| Une amphibologie (du grec amphibolos, ambigu) est un défaut du style qui provient généralement d'une mauvaise construction, et qui fait que le lecteur voit dans une phrase deux sens possibles. La source la plus commune des amphibologies en français est l'emploi fautif des pronoms 'qui, que, dont, il, le, la, les, des adjectifs 'son, sa, ses. Dans cette phrase : « C'est la cause de cet effet dont je vous entretiendrai à loisir » dont représente-t-il cause ou effet? Dans celle-ci : « C'est le fils de cet homme qui est venu, que vous avez vu, » à quoi rapporter qui et que? Il y a un vice de construction qui approche bien de l'amphibologie dans cette phrase de Fénelon : « Il alla avec eux sous les voûtes dorées du brillant Olympe boire le nectar, où les dieux lui donnèrent pour épouse l'immortelle Hébé »; en mettant et là, le vice disparaît. On évite ce défaut en mettant toujours les mots à la place que marque la liaison des idées. Cela est moins nécessaire dans les langues pourvues de cas, comme l'allemand, le latin, le grec; mais comme, dans, ces langues mêmes, il y a certains cas qui se ressemblent, si l'on ne prend un grand soin de la construction, le lecteur peut hésiter. Il y a certaines amphibologies qui sont dans la pensée en même temps que dans l'expression, et qui sont des amphibologies dans toute espèce de langues : tel est le fameux oracle qui annonçait au roi de Lydie Crésus qu'il détruirait un grand empire s'il passait l'Halys; Or, ce fleuve séparait les possessions des Lydiens, maîtres de l'Asie Mineure, de celles des Mèdes et des Perses, qui occupaient l'Asie centrale de ce temps-là; les mots grand empire pouvaient donc désigner aussi bien la Lydie que l'empire médo-persan. Aussi quand Crésus fut battu, l'oracle se trouva aussi bien accompli que s'il eût été vainqueur. (B.). | |