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Les sénéchaux

Sous l'Ancien régime, on donnait le nom de sénéchal à un officier royal. Ce nom vient du bas-latin siniscalcus, formé de deux mots germaniques sini-scalc qui signifient vieux serviteur, et par suite le chef des serviteurs. Le sénéchal est mentionné, dans la loi des Alamans, comme préposé à la tête des esclaves dans les maisons des grands. Les rois mérovingiens avaient un ou plusieurs sénéchaux qui surveillaient les officiers attachés à leur service; les sénéchaux siégeaient au tribunal de roi. Sous la dynastie carolingienne, les attributions du maire du palais passèrent, partie au comte du palais, partie au sénéchal. Il avait plus particulièrement la direction de la table royale. En 878 apparaît pour la première fois appliqué à cet officier le titre de dapifer qui prévaudra sous les Capétiens

Au XIe siècle, il était le premier des grands officiers du palais. Il était devenu comme un vice-roi. Au XIIe siècle, il était le commandant en chef de l'armée; il exerçait une surveillance sur les agents de l'administration provinciale. Vers 1158, un auteur anonyme, qui se donna pour Hugues de Clères, composa, pour favoriser les intérêts des princes angevins, rivaux de Louis VII, un traité, De Majoratu et senescalia Franciae, où il prétendait que le roi Robert avait conféré à Geoffroy Grisegonelle, à titre héréditaire, l'office de sénéchal de France. Mais tous les documents authentiques contredidisent une pareille assertion. A la fin du XIe siècle, le dapiférat était aux mains de la famille des Rochefort, apparentée aux maisons de Crécy; de Monthéry et du Puiset. 

Les sénéchaux, devenus trop puissants, étaient une menace pour la royauté. Guy de Rochefort fut dépouillé de sa charge par Philippe Ier, qui, plus tard, pour ne pas s'aliéner les seigneurs des châteaux des environs de Paris, la lui restitua en 1104. A Guy succéda son fils, Hugues de Crécy. Une rupture nouvelle eut lieu en 1107 entre les Rochefort et le roi. Louis VI donna le dapiférat à Anseau de Garlande, à qui succéda en 1118 son frère Guillaume; en 1120, à la mort de Guillaume, un autre de ses frères, Etienne, déjà chancelier, ajouta à cette charge celle de sénéchal. La famille des Garlande avait en mains le gouvernement du royaume. 

En 1127, à l'instigation de la reine Adélaïde et de saint Bernard, Louis VI expulsa Etienne du palais, laissa la charge de sénéchal vacante pendant quatre ans, puis la confia à Raoul, comte de Vermandois; à la mort de Raoul, en 1152, le dapiférat resta vacant pendant deux ans, puis fut donné en 1154 à Thibaud, comte de Blois, qui conserva cette dignité jusqu'à sa mort arrivée en 1191. A cette date, le roi supprima le dapiférat.

Les seigneurs avaient, comme le roi, des sénéchaux. Après l'annexion du duché d'Aquitaine et du comté de Poitiers à la couronne en 1137, la royauté conserva la sénéchaussée de Poitou, dont les seigneurs de Manzé et de Montreuil-Bellay furent successivement titulaires. De même, après la conquête de l'Anjou, du Maine et de la Touraine par Philippe-Auguste, ce roi laissa à Guillaume des Roches, à titre héréditaire, la sénéchaussée de l'Anjou, de la Touraine et da Maine; il maintint la sénéchaussée héréditaire de Poitou, Saintonge et Guyenne en faveur d'Aimery, vicomte de Thouars. Ces grands sénéchaux laissaient l'administration effective à des sénéchaux établis dans les principales villes de leur province. En Languedoc, les représentants des seigneurs portaient, depuis longtemps, le titre dé sénéchal. La royauté laissa subsister les sénéchaux du Périgord, de Quercy, de Toulouse, d'Agenais, de Rouergue, de Beaucaire et de Carcassonne. Ces sénéchaux du Midi exerçaient les mêmes fonctions que les baillis du Nord. (M. Prou).

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Dictionnaire biographique
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