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Littérature

La science-fiction

La science-fiction est un domaine de l'imaginaire qui s'exprime sous forme principalement narrative dans la littérature et le cinéma. On la rencontre aussi dans les supports qui en sont dérivés (BD, cinéma d'animation, séries de télévision, jeux vidéos, etc.). Si le genre participe effectivement de la fiction, il semble vain de chercher à le définir à partir de ce que pourrait suggérer son nom : cette fiction ne recourt à la science qu'accidentellement  - d'ailleurs il plus question ici de progrès technique que de science - et celle-ci peut être complètement absente. Cela explique que certains préfèrent n'utiliser que les initiales SF (ou S.-F.), une sorte de coquille vide en somme, pour parler du sujet dont il est question ici. 

Quoi qu'il en soit, la meilleure façon de dire ce qu'est la science-fiction est peut-être d'en risquer un début de définition extensive, c'est-à-dire d'en énumérer les grands thèmes. Les principaux sont les suivants : les voyages dans l'espace et dans le temps, les extraterrestres, les mondes disparus, cachés ou parallèles, les sociétés futures ou alternatives (utopies et dystopies),  les fins du monde et leurs suites,  l'humain modifié et l'immortalité, les machines qui pensent et les vies artificielles, l'anticipation technologique,  etc. Ces thèmes se présentent comme autant de procédés qui permettent de changer le point de vue à partir duquel on observe le monde, la société ou l'humain. On regarde depuis un ailleurs, depuis un autre temps, avec les yeux d'une autre espèce, etc. 

Dans le vrac des précurseurs

Si l'on choisit de définir la science-fiction à partir des thèmes qui en participent, on constate vite qu'il a existé des oeuvres de science-fiction bien avant que n'existe le terme qui sert à désigner cette branche de la littérature, et qui, lui, n'a été introduit qu'en 1929. Quelques thématiques supplémentaires apparaîtront à partir de la seconde moitié du XXe siècle, mais les premiers thèmes abordés, et qui restent d'actualité, sont les suivants : 

Les voyages dans l'espace.
Ainsi, L'Histoire Véritable, écrite au IIe siècle de l'ère commune par Lucien de Samosate, et qui raconte un voyage dans l'espace, peut-elle être vue comme un des premiers romans de science-fiction. L'Histoire Comique des Etats et Empires de la Lune et du Soleil, de Cyrano de Bergerac (1662),  l'Homme dans la Lune (1638) de Francis Godwin, l'Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (1835) d'Edgar Poe, ou encore  De La Terre à la Lune de Jules Verne (1865) ont donc déjà un lointain ancêtre. 

Après la Lune, c'est surtout Mars, et parfois Vénus, qui sont les destination favorites. C'est ce que l'on constate, par exemple, avec  Le prisonnier de la planète Mars (1908) de Gustave Le Rouge, ou avec La Roue fulgurante (1908), de Jean de la Hire.  Ces auteurs se désintéressent des difficultés du voyages interplanétaires pour simplement imaginer des aventures insolites. Par exception, le Voyage à Vénus (1864) d'Achille Eyraud, évoque la première fusée, c'est-à-dire le premier véhicule spatial fonctionnant sur le principe physique de l'action et de la réaction. 

Quand le Système solaire a semblé trop petit, les auteurs ont pris leur envol vers les étoiles :  ainsi C. I. Defontenay (1819-1856) qui offre, dans son Star ou Psi de Cassiopée (1854), une incursion dans une culture extraterrestre; autre exemple David Lindsey qui publie, en 1920, son Voyage to Arcturus. Mais pourquoi s'arrêter là? En 1925,  J. H. Rosny aîné publie Les navigateurs de l'infini (1925) : le  programme est dans le titre, et c'est dans cet ouvrage, soit dit en passant, qu'apparaît pour la première fois le mot astronautique.

La théorie de la relativité restreinte impose une limite maximale aux vitesses. Si l'on veut voyager jusqu'aux étoiles dans des temps compatibles avec les limites de la durée humaine, et ne pouvant pas voyager plus la lumière, il est nécessaire de contourner l'obstacle d'une manière ou d'une autre. Les auteurs de SF ont imaginé l'hyperespace.  Ce mot prend ici un sens différent de celui qu'il a en mathématiques. L'hyperespace de la science-fiction est souvent présenté comme une dimension alternative (échappant aux contraintes de la relativité, et de la physique en général) à travers laquelle les vaisseaux spatiaux peuvent voyager plus rapidement que la lumière. La première apparition en littérature de l'hyperespace remonte à 1931, dans le magazine Amazing Stories Quarterly. Le terme sera ensuite popularisé dans les années 1950 par Isaac Asimov.

Extraterrestres et coterrestres.
Depuis Lucien de Samosate, les voyages dans l'espace n'ont cessé d'être des occasions de rencontres, souvent avec les habitants d'autres planètes, à tous les coups avec des être d'ailleurs ou d'un autre temps. 

Dans certains cas, il s'agit d'entités très exotiques. Kepler, dans le Songe (1634), essaie d'ailleurs d'expliquer pourquoi ils doivent êtres nécessairement très différents de nous. Il imagine doctement ce que sont les habitants de la Lune, leur biologie, leur moeurs sont directement et méthodiquement déduits des connaissances de son temps associées aux principes coperniciens. Le texte est aride, mais le tableau dressé est  très dépaysant.

Faire venir sur Terre des êtres venus d'ailleurs est une autre manière de décentrer notre regard. C'est ce que fait magistralement Voltaire, qui introduit « le point de vue de Sirius » dans son Micromégas (1752).

Les extraterrestres de Voltaire, contrairement à ceux de Kepler, nous ressemblent beaucoup. Ils sont, de plus, philosophes et pacifiques. Tout le contraire en somme des terribles Martiens imaginées par Herbert George Wells dans La Guerre des mondes (1898), un chef-d'oeuvre qui donnera lieu à une adaptation radiophonique sensationnelle par Orson Welles en 1938. 
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Illustration de la Guerre des Mondes de HG Wells.
L'arrivée des Marsiens (sic). Illustration 
de la traduction en français (1906), de 
la Guerre des mondes (1898) de H.G Wells.

Ils sont déjà parmi nous (et ils ne nous aiment pas).
L'invasion brutale n'est qu'un aspect de la question. L'autre concerne ceux que l'on pourrait appeller d'un néologisme, les coterrestres. ces êtres sortis d'on ne sait où, mais avec lesquels nous devons cohabiter à nos risques et périls. Le Horla, (1887), invisible et inquiétant, de Guy de Maupassant semble bien appartenir à cette catégorie. 

J.-H. Rosny Aîné, dans Les Xipéhuz (1887), imagine pour sa part des entités minérales avec lesquelles il est impossible de communiquer sinon au travers d'une guerre d'extermination sans merci. Dans la mort de la Terre (1910), du même auteur, c'est encore une entité minérale, une sorte de rouille, qui nous dispute la primauté sur Terre, et même qui dominera la planète après l'extinction de l'humanité. Rosny Aîné imaginera encore dans Un autre monde (1895), que l'humanité cohabite avec une espèce invisible.

Dans Le péril bleu (1910) de Maurice Renard, une espèce mystérieuse vivant dans les hauteurs de l'atmosphère terrestre pêche les humains comme s'ils étaient des  poissons. 

On peut encore citer dans la même veine, Jacques Spitz qui voit la Terre envahie par des insectes mutants (La Guerre des Mouches,1938) et Karel Capek, avec sa Guerre des Salamandres (1937) où des salamandres, évoluées et d'abord pacifiques, finissent, au contact de la bêtise humaine, par instaurer un régime totalitaire.

Utopies, sociétés alternatives et mondes perdus.
Du thème des coterrestres, on passe facilement à celui des mondes cachés et des civilisations inconnues, qui explore des géographies alternatives. C'est ce que l'on voyait déjà chez Jonathan Swift dans ses Voyages de Gulliver (1726), et ce que l'on peut retrouver chez Restif de la Bretonne (La découverte australe par un homme volant, 1781), chez Henry Rider Haggard (She, 1886), ou encore chez Jorge Luis Borges (1899-1986) : Tlön, Uqbar, Orbis Tertius , 1940, nouvelle publiée dans la revue Fictions).

Utopies et dystopies.
L'intérêt des mondes cachés ou disparus est d'abord d'offrir un cadre l'invention de sociétés dotées d'une organisation différente de celles que nous connaissons, et fondées sur des valeurs elles aussi différentes.

Platon a joué à ce jeu-là depuis très longtemps en inventant l'Atlantide (Critias). En 1516, Thomas More décrit également une société  alternative dans son Utopie, dont le titre fournit le nom générique. de toute une série d'oeuvres. On peut citer, par exemple The Blazing World (1666), de Margaret Cavendish, qui semble avoir été la première une utopie féministe. 

Les cités idéales peuvent bien servir à illustrer un programme de philosophie politique, mais elle sont un thème pauvre pour la littérature (les gens heureux n'ont pas d'histoire...). Heureusement, les écrivains ont inventé les dystopies. Les dystopies (anti-utopies ou contre-utopies) sont, comme le nom l'indique, le contraire des utopies. Elles présentent des sociétés cauchemardesques ou parfois simplement dysfonctionnelles. On en trouve un exemple chez Emile Souvestre, avec son Le monde tel qu'il sera (1846). En 1932, Aldous Huxley, dans le Meilleur des mondes, décrira une société très semblable. Dans l'intervalle, on peut mentionner : Wells, Quand le dormeur s'éveillera (1899), Jack London dans le Talon de fer (The Iron heel, 1907), et plus tard : Régis Messac dans Quinzinzinzili (1934), qui décrit une brutale société d'enfants survivant du cataclysme qui a détruit l'humanité. On retrouve les mêmes idées  dans les-Enfants de Timpelbach (1937) de Henry Winterfeld et dont Nicolas Barry a tiré un film en 2008. Dans La cité des asphyxiés (1937), Messac imaginera encore une société future détestable, cette fois parce qu'on s'y dispute la moindre molécule d'air.

Les mondes perdus.
Imaginer des territoires inexplorés peut aussi n'être qu'un prétexte au divertissement, comme en offrent tous les romans d'aventures. De cette veine relèvent : Le voyageur philosophe dans un pays inconnu aux habitants de la Terre (1761) de Daniel Jost de Villeneuve, le Voyage au Centre de la Terre (1864) de Jules Verne, ou encore le Monde perdu (1912) d'Arthur Conan Doyle, qui sont aussi comme des excursions paléontologiques. Les dinosaures ont toujours la cote. Mais ce peut-être une faune bien plus étrange qu'on offre à notre imagination, comme dans les Aventures d'Arthur Gordon Pym (1838), d'Edgar Poe.

Les mondes parallèles. 
La notion de monde ou univers parallèle n'appartient pas en  propre à la SF, puisque n'importe quelle production de l'imaginaire peut revendiquer sa place sous cette rubrique. Certains usages des mondes parallèles relèvent bien de la SF, en revanche. Par exemple, quand H. -G. Wells, invente, en 1923, l'idée des voyages entre univers parallèles dans son Men like gods (traduit sous le titre de M. Barnstaple chez les hommes-dieux, 1926). Deux types spéciaux de narration relèvent aussi de la SF : l'uchronie et la référence à d'autres dimensions.

L'uchronie.
L'uchronie est un récit qui se place hors de l'histoire de la même façon que l'utopie se place hors de la géographie. Elle imagine ce qui serait arrivé si tel ou tel événement historique ne s'était pas produit ou s'était produit différemment. Elle procure ainsi un moyen de réécrire l'histoire. Un vieil exemple d'uchronie se rencontre dans Napoléon et la conquête du monde (1836), de Louis Geoffroy, où Napoléon rentre victorieux de la campagne de Russie et finit par imposer son règne universel.

Les autres dimensions. 
Pour beaucoup d'auteurs, une autre dimension, c'est seulement un monde parallèle. Mais quelques-uns s'en tiennent à la définition géométrique initiale du mot dimension. Ainsi, par exemple, Edwin Abbot imagine-t-il dans Flatland (1884) un monde qui n'aurait que deux dimensions au lieu de trois; alors que, de son côté, Gaston de Pawlowski, introduit une dimension d'espace supplémentaire dans son Voyage au pays de la quatrième dimension (1912).

Le voyage dans le temps, l'anticipation.
L'anticipation.
Une autre manière de parler de sociétés alternatives est d'anticiper le futur ou de voyager dans le temps. Parmi les précurseurs de la littérature d'anticipation, on note :  dès 1770, Louis Sébastien Mercier, qui propose un roman intitulé L'an 2440 ou rêve s'il en fût jamais, Restif de la Bretonne, qui publie en 1789 L'an 2000 ou la régénération, ou encore Albert Robida avec son  le XXe siècle (1882), ou bien Emilio Salgari (Italie, 1862-1911), qui imagine les Merveilles de l'an 2000 (Le Meraviglie del duemila, 1907).

Le temps à rebours.
Voyager dans le futur est simple (il suffit d'attendre). Voyager dans le passé est une autre affaire. Au minimum, il faut une technologie adaptée comme chez H. G. Wells, la Machine à explorer le temps, ou du moins avoir le goût des contrastes comme Mark Twain avec Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur (1889). 

Dans la Belle Valence (1923) de Théo Varlet et André Blandin, le voyageur temporel intervient pour modifier le cours de l'histoire. Mais il faudra attendre encore une décennie, pour qu'on comprenne qu'à agir ainsi on court tout droit au paradoxe. 

Le temps : un élastique qui peut casser.
Certains auteurs vont jusqu'à imaginer que le temps se met à couler à l'envers : Henri Cochin (Manuscrit de monsieur C.A.L. Larsonnier, 1881), Robida (L'Horloge des siècles, 1902). C'est une autre manière de voyager dans le temps. D'autres (Wells encore, Spitz, Wallace West, etc.) manipulent aussi de diverses manières le temps : en le ralentissant, en l'accélérant, à l'arrêtant, voire même en l'anéantissant.
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Robida : le XXe siècle.
Couverture de la revue Frank Reade.
Paris en 1950, « un monde embrouillé », illustration de Robida pour son XXe siècle
(la Vie électrique).
Couverture (1903) du Frank Reade, magazine hebdomadaire, « contenant des histoires d'aventures sur la terre, la mer et dans les airs ».

L'homme modifié et l'homme artificiel.
Les êtres venus d'ailleurs tout comme les sociétés alternatives offrent des  moyens d'interroger l'humain. Une autre façon d'y parvenir est de s'interroger sur son évolution biologique comme dans Les chasseurs d'hommes (1933) de René Thévenin, qui ouvre la voie à toutes les histoires de mutants et de post-humains. Une autre piste suivie par les auteurs de science-fiction est celle qui consiste à modifier artificiellement les humains, quand il ne s'agit pas de les reconstruire un partie ou même totalement pour leur substituer des machines. 

Les humains modifiés.
Parmi les humains modifiés, on trouve des humains à la vie prolongée artificiellement. Certains peuvent même devenir immortels. Edgar Poe dans La Vérité sur le cas de M. Valdemar (1845), et  Bruno Ruby, Celui qui supprima la mort, 1(920), par exemple s'engagent dans cette voie. Dans certains cas, l'immortalité est vécue comme une calamité (Jacques Sadeurs, La terre australe, 1676). 

On peut augmenter aussi les capacités des humains en leur greffant, par exemples, des branchies (Jean de la Hire : L'homme qui peut vivre dans l'eau, 1907; José Moselli, La guerre des océans; 1928) ou bien des machines (Maurice Renard, L'homme truqué, 1921). On peut même changer leur personnalité à l'aide d'une drogue : L'Étrange Cas du dr Jekyll et de Mr. Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson. H.G. Wells inventera une transformation encore plus radicale avec l'Homme invisible (1897).

Wells, un peu plus tôt, avait  aussi exploré le thème de l'humain modifié en en inversant les termes : dans  L'île du docteur Moreau (1896), il transforme les animaux pour leur donner des caractères humains. Maurice Renard  quant à lui, s'inspirera de Wells dans Le docteur Lerne (1908) en traitant des échanges d'organes entre humains et animaux. 

Les humains reconstruits.
La création d'êtres pensants artificiels est un très vieux thème lui aussi. La littérature s'en empare véritablement avec le Frankenstein (1818) de Mary Shelley, qui, en même temps, fait entrer la science-fiction dans son âge moderne. Le thème connaît ensuite diverses variations avec des auteurs tels que Louis Boussenard (Les secrets de monsieur Synthèse, 1888), Michel Corday (Le mystérieux Djann-Phinn, 1908), ou encore André Couvreur, Le valseur phosphorescent, 1923. Karel Capek, dans une pièce de théâtre intitulée R.U.R., invente en 1921, des humains de synthèse fabriqués pour servir de main-d'oeuvre bon marché. Ce sont ce qu'il appelle des robots (du tchèque roboti = travailler). Le mot n'a pas encore pris chez cet auteur le sens qu'on lui donne aujourd'hui de machine humanoïde.

Les machines pensantes et les humains artificiels.
Dans sa Palingénésie (1798), Jean-Paul Richter imagine un monde où les machines, afin de libérer les humains, accomplissent toutes les tâches auxquelles ils doivent se livrer ordinairement. Bien sûr, en toute logique, les machines sont appelées un jour à penser à leur place. L'ouvrage recouvre à peu près toute la thématique des machines pensantes, seule lui manque l'idée de la révolte de l'artefact contre son créateur : elle sera explorée par Didier de Chousy dès 1884, dans Ignis, roman où se déchaîne le hooliganisme des machines  « ivres d'électricité ». Même les machines à coudre, aux « mâchoires d'aiguilles » s'y mettent... 

Deux innovations encore, avec Edward Page Mitchell (1852-1927), qui, dans The Ablest Man in the World (1874), introduit le premier cyborg (humain amélioré par des prothèses cybernétiques), et Villiers de l'Isle-Adam, qui, dans son Ève future (1886), invente le premier androïde (machine pensante d'apparence humaine). 

La fin du monde et après.
Le thème de la fin du monde - entendons le plus souvent seulement la fin de l'humanité, voire seulement celle de la civilisation occidentale - est abordé dès 1826 par Mary Shelley avec un roman intitulé Le Dernier Homme (The Last Man). Jack London, sur le même sujet a écrit La peste écarlate (1912), Pierre Mac Orlan, le Rire jaune (1914),  Jules Verne, nouvelle l'Eternel Adam  (nouvelle, 1910), Rosny Aîné, La mort de la Terre (1910). En 1914, H.G. Wells, qui comme toujours a une guerre d'avance, imagine l'emploi de l'arme nucléaire, plus de quarante ans avant Hiroshima. Dans l'Agonie du globe (1935), Jacques Spitz, de son côté  imagine une Terre qui se disloque en deux hémisphères; le même décrit dans les Evadés de l'an 4000 (1936) un monde en proie à une grande catastrophe climatique. Le thème de la fin du monde, souvent qualifié d'apocalyptique ou de post-apocalyptique, sera par la suite une grande spécialité de la SF britannique.
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Les premières images
Cinéma, BD, télévision

Le cinéma. - Le cinéma de science-fiction est apparu avec le cinéma lui-même, en tout cas avec les premiers trucages. Premier titre répertorié : le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès. Suivront Metropolis (1926) et La Femme sur la Lune (1929), de Fritz Lang; Frankenstein (1931), de James Whale; Dr Jekyll et Mr Hyde (1932), de Rouben Mamoulian; L'île du Dr Moreau (1932) de Erle Kenton; King Kong (1933) de Merian Caldwell Cooper et Ernest Beaumont Schoedsack; Paris qui dort (1923) de René Clair, et, en Union soviétique : Aelita (1924) de Yakov Protazanov, qui s'inspire d'une nouvelle de Tolstoï (1923).
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Affiche d'Aelita.
Affiche d'Aelita (1924).

La bande dessinée. - Les premières BD (bandes dessinées, romans graphiques) à relever de la science-fiction sont : Boob McNutt (publié dans le New York Evening Mail de 1915 à 1934); Buck Rogers (1929) de Dick Calkins et  Philip Francis Nowlan, qui est l'adaptation du roman de Nowlan (Armageddon 2419 A.D.) paru en 1928; Brick Bradford (Luc Bradefer en France), de William Ritt et Clarence Gray en 1933; Flash Gordon (1934, Guy l'Eclair en France), d'Alex Raymond; Superman (1938), de Jerry Siegel et Joe Shuster; Batman (1939) de Bill Finger et Bob Kane; Wonder Woman, de Charles Moulton (1941); le Rayon U (1943) de E. P. Jacobs. Très tôt certaines de ces BD ont été portées au cinéma sous forme de séries : ainsi Flash Gordon (1936) et Buck Rogers (1939).
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Superman.
Comment Superman a mis fin à la Guerre (1940). Hitler et Staline sont conduits à la Société des Nations pour y être jugés.

Les séries TV. -  Il faut bien sûr attendre encore quelque temps pour qu'apparaissent les premières séries télévisées de science-fiction. Citons une adaptation de Brick Bradford en 1948; la Quatrième dimension (The Twilight Zone, en 1959) de Rod Serling; The outer limits (1963); Doctor Who (1963) série anglaise qui après une interruption existe toujours; Star Trek (1966) de Gene Roddenberry; la série allemande Raumpatrouille (La Patrouille de l'espace, 1966); les Envahisseurs (1967), de Larry Cohen, avec Roy Thinnes dans un rôle inoubliable.
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La Patrouille de l'espace.
Les robots de la Patrouille de l'espace (1966).

La SF au temps des pulps

A la fin du XIXe siècle, et encore au lendemain  de la Première Guerre mondiale, la situation semble assez similaire des deux côtés de l'Atlantique, mais les trajectoires vont très vite diverger. Ainsi, en France, des feuilletonistes publient dans une revue de vulgarisation créée en 1919, Science et Voyages, où l'on trouve aussi bien des textes d'auteurs confirmés, à l'instar de J.-H Rosny, que de nouveaux et prolifiques auteurs : par exemple, José Moselli (La prison de glace; La fin d'Illa), Léon Groc (Deux mille ans sous la mer). Aux Etats-Unis, les feuilletonistes sont également nombreux. En 1869, le magazine Atlantic Monthly commence à publier le premier roman d'Edward Everett Hale intitulé The brick Moon. Il y est question d'une lune artificielle (en briques) mise en orbite à fin d'études géodésiques. Voici donc le premier satellite artificiel, et, qui plus est, la technologie à laquelle il concourt préfigure le GPS... La série des Frank Reade entamé dès 1876 par Harry Enton, et continuée à partir de 1882 par Luis P. Senarens, est plus classique : elle rappelle les romans de Jules Verne, avec leurs véhicules extraordinaires et leurs mondes perdus.

Une première différence entre la production française et la production américaine tient à l'état d'esprit. En France règne une méfiance et un pessimisme vis-à-vis du progrès (on peut le constater, par exemple, chez Ernest Pérochon dans les Hommes frénétiques, 1925 ). Au Etats-Unis, au contraire, s'exprime le scientisme le plus naïf; on envisage le progrès avec un optimisme béat. L'autre grande différence, appelée à perdurer, est d'ordre économique et tient à la structure du monde de l'édition. En Europe, le débouché de cette littérature facile se trouve principalement dans des livres; en Amérique les supports sont des magazines, et plus spécialement ceux qu'on appelle les pulps magazines (ou simplement pulps), publications bon marché, destinées à un public très large et peu exigeant, telles que celles que publie, par exemple le groupe Mumsey ( Argosy, The Cavalier, All-Story, etc.).

Par ailleurs, à la fin des années 1920, on assiste, aux Etats-Unis, à la prise de conscience que les oeuvres que l'on vient de mentionner, et d'autres encore, inscrites jusque-là dans le flux de la littérature générale, pouvaient être rangées dans une même catégorie, un genre  - un genre qui prendra bientôt le nom de science-fiction.

Les pulps  vont devenir un vivier de nouveaux auteurs de science-fiction, parmi les précurseurs le plus connu étant Edgar Rice Burroughs, qui est le créateur de Tarzan, mais surtout, pour ce qui nous intéresse ici, du cycle de Mars (à partir de 1912), du cycle de Vénus et du cycle de Pellucidar (début en 1915, dans les profondeurs de la Terre, supposée creuse et cependant civilisée) publiés dans All-Story. On trouve aussi les noms de Murray Leinster (The Mad planet, 1920), et surtout celui d'Abraham Merritt (Le gouffre de la Lune, 1918; La Nef d'Ishtar, 1924), talentueux représentant de ce qu'on appellera plus tard la fantasy . Ce territoire est ordinairement placé tout à côté de la science-fiction, en compagnie du fantastique et du merveilleux. L'une de ses provinces, la science-fantasy, dont l'origine pourrait être cherchée chez Edgar Allan Poe, est même parfois considérée comme un sous-genre de la science-fiction. Quoi qu'il en soit, dans la fantasy, la magie remplace la technologie, les sorciers et démons remplacent les extraterrestres et les robots, si bien que le parallélisme existe bien..
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Dessin de Fantastic Adventures (novembre 1939)
Concours de beauté interplanétaire. Et la gagnante est...
(Illustration de l'éditorial du numéro de novembre 1939
du pulp Fantastic Adventures).

Le nom d'un malentendu.
Les premiers pulps publiait des textes appartenant à toutes sortes de genres (et d'autant plus facilement que certains de ces genres, comme on l'a vu, n'avaient pas encore de nom). Mais , dans les années 1920, sont apparus certains pulps plus spécialisés. C'est le cas de Weird Tales (1923), par exemple, plutôt orienté vers le fantastique et l'horreur, et qui donne l'occasion de faire leurs premières armes à plusieurs auteurs dont le nom s'associera plus tard, à des titres divers, au domaine qui nous intéresse ici, tels H.-P. Lovecraft (Je suis d'ailleurs, 1926; La couleur tombée du ciel, 1927), Robert E. Howard, le futur créateur de Conan le Cimmérien (1932), Edmund Hamilton ou encore Clark Ashton Smith. 

D'autres pulps se dédient à la vulgarisation scientifique et technique. En 1911, Hugo Gernsback, l'éditeur d'un de ces magazines, Modern Electric, y publie en feuilleton un (mauvais) roman, Ralph 124 C 41 +, dont il est l'auteur et qui, en se projetant dans l'avenir, vante les bienfaits du progrès technique. Dans le climat scientiste de l'époque, ce texte suscite des émules. Des lecteurs, devenus soudain auteurs, commencent  à vouloir publier leurs propres textes (généralement tout aussi mauvais). Il ne connaissent rien aux sciences, mais ils sont enthousiastes, et leur littérature demande à être séparée de ce qui était au départ un projet de propagande scientifique. C'est de l'imagination pure, où ce que les auteurs croient être de la science, ne sera plus qu'un prétexte de moins en moins sollicité. 

C'est ainsi que Gernsback fondera une revue tout exprès pour les textes produits dans cette veine : Amazing stories (1926), où les nouveaux auteurs côtoieront des auteurs plus anciens (J. Verne, Edgar Poe, H. G. Wells, etc.), preuve que, dès cette époque, l'on reconnaît et assume pleinement leur héritage. Pour parler du type de littérature que publie son magazine, Gersnsback invente le mot scientifiction (1926), il n'adoptera celui de science-fiction que trois ans plus tard dans une autre revue qu'il créera en 1929, Science Wonders Stories. Ce terme-là n'est pas de lui. Il est déjà utilisé sporadiquement depuis le milieu du XIXe siècle. D'autres revues du même style verront bientôt le jour, telle Astoundings Stories (1930). Si donc Gernsback n'a pas inventé la science-fiction, ni même son nom, au moins a-t-il a inventé une nouveau marché pour l'édition et, avec lui, un public d'aficionados, le fandom, avec sa culture et ses codes, avec sa sociologie. On publie des organes de liaison, les fanzine, on se retrouve entre soi dans des conventions (à partir de 1937), telles le Worldcon (1939), on créera un peu plus tard des récompenses, comme le prix Hugo (1953), le prix Nebula (1966), ou, en France, le prix Apollo (1972-1990).

Identifiée désormais comme un genre, la science-fiction se reconnaît aussi des sous-genres. On les définit moins par les thèmes abordés que par le cadre de la narration et les moyens mis en oeuvre. Certains existent déjà et n'attendaient qu'un écosystème favorable pour prospérer : dystopie, uchronie,  littérature post-apocalyptique, space opera, space fantasy, planet opera, space western, etc.; d'autres devront attendre l'apparition de nouvelles technologies : cyberpunk (technologies de l'information, réseaux informatiques), biopunk (ingéniérie génétique, clonage), etc. 

En même temps qu'elle acquiert un nom, la science-fiction s'entoure aussi d'une image, qui l'a souvent desservie : celle d'une littérature populaire (ce qui n'est pas infamant) de mauvaise qualité, réactionnaire, raciste et xénophobe (ce qui, hélas, est souvent le cas aussi). Mais on oublie qu'il a existé également dès le temps des pulps des auteurs très progressistes, à l'image de Nat Schachner (L'homme dissocié, recueil de nouvelles dont les plus anciennes, publiées dans Astounding stories, remontent à 1933), et aussi que la SF,  portée par des auteurs de premier plan, a  produit, à toutes les époques, de grandes oeuvres. Comme le souligne Jacques van Herp :

« La répartition des oeuvres de S.F. est la même que dans la littérature classique : quelques chefs-d'oeuvre, un bon noyau de récits fort honorables, le bataillon des ouvrages honnêtes et puis, la foule des autres... [...] Pour être un bon écrivain de S.F. il faut être aussi un bon écrivain tout court. »
Theodore Sturgeon exprimait la même chose de façon plus lapidaire en remarquant que « 90% de n'importe quoi ne vaut rien »...

Astounding Stories.
Le magazine Astounding Stories (puis Astounding Science fiction) a été créé en 1930 et a été dirigée à partir de 1937 par John Campbell. Cette revue, qui deviendra Analog Science Fiction and Fact (de 1960 à aujourd'hui), va être le creuset de ce que l'on appelé l'âge d'or de la SF. Parmi les auteurs qui ont fait sa renommée, on peut mentionner : Isaac Asimov, A.E. Van Vogt, ou encore Robert A. Heinlein. Leurs oeuvres parues d'abord en feuilleton dans les années 1930  dans la revue seront ensuite - souvent après la Seconde Guerre mondiale - publiées sous forme de livres (sauf indicaétion contraire, c'est la date de cette dernière publication qui sera donnée ici entre parenthèses).
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Astounding Stories (octobre 1957).
Le numéro d'octobre 1937 d'Astounding
Stories. Il inaugure le règne de 
J. Campbell sur la revue.

Robert Heinlein.
Robert Heinlein (1907-1988) est connu pour son Histoire du futur, un cycle commencé en 1939 avec la nouvelle Ligne de vie : L'homme qui vendit la Lune (1950); Marionnettes Humaines (1951); Route de la gloire (1963). Typiquement, une oeuvre ancrée dans la Guerre froide : mélange de militarisme, d'anti-communisme. Avec Starship Troopers (1959, Etoiles, garde à vous! en France) roman destiné à la jeunesse, l'auteur renoue encore avec ses penchants militaristes.  Le cinéaste Paul Verhoeven  a réalisé une adaptation très personnelle et heureusement décalée (1997) de cette oeuvre. Mais Heinlein est aussi l'auteur d'En terre étrangère (1961), un roman dans lequel s'exprime curieusement une forme de libertarisme new age. Suffisant pour assurer le succès de l'oeuvre auprès de la jeunesse des années 1960... 

A.E. Van Vogt.
A. E. (Alfred Elton) Van Vogt (1912-2000), avec A la poursuite des Slans, 1940), renouvelle le thème du mutant persécuté, qui d'une certaine façon s'inscrit dans le prolongement de la voie ouverte par Mary Shelley. L'ouvrage est anodin, mais plutôt sympathique. Van Vogt se montre à la fois plus ambitieux et moins bien inspiré dans l'embrouillé Monde des non-A,  (The World of Null-A, début en 1945). Apparemment, il ignore que le non-A (= non-Aristotélisme) a gagné la bataille des idées depuis au moins la Renaissance et mène un combat d'arrière-garde. Un critique a résumé ainsi l'histoire : « Un homme égaré, Gilbert Gosseyn, mutant doté d'un double cerveau, ignore qui il est et passe tout le roman à le chercher-». N'empêche, l'ouvrage a trouvé son public. Traduit en français par Boris Vian hilmself, il a été suivi des Joueurs du non-A (The Pawns of Null-A , 1956) et de La fin du non-A (Null-A Three, 1985). 

Le cycle des Armureries d'Isher (The Weapon Maker, 1941, Weapon Shops of Isher, 1951, etc.) peut apparaître plus intéressant, au moins du point de vue de la maîtrise du récit. Le résumé qu'a fait Jacques Sadoul de cette oeuvre peut donner une idée de ce à quoi peut s'attendre le lecteur lorsqu'il aborde une roman de Van Vogt :

« Cette suite romanesque raconte l'histoire de l'empire d'Isher, situé dans un avenir lointain. Deux pouvoirs opposés s'y affrontent : celui - légal - de l'impératrice Innelda et celui - occulte - de la Guilde des Armuriers. Entre les deux, toujours caché sous différents pseudonymes, Robert Hedrock, un immortel. A l'insu de tous, Hedrock fut le fondateur de la Guilde et le premier empereur de la dynastie d'Isher. On reconnaît bien là la complication des thèmes vanvogtiens et les coups de théâtre que peut susciter une situation aussi complexe. Mais cela ne suffit pas à l'auteur qui va y ajouter une race d'êtres extraterrestres, arachnéides, menaçant l'empire d'Isher. Là encore le rôle d'Hedrock, l'immortel, sera déterminant. Les extraterrestres repartiront à la fin du roman en prononçant la phrase désormais célèbre :  « Nous aurons au moins appris une chose : voici la race qui va régner sur le sevagram  ». Cette phrase a ceci d'admirable qu"il n'est jamais question un seul instant du "sevagram" dans le cours du récit. »
Par contre, on trouve au fil des pages des slogans plus faciles à déchiffrer, tels que «-Etre armé, c'est être libre-», et que l'on dirait sponsorisés par la NRA (National Rifle association).

Citons encore La faune de l'espace (The Voyage of the Space Beagle, 1950), recueil de nouvelles, dans lequel Van Vogt invente une zoologie de cauchemar. Il y apparaît notamment un monstre nommé Xtl, que l'auteur a cru reconnaître dans celui que Ridley Scott a su rendre si terrifiant dans son film Alien (1979). 

Au final, Van Vogt , malgré une idéologie pour le moins discutable, a réussi a s'imposer par son écriture à la fois lourde, confuse et hypnotique qui entraîne dans les méandres embrouillés de ses fantasmes. Ecrivain très défectueux, mais doté d'une puissance d'imagination rare, il a eu une influence considérable sur la SF, y compris sur nombre des auteurs qui ont émis à son sujet les réserves les plus sérieuses.

Lester del Rey.
Collaborateur régulier et de longue date d'Astounding, Lester del Rey (1915-1993) est surtout connu pour son roman Nerves (Crise en français), paru en 1942 :  un accident survient dans une centrale atomique; la moitié des Etats-Unis sont menacés par une possible explosion; un seul homme pourrait éviter la castrophe, mais il prisonnier dans les décombres... gros suspense. Du même auteur : le Onzième commandement (1962); Psi (1971).

Ray Cummings.
Ray Cummings (1887-1957) est l'un des auteurs les plus féconds de l'époque des pulps. Complètement oublié aujourd'hui, ils se signale par le rôle qu'il a joué dans l'installation de quelques-unes des thématiques sur lesquelles s'est construite la SF américaine naissante. Tama of the Light Country  (1930) et Tama, Princess of Mercury (1931), parus dans Argosy parlent de Vikings et de la préhistoire et de la planète Mercure. The Exile of Time (paru dans Astounding Stories en 1931) évoque la révolte des robots et les rayons paralysants. Brigands of the Moon (dans Astounding Stories, 1930), convoque l'antigravité, les Martiens et les Vénusiens, l'invisibillité; Blood on the Moon (paru dans Thrilling Wonder Stories en 1936) roule sur les mêmes thèmes. La grande affaire de Cummings est surtout le voyage dans le temps : The Time Professor (dans Argosy, dès 1921), Le maître du temps (The Man Who Mastered Time, dans Argosy, 1929), La fille fantôme (The Shadow Girl, dans Argosys 1929), etc.

Nat Schachner.
L'humanisme militant de Nat Schachner (1895-1955) pourrait à lui seul faire mentir tous les clichés que l'on a de la science-fiction à son époque. On lui doit un roman, Space Lawyer (1953), composé de deux nouvelles initialement parues dans Astounding en 1941 et cousues ensemble, et un autre roman, écrit en collaboration avec Arthur Leo Zagat (1896-1949), Exiles of the Moon (1931), sur l'exploitation de l'homme par les puissances de l'argent, oeuvre d'inspiration évidemment socialiste. Dans sa nouvelle Beyond all Weapons, parue dans Astounding en 1941, il invente la notion de psycho-histoire qu'Asimov saura faire fructifier un peu plus tard. On pourra lire cette nouvelle traduite en français (L'arme suprême) dans l'anthologie consacrée à  Schachner et publiée en 1973 sous le titre de L'homme dissocié.

Le space opera.
Dans le space opera, qui peut revendiquer comme ancêtres Lucien de Samosate et Edgar Rice Burroughs  (avec son cycle de John Carter), l'action se déploie à travers l'espace sidéral et sur des planètes (planet opera) où se côtoient sans complexes technologies avancées et sociétés passéistes. 

+ Edward Elmer « Doc » Smith (1890-1965) installe le space opera dans la science-fiction américaine moderne en lui procurant ses codes principaux. Il a commencé a publier de la SF dès 1915. Son premier roman, La curée des astres, est publié en 1928 dans Amazing Stories; vient ensuite une série de textes qui composeront le cycle de Fulgur (Lensman Series, en anglais), qui se veut un roman policier intersidéral, : Triplanétaire (1934), Patrouille Galactique (1937); Le Fulgur Gris (1939); Le Surfulgur (1941); Les Enfants du Joyau (1947); Le Premier Fulgur  (1950) .

 + Edmund Hamilton (1904-1977) a été un des scénaristes de la BD Superman. Il est aussi l'auteur de plusieurs cycles qui relèvent du space opera. Captain Future (de 1940 à 1946) est une série de courts romans pour la jeunesse dont a été tirée, à  la fin des années 1970,  la série animée japonaise Capitaine Flam. Le cycle Interstellar Patrol réunit sept textes publiés de 1928 à 1930. On peut aussi mentionner : Le Loup des étoiles (1982) , un cycle qui réunit L'Arme de nulle part ( 1967), Les Mondes interdits (1968) et La Planète des loups (1969).  Mais Hamilton  est surtout connu pour Les Rois des étoiles (1949), avec sa suite le Retour aux étoiles (1967)  : le héros en est un obscur comptable new-yorkais qui échange son esprit avec un prince galactique et se trouve au coeur d'une grande guerre interstellaire dont l'issue repose sur ses seules épaules. La revanche des médiocres...

+ Leigh Brackett (1915-1978), épouse d'Edmond Hamilton, a souvent été qualifiée de  « reine du space opera ». Son oeuvre, mâtinée de fantasy, comprend notamment : le cycle du Le Livre de Mars (L'Épée de Rhiannon, 1953; Le Secret de Sinharat, 1964; Le Peuple du talisman, 1964; Les Terriens arrivent, 1967) et Le Cycle de Skaith (Le Secret de Skaith,1974; Les Chiens de Skaith, 1974; Les Pillards de Skaith,1976. Brackett a été également coscénariste de plusieurs films d'Howard Hawks (Le Grand someil, Rio Bravo, etc..) et même, peu avant sa mort, d'une première version du scénario de l'Empire Contre-attaque, deuxième volet de la saga Star Wars.

+ Jack Williamson (1908-2006) est plus intéressant. Son sens de l'action et son imagination compensent une écriture un peu désuette aujourd'hui. Son space opera le plus connu, La légion de l'espace (quatre romans parus entre 1934 et 1982 ) ressemble à une version galactique des Trois Mousquetaires. Dans La Légion du temps (1938 et 1939), Williamson explore les futurs alternatifs de la Terre. Williamson peut à l'occasion quitter le space opera par exemple avec Plus noir que vous ne pensez (1940) :  il y reprend dans un contexte de SF le thème fantastique des loups-garous (comme Matheson le fera avec celui des vampires dans Je suis une légende). Dans ses Humanoïdes, les robots, à force de prévoyance envers les humains finissent par les étouffer.

+ Dautres auteurs de space operas : Charles Harness (1915-2005) :  Vol vers hier (1953 dans Startling Stories réédité sous le titre de The  Paradox Men); L'Anneau de Ritornel (1968). Plus tardif (deuxième génération d'Astounding), Poul Anderson (1926-2001), écrivain prolifique qui a aussi donné dans l'heroic fantasy, est l'auteur de plusieurs space operas, dont La Patrouille du Temps (1960) et Agent de l'Empire terrien (1965); un de ses autres romans, Les Croisés du cosmos (The High Crusade, 1964), qui raconte l'arrivée d'extraterrestres dans l'Europe du XIVe siècle a été porté à l'écran par  Klaus Knoesel et Holger Neuhäuser (1994).

Un des lieux communs de l'ancien space opera : La jeune  femme en détresse, à la merci 
d'un affreux monstre étranger, sera finalement sauvée par le héros invincible...

Wonder Stories.
Weird Tales.
Retour du Jedi.
Couverture de Wonder stories, l'un des magazines créés par H. Gernsback. La littérature populaire exprime les fantasmes racistes de l'Amérique des années 30 par une métaphore transparente : « on ne touche pas à la femme blanche! » Heureusement, la « femme blanche » peut aussi s'emparer du cliché pour le détourner à son profit. C'est ce que font les héroïnes de Catherine L. Moore, à l'image de Shambleau ou, ici, de Jirel de Joiry dans The black god's kiss (dansWeird Tales, 1933),  La saga Starwars a repris les codes, les poncifs et même les personnages stéréotypés du space opera. Leia est le clone de dizaines de princesses de SF, et Han Solo est le calque parfait de Northwest Smith, personnage récurrent des oeuvres de C. L. Moore.

La SF après l'âge d'or des pulps

Après la Seconde Guerre mondiale, un nouvel état d'esprit voit le jour, de nouvelles thématiques s'installent sur le devant de la scène, et les auteurs qui les portent commencent à se trouver à l'étroit dans les pulps traditionnels. En fait, dès 1938, le groupe new yorkais des Futurians avant déjà ouvert la voie. Mais désormais de nouveaux magazines vont renforcer cette évolution et devenir à la fois les laboratoires et les promoteurs  de cette nouvelle SF. C'est d'abord New Worlds, en Angleterre, créé dès 1946. Viennent ensuite The Magazine of Fantasy and Science Fiction, né aux Etats-Unis en 1949, et Galaxy , qui a eu deux époques de parution (1950-1980, 1990-1995). 

Après les attaques sur Hiroshima et Nagasaki, et avec l'enracinement de la Guerre froide, les vieilles inquiétudes apocalyptiques et post-apocalypiques deviennent de plus en plus prégnantes. De nombreux auteurs à envisager la fin de la civilisation actuelle (à la suite d'uneTroisième guerre mondiale, ou, plus tard sous l'effet d'épidémies, d'un cataclysme cosmique ou d'un dérèglement écologique)  : R. Barjavel, Bernard Wolfe (1915-1985) dans  Limbo (1952), Ph. K. Dick, R. Matheson, Galouye, etc. Et au cinéma, on a par exemple Stalnley Kubrick (1928-1999) qui réalise Docteur Folamour (Dr Strangelove  or how I learned to stop Worrying and love the Bomb, 1964), sur ce même thème. 

Les Futurians.
Le groupe des Futurians a été fondé à New York en 1938, par Donald Wolheim (auteur de la série de Mike  Mars) et n'existera que jusqu'en 1945. Né en réaction contre l'orientation très conservatrice des magazines de John Campbell, il est constitué d'auteurs progressistes (la plupart de gauche, voire d'extrême gauche (F. Pohl, Judith Merril), mais parfois aussi de droite comme J. Blish. Certains d'entre eux ont commencé à publier dans Astounding, mais veulent se démarquer de l'esprit des pulps en promouvant une science-fiction dans laquelle il n'est plus question de chercher un alibi nécessaire dans les sciences dures (ou les pseudo-sciences si prisées par Van Vogt et consorts). Pour eux, la SF peut se revendiquer désormais comme une littérature à part entière, autonome, indépendante de toute référence scientifique, même si, à l'occasion, elle est succeptible de questionner le progrès technique et la place de la science dans la société. On a parlé de cette science-fiction sociologique pour désigner cette SF.  Et il est à noter au passage que cette approche nouvelle n'est pas exclusive aux Futurians : ainsi, par exemple, Jack Vance, auteur étranger à ce groupe, aborde-t-il, dans des planet operas, la linguistique-fiction dans les Langages de Pao (1958) et l'ethnologie-fiction dans le cycle de Tschaï (série de quatre romans, 1968-1970).

Frederik Pohl et Cyril Kornbluth.
Frederik Pohl (1919-2013) a été d'abord éditeur de pulps, puis a été à la tête, à partir de 1961, des magazines If et Galaxy. Comme auteur, il est surtout connu pour deux romans écrits en collaboration avec Cyril Kornbluth (1923-1958) : Planète à gogos (1952) qui pourfend avec férocité la société de consommation, et l'Ere des gladiateurs (1955) qui décrit un impitoyable futur où les jeux du cirque ont été rétablis sur fond de paris truqués. Kornbluth a également écrit avec Judith Merril des romans signés Cyril Judd.

Isaac Asimov.
Isaac Asimov (1920-1992)  publie en mars 1942 une nouvelle intitulé Runaround (Cercle vicieux) dans Astounding : il s'agit d'une histoire de robots dans laquelle Campbell découvre sous forme implicite les trois lois de la robotique, qu'il énonce pour la première fois  et qui auront la fortune que l'on sait. La même année Asimov publie dans la même revue le début de ce qui va être Fondation, l'histoire d'un empire galactique du futur, avec ses suites Fondation et Empire (1952) et Seconde Fondation (1953), qui forment un cycle de romans et de nouvelles auquel l'auteur continuera de travailler jusqu'à sa mort en 1992. Avec Les Cavernes d'Acier (1954) et sa suite Face aux feux du Soleil (1957) Asimov invente un nouveau type de polar, où l'enquête est menée par deux policiers, dont l'un est un robot. Dans La Fin de l'éternité (1955), il décrit un univers sous la coupe de gardiens du temps et aborde de front la question du paradoxe temporel.
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Illustration du Cercle vicieux d'Asimov.
Illustration d'Orban pour 
la nouvelle Cercle vicieux d'Asimov.

James Blish.
James Blish (1921-1975) , avec son cycle des Villes nomades (La Terre est une idée, 1955; Aux hommes les étoiles, 1956;  Un coup de cymbales, 1958; Villes nomades, 1962) raconte l'histoire d'une civilisation qui se déploie dans des cités de l'espace et inaugure une nouvelle manière d'envisager le space opera. Dans un Cas de conscience (1958), Blish donne un exemple de théologie-fiction : sur une planète édénique, un jésuite s'interroge sur le bien et le mal. Quant à ses Semailles humaines (1967), il s'agit de récits d'une humanité future transformée par la technologie (une transhumanité, donc) et capable de vivre dans les milieux les plus exotiques. Notons enfin que James Blish est l'auteur entre 1967 et 1975 de plusieurs nouvelles appartenant au monde de la série TV Star Trek.

Damon Knight.
Anthologiste (collection Orbit) et aussi critique littéraire avisé et intransigeant Damon Knight (1922-2002) est également l'auteur de nombreuses nouvelles. Un épisode célèbre de la série TV The Twilight Zone, est l'adaptation de To serve Man (1950), une nouvelle de Knight : des extraterrestres débarquent, on parvient à traduire le titre d'un de leurs livres : « Comment servir l'homme ». Mis en confiance, les humains embarquent en masse sur le vaisseau des visiteurs. La suite de la traduction de l'ouvrage arrive trop tard... Il s'agissait d'un livre de cuisine. Autres oeuvres : Hell's Pavement (1955, le Pavé de l'enfer); Beyond the Barrier (1964, Passé la barrière du temps), etc.
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Fantasy and Science Fiction (août 1959)
Galaxy (octobre 1950).
Créé dès 1949, le magazine de Fantasy and Science fiction s'est d'abord un peu cherché. Mais il est devenu bientôt une référence, accueillant dans ses pages quelques uns des meilleurs auteurs. Elle a conservé jusqu'à aujourd'hui une image de grande tenue littéraire. Couverture du premier numéro de Galaxy (octobre 1950). Déjà au sommaire : Clifford D. Simak, Theodore Sturgeon, Fritz Leiber, Isaac Asimov... Ce magazine a aussi ouvert ses pages à une réflexion critique approfondie, ce qui en a fait un des creusets de la science-fiction d'après guerre..

Les héritiers de Lovecraft.
L'oeuvre de H. P. Lovecraft a influencé un grand nombre d'écrivains de science-fiction. Sturgeon, Bradbury et Leiber sont sans doute les plus notables, mais d'autres mériterent d'être mentionnés, tels Robert Bloch (1917-1994) ou Henry Kuttner (1915-1958).

Theodore Sturgeon.
Theodore Sturgeon (1918-1985), écrivain virtuose et profond, n'en finit pas d'explorer avec une infinie empathie la question de l'humain à la marge, de l'humain défaillant, face à la société normée - ou bien (mais cela revient au même pour lui) de l'enfant condamné, malgré ses blessures, à devenir un adulte. Sturgeon a surtout écrit des nouvelles. Cristal qui songe (1950),  son premier roman, raconte l'histoire d'un enfant réfugié dans un cirque et qui se construit en communiquant avec de mystérieux cristaux intelligents. Dans les Plus qu'humains (assemblage de trois longues nouvelles dont la première remonte à 1952), il est encore question d'enfants. Cette fois, il s'agit de trois enfants, d'un bébé et d'un idiot qui s'unissent pour développer des pouvoirs extraordinaires.

Ray Bradbury
Ray Bradbury (1920-2012) est surtout connu pour ses Chroniques martiennes (début en 1946), qui sont une série de textes poétiques et mélancoliques en diable, au travers desquels est racontée la conquête de Mars par les Terriens; les Martiens finiront par disparaître ou par ne plus être que des ombres errantes comme  les Indiens en Amérique. Dans Farenheit 451 (1953), dont François Truffaut tirera un film en 1966, c'est d'une société future dont il est question, une société obscurantiste et totalitaire où les pompiers sont chargés de brûler les livres. mais un jour, un de ces soldats du feu rencontre la Résistance....

Fritz Leiber.
Fritz Leiber (1910-1992) a consacré beaucoup de son temps à l'heroic fantasy avec son cycle des Epées. Côté SF, on lui doit plusieurs romans très remarquables par la qualité de leur écriture et aussi par l'originalité du traitement de sujets pour le reste classiques. Le Grand jeu du temps (1958) est comme un space opera qui se jouerait sur la scène d'une théâtre : quelque chose entre les Perses d'Eschyle et la Guerre des étoiles, en somme. Dans Le Vagabond (1964), une planète habitée venue d'outre-espace fait irruption dans le Système solaire : rencontre XXL traitée à la manière d'un tableau cubiste. Et dans le genre uchronique, Leiber propose encore une oeuvre à part :  un Spectre hante le Texas (1969); au menu : Texans impériaux, hormones de croissance, Mexicains révoltés et extraterrestres.

Et encore quelques auteurs remarquables...

Cliford Simak.
Cliford Simak (1904-1988) est l'auteur de deux grands textes de la science fiction, tout en poésie et sensibilité : Demain, les chiens (recueil de nouvelles sur le même thème  inauguré en 1944 avec une nouevlle intitulé City) : il y a des légendes que l'on se raconte entre chiens  selon lesquelles  l'Homme régnait autrefois sur la Terre. On prétend aussi qu'un jour les chiens devront à leur tour quitter la planète pour laisser la place aux fourmis. Way Station (Au carrefour des étoiles, 1963) : Nous sommes au fin fond du Middle-West, un certain Enoch Wallace accueille, dans une sorte de station de transit secrète, les voyageurs venus de l'espace; la CIA est aux aguets. 
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Simak : City (Demain les Chiens).
Couverture Startling Stories (septembre 1948).
Couverture de la première édition de City (Demain, les chiens), de Clifford Simak.
L'Univers en folie de Fredric Brown, à la une de Startling Stories (septembre 1948).

Fredric Brown.
Fredric Brown (1906-1972) est surtout un auteur de polars, mais on lui doit aussi deux incursions remarquées dans la SF : dans l'Univers en folie (1949), une histoire désopilante d'univers parallèles, il passe au kärcher tous les clichés de la science-fiction, en tout cas ceux que propagent les pulps. Dans Martiens go home!, c'est toute l'humanité qui en prend pour son grade : les Petits hommes verts débarquent, mais comme ils sont matériellement inconsistants, on s'imagine qu'ils sont inoffensifs. Grossière erreur : les Martiens disposent d'une arme de destruction massive : ils disent toujours la vérité...

Robert Schekley.
C'est l'humour qui nous fait rapprocher Robert Sheckley (1928-2005) de Fredric Brown. Sheckley est l'auteur de romans qui semblent plus appréciés pour la drôlerie de certains de leurs passages que par leur trame. On peut citer : Echange standard (1965). Mais Schekley est d'abord un auteur de nouvelles et de textes très courts. On retiendra ainsi deux nouvelles parues dans Galaxy : Seventh victim (1954, adapté au cinéma en 1965 par Elio Petri sous le titre de La dixième victime), qui décrit une société où le crime est devenu légal, - on y organise des chasses à l'homme où l'on tour à tour le chasseur et la proie -, et The deaths of Ben Baxter (1958), sur le thème du voyage dans le temps, - peut-on changer le présent en altérant quelques détails du passé?

Kurt Vonnegut.
Kurt Vonnegut Jr (1922-2007), toujours sarcastique et brillant, n'a pas écrit que de la science-fiction, mais quelques-une de ses meilleures oeuvres appartiennent bien à ce genre. L'histoire du Pianiste déchaîné se déroule à Ilium, un monde d'après la Troisième guerre mondiale, un monde bien réglé où les machines s'occupent de tout. Dans Les Sirènes de Titan (1959), le héros disséminé par accident dans l'espace et le temps devient pratiquement omniscient.  Il sait, notamment que sur Titan, le satellite de Saturne, un extraterrestre en panne de vaisseau attend d'être dépanné depuis 200 000 ans. Le Berceau du chat (1963), commence comme une enquête sur la bombe d'Hiroshima et se termine sur une île soumise à un dictateur et à un gourou, ou alors simplement à la bêtise humaine.Dans Abattoir 5 (1969), le héros est ancien prisonnier de guerre, survivant des bombardements de Dresde; il n'en finit pas de parcourir dans le temps ou l'espace jusqu'à une lointaine planète.  Effets d'un stress post-traumatique ou voyages réels? Dans Galapagos (1987) , des voyageurs échouent aux îles Galapagos au moment où un virus décime toute l'humanité. L'évolution des espèces va devoir prendre un tour nouveau.

Alfred Bester.
Alfred Bester (1913-1987) a reçu le premier prix Hugo avec L'Homme démoli (1953); l'histoire : les policiers du XXIVe siècle disposent de moyens télépathiques qui devraient leur permettre de résoudre tous les crimes, mais un meutrier parvient à les tenir en échec. Terminus les étoiles (1956) est, comme le précédent, un roman complexe et élaboré. C'est le récit d'une vengeance  : le survivant d'une catastrophe interstellaire n'a pas été secouru par ceux à qui il demandait de l'aide; finalement sauvé, il va poursuivre  à travers le temps et l'espace ceux qui l'avaient abandonné.

Daniel Keyes
On doit à Daniel Keyes (1927-2014) un classique, d'abord paru dans Fantasy & Science Fiction : Des fleurs pour Algernon  (1966) : Charly est un attardé mental; un jour il bénéficie d'un traitement qui a rendu Algernon, une souris, intelligente. Il devient lui aussi supérieurement intelligent. Mais Algernon perd bientôt ses capacités et meurt. Charly connaît désormais son destin. Il assiste, impuissant et désemparé, à son propre retour dans les ténèbres. L'ouvrage a eu plusieurs adaptations : au cinéma (Charly de Ralph Nelson, 1968), à la télévision et au théâtre.

Richard Matheson.
Richard Matheson (1926-2013) est surtout connu pour son roman Je suis une légende (1954), histoire du dernier humain dans un monde où tous ses congénères sont devenus des vampires; l'ouvrage à été porté à l'écran en 1971 Boris Sagal (Le Survivant) et, avec le titre original, en  2007 par Francis Lawrence). On doit lui doit aussi  l'Homme qui rétrécit (1956), dont il tirera le scénario d'un film réalisé par Jack Arnold (1957, même titre). Matheson a également été le scénariste de certains épisodes des séries TV La Quatrième dimension et Star Trek.

Marion Zimmer Bradley.
On doit à Marion Zimmer Bradley (1930-1999) un gigantesque planet opera étalé sur 24 romans, la Romance de Ténébreuse (Darkover series, 1958-1999), cycle auquel s'ajoutent quantité de nouvelles écrites par d'enthousiastes  lecteurs devenus auteurs à leur tour (près d'une centaine, semble-t-il). L'histoire est celle d'une vieille colonie terrienne fondée sur une planète lointaine (l'inhospitalière Ténébreuse), qui a si bien oublié ses origines qu'elle en est retourné à un âge de la fantasy, et qui, deux mille ans plus tard est redécouverte par des Terriens avec lesquels la confrontation sera inévitable. (Marion Zimmer Bradley est également connue pour son cycle d'Avalon, une série de romans néo-arthuriens).

Cordwainer Smith.
Officier de renseignement de l'armée américaine dans le civil, Cordwainer Smith (1913-1966) a produit avec les Seigneurs de l'Instrumentalité une des oeuvres les plus singulières et envoûtantes de la science-fiction. Ce cycle, qui comprend un épais romans et 35 nouvelles, contient une poésie ample, de l'humour, une profonde humanité, un sous-texte progressiste qui sonne comme un écho au mouvement des droits civiques qui commence à la même époque à secouer l'Amérique. Dans son Guide totem de la SF, Lorris Murail écrit : 

« Qui a lu la Planète Shayol, la ballade de C'mell, les aventures de Rod Mc Ban ou de Casher O'Neill, le Crime et la gloire du commandant Suzdal, ne rêve que de rencontrer encore dans sa vie de lecteur semblables merveilles. Car rien de plus cher ne nous a jamais été donné par la science-fiction. »
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Cordwainer Smith : la ballade C'mel.
Galouye : Simulacron-3.
La Ballade de C'mell, de Cordwainer Smith,
sur la couverture de Galaxy Magazine (1962).
Couverture de Simulacron-3
de Daniel Galouye (1964).

Daniel Galouye
Daniel Galouye (1920-1976), un autre ancien militaire (il a été pilote pendant la Seconde Guerre mondiale), a été un des premiers auteurs à imaginer, dans Simulacron-3 (d'abord paru dans Galaxy, en 1963), d'installer une aventure dans un univers de réalité virtuelle. Ce roman a été adapté pour la télévision allemande par R. W. Fassbinder (Welt am Draht, 1973) et au cinéma par Josef Rusnak (The Thirteenth Floor, 1999). Ses idées se retrouvent aussi dans la série des Matrix (1999-2003) des soeurs  Wachowski. On doit également à Galouye deux romans post-apocalyptiques : dans Le Monde aveugle (Dark Universe, 1961), les humains, vivant dans une caverne obscure et devenus aveugles, n'ont plus qu'un but : revenir à la surface - mais pour découvrir quel monde? Dans Les Seigneurs des sphères (Lords of Psychon, 1963), Galouye décrit une Terre envahie par des sphères d'énergie d'origine extraterrestre, qui deviendront d'autant plus redoutables quand elles comprendront que les humains sont doués d'intelligence.

Sans oublier...

+ Sprague De Camp : Le règne du gorille (en collaboration avec P. Schuyler Miller, 1941); De peur que les ténèbres (1949); et divers romans d'heroic fantasy.

+ John D. McDonald (1916-1986), surtout auteur de polars a donné à la SF : le Vin des rêveurs (1951); le Bal du cosmos (1952).

+ Eric Frank Russell (1905-1978), auteur britannique écrivant aux Etats-Unis offre, avec Guerre aux invisibles (1943), un  roman agréablement paranoïaque, qui rapelle Le péril bleu de Maurice Renard.

+ Edgar  Pangborn (1909-1976) : Un miroir pour les observateurs (1954); Davy (1964).

+ James Schmitz ( 1911-1981) :  Agent de Véga (1960); Les Sorcières de Karrès (1966).

+ Wilson Tucker (né en 1914) : A la poursuite de Lincoln (1958); l'Année du soleil calme (1970).

+ Chad Oliver (1928-1993) : Ombres sur le Soleil (1954); Les Vents du temps (1957). Un auteur ouvert à l'écologie et à la diversité culturelle. 

+ Walter M. Miller (1922 - 1996) : Un cantique pour Leibowitz (début en 1955) : dans un monde post-atomique où notre civilisation a été oubliée, la découverte de documents laissés dans un couvent par un savant d'autrefois ( «saint » Leibowitz), relance la roue de l'histoire.

+ James E. Gunn (né en 1923) : Le Monde forteresse (1955); le Pont sur les étoiles (en collaboration avec Jack Williamson, 1955); Holocauste (1973). Gunn a été très actif dans la formation à l'écriture des futurs auteurs de SF.

+ Ward Moore (1903-1978) : Encore un peu de verdure (1947) place son action dans un monde envahi (dramatiquement) par l'herbe; Autant en emporte le temps (1953), décrit une Amérique où la Guerre de sécession a été gagnée par les Sudistes.

+ Fred Hoyle (1915-2001), astrophysicien, promoteur de la théorie cosmologique de l'état stationnaire et inventeur de l'expression big bang utilisée pour désigner (et pour la dénigrer) la théorie concurente. Il a écrit plusieurs romans de SF : le Nuage noir (1957); Le premier octobre il sera trop tard (1966); A comme Andromède (1962); Inferno (1973).

Hors des Etats-Unis.
En Angleterre.
Olaf Stappleton (1886-1950) est un auteur original. Les derniers et les premiers, 1930; Créateur d'étoiles, 1937), sont des textes portés par une extraordinaire fougue métaphysique qui s'affranchissent du schéma narratif habituel du roman et ne ressemblent  à rien d'autre. On lui doit aussi plusieurs autres romans plus classiques : Rien qu'un surhomme (1935), Sirius (1944), etc.

Clive S. Lewis (1898-1963) est l'auteur d'une trilogie (Le silence de la Terre, 1938; Voyage à Vénus, 1943; Cette hideuse puissance, 1945), qui relève de la théologie-fiction. On lui doit aussi le cycle de Narnia, sept romans de fantasy destinés aux plus jeunes.

John Wyndham (1903-1969) est l'auteur de trois romans cataclysmiques : Les Triffides (1951); le Péril vient de la mer (1953); les Chrysalides (1955). On lui doit aussi les Coucous de Midwich (1957), qui donneront lieu à plusieurs adaptations cinématographiques, notamment par Wolf Rilla (1960) et par John Carpenter (1995), et intitulées Le Village des damnés.

John Christopher (né en 1922) est un autre auteur cataclysmique : Terre brûlée (1956); l'Hiver éternel (1962);.

Notons enfin les incursions dans la SF, au travers de dystopies, de George Orwell (1903-1950), d'Antonny Burgess (1917-1993) et de Wiliam Golding (1911-1993). Orwell, avec La Ferme des animaux (1944) et avec 1984 (1949). Antonny Burgess a publié en 1962 La Folle semence et, la même année, Orange mécanique, roman qui sera adapté par Stanley Kubrick en 1971. William Golding, pour sa part est l'auteur de Sa Majesté des mouches (1954), qui a été l'objet de deux adaptations au cinéma, par Peter Brook en 1963, et par Harry Hook en 1990, et qui reprend le thème du Quinzinzinzili de Messac, ou des Enfants de Timpelbach  de Winterfeld.

En France.
Des revues Fiction et Galaxie, versions françaises de Fantasy and Science Fiction et de Galaxy ont fait connaître la science-fiction américaine en France. Mais contrairement aux Etats-Unis, comme on l'a déjà noté, les collections de livres sont plus importantes en France que les revues. La encore ces collections font d'abord connaître la production d'outre Atlantique. 
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Fantasy and Science Fiction (août 1959)
Galaxy (octobre 1950).
Couverture du magazine Fiction. Cette publication, version française du Magazine of Fantasy and Science Fiction a existé entre 1953 et 1989. Elle a contribué à faire connaître en France la SF américaine, avant de s'ouvrir aux jeunes auteurs français, tels qu'Andrevon, Houssin et Walther.
Couverture du magazine Galaxie, qui était la version française de la revue américaine Galaxy. Cette revue, exclusivement tournée vers la SF anglo-saxonne , a été publiée entre 1953 et 1959, puis entre  1964 et 1977. A partir de 1967, des numéros spéciaux, intitulés Galaxie bis ont formé une collection de romans.

Quelques auteurs français émergent cependant : 

• Francis Carsac (Ceux de nulle part, 1954; Terre en fuite, 1960), Nathalie et Charles Henneberg (An premier, ère spatiale, 1959; La Plaie, 1964), ou Philippe Curval (né en 1929) (Les fleurs de Vénus, 1960; le Ressac de l'espace, 1962), Daniel Drode (1932-1984) : Surface de la planète (1959), Christine Renard (1919-1979) (A contre-temps, 1963) dans la collection Rayon Fantastique (1951-1964);
• Stefan Wul (1922-2003) (Niourk, 1957; Le Temple du passé, 1957; Oms en série, 1957, duquel René Laloux et Roland Topor on tiré un fil d'animation, La  Planète sauvage, 1973), le duo F. Richard-Bessière (Les 7 anneaux de Rhéa, 1963); B.R. Bruss (Apparition des surhommes, 1953), André Ruellan (sous le pseudonyme de Kurt Steiner, Aux armes d'Ortog, 1960; Ortog et les ténèbres, 1969), Michel Jeury, Gérard Klein (sous le pseudonyme de Gilles d'Argyre, plusieurs romans à partir de 1961)  etc. dans la collection Anticipation du Fleuve Noir, créée en 1951;
• Jean Hougron (le Signe du Chien, 1961), Jean-Pierre Andrevon (né en 1937) (Les Hommes-machines contre Gandahar, 1969), dans la collection Présence du Futur, créée en 1954. 
A signaler aussi des auteurs « hors collections ». Ainsi, René Barjavel (1911-1985) imagine dans Ravage (1943) un monde dans lequel l'électricité disparaît soudain; dans Le Voyageur imprudent (1943) il aborde le voyage dans le temps et le thème du paradoxe temporel; Le Diable l'emporte (1948), du même auteur,  évoque la Troisième Guerre mondiale. 

On peut également rattacher à la SF le roman de Vercors (1902-1991), les Animaux dénaturés (1952) : l'ouvrage tourne autour de la découverte d'une espèce nouvelle, le Paranthropus greamiensis, intermédaire entre l'humain et les autres singes, et débouche évidemment sur la question de savoir ce que c'est que d'être un humain. 

Enfin, signalons, la Chute dans le néant, publié en feuilleton dans Le Figaro (1947), par le journaliste Marc Wersinger (né en 1909), sur le thème de l'homme modifié.
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En Union Soviétique.
Les limites à la liberté d'expression en Union Soviétique n'ont pas empêché le développement d'une science fiction très riche. Dès les années 1920, parmi les auteurs et les oeuvres les plus connus en Occident, on peut mentionner :  Alexandre Béliaev (L'Homme amphibie, 1927);  Eugène Zamiatine (Nous autres, 1921),  Mikhail Boulgakov (Les Oeufs du destin, 1925).

Plus tard viendront : Ivan Efremov (La Nébuleuse d'Andromède, 1957), les frères Arcady et Boris Strougatsky (Il est difficile d'être un dieu, 1964; les Mutants du brouillard, 1972; Stalker, 1972, adapté au cinéma par Andreï Tarkovski, 1979 ), Kir Bulytchov qui s'est notamment illustré avec des ouvrages destinés au plus jeunes ( (série des Alisa Selezneva, 1968-2003; série des Dr Pavlych, 1970-2009). Le space opera est représenté par  Alexander Kolpakov (Griada,1960) et  Sergueï Snegov  (Les Humains en tant que dieux, triologie publiée entre1966 et 1977).

Nouvelle vague. Nouvelle génération 

Dans le domaine de la SF, ce que l'on a appelé la Nouvelle vague ne correspond pas véritablement à une rupture avec la démarche qu'adoptent les écrivains depuis les années 1950. D'ailleurs, certains auteurs que l'on a déjà mentionnés (Theodore Sturgeon, ou Fritz Leiber, par exemple) pourraient aussi être considérés comme représentants de ce courant. Simplement, désormais, l'exigence stylistique s'accentue et la recherche de nouvelles formes narratives, inspirées du Nouveau roman, est plus franche, tandis que des thématiques nouvelles apparaissent ou se consolident : émancipation des moeurs, drogues psychotropes (Ph. K. Dick, Jeury), homosexuatité (Delany, Russ), etc. 

La SF n'a jamais cessé d'être une littérature miroir des aspirations et des angoisses de son temps, et nous sommes à l'époque de la Guerre du Vietnam, du mouvement hippie, de la contre-culture. Les têtes d'affiche de la New wave anglaise (Moorcock, Ballard, Aldiss) sont à l'avant-garde du mouvement contestataire du moment; à peu près le même constat peut se faire en Amérique, où la plupart des représentants de la New wave sont politiquement engagés à gauche. Mais, comme au temps des Futurians, il y a quelques exceptions : on rencontre quelques vieux auteurs conservateurs, formés à l'école des pulps, tels que le catholique R. A. Lafferty (les Quatrièmes demeures ,1969), ou même le réactionnaire Poul Anderson, qui s'accommodent très bien, sur le plan littéraire, des nouveaux canons de la SF.

A côté de vrais expérimentateurs (S. Delany, M. Moorcock) on rattache à la New wave de nombreux auteurs qui donnent une forme plus classique à leur oeuvre (Robert Silverberg,  Roger Zelazny, etc.), même si leur approche est bien en phase avec les grands fondamentaux politiques et sociétaux des années 1960-1970. 

La New wave en Angleterre et aux Etats-Unis : on ne parle plus de science fiction mais de speculative fiction; ça tombe bien les initiales sont les mêmes....

New Worlds (mai 1964).
Judith Merril : England Swing SF (anthologie).
Harlan Ellison : Dangerous Visions I (anthologie).
Couverture de New Worlds (mai 1964). C'est le premier numéro que dirige Michael Moorcock. Au sommaire : Ballard, Aldiss, Brunner, W Burroughs... England Swings SF (1968) C'est avec cette anthologie que Judith Merril fait connaître la Nouvelle vague anglaise aux Etats-Unis.  Avec Dangerous Visions, anthologie  en deux volumes (1967-1972), Harlan Ellison offre un laboratoire à la New wave américaine.

La New wave en Angleterre.
Marxistes, postmodernes... On a donné beaucoup de qualificatifs aux promoteurs de la nouvelle vague de la science-fiction, qui s'est contituée en Grande-Bretagne autour du magazine New Worlds.  Peut-être parce que sans cesse ils interpellent la société contemporaine Une chose est sûre, on assiste alors à la naissance d'une SF tournée vers l'expérimentation, vers la recherche de nouvelles écritures. Avec la New wave émerge une littérature marquée plus que jamais par l'exigence stylistique, et pour laquelle la SF n'est qu'un langage parmi d'autres.

Michael Moorcock.
Michael Moorcock (né en 1939) se signale surtout par le rôle central qu'il a joué dans cette évolution en tant que directeur du magazine New Worlds entre 1964-1968. Comme écrivain, il est d'abord un auteur de fantasy (cycle d'Elric le Nécromancien, commencé en 1961); la SF lui doit : Le jeu du sang (The Sundered Worlds, 1965, un space opera); Voici l'homme (Behold the Man, 1969); Une chaleur venue d'ailleurs (1972); Gloriana (Gloriana, or The Unfulfill'd Queen, 1978); L'affaire du Bassin des Hivers (The Affair of the Bassin Les Hivers,  2007, un polar). Dans la veine steampunk (voir plus bas), on notera : Before Armageddon (1975) et Les aventures uchroniques d'Oswald Bastable  (3 romans, de 1971 à 1981).

John Brunner.
John Brunner (1935-1995) s'est fait connaître avec Tous à Zanzibar (Stand on Zanzibar, 1968, une ville sous dôme et sous contrôle total en même temps qu'une vision cauchemardesque du XXIe siècle, écrit à la manière de la trilogie USA de Dos Passos - au fait, savez-vous que toute la population mondiale contiendrait sur la surface de l'île de Zanzibar?). On peut encore mentionner de lui : le Troupeau aveugle (The Sheep Look Up, 1972, une vision écologique ultra-pessimiste du futur proche, dans la lignée de Tous à Zanzibar, dont J.-P. Andrevon a dit [encore] : "un truc à la Dos Passos, si vous voyez ce que je veux dire. Un roman simultanéiste, foisonnant, à la mesure du foisonnement du monde".);  L'homme total (The Whole Man, 1964, trois nouvelles cousues ensemble); A l'ouest du temps (Quicksand, 1967, roman entre histoire de surhommes (ou de surfemmes) et anti-psychiatrie); L'orbite déchiquetée (The Jagged Orbit, 1969, New York, 2014, sur fond de de guerre raciale et de loi des gangs, dans un hôpital psychiatrique, un Noir et quelques autres gardent la tête froide...); Sur l'onde de choc (The Shockwave Rider, 1975, en 2010, une sorte d'Internet peut donner accès à n'importe quelle information depuis un simple téléphone, mais seuls quelques-un y ont un véritable accès, ne vaudrait-il pas mieux  le détruire?); Le Creuset du temps (The Crucible of Time, 1983, de la SF à l'ancienne : sur une planète condamnée, une espèce végétale intelligente défie le destin). Aujoutons parmi les oeuvres de Brunner : la série de l'Empire interstellaire (un  space opera composé de deux romans et de diverses nouvelles, de 1951 à 1965); la série du Passager de la nuit (Traveller in Black , nouvelles, 1960-1979); série des Zarathustra Refugee Planets (4 romans et une collection de nouvelles, de 1962 à 1989).

J. G Ballard.
James Graham  Ballard (1930-2009), l'autre grande figure de la New wave avec Brunner, a produit lui aussi une oeuvre très personnelle, qui l'a conduit à se perdre, quelque temps dans les dédales de l'expérimentation brute, avec ses exercices d'écriture éclatée. De fait, pour Ballard, la science-fiction est un outil privilégié, mais pas exclusif, pour explorer les exacerbations du monde. C'est donc très naturellement qu'on le voit céder à ce tropisme tout britannique des romans de la fin du monde (et de ses séquelles), avec son cycle des quatre apocalypes : Le Vent de Nulle part (The Wind from Nowhere, 1961),  Le Monde englouti ( The Drowned World, 1962) et Sécheresse (The Drought, 1964) et la Forêt de cristal (The Crystal World ,1966). Il suit une autre piste, plus expérimentale, avec son recueil de nouvelles :  La Foire aux atrocités (The Atrocity Exhibition, 1969). Quant à sa trilogie dite du béton (Crash, 1973,  adapté au cinéma par David Cronenberg (1996); l'ÃŽle de béton [Concrete island], 1974, et  I.G.H.  [High Rise], 1975), si elle ne peut pas être véritablement rangée dans la SF, elle reste bien dans la veine de l'auteur. Avec sa violence crue, l'oeuvre de ballard nous montre à quel point le monde contemporain peut rendre fou.

Brian Aldiss.
Brian Aldiss (né en 1925) a apporté à la SF britannique les principes mis en oeuvre en France par le Nouveau roman (Butor, Robbe-Grillet). Parmi ses romans, on remarque-: Report on probability A (1968); Barefoot in the head (1969),Croisière sans escale (Non-stop, 1958), où les survivants d'une humanité ensauvagée sont emportés dans un voyage sans fin sur une arche stellaire; L'interprète (Bow Down to Nul, 1960), un roman (mineur) sur l'impérialisme et ses dérives; le Monde vert (Hothouse , 1962), qui nous raconte que dans un lointain futur, la Terre s'est couverte d'une végétation qui arrive jusqu'à la Lune et les humains devenus arboricoles y vivent toujours; Barbe grise (Greybeard, 1964) se déroule dans un monde où la radioactivité à rendu les humains stériles et où un quinquagénaire, benjamin de l'humanité cherche le chemin d'un futur possible; Frankenstein délivré (Frankenstein Unbound, 1973) propose encore une manière d'aborder le voyage dans le temps : il peut y avoir des glissements de temps, comme il y a des glissements de terrain; Dans Terrassement (Earthworks, 1965), l'Europe et les Etats-Unis, c'est fini, il reste encore un peu de technologie en Afrique, mais partout règne la famine; Cryptozoïque  (An age, 1967) hésite entre réflexion sociale et politique et thème du voyage dans le temps, à moins que ce temps ne soit une boucle où le passé serait l'avenir...; L'Heure de quatre-vingts minutes (The Eighty-Minute Hour: A Space Opera (1974), décrit un monde qui pourrait tourner comme une horloge s'il n'y avait pas ces déréglements du temps (celui qui passe, pas celui qu''il fait) : la préhistoire qui s'invite en Californie, c'est comme une marée noire sur les côtes de Bretagne; L'autre île du Dr Moreau (Moreau's Other Island, 1980), à la veille de la Troisième Guerre mondiale des monstres génétiques sont en préparation; Super-Etat (Super-State, A Novel of the European Union forty Years hence 2002, 2002), annonce un drôle d'avenir pour l'Union Européenne où le Brexit n'a pas eu lieu, mais où bien d'autres choses pourrait bien survenir...; Dans la trilogie d'Helliconia (de 1982 à 1985), des cycles astronomiques complexes et interminables rendent les hivers de la planète si longs qu'il faut à chaque printemps réinventer la civilisation.

Christopher Priest.
Avec Christopher Priest (né en 1943), c'est une nouvelle génération qui émerge, et va montrer qu'on peut encore inventer quand tout existe déjà. Chaque roman de Priest est comme un tour de force qui refuserait toute ostentation. Principales oeuvres :  Le rat blanc (Fugue for a Darkening Island, 1972), le destin d'un médiocre, en proie aux peurs d'un monde postcolonial, sur fond de chaos mondial;  Le Monde inverti (Inverted World, 1974), la Cité Terre condamnée, à cause de monstrueuses altérations de l'espace-temps, à se déplacer sur des rails jusqu'au jour où elle atteindra l'insaisissable Optimum; Futur intérieur (A Dream of Wessex / The Perfect Lover, 1977), dans les tiroirs d'une sorte de morgue, 39 hommes et femmes rêvent de ce que pourrait être l'Angleterre divisée en soviets, sauf le Wessex qui est une île séparée, bientôt leur rêve devient la seule réalité, à moins qu'un rêveur n'insinue son rêve dans le rêve collectif...; La Fontaine pétrifiante (The Affirmation, 1981), un écrivain s'attelle à son autobiographie, mais la réalité et la fiction s'entremêlent et s'interpénètrent de façon troublante : tous les thèmes priestiens sont là. Le Don (The Glamour, 1984), amnésie, invisibilité, le jeu subtil des apparences; Une femme sans histoires (The Quiet Woman, 1990), une jeune femme s'installe dans la campagne anglaise où, sous le verni, la vie n'est pas si tranquille. La Séparation (The Separation, 2005), la réalité a commencé à diverger en 1941, quand, dans une de ses ramifications, la Seconde Guerre mondiale a pris fin; dans un autre fil du temps la Guerre a pris fin en 1945 : depuis ces deux histoires ne cessent de s'entrecroiser...; L'Adjacent (The Adjacent, 2013), dans la République islamique de Grande-Bretagne emportée par un déréglement climatique majeur, un attentat peut causer cent mille morts et laisser au sol un cratère de forme triangulaire : mais on a déjà vu ça ailleurs : c'est ce qu'on appelle l'adjacence - encore des rélaités qui s'entrecroisent. Le Prestige (1995, adapté au cinéma par Christopher Nolan, 2006) est l'histoire de la rivalité de deux familles de prestidigitateurs qui ont découvert les pouvoirs étranges de la machine de Tesla.  Signalons enfin le cycle de L’'Archipel du Rêve, qui comprend un recueil de nouvelles du même titre (The Dream Archipelago, 1978-1980), et deux romans :  La fontaine pétrifiante (The Affirmation, 1981) et Les Insulaires (The Islanders, 2011), - un monde où l'on vit sur des centaines d'îles, ou peut-être des centaines de milliers; qui le sait? aucune carte ne peut en être tracée.


Illustration parue dans le numéro d'août 1969
de New Worlds. Les astronautes d'Apollo 11, Neil
Armstrong et Buzz Aldrin venaient tout juste 
de poser le pied sur la Lune...

La New wave aux Etats-Unis.
Samuel Delany.
Samuel R. Delany (né en 1942) a été un auteur très précoce. Il s'est révélé assez brillant pour placer, en quatre romans, la science-fiction américaine sur une toute nouvelle voie. Ces oeuvres fondatrices sont : Les Joyaux d'Aptor (The Jewels of Aptor, 1962, entre space opera post-atomique et heroic fantasy);  Babel 17 (1966, space opera), le langage est une arme maniée par de redoutables envahisseurs extraterrestres et que seule saura combattre une poétesse, à bord de son astronef nommé Rimbaud...); l'Intersection Einstein (The Einstein Intersection, 1967, entre journal intime et mythe orphique, à travers divers plans de la réalité).  Nova (1968, un autre space opera et une autre sorte de quête, - cette fois, celle d'un métal précieux enfoui dans un astre mourant). Après une pause, l'auteur revient en 1975 avec Dhalgren, un roman hiératique et narcissique, où Delany ne fait plus que du Delany. Il  publiera encore quelques romans, mais se consacrera surtout à des travaux académiques et à l'enseignement de la SF. Citons quand même encore : la trilogie de  La Chute des tours (The Fall of the Towers, 1963-1965, space opera qui se déroule dans un monde post-apocalyptique en proie au chaos : une confrontation du bien et du mal sur fond d'étoiles dont la route est coupée).

Philip K. Dick.
Avec son écriture obsessionnelle et foisonnante, Philip K. Dick (1928-1982) a quelque chose de Van Vogt (Loterie solaire (Solar lottery, 1955), son premier roman, est un hommage assumé au grand ancêtre), mais d'un Van Vogt capable d'empathie, à l'intelligence plus structurée aussi, malgré ses dérives paranoïdes. Elles ont certainement un fond de réalité, mais Dick a su habilement en user pour se forger une légende d'écrivain maudit. Le monde est friable et incertain; la réalité problablement n'est-elle qu'une illusion. Voilà le sens de son oeuvre et en voici quelques repères :
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+ Le Maître du Haut Château  (The Man in the High Castle, 1962), uchronie : les Alliés ont perdu la Guerre en 1947 : les Allemands nazis occupent l'Ouest des Etats-Unis, les Japonais en occupent l'Est. Et dans le Haut-Château un écrivain de SF raconte cette folle histoire : les Alliés ont gagné en 1945...

+ La vérité avant-dernière (The Penultimate Truth, 1964) : les humains, réfugiés dans des abris atomiques souterrains après une terrible guerre nucléaire, seulement informés par une télévision au message truqué, n'imaginent pas que là haut la guerre est finie depuis longtemps et qu'un nouveau monde s'est organisé.

+ Le dieu venu du Centaure (The Three Stigmata of Palmer Eldritch, 1964) : le monde est si invivable que la fuite dans un monde d'hallucination est devenue le lot commun. Extrapolation de notre société de consommation et de ses ridicules. Le thème de l'illusion enchâssée dans l'illusion : c'est une drogue qui fait ça. Comment en sortir..

+ Dr Bloodmoney (Dr Bloodmoney or How We Got Along After the Bomb, 1965), encore un monde post-apocalyptique. Thème ultra-banal, sauf quand il est abordé par Dick.

+ Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques? ou Blade Runner (Do Androids Dream of Electric Sheep?, 1968) : dans une Terre post-apocalyptique désertée par la plupart des humains, dévorée par la "bistouille" (= l'entropie), un chasseur de primes est engagé pour éliminer des androïdes infiltrés, simulacres d'humains, aux souvenirs artificiels, dont il se sentira finalement plus proche que des humains véritables.

+ Ubik (1969) : l'instabilité du réel, le temps  qui part en lambeaux, les télépathes, les précognitifs, la solitude et la mort, avec au centre de tout cela (au centre, et partout en même temps!) se trouve Ubik, une mystérieuse entité. Tout l'univers foisonnant de l'auteur.

+ Siva (V.A.L.I.S. / VALISYSTEM, 1980) : l'univers est un hologramme truqué. Par qui? la solution est peut-être cachée dans un film de SF découvert par hasard... Un roman entre hallucination et délire existentiel. Il s'inscrit dans le prolongement de Radio libre Albemuth (Radio free Albemuth, 1985) et inaugure ce qu'on a appellé la trilogie divine dont les deux autres titres sont L'Invasion Divine (Valis regained, 1981) et La Transmigration de Timothy Archer (The Transmigration of Timothy Archer, 1982).

Ursula Le Guin.
Ursula K. Le Guin (1929 - 2018) se signale par la qualité et l'intelligence de son écriture. La SF lui doit notamment le cycle de l'Ekumen (Hainish Cycle, sept romans et une vingtaine de nouvelles, 1966-2000) auquel appartiennent deux oeuvres majeures : La Main gauche de la nuit (The Left Hand of Darkness, 1969), où l'envoyé d'une fédération interplanétaire découvre un monde dont les habitants, sexuellement neutres, peuvent acquérir le sexe de leur choix selon les circonstances; Les Dépossédés (The Dispossessed: An Ambiguous Utopia, 1974), où nous est offert un jeu de miroirs tout en nuances entre deux mondes (les deux composantes d'une planète double gravitant autour de Tau Ceti), l'un capitaliste, l'autre anarcho-communiste : qu'est-ce qui peut conduire à aller de l'un à l'autre... et inversement? Le Guin nous invite à explorer une utopie jusqu'à ses limites. On peut aussi mentionner dans ce cycle : Le monde de Rocannon (Rocannon's World, 1966), Le nom du monde est forêt (The Word for World Is Forest,1972) et la nouvelle A la veille de la révolution  (The Day Before the Revolution, 1974).
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Le Guin : Left hand of Darkness.
Couverture Startling Stories (septembre 1948).
Couverture de La Main gauche de la nuit,
d'Ursula Le Guin. (Edition de 1991).
Pique-nique au paradis, de Joanna Russ,
dans la collection Galaxie bis (1973).

Joanna Russ.
Le féminisme militant des nombreux essais écrits par Joanna Russ (1937-2011) se retrouve dans ses nouvelles et ses romans de SF. Certaines de ses principales oeuvres romanesques sont regroupées dans deux cycles-: celui d'Alyx (5 nouvelles et un roman, 1967-1974), qui comprend des titres tels que Pique-nique au paradis (roman, Picnic on Paradise, 1968 ), la Nouvelle Inquisition (The Second Inquisition, 1970) et le Vlet se joue à deux (A Game of Vlet,1974). Dans le cycle de Lointemps (Whileaway), on note : Lorsque tout changea (When It Changed, 1972) et L'autre moitié de l'homme (The Female Man,1975), utopie lesbienne et bonne potion contre la phallocratie. Autres romans : And Chaos died (1970); We Who Are About To...  (1977); The Two of Them  (1978).
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La SF féministe des années 1950-1970

Jusqu'ici les autrices que l'on a rencontrées étaient davantage tournées vers la fantasy (C.L. Moore, L.Brackett, M. Zimmer Bradley), voire le gothique (Mary Shelley, Nathalie Henneberg), que vers la SF proprement dite. Il a fallu attendre les années 1950 pour qu'une nouvelle voie soit ouverte par Judith Merril, dans quelques-unes de ces nouvelles (Daughters of Earth, 1952; The Lady Was a Tramp, 1957, etc.), Alice Eleanor Jones (Life, Incorporated, 1955; The Happy Clown, 1955) et Shirley Jackson (Just one ordinary day, 1955; The Omen,1958) ou encore Andre Norton (pseudonyme d'Alice Mary Norton; Star Man's son, 1952).

A partir des années 1960, Ursula Le Guin et Joanna Russ inaugurent une SF ouvertement féministe. Dans leur sillage on rencontre : Doris Lessing (Mémoires d'une survivante, 1974; Canopus dans Argos, 1979-1983);  Katherine McLean (Le Disparu, 1975); Kate Wilhelm (Hier les oiseaux, 1976); Marge Piercy (Woman on the Edge of Time, 1976); Vonda Mc Intyre (Le Serpent du rêve, 1978); James Tiptree (de son vrai nom Alice Sheldon, Par-delà les murs du monde, 1978), Octavia Butler (Kindred, 1979; Wild Seed, 1980; Fledgling, 2005). 

Et parmi les autrices restées attachées à la fantasy, mais qui ont également écrit de la science-fiction, on nommera : AnneMc Caffrey (Le Vaisseau qui chantait, 1961) et Tanith Lee (Ne mord pas le Soleil, 1976).  A l'inverse, Le Guin est aussi l'auteur d'un cycle de fantasy, Terremer (1968-2005).

Toutes ces autrices ne sont pas toujours portées par un féminisme militant, loin s'en faut. Parfois même, la démarche est à contre-courant, comme chez la très religieuse Madeleine L'Engle (cycle de Kairos, 1962-1989). N'emêche le combat féministe des années 1950-1970 a porté ses fruits, à la fois par une transformation notable dans la sociologie des écrivains de SF, que par l'évolution du lectorat, qui pendant très longtemps a été presque complètement masculin.

Philip José Farmer.
Auteur, notamment, d'une biographie de Tarzan (Tarzan vous salue bien, 1972) où le héros inventé par Edgar Rice Burroughs devient un cousin éloigné de Jack l'Eventreur,  Philip José Farmer (1918-2009), s'est amusé, dans une partie de son oeuvre, à récupérer des personnages inventés par d'autres (Phileas Fogg de Jules Verne, ou  Kilgore Trout de Kurt Vonnegut, par exemple) pour en compléter l'histoire, comme s'ils avaient été des personnages réels. Dans un autre volet de son oeuvre, on le voit, à l'inverse, introduire des personnages ayant réellement existé dans un univers entièrement fictif. C'est le cas ainsi dans son cycle Le Fleuve de l'éternité (Riverworld, 1971-1983), quatre romans qui décrivent le retour le long d'un immense fleuve, après leur mort, de tous les humains ayant vécu, et où l'on croise, par exemple, Jean Sans Terre, Cyrano de Bergerac, Mark Twain, Richard Burton (l'explorateur, qui est aussi le héros de la série) et Hermann Göring. On doit aussi à Philip José Farmer : Les Amants étrangers (1961), une histoire d'amour entre un humain et une extraterrestre qui produisit son petit effet à l'époque de sa publication; La Saga des hommes-dieux (1965-1993), un autre cycle, celui-ci sur le thème des univers parallèles.

Frank Herbert.
Frank Herbert est l'auteur de Dune, une sorte de vaste space opera et en même temps une encyclopédie de son propre univers. Le roman a été adapté au cinéma par David Lynch et Alessandro Jodorowski. Avec ses suites et sur-suites lourdingues, Dune s'inscrit dans la tradition des romans encyclopédiques, à la manière de l'Helliconia de Brian Aldiss ou, dans le domaine de la fantasy du cycle des Hobbits (1954 et suiv.) de J. R. R. Tolkien.

Robert Silverberg.
Robert Silverberg (né en 1935), comme Ph. K. Dick, a énormément écrit afin simplement de pouvoir vivre tant bien que mal de sa plume. Auteur trop prolifique, donc, pour ne pas avoir produit une oeuvre très inégale, Silverberg a aussi signé d'excellents romans, parmi lesquels ont relève : l'Homme dans le labyrinthe (The Man in the Maze, 1969), qui raconte l'histoire d'un misanthrope, réfugié sur une lointaine planète; il est tapi dans un labyrinthe grand comme une ville; un jour, on vient le chercher car on a besoin de lui pour sauver la Terre, mais le labyrinthe est truffé de pièges mortels... Dans les Monades urbaines (The World Inside, 1971), Silverberg nous propulse en  l'an 2381 :  il y a sur notre planète 70 milliards d'habitants entassés dans des tours de mille étages, qui sont de grand clapiers où l'on peut vivre librement sa vie de lapin; quant aux asociaux, ils sont discrèrtement éliminés. Enfin, avec  Les Ailes de la nuit (Nightwings, 1969) Silverberg signe un roman en trois parties, correspondant chacune à une ville emblématique ( Roum, Perris et Jorslem) et qui situe son action dans un futur très lointain, sombre et mélancolique : la Terre à l'agonie guette le retour annoncé d'envahisseurs extraterrestres. 

Norman Spinrad.
Norman Spinrad (né en 1940) s'est surtout fait connaître par son grand et puissant roman : Jack Barron et l'éternité (Bug Jack Barron, 1969). Il y est question des abus de pouvoir de la télévision et de la politique. Il y a dans cette oeuvre, où d'aucuns n'ont voulu voir que son obscénité supposé, un hommage à William Burroughs, et aussi le douloureux constat de la perte d'un âge d'or, celui de la Beat generation, des hippies de l'ère Kennedy, et de celui d'un Amérique qui n'a jamais été peut-être qu'une illusion. Dans Le Printemps russe (Russian Spring, 1991), Spinrad semblera poursuivre un autre mirage : alors que l'Amérique sombre, l'espoir pourrait venir de l'Europe et de la Russie d'après-perestroïka. Dans l'intervalle, il aura publié et nombre de nouvelles, parmi lesquelles figurent les quelques-uns des meilleurs de ses textes, et un roman qui mérite une mention spéciale : Le Rêve de fer (The Iron Dream, 1972), où Hitler réfugié aux Etats-Unis (quel autre pays pouvait l'accueillir?) dans les années 1920 y est devenu un écrivain de SF (quel autre genre littéraire pouvait mieux lui convenir?), - un missile lancé contre une certaine tradition militariste et fascisante de la SF américaine.

John T. Sladek et Thomas M. Dish
John Sladek (1937-2000) et Thomas M. Dish (1948-2008) ont collaboré l'un et l'autre quelque temps à New Worlds, et ont cosigné plusieurs nouvelles. Leurs oeuvres individuelles ont aussi conservé une certaine parenté, ne serait-ce que par leur causticité, leur humour distancié, leur pessimisme. On peut remarquer, de Sladek : Méchasme (The Reproductive System,1968), qui parle de robots auto-reproducteurs, et L'Effet Müller-Fokker (The Müller-Fokker Effect, 1970), un étonnant exercice d'écriture. De Thomas Dish, on mentionnera : Camp de concentration (Camp Concentration, 1968), un peu sur le thème de l'Algernon de Keyes, mais dans une Amérique devenue totalitaire, et 334 (1972), six nouvelles autour de l'enfermement dans un grand immeuble du futur.

Gene Wolfe.
Gene Wolfe (né en 1931) n'est peut-être pas, parmi les auteurs de SF, l'un des plus connus. Ce n'en est pas moins un styliste consommé, auquel on doit plusieurs bons romans, parmi lesquels :  la Cinquième tête de Cerbère (The Fifth Head of Cerberus, 1972), qui prend la forme d'une enquête sur un génocide et sur le peuple disparu d'une planète colonisée par des Français; et l'Ombre du bourreau (The Shadow of the Torturer, 1980), dans un futur lointain, le voyage initiatique d'un bourreau, une oeuvre qui se situe à mi chemin entre la fantasy et la SF

Roger Zelazny. 
Roger Zelazny  (1937-1995), qui a composé une oeuvre sympathique, souvent inventive et drôle, est sans doute l'auteur le plus accessible de la New wave. Ses romans roulent sur l'immortalité, comme dans Toi l'immortel (This Immortal, 1966) ou les pouvoir psychiques comme dans le Maître des rêves (The Dream Master, 1966) ou La Pierre des étoiles (Doorways in the Sands, 1976). Zelazny s'est aussi fait une spécialité de se se réapproprier des vieilles mythologies à la sauce SF : Seigneur de lumière (Lord of Light, 1967) s'appuie sur la mythologie hindouiste, Royaumes d'ombre et de lumière (Creatures of Light and Darkness, 1967), sur la mythologie égyptienne, L'OEil de chat (Eye of Cat , 1982), sur la mythologie navajo, etc. Mentionnons encore de cet auteur : L'île des morts (Isle of the Dead, 1969), dont un critique (Jean-Pierre Fontana, 1972) a dit qu'il était au space opera ce que le Bon, la Brute et le Truand est au Western;  ou, encore La divertissante et très recommandable série des Princes d'Ambre, qui relève plutôt de la fantasy. Avec Roger Zelazny, on est toujours en bonne compagnie.

Thomas Pynchon.
Même si des références scientifiques sont très souvent présentes dans ses romans, Thomas Pynchon (né en 1937) n'est pas ordinairement considéré comme un auteur de science-fiction. Il a cependant écrit au moins deux textes qui appartiennent bien à la SF-: d'abord le brouillon d'une comédie musicale (peut-être la première dans le genre), écrite avec Kirkpatrick Sale (Minstrel Island, 1959) et une nouvelle, Under the Rose (1961, reprise dans le chapitre 3 de V., 1963), dans laquelle on peut voir un exemple du type de récit qu'on qualifiera plus tard de steampunk.

En France.
A partir des années 1970, les collections déjà existantes en France (Rayon fantastique, la collection Anticipation du Fleuve Noir (avec notamment de nombreux romans de Pierre Pelot) ajoutent de nouveaux auteurs à leurs catalogues.

Présence du futur.
La collection Présence du futur, déjà mentionnée, prend une importance particulière. Outre les auteurs anglo-saxons qu'elle continue de proposer, cette collection fait découvrir des auteurs de langue italienne tels que  Lino Aldani (1926-2009) (Quand les racines,  1977 ->1978) ou Ugo Malaguti (né en 1945) (Le palais dans le ciel , 1975), et espagnole : Domingo Santos (né en 1941) (Gabriel : Histoire d'un robot,1962 ->1968). Parmi les auteurs français la collection publie : 

• Philippe Goy (né en 1941) : le Père éternel (1974); le Livre-machine (1974); Faire le mur (1980). 

• Stefan Wul, qui continue, parallèlement, de publier au Fleuve noir, propose dans cette collection les deux volumes de Noô en 1977.

• Bernard Villaret (1909-2006) : Deux soleils pour Artuby (1971), Le chant de la Coquille Kalasaï (1973), Visa pour l'outre-temps (1973)

• Jean-Marc Ligny (né en 1956) : Temps blancs (1979) et Biofeedback (1979).

• Gérard Klein : le temps n'a pas d'odeur (1963). 

• Jacques Sternberg : La sortie est au fond de l'espace (1956), 

• Jean-Pierre Andrevon (né en 1937), qui publie aussi au Fleuve Noir (souvent sous le pseudonyme d'Alphonse Brutsche) : Cela se produira bientôt,  1971; Le désert du monde, 1977; Le temps des grandes chasses, 1980.

De nouvelles collections voient aussi le jour, qui vont accompagner une nouvelle génération d'auteurs. 

Ailleurs et demain.
Cela commence par la collection Ailleurs et demain, des éditions Robert Laffont, créée par Gérard Klein, en 1969 : outre les meilleurs auteurs américains et britanniques du moment, on y retrouve, parmi les Français :

• Michel Jeury porté par la vague du Nouveau roman (le Temps incertain, 1973, qui déjà place cet auteur au niveau des meilleurs anglo-saxons; les Singes du temps, 1974; Soleil chaud poisson des profondeurs, 1976; le Territoire inhumain, 1979)

• Philippe Curval (L'homme à Rebours, 1974; Cette chère humanité, 1976). 

• Michel Demuth : Les années métalliques, 1979; La maison du cygne (1978) 

• Yves Rémy (né en 1936) et Ada Rémy (née en 1939); Christian Léourier (né en 1948) (Les montagnes du soleil, 1972; La planète inquiète, 1979). 

• Pierre Christin (auteur par ailleurs, Jean-Claude Mézières, de la série BD Valérian, agent spatio-temporel) : Les prédateurs enjolivés, 1976 ; 

• Pierre-Jean Brouillaud (né en 1927), Tellur, 1975. 

• Pierre Pelot  (pseudo : Pierre Suragne pour Mais si les papillons trichent, 1974)  : Transit (1977); le Sourire des crabes  (1977); Les pieds dans la tête (1982). Klein lui-même publie : Les seigneurs de la guerre (1970); la Loi du talion (1973); 

J'ai Lu / SF.
La collection de SF dans J'ai Lu a été créée en 1970 par Jacques Sadoul. De nombreux classiques américains d'avant-guerre sont traduit, ainsi que plusieurs anthologies de nouvelles qui font connaître le meilleur de la production parue dans les pulps d'outre-atantique. Peu d'auteurs français, mais on remarque : 
• Dominique Douay  : L'échiquier de la création (1976).

• Pierre Pelot : Les barreaux de l'Eden (1977); Delirium Circus (1977).

• Claude Veillot (1925-2008) : Misandra  (1974); La machine de Balmer (1978) 

• Michel Demuth (1939-2006) :  la série des Galaxiales (1976-1979). 

Mentionnons encore un émanation de cette collection, la revue-anthologie Univers (30 numéros entre 1975 et 1990), qu'Yves Frémion a dirigé jusqu'en 1979. 
.
Philippe Goy : le livre-Machine.
Richard-Bessière : Déjà presque la fin.
Jacque Sadoul : les meilleurs récits de Planet Stories.
Le Livre machine (1975), de Philippe Goy. Une sorte d'évangile drôlatique paru dans la collection Présence du Futur, et assez révélateur de l'état d'esprit d'une époque révolue. Déjà presque la fin (1977), un des derniers ouvrages publiés dans la collection Anticipation du Fleuve Noir, par ceux qui l'avaient inaugurée : François Richard et Henri Bessière. Les meilleurs récits de Planet Stories (1975). Une des anthologies de nouvelles parues dans les pulps américains et réunies par Jacques Sadoul pour les édition J'ai Lu.

Fiction.
Parmi les auteurs français (ou francophones) publiés dans les années 1970 dans le magazine Fiction on relève les noms de  :

Daniel Walther, Jean-Pierre Andrevon, Michel Demuth, Gérard Torck, Gérard Klein,  B. R. Bruss, pilier du Fleuve Noir, [ici sous le nom deRoger Blondel ], Pierre Marlson, Serge Nigon , Gabriel Deblander  (belge), Francis carsac,  Louis Thirion, Philippe Curval, François Richaudeau, Pierre Christin, Jean-Pierre Fontana , Jean Demas, Jacques Chambon , Pierre Versins, Bernard Mathon, Gilbert Michel, Christian Léourier,  Dominique Douay,  Micher Jeury, René Barjavel, Pierre Pelot, René Durand, Joël Houssin, Yves-Olivier Martin, Jean Le Clerc De La Herverie, Daniel Fondanèche, Katia Alexandre , Christine Renard , Claude-François Cheinisse  Jean-Pierre Hubert , Michel Leriche ,  Frédéric Chauvelier , Bernard Villaret, René Durand , Bernard Cassac , Lorris Murail, Yves Malbec , Jan de Fast , Henry-Luc Planchat , Yves Rémy et Ada Rémy, Jacques Goimard, Jean-Louis Bouquet , Yves Malbec, Pierre Bameul, Dominique Blattlin, Pierre Stolze, Jean-Marc Ligny, Bruno Lecigne , Joëlle Wintrebert,  George W. Barlow, Jean-Louis Bouquet, Cousin, Pierre-Yves Poindron ,  Emmanuel Carrère, Pierre Giuliani , Pierre Ziegelmeyer , Daniel Martinange , Danielle Fernandez, Jean-Pierre Simeon.
D'autres auteurs.
Parmi les autres auteurs qui publient des romans de SF à cette époque on citera encore : 
• Robert Merle  (1908-2004) : Un animal doué de raison (1967) sur l'utilisation des dauphins à des fins militaires; Malevil (1972), dans la veine post-apocalyptique; Les Hommes protégés (1974), ou à quoi ressemblerait une dictature matriarcale.; 

• Pierre Boulle (1912-1994) : La Planète des singes (1963) qui donnera lieu à diverses adaptations cinématographiques,  Le jardin de Kanashima  (1964), Les jeux de l'esprit  (1971), Le Bon Léviathan  (1978).

Au cinéma.
Le terme de Nouvelle vague a été emprunté au cinéma par les auteurs de SF au cinéma. Brian Aldiss reconaissait d'ailleurs sa dette envers L'année dernière à Marienbad (1961) d'Alain Resnais, qui n'est pas un fim de science-fiction, mais qui introduisait des formes narratives nouvelles. De leur côté, les cinéastes de la Nouvelle vague ont aussi tenté quelques incursions dans la SF. Par exemple, François Truffaut avec son Farenheit 451 (1966), adaptation du roman de Ray Bradbury, ou Alain Resnais lui-même avec Je t'aime, je t'aime (1968), dont le scénario est de Jacques Sternberg, et qui reprend le thème du voyage dans le temps.

La plus belle réussite cinématographique de cette époque est à coup sûr la Jetée (1962), de Chris Marker (1921-2012). Il s'agit d'un court-métrage de 28 mn, ou plutôt d'un diaporama (un « photo-roman », lit-on au générique), succession d'images fixes, qui raconte cette fois encore un voyage dans le temps. Après que le monde ait été détruit et que les survivants se soient réfugiés dans des souterrains, un prisonnier est envoyé dans le passé, non pour le changer (« on ne s'évade pas du temps »), mais pour tenter d'en rapporter des ressources nécessaires à la survie. Terry Gilliam reprendra et délayera le sujet dans son Armée des 12 singes (1995), où le péril nucléaire est remplacé par celui d'une pandémie.
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La Jetée, de Chris Marker (1962).
La Jetée (1962) de Chris Marker. « Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance. La scène qui le troubla par sa violence, et dont il ne devait comprendre que beaucoup plus tard la signification, eut lieu sur la grande Jetée d'Orly, quelques années avant le début de la Troisième Guerre mondiale... »

Un curiosité maintenant, le film de Jean-Luc Godard  : Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution (1965). Alphaville, où l'on arrive et d'où l'on repart, en voiture, « par les boulevards périphériques, roulant toute la nuit dans l'espace intersidéral », est appelée à devenir un jour « une cité heureuse, comme Florence, comme Angoulême-City, comme Tokyorama ».  Mais en attendant, « quelque chose ne [tournait] pas rond dans la capitale de cette galaxie ». Une intelligence artificielle, Alpha 60, était aux commandes, et la sentence de mort attendait celui qui agissait de façon illogique. On a vu dans le héros de ce film une préfiguration du détective de Blade Runner, sorti 30 ans plus tard.

Hard science fiction et slipstream.
La hard science fiction.
On a donné le nom de hard science fiction à un courant de la SF qui s'est développé à partir des années 1970 en réaction à la science fiction -  la soft science fiction... - apparue en Amérique avec les Futurians, qui a dominé le domaine jusqu'au début des années 1980.

La hard science fiction renoue avec le rapport traditionnel qu'entretenait au temps des pulps la science-fiction avec les technologies; elle se préoccupe de ce qu'elles peuvent devenir et changer pour la société dans un avenir proche. Mais contrairement à ce qui se faisait autrefois (Robert Heinlein, Poul Anderson, Joe Haldeman, Stanislas Lem), on est désormais plus rigoureux en matière scientifique. 

De bons exemples de cette approche se trouvent chez Arthur C. Clarke (les Enfants d'Icare, 1953; la Cité des astres, 1956), Isaac Asimov, Michael Crichton, ou Fred Hoyle. Parmi les autres auteurs dont le nom est attaché à la hard science fiction, on peut nommer : Ben Bova, Greg Bear, Greg Egan, Dougal Dixon, Larry Niven, Paul McAuley, Geoffrey A. Landis, David Brin, Stephen Baxter, Andy Weir, Piers Anthony, Gregory Benford, Hal Clement, Robert Forward, James S. A. Corey (Daniel Abraham et Ty Franck), etc.

Certains auteurs s'inscrivent entre  hard et soft, comme, par exemple, Katherine McLean (née en 1925), avec Le Disparu (1975). 

Le slipstream.
En 1989, Bruce Sterling a introduit le terme de slipstream pour qualifier des oeuvres qui renvoient à une perception de l'étrangeté du monde, qu'elles recourent ou non au langage de la science-fiction. Il y a ici un effacement ou plutôt une dissolution des thématiques habituelles de la SF. De ce point de vue, on pourrait dire que le slipstream est extactement le contraire de la hard science fiction. Parmi les auteurs de SF qui ont pu suivre cette voie, on peut mentionner : Kurt Vonnegut (Abattoir 5); Philippe Curval (La Forteresse de coton); John Brunner (La ville est un échiquier, The Squares of the City, 1965); J. G. Ballard (Crash, 1973, adapté au cinéma par David Cronenberg, 1995), Kingsley Amis (The Alteration,1976). On pourrait aussi rattacher au slipstream Substance mort (A scanner darkly, 1977) de Philip K. Dick,  de nombreux textes de Doris Lessing, etc., ou de la série TV Le Prisonnier (que Th. Dish a d'ailleurs transcrite sous forme roman). Et s'ils avaient eu quelque chose à voir de près ou de loin avec la SF, on aurait peut-être aussi cité ici les noms de J.-D. Salinger ou de Marcel Camus, comme pour rappeler que la science-fiction n'est pas un continent isolé du reste de la littérature. 

La SF après la Guerre des étoiles

La sortie au cinéma de la trilogie Star Wars (la Guerre des étoiles de George Lucas, 1977); l'Empire contre-attaque d'Irvin Kershner, 1980; le Retour du Jedi de Richard Marquand, 1983) fait date dans l'histoire de la science-fiction. Ce n'est pas tant que ces films eux-mêmes apportent beaucoup au genre, ni même qu'ils soient la seule cause (on y voit plutôt un catalyseur) des transformations qui s'opèrent au début des années 1980, mais l'immense succès que ces films ont eu, et donc l'élargissement considérable du public désormais accessible aux codes de la SF, a changé la donne. Gernsback avait, en son temps, avait créé un marché de niche en enfermant la SF dans l'image d'une sous-littérature; les auteurs d'après-guerre, et surtout des années 1970, l'avait inscrite, par un brutal retour de balancier, dans une perspective très élitiste. Lucas donne l'impulsion finale qui fait sortir la science-fiction de sa marginalité  pour l'installer dans la culture de masse. 

Le cinéma (en attendant le règne des jeux vidéos), qui demande de gros budgets, peut désormais investir le genre et prendre une part notable dans la production d'oeuvres relevant de la SF. Certes quelques films de science-fiction avaient précédé la Guerre des étoiles. On en a cité quelques-uns dans les paragraphes précédents, auxquels on doit ajouter : Planète interdite (1956) de Fred McLeod Wilcox, et, surtout 2001, l'Odyssée de l'espace (1968) de Stanley Kubrick, dont Arthur C. Clarke, qui avait inspiré le scénario, tirera un roman. Mais on assiste maintenant à un changement d'échelle.

Les années 1980 sont aussi marquées par un retour de space opera, à la suite, par exemple, de Carolyn J. Cherryh et des représentants de la hard science fiction; d'un autre côté, des auteurs comme Robert Reed, qui semble s'être donné pour programme de revisiter, en les mettant au goût du jour, tous les anciens thèmes de la SF, s'attachent, un peu à la manière de Delany en son temps, avec peut-être moins de brio, mais avec plus de constance, à une sorte de reformatage et aussi à une forme de réhabilitation d'une science-fiction, devenue un produit culturel de consommation courante.

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La science fiction face aux nouvelles technologies.
D'autres auteurs, à l'opposé, s'évertuent à continuer de faire de la SF l'expression d'une contre-culture. Or, au début des années 1980, ce qui semble le plus proche de cette marginalité recherchée, c'est le mouvement punk. D'où ce suffixe accolé, assez artificiellement, aux noms des nouvelles thématiques abordées désormais par la science-fiction aux velléités underground, et qui presque tout entières relèvent de l'émergence des nouvelles technologies (cyberpunk, biopunk, etc.). Programme de marginalisation sans issue : nous sommes, plus que jamais et massivement, entrés dans l'âge des technologies de l'information et des biotechnologies.

Le cyberpunk.
Le terme de cyberpunk a été introduit par Bruce Bethke (né en 1955) avec une nouvelle parue dans le numéro de novembre 1983 d'Amazing Science Fiction et portant ce titre. On lui donne souvent une acception assez large, et il sert alors à qualifier indistinctement toutes les oeuvres dans lequelles apparaît la thématique des théories de l'information, de l'intelligence artificielle, de la réalité virtuelle et des réseaux informatiques. Au fond, ce n'est qu'une des formes prises par la hard science fiction à partir des années 1980, et l'on trouve parfois les mêmes noms attachés à l'un ou l'autre sous-genre (Greg Egan, Vernon Vinge, Rudy Rucker, etc.). Dans un sens plus restreint, le genre cyberpunk et le courant dans lequel il s'inscrit renvoient à un imaginaire très sombre. Dans l'univers cyberpunk, la société, concentrée dans des mégalopoles obscures, passé sous le contrôle de la technologie et de grandes firmes, est entièrement livrée à la sauvagerie capitaliste. Seuls les marginaux, les déclassés semblent pouvoir y faire briller un peu d'espoir. Mais les cyberpunks ont-ils inventé quelque chose? Un peu à la manière dont les féministes de l'époque précédente décorticaient les tensions entre le féminin et le masculin, les cyberpunks s'interrogent sur la sexualisation des machines. Et quand ils explorent les tensions entre l'humain et la machine, entre le réel et du virtuel, ils ne font que reprendre les problématiques centrales des oeuvres de Philip K. Dick ou de Brunner. Après tout, eux aussi agitaient les visions d'un futur proche qui serait parti à la dérive en même temps que la démocratie

+ William Gibson (né en 1948) a inscrit une partie importante de son oeuvre sous la rubrique cyberpunk. Citons de lui : Johnny Mnemonic (1981), que Robert Longo adaptera au cinéma en 1995, et surtout Neuromancien (Neuromancer, 1984), plusieurs fois primé et qui a fait de Gibson la principale tête d'affiche du cyberpunk , auprès des lecteurs. Mentionnons encore : Comte Zéro (Count Zero, 1986); Gravé sur le chrome (Burning Chrome, 1986, nouvelles); Mona Lisa s'éclate (Mona Lisa Overdrive, 1988); la trilogie formée par Lumière virtuelle (Virtual Light, 1993), Idoru (1996) et All Tomorrow's Parties, 1999; et, enfin, Identification des schémas (Pattern Recognition, 2003); 

+ Bruce Sterling (né en 1954) est souvent considéré comme le théoricien du cyberpunk. Son anthologie cyberpunk Mozart en verres miroirs (Mirrorshades: The Cyberpunk Anthology , 1986), qui présente des textes de William Gibson, Pat Cadigan, Marc Laidlaw, Rudy Rucker, Greg Bear et de Bruce Sterling lui-même, fixe en quelque sorte le genre. Parmi ses romans on peut citer : la Schismatrice (Schismatrix, 1985); La Baleine des sables (1977); Les mailles du réseau  (Islands in the Net, 1988); Gros temps (1994); Distraction  (1998). 

+ Pat Cadigan (née en 1953) brouille les lignes entre le réel et ce qui en est perçu. Cette ancienne élève de James Gunn se présente comme une exploratrice des rapports entre l'esprit humain et la technologie. Mindplayers (1987); Les Synthérétiques (Synners, 1991); Tea from an Empty Cup (1998) et sa suite Dervish is Digital (2000) relèvent du cyberpunk. Elle a aussi écrit dans le genre fantastique et pour la jeunesse..

+ Rudy Rucker (né en 1946), informaticien de profession, a construit une oeuvre romanesque tout entière tournée vers la robotique et les nanotechnologies. Citons :: Maître de l'espace et du temps (Master of Space and Time, 1984), dans lequel le héros se taille un univers sur mesure; le Secret de la vie (The Secret of Life, 1985);  Transreal Cyberpunk  (2016), anthologie avec Bruce sterling; et enfin la tétralogie du ware ( Realware  (2000); Freeware  (1997); Wetware  (1988); Software  (1982), où l'on voit des robots qui  gagnent leur libre arbitre après avoir réussi à enfreindre la lois de la robotique d'Asimov.

+ Joël Houssin (né en 1953 en France), également scénariste de cinéma (Ma vie est un enfer, Dobermann) et de télévision, est l'auteur de plusieurs romans de SF, dont deux ont été rapprochés du courant cyberpunk : Argentine (1989); le Temps du Twist (1990).

Des machines en quête d'humanité au cinéma : Question d'espèce, question de genre.

Affiche de Blade Runner.
Affiche de Ghost in the Shell.
Affiche d'Ex Machina.
Blade runner (1992), 
film de Ridley Scott.
Ghost in the shell (1995), film d'animation de Mamoru Oshii. Ex_Machina (2015), 
film d'Alex Garland.

Le cinéma lui non plus n'a pas été avare d'oeuvres auxquelles on peut accoler l'étiquette de cyberpunk. Signalons, en premier lieu, Blade Runner (1982), de Ridley Scott, d'après le roman de Philip K. Dick, et qui est sans doute le film le plus marquant dans le genre; Total Recall (1990, également d'après Dick)  et Robocop (1997), de Paul Verhoeven; Strange Days (1995), de Kathryn Bigelow; Dark city (1998) d'Alex Proyas; New Rose Hotel (1998), d'Abel Ferrara, d'après une nouvelle de William Gibson; eXistenZ (1999) de David Cronenberg et que Christopher Priest a repris sous forme de roman; Matrix (1999) des soeurs Wachowski; Minority Report (2002), de Steven Spielberg, encore d'après Dick. 

A la télévision, on mentionnera des séries telles que  : Äkta människor (Real humans, début en 2012) créé par Lars Lundström; Almost Human (2013), de J. H. Wyman; et aussi certains épisodes de l'anthologie Black Mirror, créée par Charlie Brooker en 2011.

Enfin, notons  que la série Mr Robot (début en 2015) de Sam Esmail, peut se comprendre comme une expression du courant cyberpunk, bien qu'elle se situe hors du domaine de la SF.Bien qu'on s'y interroge sur le statut de la réalité, c'est davantage ici à la manière de Fight Club (David Fincher, 1999),  de Shutter Island (Martin Scorsese, 2010) ou de Sucker Punch (Zack Snyder, 2011) que de l'oeuvre de Dick.

Le biopunk.
Le biopunk s'est développé parallèlement au cyberpunk. Cette fois les technologies qui servent de pivot à l'action sont en relation avec les progès de la biologie, et plus spécialement de la génétique : ingéniérie biologique, clonage, etc.. Ici encore, et d'une façon peut-être encore plus critique, c'est notre humanité qui est questionnée. 

Parmi les romans que l'on rattache au biopunk, on peut mentionner : Holy Fire (1996) de Bruce Sterling; la trilogie Winterlong (1990-1993) d'Elizabeth Hand, la trilogie de Xenogenesis (Lilith's Brood, 1987-1989) d'Octavia Butler, plusieurs oeuvres de Paolo Bacigalupi; La musique du sang (Blood Music, 1985), l'Echelle de Darwin (Darwin's Radio, 1999) de Greg Bear, et Notre vie dans les forêts (2017) de Marie Darrieussecq.

Au cinéma, on mentionnera, par exemple : Bienvenue à Gattaca (Gattaca, 1997) d'Andrew Niccol; Code 46 (2003), de Michael Winterbottom, The Island (2005), de Michael Bay. 

Enfin, parmi les séries TV, citons : Dark Angel (2000-2002) créée par James Cameron et Charles H. Eglee, The Eleventh Hour, créée en 2008 par Stephen Gallagher;Orphan Black (début en 2013) de Graeme Manson et John Fawcett.
 

Quand la réalité est mise en abyme

La SF a abordé depuis longtemps le thème de la télé-réalité et de ses dérives. Celui-ci apparaît dès 1958 avec Le Prix du danger (The Prize of Peril, 1958) de Robert Sheckley, qui sera adapté au cinéma par Yves Boisset en 1983. En 1982, sous le pseudonyme de Richard Bachman, Stephen King, dans Running Man (porté à l'écran par Paul Michael Glaser, en 1987), reprendra le même sujet. Dans ces oeuvres, comme dans les anciens jeux du cirque, le jeu télévisé, simple divertissement pour le spectateur, devient, pour  le participant, une question de vie ou de mort. Le spectacle et la réalité entrent en collision, mais il s'agit moins de dénoncer la télé-réalité, que d'en héroïser les participants, et à cette fin des enjeux politiques (plus ou moins légitimes) sont parfois invoqués. C'est le cas, par exemple, dans la Guerre Olympique (1994) de Pierre Pelot, ou dans la trilogie des romans pour adolescents Hunger games (2008-210) de Suzanne Collins, adaptée au cinéma (2012-2015).

Une vision plus glaçante est offerte par O. G Compton, dans L'Incurable  (1974), devenu à l'écran La Mort en direct (1980), de Bertrand Tavernier : le voyeurisme télévisé s'exerce ici à l'insu même de la participante au "jeu", qui ignore que ses derniers jours sont filmés et donnés en pature à un public de décérébrés. Le cinéma américain a traité (mais de manière très différente) un sujet analogue avec The Truman Show (1998) de Peter Weir. Dans ce cas, c'est toute la vie du protagoniste principal, qui est donnée en spectacle : depuis sa naissance, il vit, sans le savoir, dans un immense studio de télévision qu'on lui a fait prendre pour le monde. L'idée était déjà présente dans le roman de Dick, le Temps désarticulé (Time Out of Joint, 1959). Dans le Voile de l'espace (Beyond the Veil of Stars 1994), Robert Reed la reprendra aussi en lui donnant une dimension cosmique, mais sans vraiment l'exploiter. 
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The Truman Show.

Le bord du monde, dans The Truman show (1998).

La question de notre rapport au réel n'est bien sûr pas nouvelle. Il suffit de penser au mythe de la Caverne de Platon (Le livre VII de la République) ou, dans un autre genre, à la Vie est un songe, de Calderon de la Barca . Mais cette question a pris de nouvelles formes et une acuité sans précédent, depuis le milieu du XXe siècle, et désormais à un rythme qui s'accélère. Qu'est-ce qui est réel dans ce que nous rapportent la télévision et les médias en général? Ou est la vérité? Qui peut-on croire? 

La SF est entrée dans cette problématique avec Dick et Galouye, qui ont ouvert le thème des réalités simulées. Le cinéma, qui un jeu de simulacres par excellence, se devait de leur emboîter le pas. On peut en multiplier les exemples : De Total Recall (1990), de Paul Verhoeven et adaptation de la nouvelle Souvenirs à vendre (We can remember it for you wholesale, 1966, de Ph. K. Dick justement) à Inception (2010), de Christopher Nolan, en passant par Matrix, Tron (1982) de Steven Lisberger, eXistenZ (1999), de David Cronenberg, Source Code (2011) de Duncan Jones, Oblivion (2013), de Joseph Kosinski, The Frame (2014) de Jamin Winans , etc. On peut aussi ajouter sous cette rubrique la série de jeu vidéos Assassin's Creed proposée depuis 2007 par Patrice Désilets et Jade Raymond, et le film qui en a été tiré en 2016 par Justin Kurzel.

Tous ces simulacres ne sont, au final, que le visage actuel de ce vieux filon de la SF qu'est l'uchronie. Réalité simulée, univers parallèles, histoire alternative, etc., fournissent une matière première de choix pour la fiction. Elles offrent un moyen de diversion face à l'âpreté du réel, une issue de secours pour l'imaginaire, ou bien, au contraire, elles permettent de prendre un recul critique indispensable pour mieux comprendre le monde actuel; il s'agit alors d'un positionnement de l'intelligence. Dans tous les cas, on a affaire à une mise en abyme de la réalité : la fiction met en scène une fiction qui se donne pour la réalité. Mais il suffit que le premier terme disparaisse, que d'emblée l'imagination se donne pour réalité, que soit donc franchi le rubicon entre fiction et mesonge pour qu'on accède à un autre champ de concepts : télé-réalité, révisionnisme, négationisme, pseudo-histoire, théories du complot, post-vérité, fake news... 

Aucun risque que la science-fiction bascule dans ce travers - son nom même lui vaut l'immunité! Ce n'est pas toujours le cas des auteurs de SF, qui ont pu exploiter l'inculture et l'abdication de l'esprit critique pour prendre (ou faire prendre) leurs rêves pour la réalité. Ainsi, un auteur du temps des pulps, L. Ron Hubbard (1911-1986), a-t-il été le fondateur d'une secte lucrative qui a réussi à embobiner, notamment, Campbell lui-même (qui n'était pas un petit exploit), et Van Vogt (qui, lui, ne demandait sans doute que ça!). En France, plus inoffensive aura été, par exemple, la propagande soucoupiste de Jimmy Guieu (1926-2000), un des pilliers (avec ses romans sans prétention et plutôt plaisants par ailleurs) de la collection Anticipation du Fleuve Noir. 

Dans quelques cas, donc, les inventions de la science-fiction se sont laissées détourner pour le pire. On en est arrivé au point où un beauf milliardaire, ancien producteur d'une émission de télé-réalité, conspirationniste et promoteur déclaré de la notion de "faits alternatifs" (des faits venus d'un univers parallèle?), a pu se faire élire président des Etats-Unis. La réalité n'a pas dépassé la fiction; c'est juste que notre époque sans repères a fini par confondre l'une et l'autre, au point de se donner au premier obscurantisme venu. Au moins la SF nous avait-elle appris qu'on n'est jamais à l'abri de rien.

Postcyberpunk.
De la même façon qu'un renouveau de la hard science fiction était venu contrebalancer le développement de la soft science fiction, il a existé à partir des années 1990, un courant prenant le contrepied du cyberpunk (et du biopunk), le postcybertpunk. Il s'agit d'une approche généralement plus positive du progrès technologique. La rébellion et la marginalité ne sont plus au coeur des intrigues. En tout cas, il n'est plus question de détruire l'ordre social, on veut seulement en corriger les dérives ou les dysfonctionnements. Le premier roman rangé dans cette catégorie est Le Samouraï virtuel (Snow Crash, 1992) de Neal Stephenson. Autres exemples relevant du postcyberpunk : L'une rêve et l'autre pas (Beggars in Spain, 1993), qui appartient au cycle tendance biopunk Sleepless de Nancy Kress; Teranesia (2001) et d'autres romans de Greg Egan (Distress, 1995; Quarantine, 1992); le cycle d'Otherland (6 romans entre 1996 et 2013) de Tad Williams; plusieurs titres de Charles Stross, de  Richard K. Morgan (Altered Carbon, 2002), etc. Au cinéma, on peut relever :  I, Robot (2004) d'Alex Proyas, d'après l'univers d'Isaac Asimov; Clones (The Surrogates, 2009) de Jonathan Mostow, Elysium (2013) de Neill Blomkamp. 

Le rétrofuturisme.
Le rétrofuturisme correspond à une catégorie d'oeuvres qui englobe tout un ensemble de sous-genres "-punk", fondés sur l'introduction d'anachronismes technologiques : un laser au Moye âge, un smartphone dans les années soixante, etc.

Le steampunk.
Le steampunk place ses histoires à l'époque de la révolution industrielle, quand les machines fonctionnaient à vapeur (steam); les auteurs prisent à particulier l'Angleterre victorienne. Le principe de la SF steampunk consiste ainsi à introduire dans cette époque des élément futuristes, pour recréer ainsi une esthétique qui rappelle celle de Jules Verne ou de H. G. Wells.

D'ailleurs le terme a d'abord été appliqué  à Morlock Night (1979) de K. W. Jeter (né en 1950),  qui est une suite de la Machine à voyager dans le Temps de Wells. Jeter a aussi publié :  Instruments de mort (Infernal devices, 1987) et à sa suite Fiendish Schemes (2013), deux autres romans qui relèvent aussi du steampunk. (En revanche, Dr Adder (1972), du même auteur, qui décrit des Etats-Unis sous l'emprise de seigneurs de la guerre et sa suite le Marteau de verre (The Glass Hammer, 1985), ainsi que Noir (1998), et une suite de Blade Runner, appartiennent plutôt au cyberpunk).

Sterling a co-signé avec William Gibson la Machine à différences (The Difference Engine, 1991), un roman dans lequel on voit une passerelle entre le cyberpunk et la tendance steampunk

Des romans tels que  le cycle du Leviathan de Scott Westerfeld, le cycle des Bas-Lag de China Miéville relèvent aussi du steampunk

Au cinéma, le troisième volet de la trilogie Retour vers le futur (1990) de  Robert Zemeckis peut se ranger dans la catégorie steampunk. On y agrège aussi parfois le film Brazil (1985), réalisé par Terry Gilliam, bien que cette dystopie ne consiste pas réellement en un retour à l'époque qui sert a définir le steampunk (mais il y a bien des tuyaux et de la vapeur...).

Le dieselpunk.
Le  dieselpunk est analogue au steampunk. Il correspond à des histoires qui comportent des éléments propres à la SF et qui se situent entre la Première Guerre mondiale et le Second conflit mondial, époque considérée comme l'âge d'or des moteurs diesel, et qui est d'ailleurs aussi l'âge d'or de la pulp SF. Beaucoup des récits parus dans les pulps appartiennent donc au sous-genre dieselpunk. On peut citer parmi les oeuvres plus récentes :  Pirate Utopia, (2016), de Bruce Sterling; The City Darkens (2013), de Sophia Martin; Storming (2015) de K.M. Weiland; Hellboy, série de comics initiée en 1994 par Mike Mignola , et dont certains épisodes ont été adaptés au cinéma. Au cinéma, où l'on peut aussi mentionner des films tels que Capitaine Sky et le Monde de demain (Sky Captain and the World of Tomorrow, 2004) de Kerry Conran, ou Batman (1989), de Tim Burton, qui relèvent du dieselpunk.

Punkeries à gogo.
Il existe d'autres dénominations construites sur le même mode, sans que l'intérêt de cette multiplication de mots soit évident. Au-delà de la SF, elle peuvent avoir un usage dans le monde des arts et du design. Citons simplement pour mémoire :

• Le décopunk est un sous-sous-genre dérivé du dieselpunk, et se veut un revival du style art déco; 

• Le stonepunk correspond à des histoires situées pendant la préhistoire comme dans l'anthologie publiée dans la collection Folio Junior de Christian Grenier, Le Brouillard du 26 octobre et autres récits sur la préhistoire (1981), dans Les Innommables (1979) de Claude Klotz (ici ce n'est pas la technologie, mais le langage qui est transporté dans le passé). 

• Le clockpunk situe son action entre la Renaissance et le XVIIe siècle; exemple : Les Conjurés de Florence (Pasquale's Angel, 1994), de Paul McAuley; 

• L'Atomicpunk  définit des histoires situées pendant la Guerre froide : Dr Folamour; After the atom (1953), de Leonard G. Fish; Ce n'est pas pour cette année (Not This August , 1955) de Cyril Kornbluth; etc.

• Le Nowpunk : quand les éléments appartenant à une autre époque sont introduits dans le monde d'aujourd'hui, comme, par exemple, les dinosaures dans Jurassik Park ou l'Homo erectus dans Jane reloaded (2011) de Charlotte Kerner.

Banksy : Je suis ton père.
La culture SF revisitée par l'art urbain : le pochoir Je suis ton père, de
Banksy et, ci-dessous, une mosaïque Space Invader, d'Invader
dans une rue de Katmandou. (Photo ©Serge Jodra, 2011).
Invader : mosaïque à Katmandou.

Repères sur la route

Le tableau suivant répertorie quelques-uns des principaux auteurs (avec indication de leur pays de naissance quand il ne s'agit pas des Etats-Unis) et oeuvres depuis les années 1980. On a également mentionné quelques oeuvres plus anciennes non signalées dans l'article.
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Franz Werfel (Autriche, 1890-1945) : l'Etoile de ceux qui ne sont pas nés (Stern der Ungeborenen, 1946).

Virgilio Martini (Italie, 1903-1986) : le monde sans femmes (Il mondo senza donne, 1954).

Günther Krupkat (1905-1990), publié en Allemagne de l'Est : Nabou(1968).

Jack Finney (1911-1995) : L'Invasion des profanateurs (1955), qui a été l'objet de plusieurs adaptations au cinéma; Le Voyage de Simon Morley (Time and Again, 1970); le Balancier du temps (From time to time, 1995).

Adolfo Bioy Casares (Argentine, 1914-1999) : El sueño de los héroes (1954); l'Invention de Morel (1940), qui a inspiré le film d'Alain Resnais, l'Année dernière à Marienbad (1961), celui des frères Quay, L'Accordeur de tremblements de terre (2005), ainsi que la série télévisée Lost (2004-2010).

Robert Young (1915-1986) : Baleinier de la nuit (1980); le Dernier Yggdrasill (1982).

Mohammed Dib (né en Algérie en 1920-2003)  : Qui se souvient de la mer? (1962).

Carol Emshwiller (née en 1921) : Carmen Dog (1988), The Mount (2002), Mister Boots (2005).

Stanislaw Lem (né en Pologne en 1921-2006) : Feu Vénus (Astronauci, 1951); Eden (1959); Terminus (1961); L'Invincible (1964); Septième voyage (1964); Quatrième expédition (1965); Prawda (1964); Le prince Ferrycyet la princesse Cristal (O królewiczu Ferrycym i królewnie Krystali, 1965); Solaris (1966) adapté deux fois au cinéma; Glos Pana (1968); Opowiesci o pilocie Pirxie (1968); Ciberiada (1976).

Carl Amery (Allemagne de l'Est, 1922-2005) : Das Königsprojekt (1974); Der Untergang der Stadt Passau (1975); An den Feuern der Leyermark (1979); Im Namen Allahs des Allbarmherzigen (1981).

Lloyd Biggle (1923-2002) : The Angry Espers (1961); Quelles sont les couleurs des ténèbres (All the Colors of Darkness, 1963, premier roman de la série de Jan Darzek qui en compte cinq jusqu'en 1979); Monument (1971).

Keith Laumer (1925-1993) : Série des Bolo (4 romans entre 1976 et 1990) au sujet de tanks dotés de conscience; série des Retief (7 romans  et une dizaine de nouvelles entre 1963 et 1993), la vie drolâtique d'un diplomate interplanétaire. l'Ordinateur désordonné (The Great Time Machine Hoax, 1964); Galactic Odyssey (paru en feuilleton dans le magazine IF, 1967); série de l'Imperium (5 romans, entre 1962 et 1990), où des mondes parallèles sont régis par une structure nommée... l'Imperium.

Harry Harrison (1925-2012) : Make room! Make room! (1966), adapté au cinéma par Richard Fleisher sous le titre de Soleil vert (1973); le Problème de Turing (The Turing Option, 1992, en collaboration avec  Marvin Minsky).

Lino Aldani (Italie, 1926-2009) : Quand les racines (1976); Eclipse 2000 (1979); La Maison-femme (1987).

John Middleton Murry Jr. (pseudo : Richard Cowper, né en 1926, GB) : auteur du cycle de Corlay (The White Bird of Kinship, 3 romans de 1978 à 1982); le crépuscule de Briarée (The Twilight of Briareus,1974).

Herbert Franke (né en Autriche en 1927) : La Cage aux orchidées (Der Orchideenkäfig,1961); Zone zéro (Zone Null, 1970); Le centre de la Voie lactée (Zentrum der Milchstraße, 1990); Sphinx_2 (2004); Cyber City Süd (2005); Flucht zum Mars (2007).

Walter Tevis (1928-1984) : l'Homme tombé du ciel (The Man Who Fell to Earth, 1963, adapté au cinéma par Nicolas Roeg (l'Homme qui venait d'ailleurs); l'Oiseau d'Amérique (Mockingbird, 1980); Le Soleil pas à pas  (The Steps of the Sun, 1983).

Georges J. Arnaud (né en 1928) : cycle de La Compagnie des glaces, série d'une soixantaine de romans entre 1980-1992, puis de 24 romans supplémentaires de 2001-2005, - un monde post-apocalyptique glacé gouverné par des compagnies ferroviaires totalitaires. Arnaud a également écrit de très nombreux polars.

Ira Levin (1929-2007) : Un bonheur insoutenable (This Perfect Day, 1970); scénariste du film réalisé par Franklin Schaffner, Ces garçons qui venaient du Brésil (The Boys from Brazil, 1976), sur le thème du clonage d'Hitler.

Len Deighton (GB, né en 1929) : SS-GB,  - Nazi Occupied Britain (1978), une histoire alternative dans laquelle les Allemands ont envahi l'Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale. Deighton est aussi l'auteur de nombreux romans d'espionnage.

Sheri S. Tepper (1929-2016) : Un monde de femmes (The Gate to Women's Country, 1988);  The Visitor (2002); The Margarets (2007). Trilogie de Marjorie Westriding : Rituel de chasse (Grass; 1989); Raising the Stones (1990); Sideshow (1992).

Algis Budrys (1931-2008) : Qui? (Who?, 1958); S.O.S. Terre (The Falling Torch, 1959); Lune fourbe (Rogue Moon, 1960); Le Prophète perdu (Some Will Not Die, 1976); L'Epine de fer (3 parties, The Iron Thorn, 1967).

Bob Shaw (Irlande du Nord, 1931-1996) : The Palace of Eternity (1969); Orbitsville (série de 3 romans, 1975, 1983, 1990); Medusa's Children (1977); The Ceres Solution (1981); Conversion  (1981); série de Slow Glass (4 romans de 1970 à 1972 et un cinquième avec Donald William Heiney (1979).

Thomas J. Bass (1932-2011) :  Humanité et demie (Half Past Human, 1971); le Dieu Baleine (The Godwhale, 1974).

Michael Coney (GB) (1932-2005) : l'Image au miroir (Mirror image, 1972); les Crocs et les griffes (The jaws that bite, the claws that catch, 1975);  Rax (1975); Charisme (Charisma, 1975); cycle du Chant de la Terre (5 romans entre 1980 et 1989); Foul Play at Duffy’s Marina (2005); Remember Palahaxi (2007 publication posthume), suite de Hello Summer, Goodbye (1975).

Bob Shaw (1931-1996, Irlande du Nord). Orbitsville (1975); Lumière des jours enfuis (Light of Other Days, 1966); les Yeux du temps (Other Days, Other Eyes, 1972); Qui va là? (Who Goes Here?, 1977). Une longue marche dans la nuit (Night Walk, 1967); L'autre présent (The Two-Timers, 1968); Le jour où la guerre s'arrêta (Ground Zero Man, 1971)

Daniel Walther (né en France en 1940). Romans-: Happy end : ou la nouvelle cité du soleil (1982); Apollo XXV (1983); La pugnace révolution de Phagor (1984); Morbidezza, Inc. (2008). Recueils de nouvelles : Requiem pour demain (1976); L'Hôpital et autres fables cliniques (1982). Séries : Le Livre de Swa (3 romans, 1982); saga de Synge Tarzaniak et Brenn de Dijkal (nouvelles d'heroic fantasy, 1972-2007).

Ian Watson (né en 1943 en GB) : l'Enchâssement (The Embedding, 1973); le modèle Jonas (The Jonah Kit, 1975); L'Ambassade de l'espace (Alien embassy, 1977); l'Inca de Mars (The Martian Inca, 1977); les Visiteurs du miracle (Miracle Visitors, 1978); la mort en cage (Deathhunter, (1981); Le Voyage de Tchekov (Chekhov's Journey, 1983); les Oiseaux lents (Slow Birds and Other Stories, 1985, nouvelles); Orgasmachine (2010).

Robert Anton Wilson (1932-2007) : Cosmic Trigger (3 volumes, 1977-1995); Schrödinger's Cat (3 vol., 1979-1981); Illuminatus (trilogie co-écrite avecRobert Shea (1933-1994), 1975).

Wolfgang Jeschke (Allemagne, 1936-2015) : Der letzte Tag der Schöpfung (1981); Midas oder die Auferstehung des Fleisches (1989); Le jeu de Cuse (Das Cusanus-Spiel, 2005); Dschiheads (2013).

Janusz A. Zajdel (Pologne,1938-1985) : Cylinder van Troffa (1980); Limes inferior (1982); Cala prawda o planecie Ksi (1983); Wyjscie z cienia (1983); Paradyzja (1984).

Suzy McKee Charnas (née en 1939) : série des Holdfast Chronicles (quatre romans de 1974 à 1999, dont, The Conqueror's Child (1999).

Margaret Atwood (née en 1939) : la Servante écarlate (The Handmaid's Tale, 1985) et sa suite les Testaments (The Testaments, 2019). Trilogie du Dernier Homme (ou de MaddAddam) : Le Dernier Homme (Oryx and Crake, 2003), Le Temps du déluge (The Year of the Flood  2009); MaddAddam (2013).

Garry  Kilworth (né en GB en 1941) : The Night of Kadar, 1978; Roche-nuée (Cloudrock, 1988); Abandonati (1988). Série des Rois navigateurs : Le Manteau des étoiles (The Roof of Voyaging, 1996); Le Temps des guerriers (The Princely Flower, 1997); La Terre de brumes (Land of Mists, 1998).

Angela Steinmüller (née en 1941) et Karlheinz Steinmüller (né en 1950), auteurs publiées en Allemagne de l'Est : Andymon (1982); Pulaster (1986), Der Traummeister (1990).

Michael Crichton (1942-2008) : la Variété Andromède (1969), porté à l'écran par Robert Wise (The Andromeda strain, 1970) et à la télévision par Mikael Salomon (2008); l'Homme terminal (1972); Sphère (1987); Jurassik park (1990) adapté au cinéma par David Spielberg (1993); réalisateur de Mondwest (1973) et de Runaway (l'Evadé du futur, 1984).

Carolyn J. Cherryh (née en 1942) : Les portes d'Ivrel (Gate of Ivrel, 1976); la Forteresse des étoiles (Downbelow Station, 1981); l'Opéra de l'espace (Merchanter's Luck, 1982); Chanur (The Pride of Chanur, 1982); Les Oubliés de Gehenna (Forty Thousand in Gehenna, 1983); Cyteen, 1988, Volte-face (Rimrunners, 1989); Temps fort (Heavy Time, 1991); Hellburner (1992); Chanur's Legacy (1992); Tripoint (1994). Série l'Univers Etranger : Le Paidhi (Foreigner,1994); Le Retour du phoenix (Invader,1995); Inheritor (1996); Finity's End (1997); Precursor (1999); Hammerfall (2001); Defender (2001); Explorer (2002); Forge of Heaven (2004); Destroyer (2005); Pretender (2006); Deliverer (2007); Regenesis (2009); Conspirator (2009); Deceiver (2010); Betrayer (2011); Intruder (2012); Protector (2013); Peacemaker (2014); Tracker (2015); Visitor (2016).

Mike Resnick (né au Kenya en 1942) : Ivoire (Ivory, 1988); série de l'Infernale comédie (Paradis, 1989; Purgatoire, 1993; Enfer, 1993), une réflexion post-coloniale; cycle de nouvelles Kirinyaga (1998) et Sous d'autres soleils (An Alien Land, 1998); l'Avant-Poste (The Outpost, 2007). Autres séries du même auteur : Tales of the Galactic Midway (1982-1983); Tales of the Velvet Comet (1984-1986); Santiago (1982-1987); Le Faiseur de veuves (1995-2005); Starship (2005-2009), etc.

Joe Haldeman (né en 1943) : la Guerre éternelle (Forever war, 1974); Forever peace (1997), Forever Free (1999); Camouflage (2004).

Lucius Shepard (1943-2014) : la Vie en temps de guerre (Life During Wartime, 1987); les Yeux électriques (Green Eyes, 1984); Kalimantan (1990).

Gianluigi Zuddas (Italie, né en 1943) : I computer dell'Apocalisse (2007).

Vernor Vinge (né en 1944) : Les Traquenards de Giri (The Witling, 1976); La Captive du temps perdu (Marooned in Realtime, 1986), roman qui développe le concept de singularité technologique (moment à partir duquel l'intelligence artificielle prend le pas sur l'intelligence humaine), déjà présent, au cinéma,dans la série des Terminator initiée en 1982 par James Cameron, qui est aussi le fond de la série TV Person of Interest (2011-2016) de Jonathan Nolan, et qu'ont encore repris d'autres auteurs, tels Rudy Rucker (Postsingular, (2007, et Hylozoïc, 2009); The Cookie Monster (2003); Rainbows End (2006). Série de Zone of Thought : Un feu sur l'abîme (A Fire Upon the Deep, 1992); Au tréfonds du ciel (A Deepness in the Sky, 1999); Les Enfants du ciel (The Children of the Sky, 2011).

Dean Koontz (né en 1945) : Le Monstre et l'enfant (Beastchild, 1970); la Semence du démon (1973), adapté au cinéma sous le titre Génération Protéus.

Gordon Eklund (né en 1945) : le Silence de l'aube (Eclipse of dawn, 1971); les Aires du réel (If the Stars Are Gods, 1974; A Thunder on Neptune (1989). Il a aussi écrit de romans situés dans l'univers de Star Trek.

M[ichael]. John Harrison (né en Angleterre en 1945) : The Committed Men (1971); La Mécanique du centaure (The Centauri device, 1975); Signs of Life (1997); Suicide Coast (1999); L'Ombre du Shrander (Light, 2002); Nova Swing (2006); Empty Space (2012).

Michael Bishop (né en 1945) : le Bassin des coeurs indigo (A Funeral for the Eyes of Fire, 1975);  Transfigurations (1979); No ennemy but time (1982); Requiem pour Philip K. Dick (1987); Brittle Innings (1994); et, pour les plus jeunes : Joel-Brock the Brave and the Valorous Smalls (2016).

Connie Willis (née en 1945) : Le Grand Livre (1992); Remake (1995); Les Veilleurs de feu (1985); Aux confins de l'étrange (1993); Bellwether  (1996); Sans parler du chien (To Say Nothing of the Dog, 1997); Passage (2001), Tous assis par terre (All Seated on the Ground, 2007), Blackout et All Clear (2010); Crosstalk  (2016).

Patrice Duvic (né en France, 1946-2007) : Poisson-pilote (1979); Naissez, nous ferons le reste (1979), Terminus (1986); Végállomás (1989); Autant en emporte le divan (1996).

Eileen Gunn (née en 1945) autrice de nouvelles de SF réunies dans plusieurs anthologies :     Stable Strategies and Others (2004); Steampunk Quartet (2011); Questionable Practices (2014).

Scott Baker (né en 1947) : L'Idiot-roi (Symbiote's Crown 1978).

John Varley (né en 1947) : Dans le palais des rois martiens (nouvelles, 1978); Persistance de la vision (nouvelles, 1978); Millenium (1983); Slow Apocalypse, 2012; Dark Lightning, 2014

Trilogie de Gaïa : Titan (1979); Sorcière (Wizard, 1980); Demon (1984).

Série des Huit Mondes : Le Canal Ophite (The Ophiuchi Hotline, 1977); Gens de la Lune (Steel Beach, 1992); Le Système Valentine (The Golden Globe, 1998)

Série de Thunder and Lightning : Red Thunder, 2003; Red Lightning, 2006; Rolling Thunder, 2008.

Élisabeth Vonarburg (née en 1947 en France) :  Janus (1980); L'oiseau de cendres (1982); Oneïros (1984); Band ohne Ende (1984); La maison au bord de la mer (1985); Le dormeur dans le cristal (1986); La carte du Tendre (1986); Cogito (1988); ... Suspends ton vol (1992); La course de Kathryn (2003); Les villes invisibles (2008).

James Morrow (né en 1947) : le Vin de la violence (The Wine of Violence, 1981); l'Arbre à rêves (The Continent of Lies, 1984); Ainsi finit le monde (This Is the Way the World Ends, 1986); Notre mère qui êtes aux cieux (Only Begotten Daughter, 1990); Cité de vérité (City of Truth, 1990), etc.

Stephen King (né en 1947) : The Running Man (1982); les Tommyknockers (1987); le Fléau (The Stand, 1978-1990); Dreamcatcher (2001). 

Stefano Benni (né en Italie en 1947) : Terra! (1983); Baol (1990).

Terry Pratchett (né en Grande-Bretagne, 1948-2015) : il  a surtout écrit de la fantasy pour ados (on peut retenir sa série du Disque-Monde,  plus d'une quarantaine de romans et une douzaine d'ouvrages périphériques). A la SF proprement dite appartiennent : The Dark Side of the Sun (1976), un space opera, et quatre romans écrits avec Stephen Baxter : The Long Earth  (2012), The Long War  (2013); The Long Mars (2014); The Long Utopia (2015).

George R. R. Martin (né en 1948) : l'Agonie de la lumière (1977); Armageddon Rag (1983). Il est également l'auteur de romans de fantasy, dont la série le Trône de fer (à partir de 1997) a été adaptée pour la TV sous le titre Game of Thrones.

Joan Vinge (née en 1948) a écrit un grand planet opera (La Reine des neiges, 1980; Finismonde, 1985; la Reine de l'été, 1991).

Pamela Sargent (anthologiste et autrice née en 1948) : l'Etoile blanche (The Sudden star,1979); la trilogie de Seed (pour les adolescents, 1983-2010); L'épreuve de Daiya (Watchstar, 1980) Vénus des rêves, 1986; Le rivage de femmes (The Shore of Women, 1986); Season of the Cats (2016); nombreux romans et nouvelles dans l'univers de Star Trek (depuis 1982).

Dan Simmons (né en 1948) :  l'Homme nu (The Hollow Man, 1992); Muse of Fire (2007); les larmes d'Icare (Phases of Gravity, 1989); Flashback (2011). Cycle d'Hypérion (Hyperion Cantos) : Hyperion (1989);  la chute d'Hypérion (The Fall of Hyperion, 1990);  Endymion (1996); l'Eveil d'Endymion (The Rise of Endymion, 1997). Cycle d'Ilium / Olympos : Ilium (2003); Olympos (2005).

Haruki Murakami (né au Japon en 1949)  : La fin des temps (Sekai no owari to hâdo boirudo wandârando, 1985); Kafka sur le rivage (Umibe no Kafuka, 2003), entre fantastique et slipstream.

Lois McMaster Bujold (née en 1949) écrit des space operas (ex. le cycle de Barrayar, 1991-1995).

Antoine Volodine (né en France en 1950) : Biographie comparée de Jorian Murgrave (1985); Un navire de nulle part (1986); Rituel du mépris (1986); Des enfers fabuleux (1988); Nuit blanche en Balkhyrie (1997); Terminus radieux (prix Médicis, 2014).

Karen Joy Fowler (née en 1950) : recueils de nouvelles : Black Glass (1988); What I Didn't See, and Other Stories (2010).

Mary Doria Russell (née en 1950) : Le Moineau de Dieu (The Sparrow, 1996) et sa suite Children of God (1998).

Michael Swanwick (né en 1950) : Stations des profondeurs (Stations of the Tide, 1991); le Baiser du masque (In the Drift, 1985); les Fleurs du vide (Vacuum Flowers, 1987; Jack Faust (1997); Bones of the Earth is a 2002. Des romans qui se situent entre cyberpunk et steampunk. The Dog Said Bow-Wow (nouvelle postcyberpunk, 2001); The Periodic Table of Science Fiction (118 brèves nouvelles, 2005).

L. Timmel Duchamp (née en 1950) : The Red Rose Rages (2005); The Waterdancer's World (2016); le cycle de Marq'ssan : Alanya to Alanya (2005); Renegade (2006); Tsunami (2007); Blood in the Fruit (2008); Stretto (2008).

Orson Scott Card (né en 1951), auteur d'un cycle de romans, répartis dans deux groupes dont les actions se déroulent en parallèle, la série d'Ender (6 romans, 1985-2008, dont le premier a été adapté en 2013 par  Gavin Hood) et la saga de l'Ombre (5 romans, 1999-2012), On doit encore à cet auteur plusieurs autres cycles : Les Chroniques d'Alvin le Faiseur (depuis 1987), une uchronie dont l'action se situe aux Etats-Unis au XIXe siècle; Le Cycle de la Terre des origines (depuis 1992), qui place dans un très lointain futur; etc.

Serge Brussolo (né en 1951) : les Semeurs d'abîme (1983); Portrait du diable en chapeau melon (1982); Vue en coupe d'une ville malade (1981); Sommeil de sang (1982); Procédure d'évacuation immédiate des musées fantômes (1987); La nuit du bombardier (1989); Le Syndrome du scaphandrier (1992).

A. A. Attanasio (né en 1951), un auteur plutôt tourné vers la fantasy : cycle de Radix (Radix; 1981; In Other Worlds, 1984; Arc of the Dream, 1986; The Last Legends of Earth, 1989).

Zafar Iqbal (né au Bangladesh en 1952) : Kopotrônic Shukh Dukkho (1976 en bengali); Môhakashe Môhatrash (1977 en bengali).

Douglas Adams (GB) (1952-2001) : Le Guide du voyageur galactique (cinq romans entre 1979 et 1992 : The Hitchhiker's Guide to the Galaxy; le Dernier restaurant avant la fin du monde (The Restaurant at the End of the Universe, 1980); La Vie, l'univers et le reste (Life, the Universe and Everything, 1982); Salut, et encore merci pour le poisson (So Long, and Thanks For All the Fish, 1984); Globalement inoffensive (Mostly Harmless, 1992). D. Adams a aussi été le scénariste de plusieurs épisodes de la série TV Dr. Who.

Somtow Sucharitkul (pseudonyme : S. P. Somtow; né en Thaïlande en 1952) : Mallworld graffiti (nouvelles, 1981); Lumière sur le détroit (1982); le Trône de folie (1983); le Vent des ténèbres (1985).

Kim Stanley Robinson (né en 1952) : Les Menhirs de glace (Icehenge, 1984); S.O.S. Antarctica (Antarctica, Inc., 1997); Le Rêve de Galilée (Galileo's Dream, 2009).

Série du comté d'Orange : Le Rivage oublié (The Wild Shore, 1984); La Côte dorée (The Gold Coast, 1988); Pacific Edge, 1992.

Cycle de Mars (sur le thème du terraforming)  : Mars la rouge (Red Mars, 1992); Mars la verte (Green Mars, 1993); Mars la bleue (Blue Mars, 1996); Les Martiens (The Martians, nouvelles 1999).

Trilogie climatique : Les Quarante Signes de la pluie (Forty signs of rain, 2004); Cinquante degrés au-dessous de zéro (Fifty degrees below, 2005); Soixante jours et après (Sixty days and Counting, 2007).

Tim Powers (né en 1952) : le Palais du déviant (Dinner at Deviant's Palace, 1985); le poids de son regard (The Stress of Her Regard, 1989) et sa suite Hide Me Among the Graves (2012); Poker d'âmes (Last Call, 1992); Date d'expiration (Expiration Date, 1996, appartient à une trilogie); les Voies d'Anubis (The Anubis Gates, 1983).

Candas Jane Dorsey (née au Canada en 1952) :  Black Wine (1997); A Paradigm of Earth (2001).

Valerio Evangelisti (Italie, né en 1952) : Sepultura (1998); cycle de l'Inquisiteur Nicolas Eymerich (9 romans, 1994-2010).

David Weber (né en 1952), auteur de plusieurs cycles de space operas, le plus important étant celui de l'Univers de Honor Harrington, qui compte ue quarantaine de romans entre 1998 et 2015, certains écrits en collaboration, et plusieurs recueils de nouvelles.

Andrea Hairston (née en 1952) : Mindscape (2006); Redwood and Wildfire (2011); Will Do Magic for Small Change (2016).

Walter Jon Williams (né en 1953) : Aristoï (1992); The New Jedi Order: Destiny's Way (2002); Implied Spaces (2008). 

Série de CâbléCâblé (Hardwired, 1986); Solip:System (1989, nouvelle); Le Souffle du cyclone (Voice of the Whirlwind, 1987); Angel Station (1989). 

Série du Plasma : Plasma (Metropolitan, 1995); La Guerre du plasma (City on fire, 1997). 

Série de La Chute de l'empire Shaa (Dread Empire's Fall) : Mélancolie des immortels (The Praxis, 2002); The Sundering, (2003); Conventions of War (2005); Investments ( 2008); Impersonations (2016). 

Série Privateers and Gentlemen (sous le pseudonyme de Jon Williams) : To Glory Arise, 1981; The Tern Schooner, 1981; Brig of War, 1981; The Macedonian, 1981; Cat Island, 1981.

Série de Drake Maijstral : Les Joyaux de la couronne (Jewels of the crown, 1987); House of Shards (1988); Rock of Ages (1995). Série de Dagmar Shaw : This Is Not a Game (2009); Deep State (2011); The Fourth Wall (2012); Diamonds from Tequila (2014).

Lisa Goldstein (née en 1953) : Sombres cités souterraines(Dark Cities Underground, 1999); The Uncertain Places (2011).

Robert Charles Wilson (né en 1953) : Les Chronolithes (The Chronoliths, 2001)); Blind Lake (2003); Spin (2005); Axis (2007); L'o10ssée (Utriusque Cosmi, 2009); Vortex (2011). Sur le thème des univers parallèles : Darwinia (1998); Last Year (2016).

Claude Ecken (né en France en 1954) : La mémoire totale (1985); L'univers en pièce (1986); De silence et de feu(1989); Les enfants du silence (1989); L'autre Cécile (1989); Le cri du corps (1990); Petites vertus virtuelles (1999); Le monde tous droits réservés (2005). Il écrit aussi des polars. 

Iain M. Banks (1954-2013) : ENtreFER (The Bridge, 1986); La Plage de verre (Against a Dark Background, 1993); Feersum Endjinn (1994); L'Algébriste (The Algebraist, 2004). L'Essence de l'art (The State of the Art, nouvelles, 1991). 

Série de la Culture (1988-2012) : Une forme de guerre (Consider Phlebas, 1987), L'Homme des jeux (The Player of Games, 1988); L'État des arts (The State of the Art, 1989); L'Usage des armes (Use of Weapons, 1990); Excession (1996); Inversions (1998); Le Sens du vent (Look to Windward, 2000); Trames (Matter, 2008); Les Enfers virtuels (Surface Detail, 2010); La Sonate Hydrogène (The Hydrogen Sonata, 2012).

Pat Murphy (née en 1955) : La Cité des ombres (The Falling Woman, 1986); The City, Not Long After (1989); There and Back Again (1999); Adventures in Time and Space with Max Merriwell  (2001). 

Pierre Bordage (né en France en 1955) : Les Guerriers du silence (space-opera en trois romans, 1993-1995); Les Portes d'occident, 1996 et Les Aigles d'orient, 1997; Abzalon, 1998 et Orchéron, 2000; etc. Qui-vient-du-bruit, 2002 et  Le Dragon aux plumes de sang, 2003; La Fraternité du Panca (space opera en 5 romans, 2007-2012).

Catherine Asaro  (née en 1955, souvent dans la veine de la hard science fiction) : Série de l'empire Skolian : Primary Inversion (1995); Catch the Lightning (1996); The Last Hawk (1997); The Radiant Seas (1999); The Quantum Rose (2000); Ascendant Sun (2000); Spherical Harmonic (2001); The Moon's Shadow (2003); Skyfall (2003); Schism (2004);The Final Key (2005); Alpha (2006); The Ruby Dice (2008); Diamond Star (2009); Carnelians (2011). Undercity (2014) inaugure un nouveau cycle, mais toujours dans l'univers Skolian.

Jack Womack (né en 1956) : De l'avenir faisons table rase (Let's put the future behind us, 1996. Série Dryco : Journal de nuit (Random acts of senseless violence, 1993); Heathern (1990); Ambient (1987); Terraplane (1988); L'Elvissée (Elvissey, 1993); Going, Going, Gone (2000).

Robert Reed (né en 1956) : La Voie terrestre (Down the Bright Way, 1991); Le Voile dans l'espace (Beyond the veil of stars, 1994) et Béantes portes du ciel (Beneath the Gated Sky, 1997); Le Grand Vaisseau (Marrow, 2000) et Un puits dans les étoiles (The Well of Stars, 2005); Sister Alice (2003).

Jean-Claude Dunyach  (né en France en 1957); Le Jeu des sabliers (2 vol. 1987); Étoiles mortes (2 vol., 1991); Voleurs de Silence (1992);
Roll over, Amundsen (1993); La Guerre des cercles (1995); Étoiles mourantes (co-écrit avec Yal Ayerdhal, 1999).

Frank Schätzing (né en Allemagne en 1957) :  L'Essaim (Der Schwarm, 2004); Limit (2009).

Michel Honaker (né en France en 1958) : un des auteurs dans la collection Anticipation du Fleuve Noir : Deux séries : Le Commandeur (9 romans, 1989-1991), LeVorkull (3 romans, 1986-1987) et plusieurs autres romans : Planeta non grata (1982); Le semeur d'ombres (1985); Lumière d'abîme (1985); Building (1987); Le fouilleur d'âmes (1988); Enfer et purgatoire (1989); L'oreille absolue (1992) 

Neal Stephenson (né en 1959) : Zodiac (1988); Cryptonomicon (1999); Anathem (2008); Seveneves (2015). Stephenson, on l'a vu, a été l'initiateur du courant post-cyberpunk avec Le Samouraï virtuel (Snow Crash, 1992). D'autres ouvrages appartiennent au courant steampunk : L'Âge de diamant ou Le Manuel illustré d'éducation pour jeunes fille (The diamond Age or, a young lady's illustrated primer, 1995); Quicksilver (2003); The Confusion (2004); The System of the World (2004). 

Yal Ayerdhal (né en France en 1959-2015) : Demain, une oasis (1992); Étoiles mourantes (co-écrit avec Jean-Claude Dunyach, 1999).

Maurice Dantec (né en France, 1959 - 2016) : les Racines du mal (1995); Babylon Babies (1999); Villa Vortex (2003); Cosmos Incorporated (2005) et sa suite Grande Jonction (2006); Artefact : Machines à écrire 1.0 (2007); Comme le fantôme d'un jazzman dans la station Mir en déroute (2009); Métacortex  (2010); Satellite Sisters (2012).

Andreas Eschbach (né en Allemagne en 1959) : Des milliards de tapis de cheveux (Die Haarteppichknüpfer, 1995); Station solaire  (Solarstation, 1996); Die Wunder des Universums (1997); Kelwitts Stern (1999); Kwest  (Quest, 2001); Exponentialdrift (2002); Le dernier de son espèce (Der Letzte seiner Art, 2003); Quantenmüll (2004); Maître de la matière (Herr aller Dinge, 2011); Aquamarin (2015).

Ian McDonald (né en 1960 en Irlande du Nord); : Desolation road (1988, série de 3 romans entre 1988 et 2001); série India in 2047 (9 romans, 2004-2009); Brasyl (2007), The Dervish House (2010), Luna (trilogie, 2014-2015). etc.

Nicola Griffith (née en 1960 au Royaume-Uni) :   Mirrors and Burnstone (1988) et Ammonite (1993); Slow River, 1995; Hild (2013) 

Peter F. Hamilton (né au Royaume-Uni en 1960), auteur de space operas qui se répartissent entre plusieurs cycles : Greg Mandel (The Greg Mandel Books, 1993-1995); L'Aube de la nuit (The Night's Dawn Trilogy, 1996-2000); La Saga du Commonwealth (The Commonwealth Saga, 2004-2005) et Les Naufragés du Commonwealth (The Chronicle of the Fallers, 2014-2016); La Trilogie du Vide (Void Trilogy, 2007-2010).

Linda Nagata (née en 1960) : Aux marges de la vision (Limit of vision, 2001); Memory (2003);  plusieurs cycles : Nanotech Succession (4 romans, 1995, 2010); Stories of the Puzzle Lands (2 romans, 2011, 2012); The Red (3 romans, 2013-2014).

Robert J. Sawyer (né en 1960) : Calculating God (2000); Rollback (2007); Wake (2009); Triggers (2012); Red Planet Blues (2013); QuantumNight (2016). Flashforward (1999), a inspiré une série TV (2009-2010) du même titre.

Bernard Werber (né en France en 1961) : les Fourmis (1991) et ses suites (1992, 1996); Le papillon des étoiles (2006); Cycle de la Troisième Humanité (2012-2014).

Giampietro Stocco (Italie, né en 1961), auteur de plusieurs uchronies : Nero italiano (2003),  au temps de Mussolini; La corona perduta (2013), au temps de la Campagne d'Italie de Bonaparte; Nuovo mondo (2010) où Vinci accompagne Colomb en Amérique. 

Suzanne Collins (née en 1962) : série des Underland Chronicles (5 romans de 2003 à 2007); série des Hunger Games (trilogie, 2008-2010), adaptée au cinéma.

Michael Chabon (né en 1963) : The Martian Agent, A Planetary Romance (2003), steampunk; The Yiddish Policemen's Union (2007).

Cixin Liu  (né en 1963 en Chine) : Trilogie The Remembrance of Earth's : The Three-Body Problem (Le Problème à trois corps, 2007); The Dark Forest (2008); Death's End (2010).

Serge Lehman (né en France en 1964) : série de F.A.U.S.T (F.A.U.S.T. (1996), Les défenseurs (1996); Tonnerre lointain (1997) ); L'ange des profondeurs (1997); Aucune étoile aussi lointaine (1998).

Caitlin R. Kiernan (en en Irlande en 1964) : La Fille qui se noie (The Drowning Girl, 2012)

Jo Walton (née en 1964) : Farthing (2006); Ha'penny (2007); Half a Crown (2008); Sleeper (2014).

Joanne K. Rowling (née en 1965) : Harry Potter (1997-2007) appartient à la fantasy, mais un des romans, Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (1999), aborde un thème SF, le voyage dans le temps.

Ann Leckie (née en 1966) : Série des Chroniques du Radch (space opera) : La Justice de l'ancillaire, (Ancillary Justice, 2013); L'Épée de l'ancillaire (Ancillary Sword, 2014); La Miséricorde de l'ancillaire (Ancillary Mercy, 2015); Night's Slow Poison (nouvelles, 2014); She Commands Me and I Obey (nouvelles, 2014).

Catherine Dufour (née en 1966), à l'écriture empreinte d'humour et d'ironie, publie des romans de science-fiction et de fantasy. Science-fiction : Blanche Neige et les lance-missiles (2002), Le Goût de l'immortalité (2005); La Guerre des trois jours (2011). Fantasy : L'Enfer du Troll (2007) ; Danse avec les lutins (2014).

Jean-Louis Trudel (né au Canada en 1967) : auteur de plusieurs cycles  : Les mystères de Serendib (1995-1996); Les saisons de Nigelle (1997); Les îles du Zodiaque (2001-2006), etc.

Laurent Genefort (né en France en 1968) : auteur notamment d'une série, le Cycle d'OmaleOmale (2001); Les Conquérants d'Omale (2002); La Muraille Sainte d'Omale (2004); L'Affaire du Rochile (nouvelle, 2008); Les Omaliens (recueil, 2012); Les Vaisseaux d’Omale (2014); Ethfrag (nouvelle, 2015).

Alain Damasio (né en France en 1969) : La zone du dehors (2001); La horde du Contrevent (2004). 

John Scalzi  (né en 1969) : Cycle du Vieil homme et la guerre : Le Vieil Homme et la Guerre (Old Man's War, 2005), space opera; Les Brigades fantômes (The Ghost Brigades, 2006); La Dernière Colonie (The Last Colony, 2007); Zoé (Zoe's Tale, 2008); Humanité divisée (The Human Division, 2013); La Fin de tout (The End of All Things, 2015). Autres romans : Imprésario du 3e type (Agent to the Stars, 2005); The Android’s Dream (2006); Deus in machina (The God Engines, 2009); Fuzzy Nation, 2011; Au mépris du danger (Redshirts, 2012); Les Enfermés (Lock In, 2014) et Libération (Unlocked: An Oral History of Haden's Syndrome, nouvelle).

Vandana Singh (née en Inde) : The Woman Who Thought She Was a Planet and Other Stories (nouvelles, 2008).

Anil Menon (né en Inde) : The Beast with Nine Billion Feet (2009).

Paolo Bacigalupi (né en 1972) : The Tamarisk Hunter (2006); The Bangler (2008); Ship Breaker (2010); The Drowned Cities (2012); The Doubt Factory (2014); The Water Knife (2015); A Hot Day's Night (2015).

China Miéville (né au Royaume-Uni en 1972) . Plusieurs romans relèvent du steampunk : Perdido Street Station (2000); The Scar (2002); Iron Council (2004). Il est également l'auteur de Embassytown (2011), un space opera et de Railsea (2012), une dystopie.

Sarah Hall (née en 1974) : The Carhullan Army (2007).

Jacek Dukaj (né en Pologne en 1974) : Glace (Lód , 2007), steampunk.

Hugh Howey (né en 1975) : série de Silo (trilogie, 2011-2012, dystopie); The Shell Collector (2014); Phare 23 (Beacon 23, 2015)

Masimba Musodza, (né au Zimbabwe en 1976) : MunaHacha Maive Nei? (2011) en Shona); When the Trees Were Enchanted (2016).

Samit Basu (né en Inde en 1979). Il écrit notamment  des histoires de superhéros : Turbulence (2012); Resistance (2013).

Nael Gharzeddine (né au Liban) : triologie des Prophecies of Karma : The Warning  (2011); The Black Year (2012); The New World (2013).

Nathan M. Farrugia (né en 1983), auteur de thrillers biopunk : Helix (2016) et série de la Fifth Column : The Chimera Vector  (2012); The Seraphim Sequence (2013); The Phoenix Variant (2014).

Desssin d'Astoundig Science fiction.


En bibliothèque. - Trois ouvrages ont été particulièrement utiles pour la rédaction de cette page : Jacques van Herp, Panorama de la science-fiction, Marabout université, 1975, pour l'époque des précurseurs; Jacques Sadoul, Histoire de la science-fiction moderne, Albin Michel, 1973, pour celle des pulps; Lorris Murail, Guide totem de la science-fiction, Larousse, 1999, pour presque tout le reste...

Et aussi...

Raphaël Colson, André-François Ruaud, Science-fiction : Les frontière de la modernité, Editions Mnémos, 2008. - Trop souvent considérée seulement en fonction d'un unique champ d'expression, littérature ou cinéma, la science-fiction est une tradition culturelle vieille de près de cinq siècles, qui présente une diversité de jugements et de conjectures s'affrontant autour d'un seul sujet : la civilisation, et plus exactement, son devenir. Pur produit de la société industrielle et de la culture de masse, la science-fiction génère pour chaque époque une approche imaginaire qui lui correspond : ère utopiste et européenne depuis ses débuts jusqu'au XIXe siècle, ère moderniste et américaine durant le XXe siècle, ère numérique et essor asiatique en notre début de XXIe siècle. S'attachant à retracer l'histoire de la science-fiction dans toute sa variété et dans le monde entier, cet ouvrage s'ouvre à la littérature, bien sûr, mais aussi au cinéma, à la télévision, à la bande dessinée, aux comics et aux mangas. Il éclaire le genre par son contexte historique, qu'il soit politique, social, culturel ou éditorial, pour en définitive lui rendre la place qui lui revient : celui d'un imaginaire situé à l'avant-garde de la modernité. (couv.).



Collectif, L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction, Bragelonne, 2011.
2352944422
Qu il s'agisse de sources francophones, anglophones ou russes, de fantastique ou de science-fiction, de littérature ou de cinéma, de fictions ou de quasi-réalisations, de
merveilles ou d'horreurs, la médecine intrigue, effraie parfois, fascine et surtout nourrit l'imagination humaine. De Frankenstein à La Guerre des mondes en passant par Dr House et Resident Evil, cette étude tente d'expliquer pourquoi cinéastes et écrivains puisent dans l'imaginaire
médical depuis plusieurs siècles. (couv.). 


J-G Ballard, La vie et rien d'autre, Editions Gallimard, 2011.
2070440192
Paru juste avant sa mort en Grande-Bretagne, La vie et rien d'autre témoigne de l'incroyable parcours de l'écrivain JG Ballard, auteur de plus de trente livres allant de la science-fiction à
l’anticipation sociale parmi lesquels Crash et Millenium people

Mêlant sens aigu de l'analyse et traits d'humour très british, Ballard raconte son enfance mouvementée à Shanghai et la douloureuse expérience de l'internement dans un camp de prisonniers japonais en Chine. Puis c’est le retour en Grande Bretagne, les études de médecin, la quête d'une voie à suivre. Il s’engage dans la Royal Air Force, devient directeur d’une revue scientifique avant de disséquer dans son oeuvre, comme nul autre, notre société contemporaine.

« Au fond, j'étais un conteur à l'ancienne, doté d'une vive imagination », déclare avec une modestie sidérante cet auteur majeur de la littérature contemporaine. (couv.).



Michael LaChance, Capture totale, Matrix, mythologie de la cyberculture, Presses de l'université Laval, 2006. - A partir de quelques films cultes du cinéma de science-fiction et des jeux vidéo, à partir d'une réflexion philosophique sur la contestation de la réalité par les nouveaux régimes de l'image, Capture totale: Matrix, mythologie de la cyberculture observe l'émergence d'une mystique du calcul qui se transforme en cauchemar eugénique. La technologie, d'abord instrument de surveillance et de contrôle, devient une religion lorsque la recherche de la réalité nous fait plonger dans de nouveaux imaginaires de la connectivité. Lorsque le réel est devenu un cinéma permanent dont les cerveaux sont les écrans, il semble que la seule issue possible soit la dissolution dans le flux numérique. Autre issue envisageable: un cyber-terrorisme qui cible les grandes corporations, une rébellion tous azimuts contre l'Etat dénoncé comme illusion. Chaque génération aura posé la question à sa façon, à l'occasion d'un ouvrage philosophique ou d'un roman : et si notre réalité n'était qu'une illusion? Aujourd'hui nous rencontrons cette interrogation au cinéma et dans les productions de la cyberculture (jeux vidéos, arts technologiques, etc.). En prenant appui tout particulièrement sur la trilogie Matrix, cet ouvrage dessine les contours de la nouvelle mythologie de notre temps, celle qui relie nos expériences de la simulation et une connectivité infinie. (éd.).


Peter Szendy, Kant chez les extraterrestres : Philosofictions cosmopolitiques, Les Editions de Minuit, 2011. - « Kant, oui, a parlé des extraterrestres ». Ainsi pourrait s’ouvrir ce petit traité de philosofiction (comme on parle de science-fiction). Ce qu’il s’agit avant tout d’interroger, avec ces aliens que Kant a dû prendre au sérieux comme nul autre dans l’histoire de la philosophie, ce sont les limites de la mondialisation. C’est-à-dire ce qu’il nommait le cosmopolitisme. Toutefois, avant de lire les considérations kantiennes sur les habitants des autres mondes, avant de suivre son aliénologie raisonnée, on en passe par l’analyse de la guerre des étoiles qui fait rage au-dessus de nos têtes. Et l’on envisage d’abord les actuels traités internationaux réglant le droit de l’espace, ainsi que la figure de ces cosmopirates que Carl Schmitt a pu évoquer dans ses écrits tardifs. A suivre ensuite les allées et venues des extraterrestres dans l’oeuvre de Kant, il apparaît qu’ils sont la condition nécessaire pour une introuvable définition de l’humanité. Infigurables, échappant à toute expérience possible, ils sont pourtant inscrits au coeur même du sensible. Ils en sont le point d’Archimède, depuis lequel se trame son partage. Lire Kant, le lire en le faisant dialoguer avec des films de science-fiction qu’il semble avoir vus d’avance, c’est le faire parler des questions qui nous pressent et nous oppressent : notre planète menacée, l’écologie, la guerre des mondes… Mais c’est aussi tenter de penser, avec lui ou au-delà, ce qu’est un point de vue. (couv.).


Laurent Jullier, Star Wars : Anatomie d'une saga, Armand Colin, rééd. 2010. - Star Wars, comme disent ses fans, c’est tellement plus que du cinéma. Il y a les romans, les jeux, les BD, les sites internet, les costumes, les encyclopédies sans parler du programme de la défense nationale des États-Unis. Certes ; mais surtout, Star Wars est un univers qui s’adopte et qu’on utilise à la manière d’un jeu de construction pour produire à son tour et aussi pour réfléchir à des questions importantes. Un style de vie, parfois. 
Ce livre entend essayer de comprendre comment une saga de six films a pu engendrer un tel phénomène d’appropriation. Quels sont les facteurs susceptibles d’expliquer, en partant des seules données audiovisuelles qui proviennent de l’écran, pareil investissement – en termes de temps, d’argent, de confiance et d’amour – dans un univers de science-fiction ?
Pour répondre, il faut décortiquer les fi lms et les comparer aux classiques de l’histoire du cinéma, il faut mesurer la différence entre les chevaliers du Moyen Âge et les chevaliers Jedi, consulter les sites spécialisés, regarder les courts-métrages réalisés par les fans, analyser les hommages et les parodies et s’attendre à voir apparaître des résultats qui n’étaient pas ceux que l’on attendait. 

Un livre pour tous ceux et toutes celles qui ont envie de réfléchir à ce qui fait l’essence du cinéma populaire. (couv.).



Michel Chion, Les films de science-fiction, Cahiers du Cinéma, 2008.


Collectif, Tout ce que vous savez est faux - les théories du complot à l'heure du web, Favre Sa, 2010.

Pour les plus jeunes

Doug Chiang, Sci-Fi Art, Créer un univers de science-fiction, Fleurus, 2009. - Designer graphique de certains des plus grands succès du cinéma (Star Wars épisodes I et II, Terminator II, La Guerre des mondes), Doug Chiang nous ouvre les portes de son atelier et nous fait découvrir plus de 30 réalisations à couper le souffle, photographiées étape par étape. Du croquis de base à la réalisation finale, il prodigue astuces et conseils pour créer et faire vivre un univers fantastique. Pour la première fois, il livre ses secrets pour concevoir les ambiances les plus fabuleuses sur le papier ou sur ordinateur. (couv.).



 


Sur la toile. - De nombreuses et précieuses informations sont aussi disponibles sur les sites suivants : Noosfère, Index SF, BDFI (base francophone de l'imaginaire), Sci-fi movies, et, en anglais, Isfdb (Internet speculative fiction database).

 
 
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Dictionnaire Le monde des textes
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