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Assonance
Une assonance, en grec omoiotéleuton, est une approximation de sons dans les finales de deux ou de plusieurs mots; ainsi : paon, instant, persan; voir, poire; sombre, tondre; peur, heure; plomb, partons; feindre, peintre; plainte, atteinte. L'assonance est la première ébauche de la rime, avec laquelle les classes populaires la confondent, comme en font foi certains proverbes. 

Les plus anciens romans de chevalerie procèdent par tirades assonantes d'une longueur indéterminée : bocage y rime avec renarde, fille avec empire, etc. 

On se contente de l'assonance dans la versification espagnole, où l'on voit tengo rimer avec contento, bermejo avec abierto, dolor avec dios, obrero avec corazon. En Allemagne, Gries et Malsburg, dans leur traduction de Calderon, ont imité avec patience et habileté l'assonance espagnole; F. Schlegel l'a employée dans son Alarcos et ses Romans de Roland

Quoique l'assonance ne soit qu'une rime imparfaite, on l'évite dans la prose française avec le même soin que la rime elle-même à la fin de deux ou plusieurs périodes, ou à la fin de deux ou plusieurs membres : ainsi l'assonance produite par les mots proverbe, perde, est généralement désagréable, à moins qu'elle ne soit dissimulée par quelque mot qui occupe la place finale d'une phrase ou d'une partie de phrase. Beauzée blâme avec raison comme manquant d'harmonie cette phrase de Nicole :

Ils ne s'occupent que du soin de leur équipage, du désir de commander aux compagnons de leur voyage, et de la recherche de quelque divertissement qu'ils peuvent prendre en passant. 
Cependant, il arrive que non seulement l'assonance, mais la rime la plus riche elle même, est un effet heureux de l'art, surtout lorsqu'il y a symétrie ou antithèse dans les idées : ainsi dans ces phrases de Massillon :
Tout devient les ministres, et par là les complices, de leurs passions injustes. - Qu'il est difficile de se tenir dans les bornes de la vérité, quand on n'est plus dans celles de la charité!
Si les assonances sont bannies de la prose, à plus forte raison doit-on se les éviter dans les vers, où elles compliquent la rime et en détruisent le charme et l'harmonie; elles ne sont légitimes ou excusables que si elles contribuent à l'harmonie imitative, comme dans ces vers où Piis dit de la fusée :
S'arrête, éclate et meurt dès que son pétard part.
(P.).
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