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Sismondi

Jean-Charles Léonard Simon de Sismondi est un historien et économiste, né à Genève le 9 mai 1773, mort à Genève le 25 juin 1842. Sa famille, originaire de Pise, établie ensuite en Dauphiné où elle embrassa le calvinisme, s'était fixée à Genève après la révocation de l'édit de Nantes. Son père, pasteur à Genève et membre du conseil des Deux-Cents, l'envoya à Lyon apprendre le commerce de banque chez Eynard. La Révolution interrompit sa carrière et l'obligea de suivre les siens en Angleterre (1793-1794), puis à Val-Chiusa en Italie, où il partagea son temps entre l'étude et l'exploitation rurale. Il publia : Tableau de l'agriculture toscane (Genève, an IX, in-8); De la Richesse commerciale (Genève, 1803, 2 vol. où il appliquait les théories d'Adam Smith à la législation française dont il demandait la réforme progressive dans le sens du libre-échange. C'est alors qu'il entra en relation avec Necker et sa fille et devint secrétaire de la chambre de commerce du département du Léman.

En 1807, il commença à faire paraître à Zurich les premiers volumes de son Histoire des républiques italiennes du Moyen âge, achevée seulement en 1818 à Paris (16 vol, in-8), et rééditée en 1825-1826. Mignet en a vanté le savoir étendu, la marche vive, la couleur franche, la pensée judicieuse et libérale. Manzoni l'avait attaqué au point de vue catholique, et B. Constant ne réussit pas à le faire couronner par l'Institut de France, ce dont l'auteur put se consoler en lisant les éloges - et même les critiques - des deux Schlegel, de Wieland et de Müller. Après un mémoire intitulé Du Papier-monnaie dans les Etats autrichiens et des moyens de le supprimer (Weimar, 1840, in-8), il fit à Genève un cours public d'où il tira : Littérature du Midi de l'Europe (Paris, 1817, 4 vol. in-8).

C'est alors que pour la première fois il vint à Paris, où les salons - même légitimistes - n'eurent ni le tort ni le temps de gâter un esprit mûri par la vie comme par l'étude du passé. Français de coeur, comme écrivain et comme philosophe, il regretta que l'Europe eût donné à la République helvétique sa ville natale (1815). Il se rallia sincèrement, naïvement même, à l'Acte additionnel, dans l'Examen de la Constitution française (Paris, 1815, in-8), qui parut en articles dans le Moniteur. Il eut, le 3 mai, une causerie d'une heure avec Napoléon, mais refusa le brevet de chevalier de la Légion d'honneur qui l'eût trop domestiqué.

Son journal, sa Correspondance avec Mlle de Sainte-Aulaire (Paris, 1863, in-8), ses Lettres à Mme d'Albany (Paris, 1864, in-8), témoignent des souffrances et des indignations de ce coeur généreux au milieu des tragédies de la Terreur blanche. Le 9 avril 1849, il épousa une Anglaise, Jessie Allen, belle-soeur de Mac-Kintosh. Témoin des misères du prolétariat anglais, il renia, par humanité, la doctrine du laissez-faire; dans les Nouveaux Principes d'économie politique, ou De la Richesse dans ses rapports avec la population (Paris, 1819, 2 vol. in-8), il est nettement interventionniste et attaque sans ménagement les parodoxes, sinon logiques, du moins politiques, de J.-B. Say et de son école.

Toutefois, il a consacré à l'histoire la fin de sa carrière, soit dans un roman de moeurs gallo-romaines, dans le genre de Walter Scott, Julia Serrera, ou l'An 492 (Paris, 1822, 3 vol. in-12), soit dans son Histoire de la chute de l'empire romain, etc., de l'an 250 à l'an 1000, soit principalement dans son Histoire des Français (Paris, 1821-44, 31 vol. in-8), oeuvre plus considérable par les dimensions que par l'originalité des recherches et la pondération des jugements. En 1833, il fut élu un des cinq associés, à l'Académie des sciences morales. (H. Monin).

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Dictionnaire biographique
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