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Modena (Gustavo). - Tragédien italien, né à Venise en 1801, mort en 1861. Ce grand artiste, l'un des plus célèbres en son genre dans l'Italie du XIXe siècle, reçut une excellente éducation et, à dix-neuf ans, fut inscrit avocat à la cour d'appel de Bologne. Mais rien ne put le détourner de son amour pour le théâtre et, fort jeune encore, il débutait avec succès à Venise dans le Saül d'Alfieri.

Dès ses premiers pas dans la carrière, il montra ce qu'il serait un jour, tragédien plein de grandeur, de puissance, de pathétique et d'émotion, au point que certains critiques français ne craignirent pas de le comparer à Talma. Son répertoire, très étendu, comprenait la plupart des pièces d'Alfieri : Virginia, Oreste, Saül, Filippo, puis Francesca da Rimini de Silvio Pellico, plusieurs tragédies françaises, telles qu'Iphigénie, Zaïre, Mérope, Louis XI, etc. Il ne brillait pas moins d'ailleurs dans la comédie, et savait se faire applaudir dans Pamela, la Locandiera, la Donna bizzarra, etc. 

Patriote ardent, Modena fut compromis en 1831 dans l'insurrection des Romagnes et dut se réfugier en France, puis à Bruxelles, ou il se fit, pour vivre, correcteur d'imprimerie, professeur de langues et de littérature et même marchand de macaroni. Il se rendit ensuite à Londres, où il eut l'idée, qui lui valut beaucoup de succès, de déclamer des fragments de la Divine Comédie de Dante. De retour en Italie en 1839, il se fit directeur d'une compagnie dramatique d'où sortirent, grâce à ses leçons et à ses conseils, tout un groupe d'artistes extrêmement remarquables : Tommaso Salvini, Achille Majeroni, Ernesto Rossi, Gaetano Vestri, Bellotti-Bon, la Sadowska. la Mayer, la Caracciolo, la Botteghini, l'Arrivabene, d'autres encore. 

Arrivèrent les événements de 1847, et il reprit les armes après avoir publié des Dialoghetti popolari, sorte de pamphlets qui le firent comparer à Paul-Louis Courier. Nommé membre de l'Assemblée constituante romaine, il s'y distingua par une éloquence chaude, vive et entraînante. Après l'expédition française et la prise de Rome, Modena fut obligé de se réfugier à Turin, où il reprit sa profession de comédien. Ne pouvant plus sortir du Piémont, il en parcourut du moins toutes les provinces, ou il paraissait partout en triomphateur, le public applaudissant en lui non seulement l'artiste noblement inspiré, mais le patriote qui avait combattu  pour l'indépendance de l'Italie. (A. Pougin).

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