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Nonnus

Nonnus ou Nonnos, nom d'origine égyptienne, qui signifie saint, et d'où vient le mot nonne), poète, épique grec, naquit à Panopolis (Akhmîn) et vécut en Égypte, comme nous l'apprend une épigramme de l'Anthologie palatine (IX, 198). Nous savons par lui-même que, déjà fort âgé, il se convertit au christianisme. Là se bornent les renseignements que nous avons sur sa vie. Il est certain qu'il écrivait au Ve siècle, puisque, d'une part, il imite en plusieurs endroits des vers de Grégoire de Nazianze, et que, d'autre part, il est mentionné par Agathias (Hist., I. IV, p. 125) au nombre des poètes d'âge récent. 

Nonnus est regardé d'ordinaire comme le chef d'une école qui renouvela la poésie épique, surtout quant à la technique du vers; le fait est, qu'il appartient à un groupe de poètes originaires de l'Égypte, qui ont astreint l'hexamètre dactylique à des règles inconnues avant eux : Tryphiodore, Colluthos, Musée, Claudien le Jeune. Mais rien ne force à le regarder comme le premier en date, et la régularité même, l'aisance de sa versification porterait à croire qu'il s'est plutôt servi d'un instrument dont il n'était pas l'inventeur. Ces règles nouvelles de l'hexamètre, adoptées par beaucoup de poètes des Ve et VIe siècles, ont été signalées d'abord par Godefroy Hermann, puis étudiées de plus près par K. Lehrs et A. Ludwich. Voici les principales : exclure tout hiatus; réduire à d'étroites limites l'usage de l'élision; rechercher l'alternance du spondée et du dactyle, et, en tout cas, éviter de mettre deux spondées de suite; couper le vers par une césure féminine après le troisième trochée, et, au contraire, éviter de faire coïncider une fin de mot avec le trochée quatrième; terminer le vers par un mot accentué sur l'avant-dernière syllabe, et surtout exclure, en fin de vers, tout mot accentué sur l'antépénultième. Cette dernière loi doit sans doute naissance à l'influence de la poésie populaire. 

Nonnus avait composé plusieurs poèmes : la Gigantomachie, rappelée par l'épigramme citée plus haut, est perdue; des Bassarika, il ne reste que quatre vers conservés par Etienne de Byzance. Nous avons de lui deux oeuvres  :

les Dionysiaques, en 48 chants, dont le dessein, analogue à celui des Métamorphoses d'Ovide, est de rassembler à peu près toutes les légendes mythologiques relatives à des métamorphoses. Tous ces mythes sont groupés autour d'un sujet central, l'expédition de Bacchus (Dionysos) à la conquête des Indes et son retour. Mais le lien qui les réunit est souvent bien lâche : de digression en digression, le poète s'égare fort loin. Dionysos, le héros du poème, ne naît qu'au huitième chant. 

Nonnus est un poète de grand talent, d'imagination riche, habile à mêler les gracieuses peintures de genre des bucoliques alexandrins au tour galant des épisodes du roman grec. Mais il manque tout à fait de goût. L'exagération de ses images va jusqu'au burlesque; son style souvent maniéré, est rempli de périphrases toutes faites; quelques jolies alliances de mots, quelques belles hardiesses excusent mal les tours forcés, la fadeur des épithètes, la répétition fatigante de quelques termes favoris. Sa versification, toujours harmonieuse, est d'une monotonie qui finit par provoquer le dégoût. Il n'est décidément amusant à lire que par morceaux. Le succès du poème semble avoir été très grand : les poètes postérieurs l'ont souvent imité;

 2° la Paraphrase de l'Evangile de saint Jean, écrite par Nonnus, devenu chrétien, dans sa vieillesse, est une transcription de l'original dans un style ampoulé, qui n'engendre que l'ennui. (A- M. Desrousseaux).

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