| Tyard ou Thiard (Pontus de), né au château de Bissy-sur-Fley en Mâconnais en 1521, mort en son château de Bragny le 23 septembre 1605. Il était Fils de Jean de Tyard, lieutenant général au bailliage de Mâcon. Il fit ou termina ses études à Paris. Il publia à Lyon, chez Jean de Tournes, ses Erreurs amoureuses (1er partie, 1549; 2e partie, 1551; 3e partie, 1555). C'est un recueil de sonnets mêlés de chansons, épigrammes, rimes tierces et sextines, qu'il adressa à une dame nommée par lui Pasithée : on ne sait qui c'est, ni si elle a réellement existé. Pontus a essayé plus tard de s'attribuer la priorité sur du Bellay, qui avait donné quelques mois plus tôt son Olive, le premier grand recueil de sonnets d'amour qu'on ait publié en France. Ronsard(élégie à La Péruse) a, dans ses éditions diverses, donné successivement tort et raison à cette prétention de Tyard, réellement peu fondée. Grand ami de Maurice Scève et admirateur de sa Délie, Pontus de Tyard fuit l'expression facile et vulgaire, et donne souvent à son platonisme éthéré une expression amphigourique, proche du galimatias. Il ne fut pas sans influence sur la Pléiade, et du Bellay l'imita dans ses XIII sonnets de l'honneste amour, publiés en 1552. Tyard fit encore imprimer : une traduction des fameux dialogues sur l'amour du médecin italien Léon, juif converti, Léon Hébreu, comme on l'appelle alors (1551); deux dialogues, Solitaire premier, Solitaire second (1552), l'un «-sur les Muses et la fureur poétique », l'autre sur la musique; des Vers lyriques, dans l'édition de 1555 des Erreurs amoureuses : la plupart des pièces avaient déjà paru ailleurs; ainsi le Chant en faveur de quelques excellents poètes de ce temps, où il donne place à Scève, Heroet, Salel, Marot et quelques autres avant de réunir Ronsard et du Bellay dans la même strophe, avait été imprimé en 1551; un Recueil des nouvelles oeuvres poétiques (dans l'édition complète de ses OEuvres qui parut à Paris chez Galiot du Pré en 1573), contenant des sonnets d'amour adressés, dit-on, à la comtesse de Retz. Vers 1555, il avait composé Douze fables de fleuves et fontaines, sujets érotiques destinés à inspirer les décorateurs du château d'Anet : ce recueil fut publié par Tabourot en 1555. Cependant Tyard se retirait peu à peu de la poésie et de la galanterie. Il était d'Église, chanoine de la cathédrale de Mâcon, protonotaire apostolique, aumônier ordinaire du roi Henri III, enfin évêque de Chalon-sur-Saône. Il était tout dévoué à Henri Ill, qui l'employa à diverses affaires, notamment à réfuter les prétentions généalogiques des princes lorrains qui se disaient issus de Charlemagne. Ce zèle pour la cause du roi, qui parut aux États de Blois de 1588, le fit maltraiter par la Ligue; il fut chassé de sa ville épiscopale, et son château de Bissy pillé; un jésuite le dénonça comme hérétique et factieux. Se sentant vieillir, il résigna son évêché à son neveu Cyrus qui fut sacré le 24 février 1594. Pontus acheva sa vie dans une tranquillité voluptueuse à son château de Bragny. « Il était très gros, dit de Thou; il mangeait beaucoup et recherchait les meilleurs vins, tels que ceux qu'on recueille sur les bords de la Saône. » Dans la seconde partie de sa carrière, il s'occupa surtout de science, de philosophie et de théologie. L'Univers ou discours des parties et de la nature du monde (Lyon, 1557); Mantice, ou discours de la vérité de Divination par l'Astrologie (Lyon, 1558). Ces deux ouvrages avec les Deux Solitaires et un Discours du temps, de l'an et de ses parties (Lyon, 1556) formèrent le recueil intitulé les Discours philosophiques de Pontus de Tyard (Paris, 1587). Vinrent ensuite : Ephemerides octavae spherae (1562); de Colestibus asterismis Poematium, dédié à Ronsard (1573); homélies ou Discours sur l'oraison dominicale (1585); Homélies ou Contemplation sur la passion de notre Sauveur Jésus-Christ (1581); De recta nominum impositione (Lyon, 1603), traité fait à l'occasion de ses études sur Philon le juif et où il étale son érudition hébraïque. (G. Lanson).
| En bibliothèque - Une édition des oeuvres poétiques de Pontus de Tyard a été donnée par Marty-Laveaux en 1875, dans la collection de la Pléiade française. Plus récent : Pontus de Tyard, Oeuvres poétiques, (prés. J. Lapp), Didier, 1966. De Thou, Histoire universelle. - Gallia Christiana, t. IV. pp. 941 et suiv. - Nicéron, L. XXI. - Abel Jeandet, Pontus de Tyard; Paris, 1860. - Henri Chamard, Joachim du Bellay, pp. 170-172 et 191-194; Lille, 1900. Emmanuel Mère, Pontus de Tyard ou l'univers d'un curieux, Hérode. En librairie - Eva Kushner, Pontus de Tyard et son oeuvre poétique, Honoré Champion, 2001. | | |