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Napoléon Ier
La Campagne d'Allemagne
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Appréciation générale

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Avec la déroute des armées napoléoniennes en Russie, au cours de l'hiver 1812-1813,  le théâtre de la guerre se déplaça au coeur de l'Allemagne. Le tsar prit Varsovie (8 février 1813) et invita les « princes esclaves » à secouer le joug (10 février); le 22 février, c'est aux peuples mêmes de l'Allemagne qu'il s'adressera. L'appel n'était pas inutile, mais il était préparé de longue date et attendu. Frédéric-Guillaume, qui ostensiblement avait destitué et condamné York (par contumace), signe avec Alexandre le traité de Kalisz et accède à la sixième coalition. Les Cosaques occupent Berlin (4), et le prince Eugène transporte à Leipzig son quartier général. Toute l'Allemagne est en ébullition; l'« Appel à mon peuple », du roi de Prusse, est éloquemment commenté par le professeur Arndt, par les poètes Uhland et Koerner. Les généraux russes ont appris le langage de la Révolution française qu'ils associent à celui du Loyalisme monarchique-:
« Allemands, proclame Wittgenstein, nous vous ouvrons les rangs prussiens. Vous y trouverez le laboureur à côté du prince. Toute distinction de rang est effacé par ces grandes idées : le roi, la liberté, l'honneur, la patrie. »
Hambourg et Dresde sont évacués. Le 15 mars, Napoléon gagne Erfurt ; il n'a en Allemagne, avec les recrues nouvelles, que 166000 hommes, encore mal exercés et sans cohésion, contre 225000. L'artillerie reste supérieure; la cavalerie est très insuffisante. A la reprise des opérations, l'empereur peut mettre en ligne environ 90000 hommes contre 110000. Il part de Mayence le 26 avril, opère sa jonction le 29 avec le prince Eugène à Weissenfels; où les conscrits français, surnommés diplomatiquement les Marie-Louise, reçoivent le baptême du feu. Le 1er mai, il passe le défilé de Rippach (mort de Bessières). Il place le corps de Ney dans une forte position (villages de Luizen, Rahna, Gros-Korschen, Kaja), afin d'avoir un pivot solide pour le mouvement tournant qu'il projetait sur sa gauche, vers Leipzig. L'ennemi, imitant sa tactique, essaye de son côte de tourner la droite des troupes napoléoniennes. Mais Ney tint bon, reprit deux fois le village de Kaja et donna à Napoléon le temps de revenir, d'envoyer Eugène à la gauche de Ney, Marmont à sa droite, et d'occuper définitivement la position centrale, grâce à Mouton et à la jeune garde. La victoire de Lutzen lui permet de rentrer à Dresde et de se porter sur la Sprée, où Blücher avait établi, entre cette rivière, le Bloeser-Wasser, et deux lignes de hauteurs, un véritable camp retranché. Le 20 mai, Macdonald avec Oudinot, Bertrand et Marmont forcent la première ligne à Bautzen; le lendemain, ils s'emparent de la seconde par un mouvement tournant de Ney sur l'extrême droite de l'ennemi, à Preititz. Les pertes des Français officiellement déclarées sont de 12 000 hommes; l'ennemi se retire en bon ordre et à pas comptés, et ravage les contrées qu'il abandonne.

La marche sur l'Oder continue par le combat de Reichenbach, où périt Duroc (22 mai). Davoutet Vandamme sont rentrés à Hambourg le 30; Lauriston occupe Breslau le 1er juin. Épuisé par ces victoires « à la Pyrrhus », malade de vomissements, Napoléon s'arrête et accepte les prétendus bons offices de son beau-père François ler et du ministre autrichien Metternich; c'est par leur intermédiaire qu'est signé l'armistice de Pleswitz (4 juin) pour vingt jours; Napoléon accepta ensuite, à Dresde, la médiation de l'Autriche : l'armistice était prolongé jusqu'au 10 août, et un congrès devait s'ouvrir à Prague, dès le 5 juillet pour traiter de la paix générale. Auparavant, Metternich s'était entendu avec Alexandre, à l'entrevue d'Opoçno; il fut convenu qu'on ferait traîner les pourparlers afin de donner à Schwarzenberg tout le temps de concentrer en Bohème les forces autrichiennes. François Ier n'entrerait toutefois pas dans la coalition, avant que l'on n'eût fait à Napoléon des propositions raisonnables en elles-mêmes, mais telles qu'étant donnés son caractère et l'état de l'opinion à Paris et en France, il ne pourrait cependant les accepter sans compromettre sa dynastie : c'était l'abandon de l'Allemagne, de la Hollande, de l'Espagne, de l'Italie. Si par hasard il cédait, on lui réclamerait la Belgique, au nom de l'Angleterre. En fait, à Dresde, Napoléon ne put s'entendre avec Metternich, et, quant au congrès de Prague, c'est lui-même qui se chargea de le faire échouer en faisant attendre leurs pouvoirs à ses négociateurs, Narbonne et Caulaincourt. Pendant cette période, Joseph avait perdu l'Espagne, dégarnie de troupes françaises après les désastres de Russie; Jourdan, qui avait réuni tout ce qu'il en restait, avait été battu à Vittoria (21 juin) par Wellesley, et se repliait par la route de Pampelune, infestée de guérillas; Foy, à Tolosa (25), couvrit cette retraite.

Napoléon avait profité de la suspension d'hostilités pour augmenter son effectif, Mais elle avait amené « plus de régiments à la coalition que l'empereur ne devait trouver de compagnies en France»; elle avait permis à l'Autriche d'armer à son aise, tout en affectant le plus vif amour de là paix. Pendant qu'en Espagne Suchet était acculé plutôt qu'adossé à Figueiras, et que les Anglais, à la poursuite de Soult, campaient sur la rive gauche de la Bidassoa, des mouvements populaires éclataient en Hollande, en Suisse, dans le Tyrol, en Italie, en Dalmatie, sur le territoire de la Confédération. Le Saxon Thielmann passe à l'ennemi avec plusieurs régiments. Le roi de Bavière négocie la convention de Ried, qui met le général de Wrede au service de la coalition. Les quatorze corps de la Grande Armée, y compris les auxiliaires, ne comptent que 280 000 hommes, dont la moitié de conscrits, contre 520 000 coalisés, dont 400 000 au moins sont au centre de l'Allemagne, Blücher en Silésie, Schwarzenberg en Bohème, Bernadotte en Brandebourg.  Celui-ci termine ainsi sa proclamation datée du 15 août : 

« Le même sentiment qui guida les Français de 1792 et qui les porta à s'unir et à combattre les armées qui étaient sur leur territoire doit vous animer aujourd'hui contre celui qui, après avoir envahi le sol qui vous a vu naître, enchaîne encore vos frères, vos femmes et vos enfants. » 
C'est le même jour que le Suisse Jornini, chef de l'état-major de Ney, passe à l'ennemi et fait connaître que le plan de Napoléon est de se porter sur Berlin. Le prince Eugène quitte en toute hâte l'armée centrale pour aller défendre le royaume d'Italie. Le 23, Bernadotte repousse Oudinot à Grossbeeren et préserve la capitale de la Prusse. Pendant que Napoléon pousse vers l'Oder, 180 000 ennemis (Schwarzenberg, Wittgenstein, Kleist) débouchent de la Bohème sur la Saxe. L'empereur a le temps de revenir sur l'Elbe, et gagne la grande bataille de Dresde. C'est là que périt Moreau qui, au quartier général de Prague, avait fait décider la marche sur la capitale de la Saxe. Mais une série de défaites annula les effets de la victoire de Dresde. Ney devait appuyer le mouvement d'Oudinot sur Berlin : Oudinot fut battu à Grossbeeren le 23 août, et Bernadotte l'emporta encore à Dennewitz (6 septembre) sur Ney, lequel perdit plus de 12000 hommes, les deux tiers de ses canons, et dut se replier sur Torgau. Vandamrne, chargé de poursuivre les Autrichiens en Bohème, essaye de les couper de Prague, mais est lui-même enveloppé à Kulm, et fait prisonnier (30 août). Macdonald, qui était resté en Silésie, s'est dégarni considérablement pour soutenir l'action centrale; il est battu par Blücher, sur la Katzbach (26 août), et ne repasse la Bober et la Queiss en laissant derrière lui 10000 prisonniers et une partie de son artillerie. Davout, qui s'était avancé jusque dans le Mecklembourg, fut obligé de repasser l'Elbe. Napoléon est de nouveau obligé d'appeler à lui les corps engagés témérairement dans une triple offensive, et de reculer de Dresde à Leipzig, où il lutte quatre jours durant et perd « la grande bataille des nations » (19 octobre), à laquelle prirent part, outre Schwarzenberg, Blücher et Bernadotte, l'armée russe dite de Pologne, sous le commandement de Bennigsen, 330000 hommes contre 175000. L'empereur se replie sur Erfürt. Mais les Allemands du Sud (Bavière et Wurttemherg) menacent de le couper et se postent sur la route de Mayence, à Hanau, pendant que Schwarzenberg et Blücher le suivent de près, à gauche et à droite. Il fallait passer quand même : c'est l'exploit que réalisèrent des chefs comme Curial, Nansouty, Drouot, qui réussirent à percer cette masse de troupes fraîches :
« Nos canons roulaient dans une boue de chair humaine » (30 octobre).
Un cinquième des troupes d'Allemagne seulement rentra en France. En dehors des pertes, des corps nombreux, de petites garnisons, ou n'avaient pu rallier la masse principale, ou demeuraient là ou les avaient attachés des ordres qu'il était impossible de révoquer. Gouvion Saint-Cyr tenta vainement de sortir de Dresde, ville mal fortifiée et dominée par les hauteurs voisines; il y fut rejeté, manqua bientôt de munitions, et conclut avec l'Autrichien Klenau et le Russe Tolstoï une convention honorable que Sclnvarzenberg refusa de ratifier : 23 000 hommes furent faits prisonniers et dirigés sur l'Autriche.

A Hambourg, Davout garde 30 000 hommes; Lemarois en a 20000 à Magdebourg; à Dantzig, depuis un an qu'il tient bon, Rapp n'a plus que 10000 hommes et ne se rendra que le 1er janvier 1814 (la convention fut également violée); ajoutons du Tailly à Torgau, Lapoype à Wittenberg, Grandeau à Stettin, Ravier à Damm, Fournier d'Albe à Custrin, Laplane à Glogau, qui tous firent désespérément leur devoir. (H. Monin).

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Dictionnaire biographique
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