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Boustrophédon
Boustrophédon est un terme grec employé pour désigner une manière parliculière de disposer les lignes de l'écriture. Elle consiste à tracer les lignes alternativement de droite à gauche et de gauche à droite, en décrivant des sinuosités pareilles à celles du boeuf attelé à la charrue, qui revient sans cesse sur lui-même en creusant un nouveau sillon au rebours du précédent. La figure ci-dessous fera comprendre mieux qu'une définition, la disposition de l'écriture boustrophède :
Boustrophedon.
Cette direction de l'écriture a été en usage presque exclusivement chez les Grecs et chez les Etrusques. Pausanias (V, 17, 6), décrivant les monuments d'Olympie consacrés par les Cypsélides, dit que, parmi les inscriptions qu'il a lues, les unes sont rédigées dans le sens ordinaire, d'autres sont en boustrophédon, «c.-à-d., dit-il, que tandis qu'une ligne va dans un sens, la suivante va dans un autre, comme dans le double parcours du stade ». 

Les plus anciennes inscriptions grecques, celles de l'île de Théra, par exemple, sont écrites non pas en boustrophédon, mais exclusivement de droite à gauche, comme les inscriptions phéniciennes et la plupart des écritures sémitiques. On ne peut guère indiquer l'époque où cette direction uniforme de l'écriture grecque, empruntée aux Phéniciens, fut modifiée, mais il est facile cependant de suivre assez complètement les phases successives de cette modification. Ainsi, sur des vases peints et des monnaies archaïques, des VIIe et VIe siècles avant notre ère, où les figures et les types sont accompagnés de noms propres, on en voit que dernières lettres de ces noms, au lieu d'être reportées au commencement d'une seconde ligne, sont au contraire tracées à la suite de la première, de manière à décrire une courbe ou un crochet plus ou moins accentué, selon le nombre de lettres qui restaient encore à placer. Ce qui n'était d'abord qu'accidentel passa dans l'habitude et on en arriva assez vite, en entourant lés figures d'inscriptions plus développées, aux lignes sinueuses en boustrophédon. 

Les lois de Solon étaient écrites en lignes boustrophèdes, au témoignage de Suidas. Dans les plus anciennes inscriptions boustrophèdes, la ligne initiale procède de droite à gauche, comme l'écriture phénicienne; mais plus tard, vers le Ve siècle, la ligne initiale va de gauche à droite, la seconde de droite à gauche, et ainsi de suite. L'écriture boustrophédon admet, d'ailleurs, d'assez nombreuses irrégularités. Une des plus singulières que nous puissions citer est révélée par une inscription du Ve siècle environ, découverte à Priniae, en Crète : on y trouve alternativement une ligne allant de droite à gauche, puis deux lignes dirigées de gauche à droite. 

Les monnaies grecques nous fournissent quelques exemples d'écriture boustrophède; on en rencontre notamment dans la numismatique d'Agrigente, de Neapolis (Campanie), de Crotone, de Tenedos, d'Acanthus, d'Amphipolis et de différentes villes de Crète. Cette écriture boustrophède n'est pas toujours une preuve d'archaïsme : c'est
ainsi qu'on trouve  sur des monnaies d'Agrigente qui ne sont pas antérieures à l'an 400 avant notre ère l'inscription :

Boustrophédon.
Les Latins, dont les plus anciens textes vont quelquefois de droite à gauche, n'ont que fort rarement eu recours à l'écriture boustrophède. On ne cite guère dans ce genre que l'inscription d'une lame de bronze trouvée dans le lac Fucin, quelques textes sabelliques et des vases à inscriptions votives (Jordan, dans l'Hermès, t. XV et XVI, 1880 et 1881). 

Le Moyen âge n'a jamais recouru systématiquement à ce genre d'écriture. (E. Babelon).

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