleur aggrave également les sécheresses. Conséquences :
pénuries d'eau, pertes agricoles et élevage, incendies de forêt, désertification,
famine, migrations de populations, conflits pour l'accès à l'eau.
• La sécheresse
de 2022 en France a été historique, affectant l'agriculture, les ressources
en eau potable, la navigation fluviale (baisse du niveau de la Loire,
du Rhône, etc.) et augmentant le risque d'incendies.
Des régions entières ont été placées en alerte sécheresse, avec des
restrictions d'arrosage, de lavage de voiture, etc.
• Le sud de l'Europe,
en particulier le bassin méditerranéen, est de plus en plus touché par
des sécheresses chroniques. Des fleuves importants comme le Rhin,
le Danube et le Pô ont vu leur niveau baisser
drastiquement, perturbant le transport fluvial, l'irrigation et la production
d'énergie hydroélectrique.
Canicules.
L'augmentation des
températures moyennes globales rend les vagues de chaleur plus fréquentes,
plus intenses et plus longues. Conséquences : problèmes de santé (coups
de chaleur, déshydratation, mortalité), stress thermique pour l'agriculture
et le bétail, incendies de forêt, demande accrue en énergie pour la
climatisation, dégradation des infrastructures.
• La canicule
de 2003, qui a causé des dizaines de milliers de décès en Europe, reste
un événement marquant. Depuis, les étés sont régulièrement ponctués
de vagues de chaleur intenses, comme celles de 2019, 2022 et 2023. Ces
canicules provoquent des pics de mortalité, en particulier chez les personnes
âgées et vulnérables, des incendies de forêt, des sécheresses agricoles
et des restrictions d'eau.
• L'été 2022
a été marqué par une vague de chaleur exceptionnelle dans toute l'Europe
occidentale et méridionale, avec des records de température battus dans
plusieurs pays (Espagne, Portugal, France, Royaume-Uni,
etc.).
Incendies
de forêt.
Les sécheresses,
les canicules et l'augmentation de la végétation sèche (due à des hivers
plus doux dans certaines régions) créent des conditions idéales pour
les incendies de forêt. Conséquences : destruction d'écosystèmes forestiers,
pertes de biodiversité, pollution
de l'air (fumée), pertes humaines et matérielles, libération de CO2
dans l'atmosphère.
• Les
incendies de forêt sont devenus un problème majeur en France, en particulier
dans le sud (Gironde, Landes,
PACA).
Les étés plus chauds et secs, combinés à la végétation sèche, créent
des conditions idéales pour le déclenchement et la propagation rapide
des incendies. L'été 2022 a été particulièrement dévastateur dans
le pays.
• Le sud de l'Europe
(Espagne, Portugal, Grèce, Italie) est également très touché par les
incendies de forêt, qui deviennent de plus en plus intenses et difficiles
à maîtriser. La saison des incendies s'allonge et s'étend vers le nord.
La Grèce a été particulièrement touchée en
2021 et 2023, avec des incendies ravageurs près d'Athènes
et sur les îles. L'Espagne, le Portugal et l'Italie
ont également subi des incendies importants. Le bassin méditerranéen
est un point chaud du réchauffement climatique, subissant des vagues de
chaleur de plus en plus fréquentes, longues et intenses.
• Après une sécheresse
prolongée et des températures records en 2019, l'Australie
a connu en 2019-2020 une saison d'incendies catastrophique, surnommée
Black
Summer, qui a ravagé le sud-est du pays. Plus de 18 millions d'hectares
brûlés, des milliards d'animaux tués ou déplacés, des milliers de
maisons détruites et une épaisse fumée recouvrant des villes entières.
Des vents forts et secs ont propagé les incendies rapidement et de manière
incontrôlable.
• La Californie
est devenue un point chaud des incendies de forêt, avec des années consécutives
de feux dévastateurs, comme le Camp Fire (2018, qui a rasé la ville de
Paradise), le Dixie Fire (2021, l'un des plus grands de l'histoire de l'État),
et les incendies de 2020 (année record en termes de surface brûlée).
En janvier 2025, les plus grand incendie de l'histoire du comté de Los
Angeles a dévasté des quartiers entiers de la périphérie de la
ville.
• Le Canada
a connu sa pire saison d'incendies de forêt jamais enregistrée en 2023.
Des incendies ont ravagé toutes les provinces, de la Colombie-Britannique
au Québec,
en passant par les Territoires du Nord-Ouest. Impacts : fumée dense et
généralisée affectant la santé publique dans tout le pays et jusqu'aux
États-Unis, évacuations massives, destruction d'infrastructures et d'écosystèmes.
• Les régions
arctiques, notamment la Sibérie, connaissent
une augmentation alarmante des incendies de forêt, parfois qualifiés
de feux zombies (incendies qui couvent sous la neige et se réactivent
au printemps). Ils occasionnent un dégagement massif de carbone stocké
dans la tourbe et les forêts boréales,
contribuant à accélérer le réchauffement climatique et la destruction
d'écosystèmes fragiles.
Des modifications
des écosystèmes et de la biodiversité.
Le changement climatique
perturbe les écosystèmes terrestres et marins à tous les niveaux
( La biosphère).
Les espèces animales et végétales sont confrontées à des changements
rapides de leur environnement, auxquels elles ne sont pas toujours capables
de s'adapter.
De nombreuses espèces
voient leur aire de répartition se réduire ou se déplacer vers des zones
plus adaptées, souvent en altitude ou en latitude. Cependant, toutes les
espèces n'ont pas la capacité de s'adapter rapidement ou de migrer, ce
qui peut conduire à des extinctions locales, voire globales. Les écosystèmes
polaires, par exemple, subissent une fonte accélérée des glaces, mettant
en danger des espèces emblématiques comme l'ours polaire. De même, les
récifs coralliens sont gravement menacés par le réchauffement des océans
et leur acidification, qui entraînent leur blanchissement et la perte
de biodiversité marine.
Les chaînes alimentaires
sont également perturbées, car les interactions entre les espèces changent
en fonction des conditions climatiques. Cela affecte non seulement la survie
des espèces directement touchées, mais aussi l'équilibre de tout l'écosystème.
Les écosystèmes terrestres, comme les forêts tropicales et les zones
humides, perdent leur capacité à fournir des services écologiques essentiels,
tels que le stockage de carbone, la régulation du cycle de l'eau et l'habitat
pour une faune variée.
Les populations humaines,
en particulier celles qui dépendent directement de la biodiversité pour
leur subsistance, ressentent également les effets de ces changements.
La diminution de la biodiversité peut réduire les ressources alimentaires,
les médicaments d'origine naturelle et d'autres services écosystémiques
critiques.
Perte
de biodiversité et extinctions d'espèces.
De nombreuses espèces
ne peuvent pas s'adapter assez rapidement aux changements de température,
de disponibilité en eau, d'habitat, etc. Le changement climatique est
un facteur majeur de l'actuelle crise d'extinction massive d'espèces.
Selon le rapport
Planète
Vivante du WWF (2022), les populations de vertébrés sauvages
diminué en moyenne de 69 % depuis 1970. Les écosystèmes marins et terrestres
sont gravement menacés, avec un risque accru d'extinction
pour 1 million d'espèces animales et végétales. Une augmentation
de 1,5 à 2 °C pourrait exposer 8 % des espèces vertébrées, 16 % des
plantes et 18 % des insectes à un risque d'extinction accru. Par exemple,
le crapaud doré du Costa Rica est l'une des
premières espèces déclarées éteintes à cause du réchauffement climatique.
En Amazonie, la déforestation combinée au
réchauffement climatique pourrait transformer 60 % de la forêt tropicale
en savane d'ici la fin du siècle, entraînant une perte massive de biodiversité.
Cette forêt abrite 10 % des espèces connues sur Terre, dont beaucoup
sont menacées.
Disparition
des zones humides.
Environ 35 % des
zones humides mondiales ont disparu depuis 1970, en partie à cause du
changement climatique et de la montée du niveau de la mer. Cela menace
des espèces comme le canard colvert et de nombreux amphibiens.
Déplacement
des aires de répartition des espèces.
Les espèces cherchent
à se déplacer vers des régions où les conditions climatiques leur sont
plus favorables. Cela peut entraîner des déséquilibres écologiques,
des compétitions accrues entre espèces, et la propagation d'espèces
invasives. Les espèces terrestres se déplacent en moyenne de 17 kilomètres
par décennie vers les pôles ou de 11 mètres d'altitude par décennie
pour échapper à la hausse des températures. Cela a été observé chez
les papillons en Europe et les poissons en Atlantique Nord, comme le maquereau,
qui migre désormais vers des eaux plus froides. Le changement climatique
modifie aussi les migrations et les habitats des oiseaux. Par exemple,
le macareux moine en Europe est en déclin à cause du réchauffement des
eaux, qui affecte la disponibilité de ses proies.
Perturbation
des cycles de vie et des interactions entre espèces.
Le changement climatique
perturbe les cycles saisonniers, les périodes de reproduction, de migration,
de floraison, etc. Cela peut désynchroniser
les interactions entre espèces (par exemple, entre les pollinisateurs
et les plantes à fleurs), avec des conséquences sur la reproduction
et la survie des espèces.
Acidification
des océans.
L'absorption de
CO2 par les océans entraîne leur acidification.
Depuis le début de l'ère industrielle, l'acidité des océans a augmenté
de 30 % en raison de l'absorption du dioxyde de carbone. Cette acidification
a des conséquences graves pour les écosystèmes marins. La diminution
des ions carbonate est particulièrement problématique car de nombreux
organismes marins, tels que les coraux, les crustacés,
les mollusques et certains types de plancton,
utilisent les ions carbonate pour construire leurs coquilles et squelettes
calcaires. L'acidification rend plus difficile cette calcification, menaçant
la survie de ces organismes et, par conséquent, l'ensemble de la chaîne
alimentaire marine.
• L'acidification
des océans est un processus chimique continu qui se produit lorsque
le dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique est absorbé
par les océans. Les océans ne deviennent pas réellement acides (pH <
7), mais plutôt moins basiques (le pH diminue,
se rapprochant de la neutralité). Les océans absorbent naturellement
une grande quantité de CO2 de l'atmosphère. C'est
un processus d'échange gazeux constant à la surface de l'eau. Cependant,
l'augmentation massive de CO2 dans l'atmosphère due
aux activités humaines (combustion d'énergies fossiles, déforestation,
etc.) a considérablement intensifié cette absorption. Une fois que le
CO2 atmosphérique se dissout dans l'eau de mer, il
réagit chimiquement avec l'eau (H2O) pour former
de l'acide carbonique (H2CO3)
:
CO2
+ H2O (eau)
H2CO3
Cette réaction est
réversible, mais l'augmentation du CO2 atmosphérique
pousse l'équilibre vers la droite, favorisant la formation d'acide carbonique.
L'acide carbonique est un acide faible qui se dissocie partiellement dans
l'eau en libérant des ions hydrogène (H+)
et des ions bicarbonate (HCO3-) :
H2CO3
H+ HCO3-
Une partie des ions
bicarbonate se dissocie également davantage pour libérer plus d'ions
hydrogène et des ions carbonate (CO3²-)
:
HCO3-
H+ CO3²-
L'étape cruciale
est l'augmentation de la concentration en ions hydrogène (H+). Le pH est
une mesure de l'acidité ou de la basicité d'une solution, et il est inversement
proportionnel à la concentration en ions hydrogène. Plus il y a d'ions
hydrogène, plus le pH est bas, et plus la solution est acide (ou moins
basique). En conséquence, l'augmentation du CO2
atmosphérique et les réactions chimiques qui en découlent entraînent
: 1) une augmentation de la concentration en ions hydrogène (H+)
dans l'eau de mer; 2) une diminution du pH de l'eau de mer; 3) une diminution
de la concentration en ions carbonate (CO3²-).
En résumé, le mécanisme
d'acidification des océans est le suivant : augmentation du CO2
atmosphérique → absorption accrue de CO2 par les
océans → formation d'acide carbonique → libération d'ions hydrogène
→ augmentation de l'acidité (diminution du pH) des océans.
Blanchiment
des coraux.
Le blanchiment des
coraux est un phénomène de plus en plus fréquent et grave qui affecte
les récifs coralliens du monde entier. Il est principalement causé par
l'augment tation des températures et l'acidification des océans, mais
d'autres facteurs tels que la pollution, la surpêche et les maladies peuvent
également y contribuer. Les récifs coralliens abritent une grande diversité
d'espèces marines, qui dépendent des coraux pour leur habitat et leur
nourriture. La mort des coraux entraîne la disparition de nombreuses espèces.
• Les
coraux
vivent en symbiose avec des algues microscopiques appelées zooxanthelles.
Ces algues sont dans les tissus des coraux et
leur fournissent de l'énergie par photosynthèse. Elles sont également
responsables de la couleur des coraux. Lorsque les coraux sont stressés
par des facteurs environnementaux tels que l'augmentation de la température
de l'eau, ils expulsent les zooxanthelles. Cela conduit à la perte de
la couleur des coraux, qui deviennent blancs, d'où le nom de blanchiment.
Sans les zooxanthelles, les coraux sont plus vulnérables aux maladies
et à la mort. Ils peuvent se rétablir si les conditions environnementales
s'améliorent, mais un blanchiment prolongé ou sévère peut entraîner
la mort des coraux.
Plus de 50 % des récifs
coralliens ont déjà été perdus depuis les années 1980, et les projections
indiquent que 90 % des récifs restants pourraient disparaître d'ici 2050
si les températures mondiales augmentent de 2 °C. Par exemple, la Grande
Barrière de corail en Australie a connu des épisodes de blanchissement
massifs en 2016, 2017 et 2020, touchant plus de 60 % de sa surface.
Les récifs coralliens
sont des zones de pêche importantes pour de nombreuses populations côtières.
La destruction des récifs coralliens a donc un impact négatif sur les
moyens de subsistance de ces populations. Ils protègent aussi les côtes
de l'érosion en brisant les vagues. La disparition des récifs coralliens
rend les côtes plus vulnérables aux tempêtes et aux inondations. Comme
les récifs coralliens sont également des destinations touristiques importantes.,
le blanchiment des coraux peut donc avoir un impact négatif sur l'économie
des pays qui dépendent du tourisme corallien.
Des impacts sur
l'agriculture et la sécurité alimentaire.
Le changement climatique
affecte tous les aspects de l'agriculture, de la production végétale
à l'élevage, en passant par la pêche. Il menace la sécurité alimentaire
mondiale, c'est-à -dire la capacité de nourrir la population mondiale
de manière durable et équitable. Conséquences directes et indirectes
:
Stress
thermique pour le bétail.
Les animaux d'élevage
sont sensibles aux fortes chaleurs, ce qui peut réduire leur productivité
(lait, viande, oeufs) et augmenter leur mortalité.
Pénuries
d'eau pour l'irrigation.
Les sécheresses
et la fonte des glaciers réduisent la disponibilité en eau pour l'irrigation,
essentielle dans de nombreuses régions agricoles. Certaines régions deviennent
moins propices à certaines cultures traditionnelles (par exemple, la vigne
dans certaines zones du sud de la France commence à souffrir du manque
d'eau).
Prolifération
de ravageurs et de maladies.
Le changement climatique
peut favoriser la prolifération de certains ravageurs et maladies des
cultures et du bétail, augmentant les pertes agricoles.
Diminution
des ressources halieutiques.
L'augmentation de
la température des océans, l'acidification des océans et les changements
dans les courants marins affectent les populations
de poissons et d'autres ressources marines,
menaçant la pêche et l'aquaculture.
Diminution
des rendements agricoles.
Les températures
extrêmes, les sécheresses, les inondations, les tempêtes, les changements
dans les régimes de précipitations, les ravageurs et les maladies liés
au climat peuvent réduire les rendements de nombreuses cultures.
Hausse
des prix, insécurité alimentaire et malnutrition.
Les perturbations
de la production agricole et de la pêche dues au changement climatique
peuvent entraîner une hausse des prix alimentaires. La combinaison de
la diminution de la production alimentaire et de la hausse des prix peut
aggraver l'insécurité alimentaire et la malnutrition, en particulier
dans les régions déjà vulnérables.
Des conséquences
socio-économiques importantes.
Les conséquences
du changement climatique ne sont pas seulement environnementales, elles
ont aussi des impacts profonds sur les sociétés humaines et les économies.
On estime que 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones considérées
comme extrêmement vulnérables au changement climatique. Les pays les
plus pauvres, bien qu'ils n'émettent qu'environ 10 % des émissions mondiales,
sont généralement les plus touchés.
Coûts
économiques des catastrophes naturelles.
Les événements
météorologiques extrêmes causent des dommages excessivement coûteux
chaque année (destructions d'infrastructures, pertes de récoltes, pertes
humaines, etc.). Les assurances sont confrontées à des sinistres de plus
en plus fréquents et importants, ce qui peut entraîner une augmentation
des primes d'assurance et des difficultés à assurer certains biens dans
les zones à risque. Les secteurs économiques dépendants du climat (agriculture,
tourisme, énergie, etc.) sont particulièrement vulnérables.
Perturbations
économiques et pertes de productivité.
Les vagues de chaleur,
les sécheresses, les inondations, etc., peuvent perturber les activités
économiques (agriculture, industrie, tourisme, etc.) et réduire la productivité
du travail.
Impacts
sur la santé humaine et coûts de santé.
Le changement climatique
aggrave les problèmes de santé existants et en crée de nouveaux (coups
de chaleur, maladies respiratoires, maladies vectorielles, malnutrition,
etc.), entraînant des coûts de santé accrus.
• La pollution
de l'air aggravée par les vagues de chaleur et les incendies de forêt,
ainsi que l'augmentation du pollen due à la floraison précoce, exacerbent
les problèmes respiratoires (asthme, allergies). Le changement climatique
peut favoriser l'expansion des zones de transmission de maladies vectorielles
(transmises par des moustiques, des tiques, etc.) comme la maladie de Lyme,
la dengue ou le chikungunya. Les événements climatiques extrêmes (inondations,
incendies, tempêtes) peuvent aussi provoquer des traumatismes psychologiques
et de l'anxiété.
Aggravation
des inégalités sociales.
Les populations
les plus pauvres et vulnérables sont souvent les plus exposées aux impacts
du changement climatique et les moins capables de s'y adapter, ce qui aggrave
les inégalités existantes.
Menace
pour la sécurité humaine.
Le changement climatique
est de plus en plus reconnu comme une menace pour la sécurité humaine,
car il peut déstabiliser les sociétés, compromettre les moyens de subsistance,
et augmenter les risques de conflits et de déplacements de populations.
Migrations et
conflits.
Les catastrophes
naturelles, la dégradation des terres agricoles, la pénurie d'eau, l'élévation
du niveau de la mer peuvent contraindre des populations entières à se
déplacer, créant des migrations climatiques et des populations réfugiées
climatiques. Par ailleurs, la compétition pour l'accès aux ressources
naturelles (eau, terres agricoles) qui se raréfient à cause du changement
climatique peut exacerber les tensions sociales et politiques et conduire
à des conflits.
Le changement climatique
est rarement la seule cause. Il agit souvent comme un multiplicateur de
menaces. Il exacerbe des vulnérabilités préexistantes (pauvreté, inégalités,
conflits ethniques, mauvaise gouvernance) et interagit avec d'autres facteurs
(politiques, économiques, sociaux) pour provoquer des migrations et des
conflits. Il est parfois difficile d'établir un lien de causalité direct
et unique entre un événement climatique spécifique et une migration
ou un conflit. Cependant, les recherches montrent de plus en plus clairement
le rôle du changement climatique comme facteur contributif significatif.
On donnera ici quelques exemples :
Migrations
et conflits liés à la raréfaction de l'eau et à la sécheresse.
• La Région
du Sahel (Afrique). - Des sécheresses prolongées et la désertification
rendent les terres agricoles moins productives et le pastoralisme plus
difficile. Les populations (notamment les agriculteurs et les éleveurs)
migrent vers le sud, vers des régions perçues comme plus fertiles ou
vers les villes à la recherche de moyens de subsistance. La compétition
pour les ressources en eau et les terres arables s'intensifie entre les
communautés sédentaires et les populations migrantes. Les conflits entre
agriculteurs et éleveurs, déjà existants, sont exacerbés par le manque
de ressources. Des groupes armés peuvent également exploiter ces tensions
pour recruter ou déstabiliser des régions. Exemples :
+
Darfour
(Soudan ).
- Le conflit au Darfour, parfois considéré
comme le premier conflit climatique, a été largement influencé par la
désertification et la compétition pour les terres. Les tribus pastorales
nomades arabes et les tribus agricoles sédentaires africaines se sont
affrontées pour des ressources de plus en plus rares.
+ Lac Tchad.
- Le rétrécissement dramatique du Lac Tchad, dû en partie au changement
climatique, a intensifié la compétition pour l'eau entre les pays riverains
(Nigeria ,
Tchad ,
Niger ,
Cameroun ).
Cela a contribué à l'instabilité régionale et a été exploité par
des groupes comme Boko Haram.
+ Syrie (avant
la guerre civile). - Une sécheresse sévère entre 2006 et 2010 a détruit
les récoltes et le bétail en Syrie, poussant
des millions de paysans vers les villes. Cette migration interne massive
a exercé une pression énorme sur les infrastructures urbaines et a contribué
à l'instabilité sociale qui a précédé le soulèvement de 2011. Même
si la sécheresse n'est pas la seule cause de la guerre civile, elle est
reconnue comme un facteur aggravant important.
• La Corne de l'Afrique
(Somalie, Éthiopie, Kenya). - Les sécheresses récurrentes et imprévisibles
entraînent des crises alimentaires et la perte de bétail. Les populations
pastorales sont forcées de se déplacer à la recherche de pâturages
et d'eau pour leurs animaux, et les agriculteurs migrent vers des zones
urbaines ou des camps de réfugiés. Les conflits tribaux pour l'accès
aux points d'eau et aux pâturages s'intensifient. Les déplacements de
populations peuvent également créer des tensions avec les communautés
hôtes et surcharger les ressources locales. Exemples :
+ Somalie .
- Les sécheresses chroniques en Somalie exacerbent
les conflits existants liés à la gouvernance, à l'accès aux ressources
et à la présence de groupes armés comme Al-Shabaab. Les déplacements
de populations augmentent la vulnérabilité et la dépendance à l'aide
humanitaire.
+ Kenya .
- Les populations pastorales du nord du Kenya se
déplacent de plus en plus souvent à la recherche de pâturages, ce qui
entraîne parfois des affrontements avec d'autres populations et des tensions
transfrontalières.
Migrations
et conflits liés à l'élévation du niveau de la mer et aux catastrophes
naturelles.
• Bangladesh .
- Le Bangladesh est extrêmement vulnérable
à l'élévation du niveau de la mer, aux cyclones et aux inondations.
Ces événements provoquent des déplacements massifs de populations, notamment
des zones côtières et des deltas vers l'intérieur du pays ou vers l'Inde
voisine. La migration massive vers les zones urbaines déjà surpeuplées
comme Dacca exerce une pression énorme sur
les infrastructures, les services et les ressources. La compétition pour
l'emploi et le logement peut générer des tensions sociales et des conflits.
De plus, les migrations transfrontalières vers l'Inde sont politiquement
sensibles et peuvent créer des tensions bilatérales. Exemples-:
+ Cyclones
fréquents et inondations. - Chaque année, les cyclones et les inondations
saisonnières déplacent des millions de Bangladais. L'élévation du niveau
de la mer rend ces événements encore plus dévastateurs et augmente la
vulnérabilité à long terme des zones côtières.
+ ÃŽles basses
du delta du Gange-Brahmapoutre.
- Ces îles deviennent inhabitables à cause de l'érosion côtière et
de la salinisation des terres, forçant les populations à migrer.
• Petits États
insulaires en développement (PEID). - Les PEID, comme les Maldives ,
Tuvalu, Kiribati, les îles Marshall, sont
parmi les plus vulnérables à l'élévation du niveau de la mer. Certains
de ces États pourraient devenir inhabitables d'ici la fin du siècle.
Cela provoque des migrations planifiées ou forcées, internes ou internationales
(vers l'Australie, la Nouvelle-Zélande,
etc.). La perte de territoire et de souveraineté due à l'élévation
du niveau de la mer soulève des questions complexes de droit international
et de responsabilité. Des tensions pourraient émerger entre les États
menacés et les États perçus comme étant les principaux responsables
du changement climatique. La compétition pour les terres d'accueil des
populations déplacées pourrait également être une source de tensions.
Exemples :
+ Tuvalu
et Kiribati .
- Ces États envisagent ouvertement des plans de relocalisation de populations
entières vers d'autres pays en raison de la menace existentielle de l'élévation
du niveau de la mer.
+ ÃŽles Marshall .
- L'érosion côtière et les inondations répétées rendent la vie de
plus en plus difficile sur les îles Marshall, poussant de nombreux habitants
à migrer vers les États-Unis (en vertu d'un accord spécial).
• Amérique
Centrale (Corridor sec). - Les sécheresses prolongées et les
récoltes perdues dans le "Corridor Sec" d'Amérique Centrale (Guatemala ,
Honduras ,
Salvador ,
Nicaragua )
poussent les populations rurales à migrer vers les villes ou vers les
États-Unis. Les ouragans plus intenses et fréquents aggravent également
la situation. La migration vers les États-Unis crée des tensions politiques
et migratoires importantes. Au sein des pays d'origine, la perte de moyens
de subsistance et l'augmentation de la pauvreté peuvent exacerber les
tensions sociales et la criminalité.
+ Caravanes
de migrants vers les États-Unis . - Les migrants d'Amérique Centrale
qui tentent de rejoindre les États-Unis mentionnent souvent la sécheresse,
la perte de récoltes et les ouragans comme des raisons de leur départ.
Bien que la violence et la pauvreté soient également des facteurs importants,
le changement climatique joue un rôle croissant dans la migration depuis
cette région.
• En Alaska,
où comme dans les autres régions arctiques le réchauffement climatique
est particulièrement rapide, l'érosion côtière et la fonte du pergélisol
menacent des villages entiers. Les populations autochtones sont obligées
de se déplacer et de reconstruire leurs villages plus à l'intérieur
des terres, ce qui perturbe leur mode de vie traditionnel et leur culture.
Que faire?
Les problèmes posés
par le changement climatique nécessitant une approche multidimensionnelle
et urgente pour y répondre, en limtant le réchauffement climatique et
en s'adaptant à ses impacts inévitables. Les réponses au changement
climatique doivent être urgentes, ambitieuses, systémiques, justes et
collectives. Il apparaît aujourd'hui impératif de fixer des objectifs
de réduction des émissions suffisamment élevés pour atteindre la neutralité
carbone d'ici le milieu du siècle et limiter le réchauffement à 1,5°C
ou 2°C. Cela implique d'agir sur tous les secteurs de l'économie
et de la société, en intégrant les enjeux climatiques dans toutes les
politiques publiques. La transition écologique doit être juste et équitable
pour tous, en particulier pour les populations les plus vulnérables. Elle
nécessite en outre la participation de tous les acteurs : gouvernements,
entreprises, collectivités territoriales, citoyens, organisations de la
société civile.
Atténuation.
Transition
énergétique.
Réduire les émissions
de gaz à effet de serre passe par l'arrêt progressif de l'exploitation
et la consommation de charbon, pétrole et gaz, en fixant des échéances
claires et en accompagnant les territoires et les populations concernées.
L'industrie doit développer des procédés industriels bas carbone, l'économie
circulaire, le captage et stockage du carbone. Cela implique le développement
massif des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, géothermie,
biomasse durable) et remplacer les énergies fossiles (charbon, pétrole,
gaz) par ces sources propres. L'énergie nucléaire, qui pose par ailleurs
de sérieux problèmes, est aussi une option, si on la considère sur le
plan des émissions de gaz à effet de serre. Les réseaux électriques
doivent être modifiés (réseaux électriques intelligents) pour intégrer
les énergies renouvelables intermittentes et optimiser la distribution
de l'électricité. Environ 80 % de l'énergie mondiale provient encore
des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz). Pour atteindre la neutralité
carbone d'ici 2050, il faudrait tripler la capacité mondiale en énergies
renouvelables d'ici 2030.
Il convient aussi
de réduire la consommation d'énergie dans tous les secteurs (bâtiments,
industrie, transports, etc.) grâce à l'isolation, les technologies performantes,
la sobriété, et de promouvoir les transports en commun, le vélo, la
marche, le covoiturage, et surtout d'électrifier le parc automobile et
développer des carburants alternatifs durables (biocarburants de 2e
et 3e génération, hydrogène vert). Il
est nécessaire en outre de réduire le transport aérien et maritime non
essentiel.
Autres pistes : la
mise en oeuvre de pratiques agricoles durables (agroécologie, agriculture
biologique, agroforesterie), la réduction du gaspillage alimentaire, régimes
alimentaires moins carnés (réduire la consommation de viande, en particulier
bovine), meilleure gestion des sols et des forêts pour le stockage du
carbone (protection et restauration des forêts existantes, lutte contre
la déforestation, préservation des zones humides et les océans, qui
sont des puits de carbone majeurs).
Adaptation.
Infrastructures
résistantes et aménagement du territoire.
S'adapter aux impacts
inévitables du changement climatique, signifie améliorer des infrastructures
existantes (rendre les bâtiments, les routes, les réseaux d'eau, les
systèmes d'énergie plus résistants aux événements climatiques extrêmes
(inondations, sécheresses, tempêtes, vagues de chaleur)) et construire
de nouvelles infrastructures adaptées (concevoir les nouvelles constructions
en tenant compte des changements climatiques futurs, notamment en zones
côtières, dans les zones à risque d'inondation, etc.).
Il est nécessaire
de développer des villes plus vertes, avec des espaces verts, des toitures
végétalisées, des systèmes de drainage urbain durables, pour lutter
contre les îlots de chaleur urbains et améliorer la résilience face
aux événements climatiques. La planification urbaine doit être adaptée
pour tenir compte des risques climatiques (zones inondables, zones à risque
d'incendie, etc.). Des protections côtières (digues, dunes, mangroves)
doivent être mises en place pour faire face à l'élévation du niveau
de la mer et aux tempêtes. Par ailleurs, il convient de développer et
améliorer les systèmes d'alerte pour les événements climatiques extrêmes
afin de protéger les populations.
Gestion
des ressources en eau.
La politique de
gestion des ressources en eau doit adopter une approche intégrée pour
permettre la conservation de l'eau eau de manière durable, en tenant
compte des besoins de tous les secteurs (agriculture, industrie, usages
domestiques).
Agriculture
et sécurité alimentaire.
L'agriculture doit
se tourner vers la culture de variétés de plantes et l'élevage d'animaux
plus résistants à la sécheresse, à la chaleur, aux maladies, etc. Elle
doit optimiser l'utilisation de l'eau (irrigation efficace, cultures adaptées),
améliorer le stockage de l'eau, gérer les ressources en eau de manière
durable. La réduction de la vulnérabilité de l'agricululture face aux
aléas climatiques passe aussi par la diversification des cultures et en
adoptant des systèmes agricoles plus résilients.
Santé
publique.
La multiplication
des vagues de chaleur et les événements extrêmes appellent des plans
de prévention et d'adaptation pour protéger les populations vulnérables.
Il est nécessaire de surveiller et de prévenir l'augmentation des maladies
vectorielles et autres maladies liées au climat, et, plus globalement,
de repenser l'adapter les systèmes de santé à la situation actuelle.
Technologie et
innovation.
Recherche
et développement.
Investir massivement
dans la recherche et le développement de technologies propres et durables
dans tous les secteurs (énergies renouvelables, stockage de l'énergie,
mobilité durable, agriculture durable, captage du carbone, etc.).
Déploiement
et diffusion des technologies existantes.
Accélérer le déploiement
et la diffusion des technologies propres qui existent déjà à grande
échelle, en levant les barrières économiques, réglementaires et sociales.
Solutions
basées sur la nature.
Utiliser et restaurer
les écosystèmes naturels (forêts, zones humides, océans, sols) pour
atténuer le changement climatique et s'y adapter (stockage du carbone,
protection contre les inondations, régulation du climat local, etc.).
Politiques et
gouvernance.
Accords
internationaux et coopération.
Renforcer et mettre
en oeuvre l'Accord de Paris, renforcer la coopération internationale sur
le climat, notamment en matière de financement, de transfert de technologies
et de renforcement des capacités. Les besoins en financement climatique
sont estimés à 4000 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs
mondiaux de décarbonation et d'adaptation. À ce jour, les pays développés
n'ont pas réussi à atteindre leur promesse de mobiliser 100 milliards
de dollars par an pour les pays en développement.
-
L'Accord
de Paris sur le climat
L'Accord de Paris
est un traité international adopté le 12 décembre 2015 lors de la 21e
Conférence des Parties (COP21) à Paris. Cet accord marque un tournant
majeur dans la lutte contre le changement climatique en mobilisant presque
tous les pays du monde autour d'objectifs communs pour limiter le réchauffement
climatique. Il vise à maintenir l'élévation de la température moyenne
mondiale bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels,
tout en poursuivant les efforts pour limiter l'augmentation à 1,5 °C.
Ce seuil est déterminant pour réduire les impacts les plus graves du
changement climatique. L'accord encourage également le renforcement des
capacités d'adaptation afin d'aider les pays à s'adapter aux effets inévitables
du changement climatique, en particulier dans les pays en développement.
Composante essentielle
de l'accord, les engagements financiers concernent un objectif collectif
de financement climatique de 100 milliards de dollars par an avant 2020,
prolongé jusqu'en 2025, pour aider les pays en développement à réduire
leurs émissions et à s'adapter aux impacts climatiques. Chaque pays doit
soumettre une contribution déterminée au niveau national qui définit
ses objectifs spécifiques pour réduire les émissions de gaz à effet
de serre. Ces contributions sont revuse et renforcés tous les cinq ans,
ce qui reflète une ambition croissante au fil du temps. L'accord encourage
les pays à atteindre un équilibre entre les émissions et les absorptions
de gaz à effet de serre d'ici la seconde moitié du siècle, en visant
la neutralité carbone d'ici 2050. Les responsabilités sont réparties
selon le principe de responsabilités communes mais différenciées, reconnaissant
que les pays développés ont une plus grande responsabilité historique
dans le réchauffement climatique.
Un cadre de transparence
est également mis en place pour surveiller les progrès, avec des rapports
réguliers et comparables. Depuis son adoption, l'Accord de Paris a été
ratifié par 196 parties, le rendant quasiment universel. Il a mobilisé
des initiatives internationales, encouragé les progrès technologiques
dans les énergies renouvelables et sensibilisé les entreprises, villes
et citoyens à contribuer à la transition climatique. Cependant, les défis
persistent. Les engagements actuels ne suffisent pas pour limiter le réchauffement
à 1,5 °C, mettant le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,7
°C d'ici 2100. De plus, les promesses de financement climatique n'ont
pas encore été pleinement tenues, et certains pays peinent à respecter
leurs engagements en raison de contraintes économiques, politiques ou
sociales. |
Politiques
nationales et locales ambitieuses.
Mettre en place
des politiques climatiques ambitieuses et cohérentes à tous les niveaux
(national, régional, local) : fixation d'objectifs de réduction des émissions
ambitieux et contraignants; mise en place d'instruments économiques (taxe
carbone, marchés du carbone, subventions aux énergies renouvelables,
suppression des subventions aux énergies fossiles); définition de normes
d'efficacité énergétique, de normes d'émission, de réglementations
sur l'urbanisme, etc.; orientation des investissements publics et privés
vers des projets durables et bas carbone; souci apporté à ce que
les politiques climatiques soient justes et équitables, en tenant compte
des inégalités sociales et géographiques, et en accompagnant les populations
et les territoires les plus vulnérables et les plus impactés par la transition
énergétique (transition juste pour les travailleurs des secteurs fossiles,
soutien aux pays en développement, etc.); éducation et sensibilisation
du public aux enjeux du changement climatique, aux solutions existantes
et à l'importance de l'action individuelle et collective.
Actions individuelles
et collectives.
Changements
de comportements individuels.
Adopter des modes
de vie plus durables. Réduire sa consommation d'énergie ( isolation des
logements, appareils économes en énergie, chauffage et climatisation
raisonnés, mobilité douce (vélo, transports en commun, marche), réduction
des déplacements en avion, etc.). Consommer de manière responsable (réduire
sa consommation globale, privilégier les produits locaux et de saison,
réduire le gaspillage alimentaire, choisir des produits durables et réparables,
limiter la consommation de viande, etc.).
Engagement
citoyen et participation démocratique.
S'engager, participer
à des actions collectives, soutenir les organisations environnementales,
voter pour des politiques climatiques ambitieuses, sensibiliser son entourage.
Participer aux débats publics, interpeller les décideurs politiques,
soutenir les initiatives citoyennes, faire entendre sa voix pour des politiques
climatiques plus ambitieuses.
Trois concepts
utiles, pour terminer.
Equivalent carbone,
empreinte
carbone et bilan carbone sont des notions que l'on rencontre
fréquemment dans le contexte de la gestion et de la réduction des émissions
de gaz à effet de serre. Leur définition mérite d'être précisée ici
:
L'équivalent
carbone.
L'équivalent carbone
(ou equivalent CO2) correspond à la mesure de l'impact
environnemental des émissions de différents gaz à effet de serre, exprimées
en termes de masse de dioxyde de carbone (CO2) équivalent.
L'objectif est de standardiser et comparer les émissions de différents
gaz à effet de serre en utilisant une seule unité de mesure (le CO2).
Chaque gaz à effet de serre a un facteur d'échelle (GWP, Global
Warming Potential) qui indique sa capacité à réchauffer la Terre
sur une période donnée (généralement 100 ans) par rapport au CO2.
L'empreinte
carbone.
L'empreinte carbone
est la mesure totale des émissions de gaz à effet de serre directes et
indirectes associées à une activité, une personne, une organisation,
un produit ou un territoire sur une période donnée. Elle prend en compte
les émissions directes (émissions générées par les sources détenues
ou contrôlées par l'entité; par exemple, la combustion de carburants
fossiles pour la production d'énergie) et les émissions indirectes (émissions
générées par des sources détenues ou contrôlées par d'autres entités,
mais liées aux activités de l'entité; par exemple, la production et
la transport des matières premières). L'objectif est de permettre de
quantifier, de comparer et de réduire les émissions de gaz à effet de
serre.
Le
bilan carbone.
Le bilan carbone
est un inventaire détaillé des émissions de gaz à effet de serre associées
à une activité, une personne, une organisation, un produit ou un territoire
sur une période donnée. Il inclut des analyses des sources d'émissions
et des mesures prises pour les réduire. Il comprend plusieurs étapes
:
• Détermination
de toutes les activités qui produisent des émissions de gaz à effet
de serre.
• Collecte des
informations sur la quantité de carburants consommés, d'énergie utilisée,
de déchets produits, etc.
• Calcul des émissions.
en utilisant les facteurs d'émissions appropriés pour convertir les données
en émissions de gaz à effet de serre.
• Analyse les résultats
et communication les informations aux parties prenantes.
• Développement
des stratégies pour réduire les émissions et les mettre en oeuvre.
• Évaluation l'efficacité
des mesures de réduction et ajuster les stratégies si nécessaire.
L'objectif est de fournir
une vision globale des émissions de gaz à effet de serre et servir de
base pour la prise de décision et la mise en oeuvre de mesures de réduction. |
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