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Les bactéries
sont des organismes microscopiques, souvent parasites
des animaux et des végétaux,
ou vivant aux dépens des matières organiques en
décomposition. Les bactéries, apparues sur Terre
il y a 3,8 milliards d'années, se rencontrent partout et se multiplient,
quand les circonstances leur sont favorables, avec une remarquable rapidité.
Leurs dimensions sont très faibles, typiquement de l'ordre du micromètre
(µm).
Malgré leur petitesse, les bactéries
jouent un rôle immense dans la nature. Nombre de
bactéries sont les agents de maladies contagieuses de l'humain et des
animaux domestiques. Ainsi ce sont des bactéries qui causent dans
les vers à soie les maladies qui ont si longtemps compromis la production
de la soie en Europe .
C'est une bactérie qui produit la maladie de la diphtérie; une autre
qui donne le tétanos; une autre la tuberculose; une autre la fièvre
typhoïde; d'autres le choléra, la méningite
à méningocoques, la leptospirose, la syphillis, la peste ,
la lèpre ,
etc. ( tableau ci-dessous et Histoire
de la bactériologie). Les plantes ne sont pas à l'abri des ravages
des bactéries : beaucoup de leurs maladies sont causées par la présence
de ces micro-organismes. Dès 1869, Béchamp montrait que des bactéries
(Microzymas) se développent dans les parties gelées des plantes qui pourrissent
lors du dégel. La brouissure des poires (Burril, 1880), la jaunisse des
bulbes de jacinthe (Wakker, 1882), sont aussi le fait de bactéries particulières,
s'introduisant par la moindre plaie ou même par les stomates.
Beaucoup vivent en
symbiose dans les entrailles des animaux (y compris les humains) ou ailleurs
dans leur corps, sans exercer aucune influence fâcheuse et quelques-unes
y produisent même des effets utiles. L'estomac
et l'intestin des herbivores
renferment un grand nombre de microbes qui ne sont pas étrangers à la
digestion, particulièrement à celle de la cellulose
( Les glucides)
qui figure en si grande quantité dans les aliments végétaux dont ils
se nourrissent. Duclaux, Ch. Richet et Bourquelot ont montré qu'il en
était de même dans l'intestin de l'humain : on y trouve des microbes
qui transforment les matières albuminoïdes en peptones : si l'on élimine
artificiellement ces ferments organisés, la digestion des matières albuminoïdes
se ralentit.
Les bactéries peuvent
opérer d'importantes transformations sur le milieu dans lequel elles vivent
par leurs sécrétions, notamment des protéines particulières (enzymes)
susceptibles de favoriser des réactions chimiques diverses. Responsables
de certaines fermentations, elles interviennent ainsi dans la préparation
d'aliments tels que les yaourts, les fromages ou le vinaigre. La capacité
de dégradation de matières organiques peut également rendre utiles les
bactéries pour lutter contre certaines pollutions (hydrocarbures), ou
pour le recyclage des nutriments en intervenant dans plusieurs étapes
du cycle, comme, par exemple, la fixation de l'azote de l'atmosphère.
Les bactéries forment aussi la base de la chaîne
alimentaire dans de nombreux environnements. La transformation de certaines
bactéries par l'industrie (génie génétique) peut aussi les faire employer
pour la fabrication de certains produits médicamenteux : insuline, hormone
de croissance, anticorps, etc.
Les morphologies
bactériennes
Les bactéries ont de fortes affinités avec
les végétaux. Mais on en fait un règne
distinct (et même deux, en considérant les Archéobactéries, ou Archées,
comme un groupe de Procaryotes nettement différencié). Au point de vue
de leur constitution, ces micro-organismes peuvent former de petits filaments,
semblables à un thalle, constitués de
cellules
semblables, très petites, cloisonnées dans une, deux ou trois directions
(Van Tieghem). Mais le plus souvent, les bactéries apparaissent comme
des organismes unicellulaires, éventuellement unis à des organismes
similaires sous forme de chaîne ou de zooglée
(masse gélatineuse macroscopique). Sous cette forme de cellule arrondie,
on leur donne le nom de microcoques (Microcoques); si elles se dissocient
aussitôt formées, elles prennent le nom de Bacterium, Diplococcus, etc.;
si elles restent unies en baguettes plus ou moins longues, elles constituent
des bacilles (Bacillus).
-
Morphologies
de bactéries. - Les coques ou cocci sont des bactéries
sphériques ou sphéroïdales (Sarcina, Streptocoques). Les bacilles
ont une forme de bâtonnets (Escherichia coli, Yersinia pestis). Les vibrions
sont des bâtonnets en forme de virgule (Vibrio cholerae). Les spirilles
sont des bâtonnets en forme de tire-bouchon. On désigne sous le nom de
bactéries
filamenteuses celles qui s'assemblent en chaînettes; c'est le cas
des bactéries ferrugineuses, dont le filament s'entoure d'une gaine, ou
des Actinomycètes, qui s'assembelnt en longs filaments très fins.
Certaines bactéries possèdent une variété
de chlorophylle (Bacterium viride, Bacillus
virens), d'autres en sont dépourvues. Toute une section du groupe renferme
des organismes remarquables par leurs couleurs variées (Bactéries chromogènes)
: la plupart cependant sont absolument transparentes et incolores, et ce
sont celles qui nous intéressent le plus (bactéries ferments et bactéries
pathogènes). La plupart des bactéries, à l'exception de celles qui forment
des filaments très longs et de quelques-unes absolument immobiles, sont
animées dans les liquides de mouvements très vifs, analogues à ceux
des zoospores ou spores des végétaux
inférieurs.
La structure des
bactéries.
Les bactéries, de même que les zoospores,
présentent, quand elles sont mobiles, des flagelles insérées à l'une
de leurs extrémités, ou à toutes les deux : ces organes de locomotion
ont été mis en lumière par les réactifs colorants et par la photographie.
Lorsque la flagelle est unique on parle de bactérie monotriche;
si elle forme une queue terminale, la bactérie est dite lophotriche.
Quand les flagelles, analogues à des cils vibratiles,
garnissent tout le corps, on a affaire à une bactérie péritriche.
D'autres structures d'apparence similaire peuvent également être présentes,
les pili ou fimbriae, sorte d'excroissances rigides, dont
certaines peuvent avoir un rôle dans le processus de conjugaison
bactérienne.
L'enveloppe des bactéries, dont la consistance
est du reste très variable, est formée en partie de cellulose, en partie
d'une matière albuminoïde particulière, la mycoprotéine de Nencki.
Elle a une structure complexe. A l'intérieur, se trouve la membrane
cytoplasmique, dont on peut observer dans certains cas, à l'intérieur
du cytoplasme,
des invaginations, nommées mésosomes, et qui font le lien avec
l'appareil nucléaire. Autour de la membrane cytoplasmique, on rencontre
une paroi extérieure ou paroi cellulaire proprement dite, qui est
elle-même parfois insérée dans une enveloppe plus ou moins visqueuse
et rigide, la capsule.
-
Structure
générale d'une bactérie.
Source
: T. Hart et P. Shears, Atlas de poche de microbiologie, Flammarion,
1997.
Quant au contenu de la cellule (c'est-Ã -dire
le cytoplasme et les différents organelles qui s'y trouvent), il est d'apparence
homogène au microscope optique, plus réfringent que l'eau. La microscopie
électronique permet d'accéder à la structure fine des bactéries. Il
n'y a pas de noyau véritable comme dans les cellules eucaryotes, mais
une structure d'aspect fibrillaire, dépourvue de membrane, qui en est
l'analogue, le nucléoïde, constitué d'ADN ( Les
acides nucléiques) : les gènes, alignés, se groupent dans un chromosome
unique formant une boucle.
Une partie du matériel génétique est
également contenu dans des inclusions cytoplasmiques appelées
plasmides.
D'autres inclusions, présentes partout sauf dans la région nucléaire,
ont un forme granuleuse, et correspondent aux ribosomes : ils sont
constitués principalement d'acide ribonucléique (ARN) - le même
pour toutes les bactéries -, souvent associés à de fins filaments d'ARN
messager, qui forment des chapelets appelés
polysomes.
D'autres granulations présentes dans le
cytoplasme sont constituées de réserves nutritives (énergétiques) synthétisées
et emmagasinées par la bactérie, et de nature variable selon les espèces
(glycogène, amidon, etc.). D'autres inclusions peuvent encore exister,
constituées de composés non-organiques (polyphosphates, soufre, fer).
Les bactéries photosynthetiques,
c'est-à -dire qui sont capables de convertir l'énergie lumineuse en énergie
chimique, assurent cette fonction à l'aide de
chromatophores,
des vésicules analogues au chloroplastes
des cellules des végétaux. Elles possèdent en outre des vacuoles Ã
gaz qui confèrent à ces organismes aquatiques la possiblité de flotter
à la surface des eaux.
On notera qu'il n'a pas dans les cellules
procaryotes de mitochondries, ni d'appareil de Golgi, ni de réticulum
endoplasmique.
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(a)
Bactéries
Salmonella vues au microscope optique. (b) Sur cette micrographie électronique
à balayage des bactéries Salmonella (en rouge) envahissant les cellules
humaines. (crédits : a) CDC, Armed Forces Institute
of Pathology, Charles N. Farmer; b) Rocky Mountain Laboratories, NIAID,
NIH; données d'échelle de Matt Russell). |
Physiologie des bactéries
Les bactéries se nourrissent par simple intussusception,
à travers la membrane d'enveloppe des cellules, aux dépens de l'eau ou
du liquide dans lequel elles vivent : desséchées elles cessent de se
nourrir.
La vie des bactéries, et surtout leur
développement, nécessite toujours la présence de l'humidité et d'une
température qui, en général ne soit ni trop basse ni trop élevée (mais
on connaît aussi des exemples de bactéries capables de vivre et de se
développer à de hautes températures); les unes ont besoin de l'air,
les autres, au contraire, ne peuvent se développer qu'à l'abri de l'air.
Les unes sont capables de photosynthèse,
les autres pas. La présence de certaines bactéries peut s'opposer au
développement de certaines autres. Enfin, un grand nombre de substances,
nommées antiseptiques ou antibiotiques tuent les bactéries (bactériocides),
ou bien arrêtent leur développement (bactériostatiques).
Les bactéries peuvent vivre librement
dans l'eau, à la manière des Algues; celles
qui possèdent de la chlorophylle peuvent s'y nourrir, à la manière des
végétaux, c -à -d. en assimilant directement les substances minérales
dissoutes dans le liquide où elles flottent. Telles sont les Bacterium
viride et Bacillus virens. La plupart des espèces connues, et particulièrement
celles qui nous intéressent le plus, se nourrissent, comme les Champignons,
de matières organiques en décomposition. Elles partagent avec les Mucorinées
(moisissures) et les Saccharomycètes (ou ferments proprement dits), la
propriété de produire des fermentations.
"On désigne,
dit Duclaux, sous le nom de fermentations, les transformations chimiques
que subissent certaines substances dissoutes, sous l'influence d'êtres
organisés, toujours privés de chlorophylle, qui se développent et vivent
dans l'intérieur du liquide qui fermente. "
Pasteur
a montré que l'absence de l'oxygène était
la principale cause de la fonction que remplissent les organismes ainsi
transformés en ferments; ayant besoin d'oxygène pour vivre et se développer
et n'en trouvant pas autour d'eux, ces organismes l'empruntent au milieu
même dans lequel ils végètent et produisent des fermentations diverses
suivant la nature du liquide et du ferment organisé qui s'y développe.
Cette théorie de la fermentation permet de comprendre toute l'importance
du rôle des bactéries quand elles vivent en parasites dans le sang ou
les liquides métaboliques des animaux et des végétaux.
On peut diviser les bactéries en espèces
saprophytes, qui vivent de matières organiques mortes, et en espèces
parasitaires, qui vivent dans les organismes vivants, Les Saprophytes se
divisent elles-mêmes en Bactéries saprogènes (ou bactéries de la putréfaction),
bactéries chromogènes (ou pigmentaires), et Bactéries xymogènes (ou
bactéries des fermentations). La plupart des Saprophytes ont besoin, pour
vivre, de l'oxygène atmosphérique et sont, par conséquent, aérobies
(Pasteur). Quelques-unes peuvent se passer, au moins momentanément, de
ce gaz et produisent alors des décompositions particulières (fermentations);
on peut les appeler des anaérobies facultatives (Van Ermenghem). D'autres
sont strictement anaérobies, car la présence de l'oxygène de l'air s'oppose
à leur développement; elles meurent au contact de ce gaz. Le Myobacterium
tuberculosis est un bon exemple de bactérie strictement aérobie; le Lactobacillus,
Bacteroides, au contraire sont des genres anaérobies. Il existe enfin
des bactéries qui possèdent la propriété de fournir de l'oxygène au
milieu dans lequel elles vivent et peuvent provoquer, par conséquent,
des fermentations oxydantes.
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Gonocoques
dans du pus blennorrhagique. |
Exudat
diphtérique (Gram). Staphylocoques, streptocoques et bacilles de Loeffler).
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Bacilles
de la tuberculose et de l'influenza (méthode de Ziehl). |
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Pneumocoques
d'un crachat (Gram). |
Staphylocoques
dans du pus (Gram). |
Streptocoques
de culture (fuschine). |
Source
: M. Funck, Manuel de bactériologie clinique, 1901.
Les bactéries parasitaires, en général,
ne parcourent pas toutes les phases de leur développement dans un même
organisme vivant : elles peuvent vivre plus ou moins longtemps dans un
autre organisme vivant ou mort, dans un liquide en putréfaction ou simplement
dans l'eau. Van Tieghem
les a appelées des Parasites facultatifs. De Bary a désigné sous
le nom de Saprophytes facultatifs celles de ces bactéries, qui, d'ordinaire,
vivent dans l'organisme vivant et ne se développent qu'accidentellement
dans les liquides en putréfaction. Les Parasites stricts (ou obligatoires),
au contraire, sont, d'après le même auteur, toujours parasites des organismes
vivants et ne peuvent s'accommoder du genre de vie des saprophytes. Ces
distinctions, très importantes au point de vue du mode de contagion des
maladies parasitaires, ne sont pas toujours très faciles à établir dans
la pratique.
Enfin, on peut encore distinguer les bactéries
parasitaires, en épiphytes et endophytes, suivant qu'elles vivent sur
la peau de l'être organisé qui les nourrit ou dans l'intérieur même
de ses organes.
On peut résumer dans le tableau suivant
les divers modes d'existence que présentent les bactéries :
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Saprogènes
(vraies) |
Vivent
dans les matières organiques en putréfaction. |
Zymogènes |
Aérobies |
Oxydantes.
Anaérobies
facultatives. |
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Anaérobies
strictes |
Chromogènes |
Colorent
les matières dans lesquelles elles vivent. |
Parasitaires |
Parasites
stricts.
parasites
facultatifs.
Saprophytes
facultatifs. |
Reproduction des
bactéries
La reproduction, toujours asexuée chez les
bactéries, peut se faire de deux manières : par multiplication des cellules
ou scissiparité, chaque cellule se divisant par cloisonnement en deux
autres cellules qui s'allongent en restant unies et constituent des chaîne
ou bâtonnets plus ou moins allongés, ou bien se séparent et constituent
des organismes distincts. Ce mode de reproduction, qui se confond avec
l'accroissement, est le mode normal, celui qui se continue indéfiniment
lorsque l'on maintient le micro-organisme dans son milieu habituel où
il trouve les conditions d'existence qui lui sont le plus favorables.
Le second mode de reproduction est celui
par spores endogènes ou exogènes, qui ne
se produit que dans certaines circonstances, lorsque le milieu nutritif
se trouve épuisé par dessiccation ou par défaut des principes nutritifs
indispensables à l'accroissement de l'organisme. Le protoplasme
intérieur de chaque cellule se concentre alors sous forme de spores qui
constituent de petites granulations très réfringentes, arrondies, brillantes,
formées de protoplasme entouré d'une membrane épaisse dont les deux
couches sont appelées exospore et endospore. La présence de ces spores
donne aux bactéries une forme renflée dans le point où le spore s'est
formé, soit au milieu (bactéries fusiformes, ex. Clostridium), soit Ã
l'une des extrémités (Hélobactéries), soit aux deux extrémités (Dispora).
La formation de deux spores dans une même cellule, toujours alors très
allongée, est un fait assez rare. Les spores résistent, beaucoup mieux
que les bactéries dont elles proviennent, à la dessication et à une
température très élevée ou très basse, variable du reste suivant les
espèces, et peuvent rester ainsi très longtemps sans perdre leur vitalité
et la faculté de germer. Si, au bout de ce temps, elles rencontrent de
nouveau le milieu liquide favorable à leur multiplication, elles y germent
et donnent naissance à une nouvelle colonie de bactéries. Chaque spore
se gonfle aux dépens du liquide qui l'imbibe, rompt son épaisse exospore
et s'allonge en un filament tantôt perpendiculaire au grand axe (Bacillus
subtilis), tantôt, et c'est le cas le plus ordinaire, dirigé dans le
même sens (Bacillus amylobacter), et reproduisant ainsi la forme primitive
de la bactérie mère. Ce filament s'allonge, se cloisonne et se multiplie
de nouveau par scissiparité, jusqu'à ce que l'épuisement du liquide
nutritif le force à fournir de nouvelles spores.
La production
des spores.
Les spores ne se produisent que dans certaines
conditions. Tant que le milieu nutritif qui convient à chaque espèce
de Bactérie n'est pas épuisé par dessiccation ou par défaut des éléments
nutritifs, l'accroissement se continue suivant le mode ordinaire (par scissiparité).
Mais si ce milieu vient à être épuisé ou desséché, les spores se
forment et assurent la conservation de la colonie.
Tandis que la bactérie ne peut vivre que
dans le milieu spécial qui lui convient, ses spores se conservent très
longtemps dans l'eau, dans le sol ou dans l'air, en gardant toute leur
vitalité, mais sans germer, à moins qu'elles ne rencontrent un milieu
qui leur soit favorable. Suivant que ce milieu renferme en plus ou moins
grande abondance les éléments nutritifs nécessaires au développement
de la bactérie, celle-ci prendra plus ou moins d'accroissement et se présentera
sous des formes souvent très diverses. C'est ainsi que le Bacillus anthracis
se présente dans le sang des animaux sous forme de bâtonnets plus ou
moins longs, mais toujours droits, et comme brisés aux deux extrémités.
Ces bacilles, transportés dans un milieu de culture favorable (bouillon
de poulet), s'y développent et forment de longs filaments enroulés comme
des paquets de corde et dans lesquels on a quelque peine à reconnaître
le bacille primitif, qui, continuellement entraîné dans le torrent circulatoire,
au milieu des globules sanguins qui roulent avec lui, ne peut se montrer
que sous une forme brisée.
Mais ce n'est pas tout : au sein du nouveau
milieu nutritif les spores endogènes se forment, tandis que les bacilles
primitifs n'en présentent jamais dans le sang. Ainsi, dans ce cas, il
a suffi de changer le milieu nutritif pour provoquer la formation des spores.
Ces spores résistent à la dessiccation beaucoup mieux que les Bactéries
dont elles proviennent, aussi les trouve-t-on généralement dans l'air
atmosphérique et dans les poussières du sol à l'exclusion de celles-ci
: les bactéries, au contraire, sont plus communes que les spores dans
l'eau et Ie sol humide ou marécageux.
Les spores résistent également beaucoup
mieux que les bactéries à une température variable suivant les espèces;
ainsi les spores du Bacillus subtilis résistent à une température de
105°C qui tue la plupart des autres bactéries et le B. subtilis lui-même;
pour tuer ces spores il faut porter le liquide qui les renferme à une
ébullition prolongée pendant une heure à 110° C, et cette température
devrait être encore plus élevée si les spores étaient dans l'air sec;
il est donc nécessaire de porter l'étuve à 120°C lorsqu'on veut stériliser
des récipients destinés aux cultures de bactéries, c.-à -d. tuer tous
les germes qui peuvent y avoir été apportés par l'air. Mais la température
de 35°C est la plus favorable à la croissance et à la germination des
bactéries, et l'on remarquera que cette température se rapproche beaucoup
de la température des organes internes de l'humain et des autres animaux
à sang chaud (37°C chez l'humain et la plupart des autres mammifères,
40°C chez les oiseaux). Les spores résistent également bien aux températures
très basses.
Classification des
bactéries
Les Bactéries constituent le plus ancien
groupe d'organismes cellulaires vivant sur la Terre. Ce sont des Procaryotes,
c'est-à -dire qu'elles sont composées de cellules à noyau diffus (nucléoïde,
où se trouve presque tout le matériel génétique). On considère les
Actinobactéries commme le groupe parent des Archées ou Archéobactéries
(également procaryotes) et de leur groupe frère, les Eucaryotes (formées
de cellules possédant un vrai noyau), dont font partie les Protistes,
les Plantes et les Animaux.
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Cyanobactéries
Algues
bleues ou Algues bleu-vert. Organismes pouvant être pluricellulaires (filaments
non ramifiés se reproduisant par la séparation d'une extrémité du filament)
ou unicellulaires (coques sphéroïdales, batonnets se reproduisant par
scissiparité). Capacité photosynthétique comparable à celle des plantes |
Chamaesiphonales
Camaesiphon,
Dermocarpa.
Chroococcales
Chroococcus,
Eucapsis,
Aphanocapsa.
Genre
apparenté :Prochlorococcus.
Nostocales
Oscillariées
(Oscillatoria),
Nostocacées
(Nostoc),
Scytonemacées
(Scytonema),
Ruvulariacées
(Rivularia,
Calothrix).
Pleurocapsales
Pleurocapsa,
Hyella.
Stigonematales
Stigonema,
Pulvinaria, Amphithrix. |
Spirochètes
Bactéries
de forme hélicoïdale, très mobiles. Filament axial, nombreuses fibriles.Paroi
mince est flexible. |
Trépanémacées
Nombreuses
espèces pathogènes. |
Leptochétacées
Treponema
: T. pallidum = syphilis;
Borellia
: B. recurrentis = fièvres, B. burgdorferi
= maladie de lyme, etc.
Leptospiracées
Leptospira
= leptosiroses chez les humains et d'autres animaux.. |
Spirochétacées
:
Spirocheta
(organismes aquatiques de grandes dimensions);
Critispira (parasites du tube digestif de
certains mollusques). |
Eubactéries
Bactéries
unicellulaires, généralement non ramifiées, mais pouvant éventuellement
s'assembler en filaments (actinomycètes, bactéries ferrugineuses). Formes
: bacilles, vibrions, coques, spirilles. Des flagelles peuvent exister
à differents stades de leur développement. |
Bactéries
vertes /
Chlorobactéries
Batonnets
immobiles, à Gram négatif. Photosynthétiques,
sensibles à la partie rouge du spectre solaire. Utilisent le dioxyde de
carbone comme source de carbone. Capables d'oxyder l'hydrogène sulfuré.
Anaérobies strictes. |
Flavobactéries
Flavobactériacées
(Flavobacterium columnare.
Infecte les poissons); Blattabacteriacées,
Cryomorphacées.
Bactéroidales
Porphyromondacées
: Porphyromonas, Dysgonomonas
Bacteroidacées
:
Bacteroides, Acetofilamentum, Acetomicrobium
Acetothermus,
Anaerorhabdus.
Marinilabiacées
: Alkaliflexus, Alkalitalea,
Anaerophaga, Geofilum, Mangroviflexus, Marinilabilia,
Natronoflexus, Thermophagus.
Prevotellacées
: Prevotella, Alloprevotella, Hallella, Paraprevotella
Rikenellacées
: Rikenella, Alistipes.
Bactéries
vertes sufureuses
Chlorobiales
: Chlorobium
Chloroflexales
: Chloroflexus aurantiacus
Ignavibacteriales
: Melioribacter roseus, Ignavibacterium.
Bactéries
vertes non-sufureuses
Chloroflexi:
Herpetosiphonales;
Chloroflexales
(Chloroflexus
aurantiacus).
Thermomicrobia
: Thermomicrobiales, Sphaerobacterales.
Ordres
divers :
Thermogemmatisporales,
Anaerolineales, Dehalococcoidales, etc. |
Protéobactéries
(Bactéries pourpres au sens large).
Photosynthétiques,
sensibles à la partie infrarouge du spectre solaire.
Tous
les groupes (Alpha, Bêta, etc.) se composent de bactéries à Gram négatif. |
[Alpha
= Alphabactéries]
Caulobactéries :
Caulobacter.
Présence d'un pédoncule, tube cylindrique dont l'extrémiité assure
la fixation sur un support solide. Flagelle polaire assurant leur mobilité,
et opposé au pédoncule. Les colonies forment des rosaces caractéristiques.
C. crescentus est utilisée dans le traitement des eaux usées.
Rhodobactéries;
Rhodospirillacées;
Rhizobactéries,
etc. |
[Bêta]
Neisseriacées : Neisseria.
N.
meningitidis = méningite à méningocoques; N. gonorrhoeae = gonorrhée.
Alcaligenacées :
Bordetella.
B.
pertussis = coqueluche.
Comamonadacées
: Sphaerotilus.
Longues
chaînes de cellules entourées d'une gaine rigide et transparente, riche
en oxyde de fer ou de manganèse et qui a fait qualifier ces organismes
de bactéries ferrugineuses.
Gallionelacées
:
Gallionella.
On les trouve dans les eaux de surface riches en composés organiques,
mais également, comme les Sphaerotilus (dont elles partagent aussi l'aspect
filamenteux), dans les eaux ferrugineuses. Oxydent les composés sulfurés
en sulfates. Mobiles, à flagelles polaires. Reproduction par scissiparité.
Burkholderiacées,
Ralstoniacées,
etc. |
[Gamma]
Entérobacteriacées
Escherichia
(Escherichia coli = diarrhées);
Salmonella
(Salmonella typhi = thyphoïde; S. typhimurium = salmonellose.); Yersinia
(Yersinia
pestis (bacille de Yersin) = peste).
Buchneracées
Pasteurellacées
Pasteurella,
Actinobacillus, Haemophilus (Haemophilus influenzae
= méningite bactérienne).
Vibrionacées
Vibrio
(Vibrio
cholerae = choléra).
Légionellacées
Legionella.
(Legionella pneumophila = légionellose.).
Chromatiales
: Bactéries
pourpres stricto sensu ou Bactéries
pourpres sulfureuses (organismes aérobies,
capables de photosynthèse) : Chromatiacées,
Ectothiorhodospiracées.
Autres
: Pseudomonacées, Xanthomonacées, Thiomicrospiracées,
Altéromonadacées,
Acidithiobacilles |
[Delta]
Myxobactéries
(Myxococcales). Non photosynthétiques.
Paroi cellulaire fine. Présentes dans le sol et les eaux, elles jouent
un grand rôle dans la destruction des matières organiques.
Myxococcus;
Chondromyces; Cytophaga; Sporocytophaga.
Desulfovibrion, Géobacter |
[Epsilon]
Helicobacter : Campylobacter
(C.
Jejuni = "turista"). |
Bacilles |
Bacilles/
Staphyllocoques : Bacillus,
Listeria,
Staphylococcus.
Entérocoques :
Enterococcus
Streptocoques Streptococcus,
Lactococcus.
Lactobacilles :
Lactobacillus.
Clostridiacées :
Clostridium.
Héliobactérium |
Agents
pathogènes :
Bacillus
anthracis = Anthrax; Listeria monocytogenes = Listériose; Staphylococcus
aureus (Staph. doré).
Streptococcus
mutans = carie dentaire; Streptococcus pyogene = scarlatine.
Clostridium
tetani = tétanos.
|
Actinomycètes
/ Actinobactéridées
Eubactéries
mycéliennes.
|
Corynebactérinées
Mycobactériacées
: Corynebacterium : C.diphtderiae
= diphtérie; Mycobacterium :
M. tuberculosis (bacille de Koch) = tuberculose; M. leprae = lèpre.
Forme bacillaire (parfois aspect filamenteux). Mycélium rudimentaire.
Leur acido-alcalo-résistance les rend identifiables par la méthode Ziehl-Nielsen.
Nocardiacées : Nocardia.
Bactéries aérobies. Reproduction par fragmentation du mycélium (parfois
aérien) en éléments bacillaires et coccoïdes.
Nocardia asteroides = nocardiose (infection pulmonaire sévère). |
Actinomycétacées
: Actinomyces. Espèces
aérobies et anaérobies facultatives. Reproduction par fragmentation du
mycélium (jamais aérien) en éléments coccoïdes.
Actinomyces
bovis = actinomycose des bovidés ("lumpy jaws"); Ac. Israeli = actinomycose
cervico-faciale. |
Streptomycétacées
: Streptomyces, Kitasatospora, Streptoverticillium.
L'organisation des Streptomyces et l'aspect de leurs colonies se rapproche
de ceux des champignons. Vrai mycélium; reproduction à l'aide de conidies.
Le Steptomyces griseus sécrète la streptomycine. D'autres espèces sont
à l'origine d'antibiotiques tels que la néomycine, l'érythromycine,
le chloramphinécol et les tétracyclines. |
Micromonosporacées
:
Micromonospora.
Pas
de mycélium aérien.Communes dans le sol, les sédiments, l'eau douce.
Forment de petites colonies de couleurs diverses. Souvent capables de dégrader
la chitine et la cellulose. |
Actinoplanacées
:
Actinoplanes.
Espèces
aquatiques mobiles (flagelles), se reproduisant par des sporanges (enveloppes
remplies de spores). |
Micrococcinées
Beutenbergiacées, Bogoriellacées,
Brevibacteriacées, Cellulomonadacées, Demequinacées, Micrococcacées,
Dermabactéracées, Dermatophilacées, Dermacoccacées, Intrasporangiacées,
Jonesiacées, Microbactériacées, Ruaniacées, Promicromonosporacées,
Rarobactéracées, Sanguibactéracées. |
Particulières |
Hadobactéries
[= bactéries d'Hadès ou "bactéries résistantes aux conditions infernales"]
ou
Deinocoques
: Deinococcus
(résistantes aux radiations - centrales nucléaires, milieu spatial),
Deinobacterium;
Truepera,
Thermus (résistantes à la chaleur), etc. |
Rickettsies
Parasites
intracellulaires obligatoires. De taille très inférieure à celle des
bactéries ordinaires. Forme de coque ou de bacille.
{N.B.
: Sont également rangées parmi les Bactéries pourpres, dans la classe
des Alphabactéries] |
Cowdria,
Rickettsia, Ehrlichia |
Parasites
inoffensifs des poux, tiques et puces; peuvent être transmises à l'humain
par piqûre et causer des infections mortelles.
R.
prowazekii = typhus. |
Chlamydies
Comparables
aux Rickettsies, mais n'infectant que les Vertébrés. |
Chlamydia,
Chlamydophila, Parachlamydia, Rhabdochlamydia, Simkania, etc.. |
Causes
de bronchopneumopathies sévères (psittacose dont l'agent est Chlamydophila
psittaci, ornithose), transmises aux humains et à d'autres animaux par
les oiseaux.
Agents
de maladies sexuellement transmissibles (lymphogranulomatose ou maladie
de Nicolas-Favre, chlamidiose) et de maladies des yeux (trachome dont l'agent
est Chlamydia trachomatis, conjonctivite à inclusions). |
Mycoplasmes
Très
petites bactéries dépourvues de paroi cellulaire. Analogues aux "formes
L" des bactéries ordinaires. |
Mycoplasma
(une
centaine d'espèces), Ureaplasma, Erysipelothrix |
M.
pneumoniae = pleuro-pneumonie des bovidés.
Certains
Mycloplasmes font partie des la flore normale des muqueuses des humains. |
Archées
ou
Archéobactéries
Sont
considérées comme une domaine (super-règne) distinct de celui des Bactéries
proprement dites; les deux domaines réunis constituant le taxon des Procaryotes.
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Méthanobactéries
(Anaérobies) |
Phylum
peut-être le plus ancien. Elles sont responsables de la production du
"gaz des marais" (méthane). |
Halobactéries.
(Photosynthétiques) |
Ont
besoin de fortes concentration de sel pour survivre. |
Thermophiles
Sulfolobus,
Thermoplasma. |
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Vahé
Zartaran et Martine Castello, Le
grand roman des bactéries, Albin Michel, 2005. - Ignorées
jusqu'au XVIIe siècle, on les a longtemps prises pour des « petites vies
» amusantes avant de les rendre responsables de tous nos maux. Aujourd'hui,
les bactéries font rêver les marchands qui voient en elles les robots
vivants du XXIe siècle. Chacune de ces visions est partielle. Pour les
auteurs de ce livre, la saga des bactéries mérite infiniment plus de
respect. Le saviez-vous? Il y a quatre milliards d'années, elles ont lancé
l'immense chantier de la vie. Sans elles, la Terre serait restée un caillou
stérile. Elles sont partout : dans les fosses océaniques, les glaciers
des pôles, et même dans les volcans. Chacun de nous en porte cent mille
milliards dans l'intestin et mille milliards sur la peau. Elles ont créé
l'air que nous respirons, la couche d'ozone protectrice, l'humus, mais
aussi le charbon, le pétrole, le gaz, les minerais. Sans elles, nous ne
pourrions pas vivre. Elles peuvent nous aider à fabriquer aujourd'hui
de nouveaux médicaments et de nouveaux produits bons pour la santé humaine
et animale. Elles peuvent nous aider aussi à résoudre nos problèmes
d'environnement, en nous débarrassant de nos déchets et en produisant
de l'énergie propre. Enfin, ces êtres minuscules démontrent la supériorité
de la coopération sur la compétition. Un message de sagesse qui nous
invite à suivre de près leur sublime création. (couv.).
Maryse
Archambaud, Jérôme Grosjean et al., Bactériologie
et virologie pratique, De Boeck, 2011;
Jean-Loup
Avril et Jean-Louis Fauchère, Bactériologie
générale et médicale, Ellipses Marketing, 2002.;
Jean-Loup
Avril, Nouveau
dictionnaire pratique de bactériologie clinique, Ellipses
marketing, 1997.
John
Herrick, Les
bactéries sont-elles nos ennemies, Le Pommier, 2004.
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